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Revue | Le Moyen Age |
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Numéro | tome 110, no 3, 2004 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Stat inter spinas lilium : le L ys de France et la couronne d'épines - Chiara Mercuri p. 497-512 Au cours de la première moitié du XIIIe siècle, une translation de reliques peu ordinaire a lieu dans le royaume de France : le transfert de la couronne d'épines. Tous les moyens ont été utilisés pour donner du relief à l'événement et pour organiser la promotion de cet objet qui devait devenir un status symbol pour la monarchie et pour Paris. Afin de célébrer dignement cette sainte acquisition deux offices liturgiques ont été composés : deux textes ad hoc, que l'on peut lire comme le manifeste théologico-politique de cette acquisition. En effet, les deux offices se font l'écho d'une propagande qui, en exaltant la couronne d'épines, veut exalter la France et sa monarchie. Il s'agit là d'un roi qui a reçu, selon l'expression de l'office liturgique, « par élection divine », la couronne du Christ : à partir de ce moment, les potentialités symboliques et eschatologiques de la relique s'amplifient et donnent leur pleine mesure, en profitant de la correspondance parfaite entre l'identité de roi de son possesseur, Louis IX, et le caractère royal de la relique.In the first half of the thirteenth century, an extraordinary transfer of relics took place in the Kingdom of France: the item transferred was no less than Christ's crown of thorns. All possible means were deployed to enhance the magnificence of the event and advertise the grandeur of this object, which was to become a status symbol for the monarchy and for Paris. In order to properly celebrate such a holy acquisition, two liturgical offices were drafted: two ad hoc texts which can be read as the theological and political manifesto of the acquisition. Indeed they echo a campaign extolling the crown of thorns to better extol France and its monarchy. In the words of the liturgical text, the king received the crown of thorns through "divine election": from then on, the relic's symbolic and eschatological potential was to feed on the perfect correspondence between the royal nature of its new owner, Louis IX and the royal nature of the relic.
- Écrire selon Gauthier de Coinci - Annette Llinares-garnier p. 513-537 Gautier de Coinci est un moine bénédictin dont l'écriture à la finalité édifiante met en œuvre tous les procédés pour rendre sensible les valeurs spirituelles. La poésie en langue vernaculaire est l'outil le plus apte à rendre sensibles les vibrations divines. Son goût du beau exprime un fervent idéal empreint d'une grande humilité. Son être unifié dans le divin devient le simple canal des énergies sacrées et fonde une expression qui participe à l'éternité. Son écriture va droit dans le bon sens à la rencontre du Verbe qui est action. Son efficacité permet d'atteindre le Vrai l'essence. Ainsi, la poésie n'est pas une fin en soi. Les mots justes, les jeux sur les sonorités, les figures de style ne sont pas des ornements mais relèvent de le meditatio. Elle est un breuvage de vie dont la puissance réside dans l'immédiateté de la Ressemblance.Gautier de Coinci was a Benedictine monk whose edifying texts use all the devices available to bring out spiritual values. Vernacular poetry is the most appropriate instrument to convey divine resonances. His love of beauty reflects a fiery ideal imbued with great humility. His very being, which is at one with the divine, becomes a channel for holy energies and the foundation of a form of expression that is eternal. His writing leads to the Word which is action. Its efficiency makes it possible to achieve what is the essence of truth. Poetry is thus not an end in itself. The right word, assonance, and stylistic imagery are no ornamentation but acts of contemplation. Poetry is an elixir of life, whose power lies in the immediacy of resemblance.
- Constitution et diffusion d'un savoir occidental sur le monde « russe » au Moyen Âge (fin Xe-milieu XVe siècle) (2e partie) - Stéphane Mund p. 539-593 St. MUND, Constitution and diffusion of Western knowledge about the « Russian » world in the Middle Ages (end of the 10th-middle of the 15th centuries) (Part 2). This article is a synthesis of the knowledge about « Russian » culture in Western Europe between the end of the 10th century (when the Kievan Russia converted to christianity and its sovereigns established relationships with other Christian kings) and the middle of the 15th century (just before the Moscovite Russia, which had succeeded Kievan Rus', joined the political and economic Western sphere). It presents a systematic survey of all Western European mediaeval sources about Russia over this long period. These are chronicles, sagas, encyclopaedias, travel narratives, maps, or chivalric literature. These sources are analysed according to a typological approach, i.e. focusing on the authors, their origin and educational background, on the characteristics of the texts and on the information they provide about Russia. This typological approach shows that an image of Russia emerged in medieval Western Europe, however partial and fragmentary it may have been. Not until the late 15th and the early 16th century was Russia really discovered by Western European diplomats and merchants.
