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Revue | Psychotropes : Revue internationale des toxicomanies et des addictions |
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Numéro | vol. 22, 2016/1 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Éditorial - Michel Hautefeuille p. 5-7
- La rencontre soignant-soigné addicté : entre rejet (expulsion) et attraction (absorption) - Nathalie Petit p. 9-30 Pourquoi la rencontre avec un patient addicté semble-t-elle ne pas être une rencontre comme les autres, une rencontre qui rejette, qui éjecte, qui absorbe, qui attrape ? Les écueils que nous rencontrons dans la relation soignant-soigné addicté sont fonction de la place qu'occupent les patients et l'objet-drogue dans l'économie psychique des soignants. Cette place semble corrélée à la représentation que nous avons de l'objet-drogue (pharmakon, poison-remède) et de sa fonction. Les soignants hospitaliers « non spécialistes » sont identifiés à l'objet-drogue manquant et identifient les patients à l'objet-drogue poison, expulsant ainsi un objet destructeur qui attaque de front le soin. Les soignants en addictologie s'identifient et sont identifiés à l'objet-drogue remède, se substituant, remplissant, apaisant les tensions, se laissant ainsi absorber. Étudiant et interrogeant ces deux mouvements identificatoires, rendant consciente la place qu'occupent le patient et l'objet-drogue dans l'économie psychique d'une équipe soignante, nous pouvons tenter d'assouplir certaines représentations et d'ainsi améliorer l'accompagnement et le traitement psychique de ces sujets en souffrance.Relationship between the caregiver and the addict
Why is an encounter with a patient who is an addict unlike all other encounters, an encounter that rejects and ejects, that absorbs and entraps? The pitfalls we encounter in the relationship between the caregiver and the addict are a function of the position held by patients and the “drug-object” in the psychic economy of the caregivers. This position seems to be correlated to our representation of the drug-object (pharmakon, poison/remedy) and of its function. “Non-specialist” hospital caregivers are identified with the “missing” drug-object and they identify their patients with the “poison” drug-object, thus expelling a destructive object which attacks healthcare head-on. Caregivers specializing in addictology identify themselves and are identified with the “remedy” drug-object. They substitute themselves, fill themselves, release tension; they let themselves be absorbed. By studying and interrogating these two kinds of identification, laying plain the position occupied by the patient and the drug-object in the psychic economy of a team of caregivers, we can attempt to make certain representations more supple and thus improve the care and the psychic treatment of these suffering patients. - L'objet b ou le besoin comme nécessité - Dr Saverio Tomasella p. 31-48 Objectif. L'article étudie la clinique des relations dites « fusionnelles », plus particulièrement dans les situations de forte « dépendance » à l'autre. Il souhaite compléter le cadre conceptuel de la psychanalyse, à partir de Freud et de Lacan, notamment leurs notions de « Chose » et d'« objet a » par l'apport d'une notion nouvelle. L'objet b désigne la création artificielle par le sujet d'une nécessité prétendument essentielle, d'un « faux besoin crucial », qui le maintient dans la dépendance autant que dans la confusion. Méthode. L'auteur s'appuie sur les observations quotidiennes au cours d'une vingtaine d'années de pratique de la psychanalyse et, plus précisément ici, sur six cas cliniques spécifiques correspondant aux cures psychanalytiques de patients vivant des relations confusionnelles. Résultats. La « fusion-confusion » s'organise à partir du rapport à l'altérité mis en œuvre par chaque sujet, selon cinq modes fondamentaux : l'inclusion, l'agrégation, l'adhésion, l'obligation et la dévotion, assignant l'autre à une « place » imaginaire spécifique. Chaque forme de fusion-confusion se fonde sur une nécessité, sur un besoin central, qui pousse le sujet à exiger la présence d'un autre à ses côtés. Un tableau récapitulatif est proposé en fin d'article. Discussion. La pratique clinique mettant en évidence dépendances et confusions entre partenaires, il semble approprié de parler de relations confusionnelles plutôt que de relations « fusionnelles ». Cette première étude pourra être élargie à d'autres observations cliniques diversifiées, puis complétée par des apports théoriques d'orientations différentes et enrichie par des recherches sur les familles, les groupes, les communautés, les généalogies...Conclusion. À la différence de la Chose et de l'objet a, l'objet b n'est pas originaire : il est produit par l'articulation entre la dynamique de subjectivation propre au sujet de l'inconscient et les contraintes de socialisation, intersubjectives et groupales, auquel il est soumis.Need as necessity: an object b Goal
This article examines the so called “fusional” relationship according to a clinical approach, particularly in situations of strong “addiction” to another person. It seeks to complete the conceptual framework of psychoanalysis from Freud and Lacan, especially their notion of “the Thing” and “object a” by providing a new concept. “Object b” describes the artificial creation by the subject of an allegedly essential necessity, a “false critical need” or a “nodal need”, which condemns the subject to dependence and confusion. Method. The author's research has been based on daily observations over twenty years of psychoanalysis practice, and specifically here in six peculiar clinical cases corresponding to the psychoanalytic treatment of patients living with “confounding” and addictive relationships.Results“Fusion-confusion” is organised from the way “the other” and the relationship are considered by each subject, according to five basic modes: inclusion, aggregation, adhesion, duty and