Contenu du sommaire : L'expression du temps à travers l'espace : entités, relations et formes
Revue | Langue française |
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Numéro | no 179, septembre 2013 |
Titre du numéro | L'expression du temps à travers l'espace : entités, relations et formes |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- L'expression du temps à travers l'espace : présentation - Tijana Asic, Veran Stanojevic p. 3-12
- Aller et venir : des verbes de déplacement aux auxiliaires aspectuels-temporels-modaux - Jacques Bres, Emmanuelle Labeau p. 13-28 Après avoir décrit le fonctionnement des verbes aller et venir, nous développons l'hypothèse selon laquelle leur grammaticalisation en auxiliaires s'effectue sur la base de l'élément spatial qui structure tant leur sémantisme commun – le déplacement vers une destination – que leur différence : l'orientation déictique (venir) / non déictique (aller) du déplacement. Nous testons cette hypothèse en analysant les principaux emplois des périphrases de structure [aller / venir (+prép.) + V(infinitif, gérondif)].Aller and venir : from motion verbs to aspectual-temporal-modal auxiliaries. After a description of the motion verbs aller and venir work, we develop a hypothesis according to which their grammaticalisation into auxiliaries relies on the spatial element that structures their shared semantics – movement towards a destination – as well as their distinctive feature : a deictic (venir) or non-deictic (aller) orientation of the movement. We test that hypothesis against an analysis of the main uses of periphrases in the [aller / venir (+prep.) + V(infinitive, gerund)] pattern.
- Espace, temps verbaux, prépositions temporelles - Tijana Asic, Veran Stanojevic p. 29-48 Dans ce travail, nous analysons et comparons les paramètres nécessaires pour décrire la sémantique des prépositions temporelles et ceux qui sont à la base de la sémantique des temps verbaux en français. Nous montrons qu'il est possible de décrire les instructions des prépositions temporelles par le recours à des prédicats spatiaux, ce qui est en accord avec l'hypothèse du localisme linguistique. En revanche, les temps verbaux ne peuvent pas être réduits aux notions et aux prédicats qui servent à définir les prépositions temporelles, même s'ils sont sémantiquement moins complexes que ces dernières. C'est parce que le moment de la parole, notion centrale pour la description des temps verbaux, n'est dérivable d'aucun prédicat spatial et, en plus, ne joue aucun rôle dans la sémantique des prépositions temporelles primaires (pendant, avant, après). Le dernier argument pour l'impossibilité de réduire la sémantique les temps verbaux à la sémantique des prépositions temporelles gît dans le fait que le recours au traitement pragmatique est obligatoire uniquement dans l'interprétation des premiers.Space, verbal tenses, temporal prepositions. In this paper, we analyse and compare the parameters required for defining the semantics of the French temporal prepositions with those that constitute the basic semantics of French verbal tenses. We show that it is possible to describe the instructions of temporal prepositions with spatial predicates, which is in accordance with the Localistic hypothesis. On the other hand, verbal tenses cannot be reduced to the predicates used in the definitions of temporal prepositions, in spite of being semantically less complex. It is because the moment of speech, a central concept in the semantic structure of verbal tenses is not derivable from any spatial predicate and, in addition, does not play any role in the semantics of basic temporal prepositions (pendant-during, avant-before, après-after). The last argument in favour of our thesis of the impossibility to reduce the semantics of verbal tenses to the semantics of temporal prepositions resides in the fact that the pragmatic treatment is compulsory exclusively in the interpretation of the first ones.
