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Revue | Raisons Politiques |
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Numéro | no 64, décembre 2016 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Forum
- Présentation de la rubrique - p. 5-6
- À quoi sert la théorie politique ? - Benjamin Boudou p. 7-27 Cet article part du constat d'un manque de légitimité de la théorie politique afin de mieux en souligner l'intérêt pour la science politique et les sciences humaines. Dans un premier temps, l'auteur présente un état des lieux des recrutements et thèses soutenues en théorie politique pour montrer sa situation minoritaire et la défiance dont elle fait l'objet. Puis, en interrogeant le rapport entre théorie et politique, l'auteur pose le problème de l'utilité de la discipline vis-à-vis de sciences sociales et de la société civile. L'auteur défend la pertinence de la théorie à partir des fonctions qu'elle doit remplir : une fonction heuristique, une fonction pédagogique, une fonction critique et une fonction éthique.What is the use of political theory?
In this paper, the author argues that political theory should be part of political science, especially in the French context where political theory is largely undermined and underrepresented. He starts from an analysis of the job market for political theorists, showing the disproportion between the number of “qualified” (by the National Council of the Universities) young doctors in political theory and the number of positions. He then questions the problem of utility of political theory, both for other social sciences and society in general, and argues that the legitimacy of political theory comes from the fulfillment of four essential functions: heuristic, educational, critical and ethical.
Parcours de recherche
- Parcours de recherche : Catherine Larrère : Écologie, politique et philosophie - Catherine Larrère, Margaux Le Donné p. 29-48 Ce texte revient sur la trajectoire intellectuelle de Catherine Larrère et en particulier la façon dont elle a participé à introduire et développer en France depuis bientôt 25 ans les recherches philosophiques et politiques sur la protection de la nature à travers l'éthique environnementale, et plus généralement sur l'écologie politique.Interview with Catherine Larrère
This text presents the intellectual trajectory of Catherine Larrère and particularly the way in which since 1992 she initiated and participated in the development of philosophical and political research about nature conservation through environmental ethics, and more broadly about political ecology.
- Parcours de recherche : Catherine Larrère : Écologie, politique et philosophie - Catherine Larrère, Margaux Le Donné p. 29-48
Varia
- Quelle « démocratie écologique » ? - Victor Petit, Bertrand Guillaume p. 49-66 Il est possible de présenter la crise écologique sans parler de démocratie, comme il est possible de parler de la crise démocratique sans parler d'écologie. Ce papier vise au contraire à critiquer ce type d'approches et à questionner le lien entre « crise écologique » et « crise démocratique ». Ce lien s'est récemment cristallisé en France autour des propositions de « démocratie écologique » de Dominique Bourg et Kenny Whiteside, qui ont été largement débattues. Nous en résumerons ici certains éléments centraux pour apporter une autre vision d'une « démocratie écologique », moins institutionnelle, et plus politique, que nous résumons sous l'appellation de « démocratie des communs ».Which “ecological democracy”?
One can discuss the ecological crisis without referring to democracy. One can as well speak of the democratic crisis without mentioning ecology. Contrariwise, this paper aims at criticizing such approaches and questioning the relationship between the so-called “ecological crisis” and “democratic crisis.” In France, this connection has recently moved to the forefront around the proposals of Dominique Bourg and Kerry Whiteside, which have been much discussed. We summarize here some of the key elements of the debate, and bring another vision of a less institutionalized, more political, “democratic ecology”, that we encapsulate under the term “democracy of the commons. - L'effet de frontière dans les mobilisations collectives de migrants en situation administrative précaire - Martin Deleixhe, Youri Lou Vertongen p. 67-84 Dans les théories post-nationales de la démocratie, les migrants occupent souvent une place de choix comme acteurs du renouveau de la contestation politique. Condamné pour une partie d'entre eux à une extrême précarité juridique et sociale par leur exclusion étatique, les mobilisations collectives de migrants revendiquant la régularisation de leur situation administrative sont alors présentées comme la figure de proue d'une citoyenneté transnationale innovante. Sur la base de deux observations participantes menées au sein de mouvements de sans-papiers, nous soumettons à l'examen l'hypothèse selon laquelle la frontière est cependant bien plus résiliente que ne le pensent les démocrates postnationaux. Car la frontière se reproduit sous la forme de distinctions proto-administratives jusque dans les endroits où l'on attend le moins, et notamment au sein des mouvements de lutte de migrants, par un phénomène que nous nommerons un « effet de frontière ». Cet article avancera d'une part que cet effet de frontière est un avatar de la « pensée d'État » telle qu'elle a été mise en évidence par Bourdieu et le mobilisera d'autre part pour fournir un début d'explication à l'extrême fragmentation des groupes de migrants en lutte.The border effect in migrants' collective political mobilization