devotion, giving to the other a special “place”. Each form of fusion-confusion is based on necessity, on a central need that pushes the subject to require the presence of another at his side. Discussion. From clinical practice, highlighting the confusion between partners, it seems more appropriate to talk about confounding relationships rather than “fusional” relationships. This first study could be extended to other diversified clinical observations, supplemented by theoretical contributions of different orientations and enriched by research on families, groups, communities and genealogies... Conclusion. Unlike “the Thing” and the “object a”, the “object b” is non-native: it is produced by the rapport between the dynamics of one's own subjectivity and the socialisation constraints one meets. - Représentations de l'usage d'alcool par des aînés dans la publicité de la première moitié du XXe siècle - Dr Pascal Menecier, Rachel Rezard p. 49-89 Au fil du XXe siècle, les considérations à propos de l'usage d'alcool ont grandement évolué, parallèlement aux changements des modes et des quantités de prises de boissons alcoolisées. Si jusque dans l'après Seconde Guerre mondiale, l'image des plus âgés pouvait être associée au fait de boire de l'alcool dans diverses représentations picturales, ces évocations semblent ensuite avoir totalement disparu. À travers certaines images de la publicité, une réflexion est proposée sur l'évolution des représentations sociales entre alcool et vieillissement. Ainsi une approche intégrant les croyances peut-elle aider à l'abord actuel des plus âgés, dont les parcours de vie et environnements socio-culturels initiaux ont été bien différents de ce que vivent les soignants d'aujourd'hui.Representations of alcohol use by elders, through advertising in the first half of the XXth century
Throughout the twentieth century, images of the use of alcohol have largely changed at the same time as the evolution of the modes and the amount of the intake of alcoholic beverages. If, before World War II, the image of older people could be associated with alcohol intake in some pictorial representations, these evocations seem to have completely disappeared. Through images from advertising, a reflection is proposed on the evolution of representations suggesting a connection between alcohol and ageing. Thus, an approach integrating the beliefs may help to improve relations between today's health care providers and older people whose life course and initial socio-cultural environment have been very different. - Jeux d'argent et de hasard et troubles attentionnels chez des jeunes - L. Romo, J.-J. Rémond, A. Coeffec, G. Kotbagi, S. Plantey, L. Kern p. 91-108 Le trouble du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité est un trouble neuro- développemental souvent associé à des comorbidités comme les troubles dépressifs, anxieux ou addictifs. De nombreuses études confirment que la pratique excessive des jeux de hasard et d'argent est associée au TDAH et plus particulièrement à la sévérité des symptômes. Les objectifs de cette étude étaient : (I) de tester si la présence d'un TDAH aurait un lien significatif avec la pratique excessive des jeux de hasard et d'argent et (II) d'observer l'impact de la présence d'un TDAH associé à la pratique excessive des jeux de hasard et d'argent sur l'estime de soi et la réussite scolaire. Au total, 719 jeunes (445 hommes et 274 femmes) ont été recrutés dans six lycées et deux établissements d'enseignement supérieur de l'Île-de-France et ils ont tous complété l'ICJE, l'UPPS, le WURS, l'ASRS et l'échelle de Rosenberg, ainsi que des données sociodémographiques. 37,5 % des personnes participant à l'étude ont présenté une pratique problématique des jeux de hasard et d'argent et ont présenté des scores positifs aux échelles WURS et à l'ASRS. Les résultats de notre étude ont montré que le TDAH chez le jeune adulte était associé à la pratique excessive des jeux de hasard et d'argent. Une correlation positive a pu être observée entre le TDAH et l'impulsivité, les difficultés scolaires et la pratique excessive des jeux de hasard et d'argent. Les hommes sont, aussi, significativement plus enclins à développer une pratique excessive lorsqu'ils présentent un TDAH. Toutefois, les résultats n'ont pas pu montrer que l'estime de soi était significativement plus basse lorsqu'un individu présentait à la fois un TDAH et une pratique excessive des jeux de hasard et d'argent.Gambling and attention deficit hyperactivity disorders (ADHD) in adolescents
Attention Deficit Disorder with or without Hyperactivity (ADHD) is a neuro-developmental disorder associated with comorbidities such as depression, anxiety or addictive disorders. Many studies confirm that problematic gambling is associated with ADHD and particularly with the severity of positive symptoms. This study had two aims: (I) to test if the presence of ADHD had a significant association with problematic gambling and (II) to observe the impact of the presence of ADHD associated with problematic gambling on self-esteem and academic performance. A total of 719 students (445 males and 274 females) were recruited from six high schools and two higher educational institutions of Île-de-France. Data included their scores on the ICJE, UPPS, WURS, ASRS and Rosenberg scales, along with their demographic data. We found that 37.5% had high scores on the problematic gambling scale as well as on the WURS and the ASRS scales, as against 14.55% with no gambling addiction. The results also indicated that ADHD among young people was also associated with problematic gambling. Significant associations were observed between ADHD and impulsivity, academic difficulties and problematic gambling. Also, men are significantly more likely to develop problematic gambling when they have ADHD. However, results didn't show that self-esteem was significantly impacted when an individual had high scores on both ADHD and problematic gambling.