Contenu du sommaire : Louis Lavelle. Philosophie et intériorité
Revue | Revue des Sciences Philosophiques et Théologiques — RSPT |
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Numéro | Tome 88, no 2, 2004 |
Titre du numéro | Louis Lavelle. Philosophie et intériorité |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Présentation - Jean-Louis Vieillard-Baron p. 219-224 La philosophie de Lavelle est une grande ontologie de l'esprit, dont la méthode est l'approfondissement de l'intériorité ou intimité spirituelle. La dialectique se fonde sur le témoignage de la conscience et des sens. Mais la profondeur de l'intériorité demande en outre la méditation silencieuse qui nous met en face d'une triple transcendance, celle de notre âme par rapport à nos états de conscience, celle d'autrui et celle de Dieu. Les contributions de ce numéro aident à situer l'œuvre de Lavelle dans l'histoire de la subjectivité moderne.The philosophy of Lavelle is a grand ontology of spirit whose method is the deepening of interiority or spiritual intimacy. The dialectic is based upon the witness of the conscience and the senses. Yet the depths of interiority also require silent meditation, which places us before a triple transcendence, that of our soul with respect to our states of conscience, that of the other, and that of god. The contributions of this issue help to situate the work of Lavelle within the history of modern subjectivity.
- La métaphysique de Lavelle : une esthétique théologique - Paul Olivier p. 225-243 La métaphysique de Lavelle peut être présentée comme une esthétique théologique, c'est-à-dire une philosophie qui fait de la beauté, dans l'expérience même de l'art, un transcendantal qui peut se dire de Dieu lui-même, tout en évitant les pièges de la complaisance sensible et de l'immanence mondaine pour tourner le regard de l'homme vers le Dieu qui se révèle ou se donne dans l'expérience du beau. La médiation esthétique, qui réalise une véritable critique de la représentation et permet de relever la dignité de l'apparence, aboutit à une métaphysique d'artiste qui reconnaît la densité du corps vivant et s'achève dans le goût des choses terrestres qu'elle entend transfigurer et non pas abolir. Les rapports subtils que l'art et la religion entretiennent dans la vie spirituelle montrent comment la métaphysique d'artiste s'accomplit chez Lavelle en une métaphysique de la charité. Il y a ainsi, dans l'être et dans la conscience, une double médiation, celle (artistique) du beau et celle (religieuse) de l'amour. La beauté est la figure de l'être, qui sauve l'apparence et la confirme, mais qui doit être sauvée à son tour ou plutôt est déjà sauvée en baignant dans la lumière de l'amour. La philosophie de Lavelle est bien une métaphysique de l'acte d'être et une philosophie de l'esprit, mais elle se réalise comme une métaphysique d'artiste émerveillé par le sens religieux de la création et constitue, à son tour, un véritable acte de reconnaissance pour ce don gratuit de l'être, qui suscite la louange de l'artiste, la tendresse du saint et l'émerveillement du philosophe.Lavelle's metaphysic may be presented as a theological aesthetic, that is to say, a philosophy which makes of beauty, in the experience even of art, a transcendental that may be said of god himself, all the while avoiding the pitfalls of indulgence of the senses and well-mannered immanence, in order to turn our gaze from the god who reveals or gives himself in the experience of the beautiful. The aesthetic mediation, which realizes a true critique of the of representation and permits the discernment of the dignity of appearances, leads to a metaphysic of the artist that recognizes the density of the living body and ends up in the savoring of worldly things which it intends to transfigure and not abolish. The subtle connections that art and religion maintain in the spiritual life show how the metaphysic of the artist takes place, in the thought of Lavelle, in a metaphysic of charity. In being and conscience There is thus a double mediation, that of the beautiful (artistic), and that of love (religious). Beauty is the figure of being, which saves and confirms appearances, but which must be saved in its turn, or rather is already saved in basking in the light of love. To be sure, Lavelle's philosophy is a metaphysic of the act of being and a philosophy of spirit, yet it is realized as a metaphysic of the artist filled with wonder at the religious meaning of creation and constitutes, in its turn, a true act of gratitude for the free gift of being, which arouses the praise of the artist, the tenderness of the saint and the wonder of the philosopher.