In theories of post-national democracy, irregular migrants have often been framed as spearheading the renewal of political contestation. Condemned to an extreme social and juridical precariousness by the States' exclusion, their collective struggle for the regularization of their administrative status is commonly depicted as the vanguard of an innovative transnational citizenship. On the basis of two participant observations made with irregular migrants' collectives, we will scrutinize the hypothesis according to which borders are a lot more resilient than they are commonly assumed to be by post-national democrats. Borders reappear as proto-administrative distinctions where we least expect them, and notably within irregular migrants' political struggle, through a phenomenon that we call the border effect. First, we will first show that this border effect is largely the consequence of the “State thinking” unearthed by Bourdieu and, second, that it goes a long way toward explaining the acute fragmentation amongst the groups of activist migrants. - Le social et le politique : un bilan de l'Essai sur la Révolution d'Hannah Arendt - Stéphanie Roza p. 85-96 L'article se donne pour objectif de faire le point, un demi-siècle après sa parution, sur lapostérité théorique de l'Essai sur la Révolution de Hannah Arendt. Il s'attache à chercher les raisons du caractère contradictoire de sa réception dans les tensions internes à l'oeuvre, le caractère problématique de son statut et l'aporie fondamentale qui la travaille. L'impossibilité de séparer radicalement la question sociale et la question politique est au fondement de l'incapacité d'Arendt à indiquer les moyens de faire revivre « le trésor perdu des révolutions » ; mais cet échec même met en lumière les véritables questions qui travaillent toute pensée révolutionnaire.The Inseparability of Social and Political Issues: An Assessment of Hannah Arendt's On Revolution
This paper aims at reviewing, half a century after its publication, the intellectual posterity of Hannah Arendt's essay On Revolution. It focuses on locating the reasons of its controversial reception in the tensions inherent to the opus, in its problematic status, as well as in the fundamental aporia that lies at its heart. The impossibility to radically separate social and political issues explains why Arendt cannot show how to revive the “lost treasure of revolutions”; but this very failure brings into light the genuine issues that animate from within any revolutionary thinking - Quasi-souveraineté et révolution : Actualité de la Critique de la raison dialectique sartrienne - Fabrice Flipo p. 97-110 Dans cet article nous revenons sur la Critique de la Raison Dialectique de Jean-Paul Sartre (1960), dont nous montrons toute la richesse analytique et conceptuelle, en la mettant en rapport avec quelques-unes des catégories les plus utilisées dans la théorie politique contemporaine. L'écrit de Sartre s'avère d'une grande actualité, que ce soit pour éclairer le fonctionnement régulier des institutions ou les périodes révolutionnaires. Les concepts de groupe, série, quasi-souveraineté en particulier permettent d'éclairer certaines logiques de l'action collectives qui ont récemment été mises en lumière par des théoriciens comme Ernesto Laclau.Quasi-sovereignty and revolution
In this article we review Jean-Paul Sartre's Critique of Dialectical Reason (1960), which we show all the analytical and conceptual richness, putting in connection with some of the most used categories in contemporary political theory. Sartre's theory proves highly topical, either to illuminate the regular functioning of institutions or revolutionary periods. Concepts of group, series, and particularly quasi-sovereignty shed light on some logic of collective action that were recently highlighted by theorists like Ernesto Laclau.
- Quelle « démocratie écologique » ? - Victor Petit, Bertrand Guillaume p. 49-66
Lectures critiques
- L'histoire des idées politiques en débat : les enjeux épistémologiquesde la contextualisation - David Smadja p. 111-124
- Arnault Skornicki, La grande soif de l'État - Victor Fontaine p. 125-136
- Vitesse et politique : accélérer ou décélérer ? - Nathanaël Wallenhorst p. 137-147