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Revue | Revue des Sciences Philosophiques et Théologiques — RSPT |
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Numéro | Tome 92, no 2, 2008 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Quelques aspects de la pensée trinitaire et christologique de Saint Thomas d'Aquin.
- Comment pratiquer la théologie trinitaire en pèlerin ? : Béatitude et Trinité selon Richard de Saint-Victor et Thomas d'Aquin - Emmanuel Durand p. 209-223 Afin de qualifier la théologie trinitaire comme une théologie de pèlerins, on doit s'interroger sur le rapport entre l'exercice de la théologie trinitaire et la béatitude eschatologique. Mais il convient d'abord de clarifier la corrélation objective entre la béatitude divine et le mystère trinitaire. Se pose alors la question suivante : comment interpréter, dans la Somme de théologie, l'enchaînement inaperçu entre la dernière question du traité sur l'essence de Dieu, consacrée à la béatitude divine, et la première question sur la Trinité, consacrée aux deux processions trinitaires ? Afin de négocier au mieux ce délicat passage, il faut analyser le différend épistémologique entre Thomas d'Aquin et Richard de Saint-Victor à propos du statut des « raisons » en théologie trinitaire.How is One to Practice Trinitarian Theology as a Pilgrim?
Towards qualifying Trinitarian theology as a theology of pilgrims, one must wonder about the relation between Trinitarian theology and eschatological beatitude. Yet one ought to begin by clarifying the objective correlation between divine beatitude and the Trinitarian mystery. The following question then presents itself: how is one to interpret in the Summa Theologiae the unnoticed sequence between the last question on the divine essence, consecrated to divine beatitude, and the first question on the Trinity, consecrated to the two Trinitarian processions? Towards negotiating as well as possible this delicate passage, it is necessary to analyze the epistemological disagreement between Thomas Aquinas and Richard of St. Victor over the status of « reasons » in Trinitarian theology - Habitation et missions des personnes divines selon Thomas d'Aquin : Principes de distinction, normes d'intégration - Camille de Belloy p. 225-240 Si Thomas d'Aquin distingue nettement habitation commune de toute la Trinité dans l'âme selon la grâce sanctifiante et missions propres du Fils et de l'Esprit Saint selon les dons de sagesse et d'amour, cette distinction formelle ne doit pas être durcie et schématisée par l'interprète au point d'introduire ou de réintroduire dans la théologie trinitaire de l'Aquinate une disjonction entre unité de l'essence et trinité des personnes qui lui fut souvent reprochée. La grâce d'inhabitation ne serait alors qu'une tendance vers la substance indivise de Dieu, incapable par elle-même d'accueillir la présence distinctive et proprement trinitaire des personnes venant faire leur demeure dans la créature sanctifiée. S'inspirant de l'herméneutique jadis défendue par le Père Ambroise Gardeil, le présent article cherche à dépasser cette dualité stérile et propose une approche plus large et mieux intégrée des différents modes de la présence divine en nous (immensité, habitation, missions).Indwelling and Missions of Divine Persons According to Thomas Aquinas
If Thomas Aquinas clearly distinguishes the indwelling in the soul by sanctifying grace, which is common to the entire Trinity, and missions by the gifts of wisdom and love, which are proper to the Son and the Holy Spirit, this formal distinction ought not to be hardened and schematized by the interpreter to the point of introducing or reintroducing into Aquinas' Trinitarian theology a disjunction between the unity of essence and the Trinity of persons for which he has often been blamed. The grace of indwelling would in that case amount to nothing more than a tendency towards God's undivided substance, by itself incapable of receiving the distinctive and properly Trinitarian presence of persons coming to make their dwelling in the sanctified creature. Drawing its inspiration from the hermeneutic once supported by Fr. Ambroise Gardeil, the present article seeks to go beyond this sterile duality and propose a broader approach, better integrated with different modes of the divine presence within us (immensity, indwelling, missions). - La christologie de Durand de Saint-Pourçain dans le contexte de l'émergence du thomisme au XIVe siècle - Isabel Iribarren p. 241-256 Durand de Saint-Pourçain est connu pour s'être écarté des thèses fondamentales du thomisme. L'examen attentif du sa position, comparée aux interprétations de Thomas d'Aquin par les dominicains thomistes de l'époque, conduit à une appréciation plus nuancée. L'opinion de Durand, selon laquelle le Christ posséderait une pluralité d'esse du fait de la dualité de nature, ne diffère pas fondamentalement de l'opinion de son confrère et adversaire acharné, Hervé de Nédellec. La position de Durand est attaquée non pas parce qu'il se serait écarté d'un thomisme classique, mais pour sa remise en cause de la métaphysique aristotélicienne, critère de toute interprétation « légitime » de la pensée de Thomas.The Christology of Durandus of St. Pourcain in the Context of the Emergence of Thomism During the 14th centuryDurandus of St. Pourcain is known to have distanced himself from the fundamental theses of Thomism. The attentive study of his position, in comparison with the period's Thomist Dominicans' interpretations of Thomas Aquinas, leads to a more nuanced appreciation. Durandus' opinion, according to which Christ would possess a plurality of esse according to the duality of his nature, is not fundamentally different from the position of his fellow Dominican and fierce adversary, Hervaeus Natalis. Durandus' position is attacked not because he separated himself from classical Thomism, but because he placed on the docket once again Aristotelian metaphyisics, the criterion of any « legitimate » interpretation of Thomas.
