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Revue | Revue de l'histoire des religions |
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Numéro | tome 201, n°4, 1984 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Sacrifices à Delphes. Sur deux figures d'Apollon - Louise Bruit p. 339-367 Par Théophraste et Porphyre, nous avons accès non seulement à une réflexion sur la pratique végétarienne et son corollaire — le sacrifice non sanglant — mais, par la réflexion qu'elle induit sur le meurtre des animaux et le sacrifice sanglant, à toute une tradition sur les implications entre les deux types de sacrifices, et le rôle que jouent Apollon et Delphes dans leur mise en œuvre. Apollon, ce dieu par excellence des philosophes, se voit ainsi engagé dans une casuistique du meurtre des animaux, qui lui fait à la fois assumer une exigence de pureté à l'ègard des hommes qui viennent sacrifier à Delphes, et placer avant toute autre les offrandes végétales, mais l'implique aussi dans l'institution des premiers sacrifices sanglants autorisés par la voix de la Pythie. Dieu d'un sanctuaire où l'abattage des bœufs de sacrifice et des chèvres consacrées se faisait à grande échelle, devenant à la limite lui- même sacrificateur, Apollon est aussi le garant d'une autre tradition, celle des Théoxénies. Elles entrent à Delphes dans le grand courant d'échanges qui, par le biais des banquets, anime la cité et met en jeu non seulement la générosité des suppliants, mais aussi celle du dieu.Sacrifices at Delphi. Reflections on two figures of Apollo A study of Theophrastos and Porphyry leads not only to a reflection on vegetarianism and its corollary — bloodless sacrifice but also through the reflection it induces on the killing of animals and blood sacrifices, to an entire tradition concerning the links between these two types of sacrifice, and the part played by Apollo and Delphi in their application. Apollo, the philosophers' god par excellence, was thus engaged in a casuistry on the killing of animals, which made him both assume a condition of purity from the men who came to offer sacrifices at Delphi and favour vegetable offerings above all others and, at the same time, implicated him in the institution of the first blood sacrifices permitted by Pythia's voice. God of a sanctuary where slaughtering of sacrifical bulls and consecrated goats took place on a large scale, even becoming a sacrifier himself, Apollo was also the keeper of another tradition, that of the Theoxenia. At Delphi, they were part of the great exchanges which, through banquets, animated the city and brought into play not only the generosity of the supplicants, but also that of the god.
- Jacob et Esaü ou Israël et Rome dans le Talmud et le Midrash - Mireille Hadas-Lebel p. 369-392 Cet article part d'un paradoxe exégètique. Alors que les Juifs s'opposent à la puissance romaine, apparaît (probablement dans l'école d'Aqiba, vers + 132) l'idée qu'Israël et Rome sont frères car ils sont issus de Jacob et d'Esaü. Telle est l'origine du surnom le plus courant de Rome (Esaü-Edom), laquelle est appelée aussi dans les sources rabbiniques « l'empire scélérat ». L'exégèse des chapitres XXV-XXVII de la Genèse subit le contrecoup de l'identification d'Esaü avec Rome. L'infériorité morale du fils aîné d'Isaac est fortement accentuée et les vices qu'on lui prête sont ceux que l'on reproche traditionnellement à Rome. C'est cependant lui qui détient la puissance matérielle en ce monde : entouré de ses chefs (comme en Gen. XXXVI), il règne par l'épée, ce qui pose le douloureux problème de la rétribution. Le fondement de l'identification d'Esaü-Edom avec Rome n'est pas à chercher selon nous dans une quelconque relation avec Hérode, Iduméen ami de Rome, comme on l'a souvent écrit, mais dans les nombreuses prophéties dirigées contre Edom qui assurent Israël d'une revanche en lui promettant que si Esaü possède ce monde, lui, aura le monde futur.Jacob and Esau or Israel and Rome in the Talmud and the Midrash This article takes as its starting-point an exegetical paradox. At a time when the Jews resisted Roman power, appears the idea that Israel and Rome are brothers because both offspring of Jacob and Esau (probably from Akiba's School, c. + 132). This is the origin of the most common appellation attributed to Rome (Esau-Edom), also qualified as the « wicked kingdom » in rabbinic texts. The identification of Esau with Rome had repercussions on the exegetical study of chapters XXV-XXVII of Genesis. The moral inferiority of Isaac's elder son was largely emphasized and the vices of which he was accused were those commonly attributed to Rome. However, it was he who possessed material power in this world : surrounded by his chiefs, he ruled « by the sword » which posed the awkward problem of retribution. In my opinion, the basis for the identification of Esau-Edom with Rome is not linked to some relation with Herod, the Idumean friend of Rome, as has often been stated, but to the numerous prophesies made against Edom which gave Israel its revenge by promising that if Esau owned this world, they would own the next.