- La situation de De l'Acte dans l'œuvre de Lavelle - Jean-Louis Vieillard-Baron p. 245-259 L'auteur se propose de vérifier l'affirmation de Lavelle selon laquelle l'ouvrage de 1937, De l'Acte, se serait progressivement développé comme une synthèse complète de sa philosophie. Or il existe, à l'état dactylographié, une version antérieure de ce livre, qui permet de comprendre combien l'aisance presque trop grande des analyses de 1937 cache en fait une élaboration lente et un effort continu. La version inédite insiste sur l'intemporalité transcendantale de l'acte, et sur l'impersonnalité de l'acte fondateur de toutes les existences personnelles. Ces thèses seront abandonnées en 1937. On analyse ensuite l'article « Être et Acte » et la conférence de la société française de philosophie sur « Acte créateur et acte réflexif », où est discutée la position de Jean Nabert. Les thèses de De l'Acte montrent une progression de l'identité de l'être et de l'acte (dans l'acte d'être) jusqu'à l'acte en sa forme la plus haute, l'acte d'amour. Situer cette œuvre capitale implique qu'on ait bien compris l'interprétation du sensible comme de la donnée matérielle qui doit être spiritualisée. L'expérience extérieure du sensible s'oppose à l'expérience intérieure de l'esprit. Et l'acte est l'œuvre de l'être spirituel. L'ontologie dynamique de Lavelle est une affirmation de la liberté humaine comme participation à l'acte créateur divin. Divin ou humain, l'être est subjectif parce que libre. Ainsi Lavelle s'inscrit dans la tradition platonicienne moderne, celle d'Avicenne d'abord, celle de Hegel ensuite.The author proposes to verify Lavelle's assertion that the 1937 work, De l'Acte, would be progressively developed as a complete synthesis of his philosophy. Now there exists in typewritten state an earlier version of this book, which allows us to see the extent to which the almost excessive facility of analyses of 1937 in fact conceals a slow development and a continuous effort. The unedited version insists upon the transcendental atemporality of act, and upon the impersonality of the foundational act of all personal existence. In 1937 these theses will be abandoned. There follows an analysis of the article « Être et Acte » and the conference of the French philosophical society on « creative act and reflexive act » where the position of Jean Nabert is discussed. The theses of De l'Acte show a progression of the identity of being and act (in the act of being) to act in its highest form, the act of love. Situating this capital work involves properly understanding the interpretation of the sensible as the material given which must be spiritualized. The exterior experience of the sensible is opposed to the interior experience of the spirit, and act is the work of spiritual being. Lavelle's dynamic ontology is an affirmation of human freedom as a participation in the divine creative act. Divine or human, being is subjective because free. Thus Lavelle falls into the modern platonic tradition, first that of Avicenna, then that of Hegel.
- Métamorphose de la Philosophia perennis selon Louis Lavelle - Bruno Pinchard p. 261-270 L'Auteur évoque dans cet article les conditions d'un usage présent de la pensée française. Il indique quelles distances doivent être prises avec des modernités plus accaparantes et souligne, dans ce contexte, le ton absolument unique de l'œuvre de Lavelle, pour peu qu'on veuille l'entendre à partir de l'exigence d'intimité et de radicalité qui l'habite. Sur ce fond, il devient possible d'accueillir l'injonction lavellienne, d'en définir les contours et les limites, et d'en restituer la bienveillante permanence au cœur de cette capacité d'intériorisation qui reste la meilleure contribution de la philosophie française à l'esprit européen.In this article the author evokes the conditions of a usage current to French thought. It indicates the distances that must taken with the more demanding features of modernity. It also highlights, in this context, the altogether unique tone of lavelle's work for anyone with any desire at all to understand it on the basis of the demand for intimacy and radicality which is found therein. On this basis it is possible to accept the lavellian injunction to define its contours and limits, and to restore its benevolent permanence in the capacity for interiorization, which remains the best contribution of French philosophy to the European spirit.