- Quelques traces d'une « théorie du texte » dans l'allégorèse en moyen français. La fiction, moteur de la quête du sens ? - Virginie Minet-Mahy p. 595-626 Le fonctionnement esthétique de l'écriture allégorique, en particulier les interactions entre les pôles de la création et de la lecture, permet de décrypter un certain rapport au texte comme lieu de progression du sujet. L'article entend aborder cette question par l'analyse des mécanismes d'interprétation dans l'Ovide moralisé en vers (début XIVe) : il recadre le texte par rapport à la tradition allégorique, dégage le pouvoir d'action reconnu à la fiction sur le public et met au jour, à la suite des études de M.R. Jung, l'importance de la métaphore dans le travail de translation du mythe païen vers la signification chrétienne. Lieu de concordance avec le réservoir imaginaire biblique, la métaphore permet le transfert entre tradition antique et chrétienne. Œuvre d'un « prédicateur » doté d'une grande culture doctrinale, l'Ovide moralisé constitue un témoin particulièrement riche pour mettre au jour l'importance déterminante pour l'interprétation du texte du profil du lecteur (théorie de Wolfgang Iser)."From the way allegorical writing functions, and particularly from the interactions between the two poles of creation and reading, we can deduce a given relationship with the text as a place in which the subject can unfold. The present paper approaches the issue by an analysis of the means of interpretation in the Ovide Moralis? in verse (early fourteenth century): It places the text in the allegorical tradition, brings out the active force exerted by fiction on its audience, and (in the wake of M. R. Jung's studies) stresses the significance of metaphor in the translation of pagan myth into Christian parable. In harmony with biblical uses of the imaginary, metaphors facilitate a shift from ancient to Christian tradition. Ovide Moralis? was written by a preacher with a wide knowledge of doctrine; as such, it represents a rich starting point from which to explore the significance of a reader's profile in interpreting a text (Wolfgang Iser's theory)."
- L'octave de la Trinité du calendrier liégeois. - Florence Close p. 627-641 La montée en puissance de l'autorité pontificale, au milieu du XIe siècle, entraîne une modification du statut des fêtes liturgiques célébrées dans les différents diocèses d'Europe. De la seconde moitié du XIe au XIVe siècle, les partisans de la préséance de la célébration de l'octave de la Pentecôte, selon la coutume romaine, et ceux de la fête de la Trinité ne s'accordent pas. Afin de respecter la solennité de chacune de ces deux célébrations, certains diocèses de l'Empire adoptent un système d'octave anticipée en permutant le dimanche de la fête de la Trinité et celui de son octave. Le diocèse de Liège adopte cet agencement. Souvent ignorée, cette permutation a engendré de fréquentes hésitations de datations dont la plus célèbre reste probablement la question de la date primitive de la Fête-Dieu.The Pope's increasing authority in the middle of the eleventh century led to a change in the relative status of the liturgical feasts celebrated in various European dioceses. From the second half of the eleventh to the fourteenth centuries, there was disagreement between those who, according to Roman custom, considered that the celebration of the Whitsun octave should prevail and those who argued for the celebration of the Trinity Sunday octave. In order to give each of these feasts its proper solemnity, some dioceses in the Holy Empire swapped Trinity Sunday with the Sunday of its octave. The Li?ge diocese was one of these. Such a variation, which often went unnoticed, was a frequent source of uncertainty about dates, notably the original date of Corpus Christi.
- Villes et campagnes dans l'Italie communale : L'exemple de Padoue - Jean-Claude Maire Vigueur p. 643-657
- Écrire l'histoire économique de Byzance. À propos d'un ouvrage récent - Évelyne Patlagean p. 659-669
- Villes et campagnes du nord de la France au Moyen Âge. Économie et société - Willy Steurs p. 671-674
- Comptes rendus - p. 691-743