- La datation des événements - Danièle Van de Velde p. 49-68 Cet article repose sur l'idée que les événements partagent avec les dates la propriété d'être essentiellement ponctuels, et que dater un événement suppose que l'on commence par le viser comme un point, pour affirmer sa coïncidence avec un autre point, lui-même déjà situé dans le temps, et qui peut être soit une date au sens propre, soit un autre événement. Les dates elles-mêmes sont repérées par le recours à une combinaison de divers événements cosmiques cycliques, et d'un événement historique fondateur. La datation est la condition de l'identification des événements : la mention des participants n'y suffit pas, puisque tout événement peut se répéter en conservant les mêmes participants. Mais la datation n'achève pas l'identification des événements, leur localisation spatiale est tout aussi essentielle, ce qui donne aux événements leur statut ontologique particulier d'entités à la fois spatiales et temporelles.Dating Events. This article argues that events and dates have in common the property of being both punctual, and that, in order to give an event a date, one has first to reduce it to a point, no matter how long is the process it is based on, then to make it coincide with another point, the date, already and independently situated in time. As for the dates, their temporal location is determined by reference to a variety of cosmic, cyclic events, associated with one basic, historic event. Datation is a condition for events to be identified, because any event is repeatable with the same participants. But it is not enough : spatial localisation is essential, too, for an event to be uniquely identified. Hence the very particular ontological status of events.
- Quand ici, c'est maintenant - Anne Le Draoulec, Andrée Borillo p. 69-87 Nous étudions des emplois spécifiques de l'adverbe déictique ici, où celui-ci réfère au temps plutôt qu'au lieu de l'énonciation, et correspond plus ou moins à l'adverbe maintenant. Nous explorons les conditions de ces emplois et mettons au jour la variété restreinte, autant que bien réglée, des combinaisons prépositionnelles (en particulier avec des prépositions exprimant un point de départ, ou d'aboutissement) où ici peut être interprété en un sens temporel.When here is now. We study specific uses of the French deictic adverbial ici (here), where ici refers to time rather than place of enunciation, and corresponds more or less to the adverbial maintenant (now). We explore the conditions for these uses, and show that combinations with prepositions allowing a temporal interpretation of ici are few and highly constrained (the prepositions at stake are essentially prepositions of beginning or ending).
- Dans un (premier+second+nième) temps vs. En (premier+second+nième) lieu : qu'est-ce qui fait la différence ? - Myriam Bras, Catherine Schnedecker p. 89-108 Cette étude compare deux séries de marqueurs réputés « sériels », dans un premier temps et en premier lieu, au plan morphologique (leur degré relatif de figement), à celui de leur distribution syntaxique et discursive et, enfin, au plan sémantique, dans le but de discerner les relations discursives que ces adverbiaux accompagnent, relations discursives qui sont abordées dans le cadre formel de la SDRT. Il ressort des analyses que dans un premier temps possède les caractéristiques d'une expression adverbiale temporelle contrairement à en premier lieu qui n'a pas celles d'une expression spatiale. Nous montrons en quoi son rôle de « baliseur discursif » est compatible avec une fonction d'ordonnancement qui peut, selon les contextes, avoir des effets temporels.Dans un (premier+second+nième) temps vs. En (premier+second+nième) lieu : what is the difference ? This study compares two adverbial expressions dans un premier temps (initially, at first, in a first phase) et en premier lieu (in the first place, firstly), firstly from a morphological point of view – their frozenness degree, secondly as regards their syntactic and discursive distribution, and thirdly, from a semantic point of view in order to distinguish the discourse relations that go along with these adverbials. The analysis is done within the framework of SDRT. It is shown that dans un premier temps acts as a temporal adverbial while en premier lieu is not a spatial expression. Its discursive role is compatible with an ordering function that may, according to the context, have temporal meaning effects.
- L'expression du temps et de l'espace en français et en anglais : perspectives typologiques sur l'acquisition des langues parl'adulte - Annie-Claude Demagny p. 109-127 Cet article propose d'observer les relations spatio-temporelles dans deux langues, l'anglais et le français, et d'en analyser les implications pour l'acquisition d'une langue étrangère à l'âge adulte. L'étude montre que les relations temporelles et spatiales sont plus clairement marquées en anglais qu'en français. Il en résulte que les apprenants anglophones du français sont contraints de modifier leur manière d'exprimer les liens entre espace et temps dans l'expression du mouvement.The expression of time and space in French and English : typological perspectives on the acquisition of languages by adult. This paper aims to study the expression of spatial and temporal relations in two languages, English and French, and its implications for the acquisition of French as a second language. The study shows that temporal and spatial relations are more clearly marked in English than in French. As a result, English learners of French have to modify how they express the relationships between space and time in the expression of motion events.