- Comment pratiquer la théologie trinitaire en pèlerin ? : Béatitude et Trinité selon Richard de Saint-Victor et Thomas d'Aquin - Emmanuel Durand p. 209-223
Articles
- Le tragique dans la pensée d'Augustin - Gérard Remy p. 257-285 Cet essai porte sur la place du tragique dans la pensée d'Augustin. Son rapport avec le tragique a suivi son évolution personnelle. Dans sa jeunesse, en sa période manichéenne, il en subit l'attrait par sa passion du théâtre et de l'astrologie. Dans sa maturité de pasteur, il fut confronté à cette réalité à travers les malheurs du temps. Sa réflexion de théologien, stimulée par le pélagianisme, l'orienta vers la cause du mal et du malheur que Paul renvoie à une faute originelle. Cette explication devait fournir à Augustin une clé définitive, dont il ne cessera d'user dans sa controverse avec les pélagiens. C'est sur une humanité contaminée en sa source par le mal que le malheur est la forme temporelle de la justice divine. C'est aussi en elle que la miséricorde divine s'exerce par mode d'élection gratuite en vue du salut. Ainsi justice et gratuité se substituent à la fatalité. Si le tragique est un fait indéniable, Augustin théologien tente de le dépasser et de le refouler par le recours à l'inscrutable dessein de Dieu.Tragedy in the Thought of Augustine
This essay has to do with the place of tragedy in the thought of Augustine. His relation to tragedy followed his personal evolution. In his youth, in his Manichean period, he was attracted to it by his passions for the theater and for astrology. In his maturity as a pastor, he was confronted by this reality through the misfortunes of time. His theological reflection, stimulated by Pelagianism, oriented him towards the cause of evil and unhappiness, which Paul assigns to an original wrong. This explanation was to provide Augustine with a definitive key, of which he would make constant use in his dispute with the Pelagians. It is upon a humanity contaminated at its source by evil that unhappiness is the temporal form of divine justice. It is also therein that divine mercy exerts itself by the mode of gratuitous election in view of salvation. So it is that justice and gratuity substitute for fatality. If tragedy is an undeniable fact, Augustine as a theologian attempts to go beyond it and turn it back by God's inscrutable design. - Descartes : l'infinitude de ma volonté : Ou comment Dieu m'a fait à son image - Jean-Baptiste Jeangène Vilmer p. 287-312 Il y a trois manifestations de l'infini chez Descartes : l'infinité de Dieu, l'infinitude de ma volonté et l'indéfinité du monde physique et mathématique. Cet article est consacré à l'infinitude de ma volonté, c'est-à-dire à la contribution de la philosophie pratique à l'idée de l'infini. Dans la première partie, on examine comment l'homme, partant d'une déception à l'égard du fini, aspire naturellement vers l'infini, cette volonté d'infini étant si intime à l'idée de l'infini qu'elle signifie de fait volonté infinie. La deuxième partie montre ensuite comment ma volonté est infinie, notamment parce qu'elle en porte les signes paradoxaux (positivité et incompréhensibilité). Enfin, dans une troisième partie, l'infinitude de ma volonté apparaît comme la marque que Dieu m'a fait à son image, ce qui implique de ne pas confondre l'infinité de Dieu et l'infinitude de ma volonté.Descartes : The Infinitude of My Will, or How God Made Me in His Image
There are three manifestations of the infinite for Descartes: the infinity of God, the infinitude of my will and the indefinite character of both the physical and mathematical world. This article is dedicated to the infinitude of my will, which is to say to the contribution of practical philosophy to the idea of the infinite. In the first section, we examine how man, from a desillusioned stance as to the finite, naturally aspires towards the infinite, that will of infinite being so intimate to the idea of the infinite that it signifies, de facto, an infinite will. The second section shows next how my will is infinite, notably because it bears the paradoxical signs of the infinite, which are positivity and incomprehensibility. Finally, in the third section, the infinitude of my will appears as the mark that God has made me in His own image. This implies that one may not confound the infinity of God and the infinitude of my will. - Louis Lavelle et Cornelius Castoriadis à propos de la réalité psychique - Chantal Beauvais p. 313-328 Cet article traite de la notion de « psyché » telle qu'utilisée par Louis Lavelle et par Cornelius Castoriadis. La clef de voûte de chacune de ces psychologies philosophiques, le moi comme « possibilité pure » chez Lavelle et « l'imagination radicale » chez Castoriadis, laisse apercevoir un horizon ontologique fuyant de type heideggérien. Bien que ces deux auteurs traitent du moi en termes postmodernes (Lavelle en précurseur, Castoriadis en théoricien), la seule ressemblance entre les deux, source de toutes les autres ressemblances, c'est que l'un et l'autre sont en réalité des « modernes ».Louis Lavelle and Cornelius Castoriadis on psychic reality
This article deals with the notion of « psyche » as it is employed by Louis Lavelle and Cornelius Castoriadis. The key to each of these philosophical psychologies, the self as « pure possibility » in Lavelle and « radical imagination » in Castoriadis, discloses an elusive ontological horizon of the Heideggerian sort. Though these two authors deal with the self in postmodern terms (Lavelle as a precursor, Castoriadis as a theoretician), the sole resemblance between the two, the source of all other resemblances, is that both are really « moderns ».
- Le tragique dans la pensée d'Augustin - Gérard Remy p. 257-285
Notes
- Sur Aristote et le Mont-Saint-Michel : Notes de lecture - Louis-Jacques Bataillon p. 329-334
Bulletins
- Bulletin de théologie littéraire - Jean-Pierre Jossua p. 335-365
Recension des revues
- Recension des revues - p. 367-395
- Notices bibliographiques - p. 397-400