- Les religions dans les sociétés turco-mongoles - Jean-Paul Roux p. 393-420 Les grands Empires turco-mongols ont constamment dominé des masses humaines relevant de diverses confessions et jamais, en leur sein, la situation religieuse n'a été simple. Ce pluralisme religieux a éveillé une vive curiosité chez les souverains, des mouvements syncrétistes spontanés ou organisés et a conduit parfois au scepticisme ou à l'agnosticisme d'où sont nées des illusions — notamment européennes — sur une vraisemblable christianisation des monarques, puis de leurs peuples. En contrepartie, il y eut parfois de violents heurts entre les communautés et chez les Turco-Mongols des crises de fanatisme qui sont allées en s'accroissant avec le temps, pour aboutir à de véritables guerres de religion entre sunnites et chiites (Turquie- Iran) et à une répression du chamanisme (Mongolie). Ces faits, somme toute rares et tardifs, n'empêchent pas que la tolérance (seule alternative à une coercition implacable et, somme toute, irréalisable) a été la politique choisie et poursuivie presque constamment. Cette recherche se fonde essentiellement sur les Empires t'ou-kiue et mongols gengiskhanides, mais fait aussi largement appel aux Khazar, aux Ouïghours, aux Seldjoukides, aux Timurides, à la Horde d'Or, aux Ottomans, aux Grands Moghols, et plus parcimonieusement à d'autres.Religions in Turkic-Mongol societies The great Turkic-Mongol empires had always controlled a large number of peoples with different beliefs and the religious situation was never clear-cut. This religious pluralism aroused a strong interest among the rulers in syncretic movements, both spontaneous and organized, which sometimes led to scepticism and agnosticism. And this was also the cause for illusion, notably on the part of Europeans, as to the possibility of christianizing these rulers and, subsequently their subjects. On the other hand, violent clashes between communities were frequent and the Turkic-Mongol crises of fanatism increased over the years and led to genuine religious wars between the Sunnites and ShVites (Turkey-Iran) and the suppression of shamanism (Mongolia). But such occurrences, rather infrequent and late, did not prevent a policy of tolerance (the only alternative to relentless coercion after all unfeasable) being the chosen solution and almost consistently followed. This study heals basically with the empires of the T'u-chiieh and the Mongols of Genghis Khan, but also refers to the Khazars, the Uighurs, the Seljuqs, including the Timurids and the Golden Horde, the Ottomans, the Great Mongols and, in less detail, other groups.
- A New Sacromonte Text ? (Critical Notes*) [* On the article by Ron Barkaï, Une invocation musulmane au nom de Jésus et de Marie, Revue de l'Histoire des Religions, CC, 1983, p. 257-268.] - Leonard Patrick Harvey p. 421-425
Comptes rendus
- D. Allen. Mircea Eliade et le phénomène religieux, traduit de l'américain par C. N. Grigoresco, préface de M. Eliade - Jean-Paul Roux p. 427-430
- D. L. Eck. Banaras, City of Light - André Bareau p. 430-432
- N. Golb, O. Pritsak. Khazarian Hebrew Documents of the Tenth Century - Simon Schwarzfuchs p. 432-434
Notes bibliographiques
- J. Scheuer. Siva dans le Mahabharata - André Padoux p. 435-436
- G. Wirz. Tod und Vergänglichkeit. Ein Beitrag zur Geisteshaltung der Ägypter von Ptahhotep bis Antef - Jean Leclant p. 436-437
- Tradition et théologie dans l'Ancien Testament, publié sous la direction de D. A. Knight, avec une préface de J. Briend - André Caquot p. 437-438
- I. Chernus. Mysticism in Rabbinic Judaism, Studies in the History of Midrash - Nicolas Séd p. 438-439
- H. G. Meyer. Eine Sabbatampel im Erfurter Dom - Simon Schwarzfuchs p. 439
- M. Simon. Le Christianisme antique et son contexte religieux, Scripta varia - Pierre Nautin p. 439-440
- G. Rochais. Les récits de résurrection des morts dans le Nouveau Testament - Pierre Nautin p. 440-441
- A.-J. Festugière, OP. Actes du Concile de Chalcédoine. Sessions III-VI (La définition de la Foi), traduction française. Préface par H. Chadwick - Alain Le Boulluec p. 441-442
- Guillaume de Bourges. Livre des Guerres du Seigneur et deux homélies, introduction, texte critique, traduction et notes par G. Dahan - Hervé Savon p. 442-444
- A. Argyriou. Les exégèses grecques de l'Apocalypse à l'époque turque (1453-1821). Esquisse d'une histoire des courants idéologiques au sein du peuple grec asservi - Matei Cazacu p. 444-445
- K. Ware. Approches de Dieu dans la tradition orthodoxe, préface d'O. Clément, traduit de l'anglais par M.-O. Fortier-Masek - Irénée-Henri Dalmais p. 445
- Melanchthons Briefwechsel. Abteilung I, Band 4 : Regesten 3421-4529 (1544-1546), bearbeitet von H. Scheible unter mitwirkung von W. Thuringer - Jean-Claude Margolin p. 446-447
- E. Pasquier. Le catéchisme des Jésuites, édition critique par C. Sutto - Robert Sauzet p. 447
- A. Louant. Le cas du Père Louis Hennepin, récollet, missionnaire de la Louisiane, 1626-170? ou Histoire d'une vengeance - Jacques Le Brun p. 448
- J.-M. Paul. D.-F. Strauss (1808-1874) et son époque - François Laplanche p. 448-450
- L. Portier. Christianisme, Eglises et religions. Le dossier Hyacinthe Loyson (1827-1912). Contribution à l'histoire de l'Eglise de France et à l'histoire des religions, postface de J. Ries - François Laplanche p. 451-452
Chronique
- IIe Symposium Nazianzenum, Louvain-la-Neuve, 25-28 août 1981, Actes édités par J. Mossay - Pierre Nautin p. 453
- La vie du Prophète Mahomet. Colloque de Strasbourg (octobre 1980) - Guy Monnot p. 454-455
- Symposium international sur “Littérature moyenne grecque et littératures slaves, corrélations dans les recueils manuscrits” (Thessalonique, mai 1979) - Wladimir Vodoff p. 455
- Theologische Realenzyklopädie, Bd. IX-X - Pierre Nautin p. 455-456
- Livres reçus - p. 457-458