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Revue | Revue Française de Science Politique |
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Numéro | vol. 66, no 5, octobre 2016 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Articles
- Penser la radicalisation : Une sociologie processuelle des variables de l'engagement violent - Xavier Crettiez p. 709-727 Cet article s'interroge sur la notion très usitée de radicalisation et propose un état des recherches sur ce sujet. À travers des exemples tirés d'expériences diverses de combat, autant islamistes que nationalistes, il pose un regard non essentialiste sur la notion de radicalisation exagérément reliée aux seules études sur l'islamisme jihadiste. Il propose également un modèle d'analyse des phénomènes d'engagement progressif dans la lutte armée, privilégiant une analyse processuelle de l'engagement et une mise en avant de certains facteurs déterminants. Parmi ceux-ci, l'article privilégie une approche sociologique des formes de socialisation et d'adaptation cognitive à la violence, ainsi que psychosociologique, insistant sur les liens entre recours à la violence et rehausse de l'estime de soi.Thinking radicalisation
This article examines the overused notion of radicalisation and analyses the research that has been done so far on the subject. The article tries, thanks to examples taken from diverse conflicts and struggles of both islamists and nationalists, to put forward a more general and objective point of vue on the notion of radicalisation, one that has until now been exclusively tied to the research done on Islamic jihadists. At the same time, the article also attempts to present a new way to analyse the phenomenon of progressive military involvement, favouring a step by step analysis of the involvement and focusing on certain determinant factors. Among them, the author favours a sociological look on the means of socialization and adaptation to violence yet also a psychological one, insisting on the link between the need for violence and the enhancement of one's self esteem. - Police et phénomènes identitaires dans les banlieues : entre ethnicité et territoire : Une étude par focus groups - Guillaume Roux, Sébastian Roché p. 729-750 L'analyse de quatre focus groups (jeunes majeurs et adultes) nous apprend que le groupe ethnique majoritaire ne s'identifie pas au quartier et a des attitudes vis-à-vis de la police (ATP) positives. Dans les minorités ethniques, les ATP s'appuient sur l'idée d'un conflit collectif. Cependant, la construction des attitudes diffère entre jeunes et adultes. La forte identification à « la cité » est centrale pour les jeunes : elle se combine à une identité ethnique pour produire une image de la police comme adversaire. Pour les adultes, le rapport à la police produit une identification au quartier, qui ne survient pas sans cet aiguillon. Ces résultats soulignent le rôle de la police dans la production de l'ethnicité, qui participe de la construction d'un « nous, minorités de banlieue », d'une identité ethno-territoriale.Police and identity phenomena in the suburbs: between ethnicity and territory
The analysis of four focus groups (young adults and adults) teaches us that the majority group does not identify with the neighborhood and holds positive attitudes toward the police (ATP). Among ethnic minorities, ATP are based on a collective conflict. However, attitudes construction differs between youth and adults. Strong identification with “the hood” is key to young people since it combines with a sense of ethnic identity and engenders an adversarial image of police. For adults, referring to police produces identification with the neighborhood, which wouldn't happen without that spur. These findings underline the role of the relationship with police in the production of ethnicity in France : it contributes to the construction of the in group “minorities of the suburbs”, of an ethnic-territorial identity. - Le vote au village des Corses de l'extérieur : Dispositifs de contrôle et expressions des sentiments (19e-20e siècles) - Jean-Louis Briquet p. 751-771 Le nombre élevé d'électeurs votant en Corse sans y résider est une constante de l'histoire politique de l'île, depuis les vagues migratoires à la charnière des 19e et 20e siècles jusqu'à l'époque contemporaine où continue à exister une importante diaspora conservant des liens avec le village familial. Ce phénomène s'accompagne de dispositifs particuliers de contrôle et de mobilisation politiques des électeurs non-résidents ainsi que de formes d'attachement au territoire d'origine chez ces derniers. L'article porte sur ces deux aspects du vote des Corses de l'extérieur, en insistant sur leur histoire depuis les débuts de la Troisième République, sur leurs modes de fonctionnement, ainsi que sur les critiques et controverses auxquelles le phénomène a régulièrement donné lieu.The external voting of the Corsican diaspora
Since the beginning of the wave of Corsican migration to the French colonies and continental France at the end of 19th century, and until today, numerous members of the Corsican diaspora vote in the village they come from and in which their continue to keep a family home, social links, and emotional attachment. The article explores two main dimensions of this phenomenon : the mechanisms of the electoral mobilization of expatriate voters by the local politicians ; the external voting as a mean of expressing an “autochthonous” identity by members of the Corsican diaspora. - L'« économiste » en politique : Les experts socialistes français des années 1970 - Mathieu Fulla p. 773-800 Si la problématique de l'expertise mobilise aujourd'hui de nombreux chercheurs, la figure de l'expert engagé dans un parti politique reste mal connue. Fondé sur l'analyse quantitative et qualitative d'un corpus de 196 « économistes », cet article étudie la sociologie et le rôle de ces acteurs construisant le discours et les programmes économiques du PS dans la décennie 1970, où l'organisation désormais dirigée par François Mitterrand se donne la conquête du pouvoir pour objectif. Il nuance l'idée d'une confiscation progressive de l'expertise par les grands commis du ministère des Finances ; il montre également qu'en dernier ressort, ce sont les aléas de la conjoncture politique qui ouvrent ou ferment des possibles aux écrits des « économistes » engagés en socialisme.The “economist” in politics
While the issue of expertise has been massively investigated by scholars since the late 1990s, the “politically committed experts” who are active members of a party remain largely unstudied. This article, based on the quantitative and qualitative analysis of 196 economists, analyses the sociology and role of those who constructed the French Socialist Party's economic programme and discourse during the 1970s, when the party led by François Mitterrand aimed to seize power. It shows that, contrary to the clichés disseminated through the media, high-level civil servants did not have a monopoly of expertise within this organization. It also highlights that the socialist economic experts' work had to follow the strategical framework defined by the party's most prominent politicians.
- Penser la radicalisation : Une sociologie processuelle des variables de l'engagement violent - Xavier Crettiez p. 709-727
Chronique bibliographique : théorie politique
- Théorie politique et critique - Marie Garrau, Charles Girard, Christopher Hamel p. 801-803
- Lectures critiques - p. 805-826
- Comptes rendus - p. 827-853
- Informations bibliographiques - p. 854-856