- La distinction entre l'âme et l'esprit chez Lavelle - Jean-Raoul Sansen p. 271-280 L'esprit absolu, encore désigné comme l'Acte pur ou le Tout, possède l'universalité concrète. L'âme est une activité qui reste inscrite en lui. On ne parlera pas de substance, mais d'un pouvoir-être, d'une relation du moi avec l'absolu. Dès que les âmes se rencontrent, elles s'unissent. Leur participation à l'esprit dépend même de cette communion entre elles. L'esprit absolu apparaît ainsi comme la source et le principe unifiant d'une relation d'ensemble qui les enveloppe.The absolute spirit, still designated as the pure act or the all, possesses concrete universality. The soul is an activity that remains engraved upon it. There will be no talk of substance, but rather of a power to be, of a relation between the self and the absolute. As soon as souls meet, they unite. Their participation in spirit even depends upon this communion between them. Absolute spirit thus appears as the unifying source and principle of communal relation that envelops them.
- Louis Lavelle, philosophe du mal et de la souffrance - Hervé Barreau p. 281-302 L'article s'offre comme un commentaire, qui fait référence à d'autres textes appartenant à l'œuvre entière de Louis Lavelle, des trois essais qui, rassemblés par l'auteur lui-même, forment le contenu de Le mal et la souffrance. Le premier essai présente une doctrine du mal et de la souffrance, qu'il est utile d'enrichir d'emprunts tirés notamment de Conduite à l'égard d'autrui. Le deuxième essai est la description des liens qui existent entre la solitude et la communion et qui avaient fait l'objet à l'origine d'un traité indépendant. Le troisième essai, qui semble le plus lié à la conjoncture de la guerre déclarée en 1940, est, en fait, une nouvelle méditation sur les rapports qui existent entre les deux essais précédents : l'expérience de la guerre ou du malheur, qui approfondit la solitude, offre la possibilité d'accéder à la vie spirituelle, en acceptant la souffrance subie et en triomphant dans la volonté du mal par le bien. En conclusion, la philosophie du mal et de la souffrance, qu'a développée Louis Lavelle, si elle ne cache pas sa parenté formelle avec le bouddhisme, manifeste plutôt et déclare même son adhésion profonde à la foi chrétienne.This article presents itself as a commentary which refers to other texts belonging to the entire work of Louis Lavelle, to three essays, collected by the author himself, that formulate the contents of Le mal et la souffrance (Evil and Suffering). The first essay presents a doctrine of evil and suffering, which it is useful to enrich by borrowings drawn notably from Conduite à l'égard d'autrui (Conduct towards Others). The second essay is the description of the connections existing between solitude and communion, and which were originally the subject of a separate treatise. The third essay, which seems to be the most closely tied to the situation of the war declared in 1940, is in fact a new meditation upon the relations existing between the two preceding essays : the experience of war or misfortune, which deepens solitude, offers the possibility of attaining the spiritual life in accepting the suffering to which one is subjected and in triumphing by goodness over evil in the will. In conclusion, the philosophy of evil and suffering developed by Louis Lavelle, while not hiding its formal kinship with Buddhism, manifests and even declares its profound adherence to Christian faith.
- La conscience active, réalisatrice du lien entre l'existence et la destinée selon Louis Lavelle - Michel Adam p. 303-317 L'existence est un fait psychique qui demande à être pris en charge par la conscience pour organiser son rapport avec le monde et avec les autres. Mais cette maîtrise doit être coordonnée à la vie intérieure qui est d'abord possible et qui cherche la signification de son devenir. Il se dégage alors peu à peu une sorte d'appel interne qui met la liberté en mouvement pour nous faire participer à un mouvement propre d'auto-réalisation. Celui-ci ne sera pas de fermeture sur soi, mais de communion entre notre finitude et le Tout de l'Être. Le temps réalisera peu à peu la possibilité de recueillir la présence continue à soi-même qui sera l'expression de ce qu'il y a d'unique dans notre destinée, réalisation de notre vocation.Existence is a psychic event which requires being taken into the custody of the conscience to organize its relations with the world and others. But this mastery must be coordinated with the interior life which is first of all possible and which seeks the meaning of its becoming. Thus there gradually emerges an internal appeal of sorts which sets freedom in motion to allow us to share in an identifiable self-realization. This will be no closing in on the self, but rather a communion between our finitude and the all of being. Little by little time will realize the possibility of taking in the continual presence of the self, which will be the expression of what is unique in our destiny, the fulfillment of our vocation.
- L'art comme révélation - Louis Lavelle p. 319-332
Bulletins
- Bulletin de théologie littéraire - Jean-Pierre Jossua p. 333-365
Recension des revues
- Recension des revues - p. 367-393
- Notices bibliographiques - p. 395-400