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Revue | Travaux de linguistique |
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Numéro | no 67, 2013 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Autonomie ou dépendance sémantique des noms d'événements en français - Richard Huyghe p. 7-23 Parmi les noms traditionnellement considérés comme noms d'événements [Nev], i.e. pouvant servir de noyau à un SN sujet de avoir lieu, on distingue deux types de N. Les Nev autonomes (e.g. concert, avalanche) suffisent à la description d'événements, tandis que les Nev dépendants (e.g. augmentation, démantèlement) requièrent un complément pour identifier des événements. La distinction entre ces deux types de N n'équivaut pas à celle, proposée par Grimshaw (1990), entre « simple event nominals » et « complex event nominals ». Il est établi que la répartition entre Nev autonomes et dépendants ne repose pas sur des propriétés strictement morphologiques ou syntaxiques, et que la structure sémantique, i.e. l'ensemble des traits sémantiques pertinents, n'est pas la même pour tous les Nev. L'hypothèse est faite que l'autonomie ou la dépendance des Nev peut conditionner le type d'événement dénoté.Two categories of nouns denoting events [ENs], i.e. of nouns which can be the subject of avoir lieu (‘take place'), can be distinguished. Autonomous ENs (e.g. concert ‘concert', avalanche ‘avalanche') provide a sufficient description of events, whereas dependent ENs (e.g. augmentation ‘increase', démantèlement ‘dismantling'), need a complement to denote events. The distinction between these two categories is not equivalent to the one proposed by Grimshaw (1990), between « simple event nominals » and « complex event nominals ». It is shown that the distribution between autonomous and dependent ENs does not rely on pure syntactic or morphological properties, and that the semantic structure, i.e. the relevant semantic features, is not the same for all ENs. Furthermore, the autonomy or dependency of ENs may determine the ontological type of events denoted by ENs.
- La tradition corsète-t-elle la question de l'adjectif invarié jusqu'à un point de non-retour ? - Maxence Delsaut p. 25-60 Les adjectifs invariés ont traditionnellement été traités comme des mots de fonctionnement adverbial. Si la non-distinction des plans des natures et des fonctions a, dans un premier temps, favorisé la recatégorisation par adverbialisation, leur séparation nette a entériné une distorsion catégorielle qui n'a pas manqué d'apporter son lot de difficultés. Certes, la scission en deux sous-groupes de l'ensemble des adjectifs invariés fait désormais l'objet d'un consensus, mais l'analyse des différents positionnements théoriques (tant traditionnels que d'obédience guillaumienne) montre que ceux-ci constituent autant de manières d'appréhender la bipartition des items ainsi que les critères présidant à leur répartition. Nous tenterons enfin d'éclairer ces réflexions sur la question à la lumière des « anciens » avant d'entrevoir une solution d'avenir.Invariable adjectives have been considered adverbs in traditional grammar. If it is true that in earlier times the distinction between nature and function was not accepted, which favoured an analysis in terms of recategorisation through adverbialisation, the separation of nature and function went along with an analysis in terms of categorical mismatch, which yielded some difficulties. Although the split of the set of invariable adjectives into two groups is nowadays the object of a consensus, our review of the theoretical approaches (both traditional ones and those inspired by Guillaume's psychomechanics) shows that these approaches constitute different ways to account for the distinction and the criteria used to make this distinction. We intend to enlighten our reflexions by means of the analyses of our predecessors and, finally, propose a new solution for the future.
- Des N et du N sujets : des généricités toujours refusées ? - Audrey Roig p. 61-89 Si la possibilité pour les articles le, les et un de figurer en position syntaxique de sujet en lecture universelle est unanimement admise, elle semble moins évidente pour les formes des et du. Dans cette contribution, il est fait état des modalités dans lesquelles des N puis du N peuvent être les sujets d'énoncés génériques. Qu'ils précèdent un prédicat caractérisant individual-level ou stage-level, ou encore un prédicat d'espèce, les SN en des N et du N peuvent en effet donner lieu à une lecture universelle, moyennant quelques conditions et leur inscription dans un contexte particulier, généralement polémique, toujours argumentatif. La généricité des énoncés ouverts par ces SN, cependant, bien qu'elle soit proche en apparence de celle rendue par le N, les N et un N, se singularise par la lecture thétique qui est associée aux articles des et du. Le caractère athématique de ces énoncés est par ailleurs une donnée souvent oubliée, oubli duquel procèdent les fortes divergences des grammairiens et linguistes quant à la question de la recevabilité des énoncés génériques en des et du.Although it has been unanimously accepted that the articles le, les and un can fill the syntactic position of subject bearing a universal interpretation, a similar statement is less obvious for des and du. In this paper, we examine those cases in which des N and du N can be the subject of a generic sentence. Indeed, provided certain conditions and a particular context – usually polemic and, in any case, argumentative – the des N and du N NPs can lead to a universal interpretation, when placed before a characterizing predicate of the individual-level or stage-level types, or before a kind-level predicate. However, despite their apparent similarity a difference can be observed between the genericity expressed by utterances introduced by these NPs, and that of the utterances introduced by le N, les N and un N, due to the thetic interpretation which is related to the articles des and du. Moreover, the athematic character of these utterances has often been neglected, resulting in strongly diverging acceptability ratings among grammarians and linguists with regard to generic utterances introduced by des and du.
- Étude du comparatif nu plus particulièrement dans la mise en œuvre des relations de discours - Marianne Vergez-Couret p. 91-113 Dans cet article, nous proposons une étude de l'adverbe paradigmatisant particulièrement au comparatif nu et en position initiale, et de son rôle dans la mise en œuvre des relations de discours et en particulier de la relation d'Élaboration. À la recherche de marqueurs de cette relation, nous avons accordé notre attention aux adverbes dits paradigmatisants pour leur capacité à introduire du détail dans le discours. Nous mettons en évidence deux fonctionnements de la forme plus particulièrement en position initiale et les incidences de ces fonctionnements dans la mise en œuvre des relations de discours.In this article, we propose to study the comparative plus particulièrement based on the focus particle particulièrement in initial position, and its role in discourse. Since our main goal is to identify cues and markers of the discourse relation Elaboration, particular attention is paid to focus adverbials which can introduce details in discourse. Two functions of plus particulièrement in initial position emerge from our analysis and the implications of these functions with respect to discourse relations are highlighted.
- Cataphore et genres textuels : une corrélation problématique - Philippe Depoux p. 115-134 À partir de trois corpus distincts (narrations littéraires, articles de journaux, écrits universitaires), cet article s'intéresse aux liens susceptibles d'être établis entre ces genres textuels et différents types de cataphore. À quelles conclusions, nécessairement provisoires, arrive-t-on au terme de l'enquête ? Tout d'abord, les marques cataphoriques peuvent varier à l'intérieur d'un même genre en fonction des choix stylistiques de chaque scripteur, et les cataphores métalinguistiques n'apparaissent pas seulement dans des écrits de linguistique. Enfin, seule l'écriture de presse semble mettre en œuvre des procédés spécifiques grâce à l'utilisation de différents niveaux énonciatifs.On the basis of three distinct corpora (fiction, newspaper articles, scholarly writings), this paper focusses on the possible links between textual genre and different types of cataphora. What are the provisional results of our investigation ? First, cataphoric elements may vary within a genre, according to the writer's stylistic choices, and metalinguistic cataphoras do not only occur in linguistic work. Finally, only newspapers seem to use specific devices by making use of different enunciative levels.