Contenu du sommaire : Les inégalités géographiques de la mortalité (I) - The Geographical Inequalities of Mortality (I)

1) L'article fournit d'abord un bref bilan des travaux publiés. Pour l'observation des inégalités, le bilan est relativement ample mais pour leur explication, il est encore maigre. 2) II examine ensuite les problèmes posés par l'étude géographique de la mortalité. Le premier problème est l'absence ou le manque de validité des données dans de nombreux pays. La question des indicateurs perd de son acuité. L'utilisation de la micro-échelle exige de sérieuses précautions. L'analyse de la mortalité par sexe, âge et cause de décès doit être menée avec précaution pour éviter les résultats aléatoires. Les problèmes les plus difficiles concernent toutefois la recherche des causes ; l'approche géographique ne peut résoudre seule cette question ; à un moment ou à un autre, elle doit céder la place à d'autres approches.

L'auteur retrace le cheminement méthodologique des études sur la mortalité depuis le XVIIème siècle. La mortalité fut d'abord étudiée en fonction des climats et des lieux, conjuguée avec les faits sociaux et économiques et avec les caractéristiques des populations. A partir de la deuxième moitié du XIXème siècle, les recherches sur les variations spatiales et sociales de la mortalité, particulièrement illustrées par les travaux de J. Bertillon, furent peu à peu éclipsées par les recherches sur les causes médicales de décès. Il a fallu attendre la fin du XXème siècle pour qu'on reprenne en compte les préoccupations premières.

La formule E° = ll.(t- 1) liant linéairement l'espérance de vie E° au taux comparatif de mortalité t en prenant en compte le niveau M d'une espérance de vie de référence, a été obtenu par ajustement linéaire entre espérances de vie observées et taux comparatif de mortalité pour des données contemporaines d'Europe Occidentale. Elle devrait permettre une première estimation de la variabilité de la mortalité pour les différentes régions d'un même pays, les différentes localités d'une même région ou quartiers d'une ville, dans tous les cas où les statistiques de décès par âge ne sont pas disponibles. Quasi identique à une cartographie du taux comparatif de mortalité, la cartographie des espérances de vie estimées à partir de cette formulation a l'avantage de se baser sur un indice plus compréhensible en dehors du cercle assez restreint des démographes et géographes de la population.

L'analyse des variations géographiques de la mortalité doit tenir compte à la fois du temps et de l'espace. Dans cet article, diverses approches sont proposées et les difficultés de l'étude de la mortalité dans le temps et l'espace sont signalées. Le problème de l'autocorrélation spatiale et temporelle doit être résolu, ainsi que celui de la multicolinéarité des variables explicatives dans le temps. Il faut éviter les inferences écologiques fallacieuses, tenir compte de modifications dans la définition des variables au cours du temps, et vérifier s'il existe des changements structurels du modèle explicatif d'une période à une autre. Les délais d'action entre les variables causales et la mortalité doivent être stipulés, ainsi que la durée d'exposition aux facteurs de risque.

Méthode d'analyse du déclin de la mortalité, basée sur un modèle de diffusion. Le processus du déclin de la mortalité peut être décrit comme un processus de diffusion de grande innovation dans l'espace. L'idée de base est que, pendant ce processus de diffusion, le système spatial passe de taux élevés à des taux bas de mortalité et que ce processus peut être décrit par le concept des disparités de taux de mortalité bruts. Le processus s'applique aussi bien pour la dimension temporelle que spatiale. Deux modèles simples sont présentés. - Un modèle de diffusion du déclin de la mortalité basé sur la disparité temporelle. - Un modèle de diffusion du déclin de la mortalité basé sur la disparité spatiale. Cette approche constitue la base d'un développement plus poussé d'une méthodologie d'étude du modèle dynamique des variations et du déclin de la mortalité au cours du temps et dans l'espace.

Une analyse des relations entre la mortalité par cancer et les facteurs de risque : le rôle de l'échelle géographique. Les résultats des études de corrélation géographique dépendent fortement de l'échelle spatiale adoptée dans l'analyse. Les analyses peuvent être biaisées pour deux raisons : le choix de zones élémentaires trop petites (biais microscopique) ou de zones élémentaires trop grandes (biais macroscopique) en relation avec la distribution spatiale du phénomène en étude. Par conséquent il est très utile d'analyser les données à tous les niveaux géographiques possibles, du plus petit jusqu'au plus grand. Pour ce faire on propose d'utiliser une méthode non paramétrique mise au point par les auteurs pour l'exploration spatiale d'un phénomène. Cette méthode permet, en utilisant des partitions itératives casuelles, de réaliser des cartes géographiques lissées à différents niveaux d'agrégation qui montrent quelles sont les échelles spatiales qui maximisent la corrélation entre la distribution d'un taux de mortalité et la distribution d'un possible facteur explicatif.

L'analyse de la mortalité prématurée par les Années Potentielles de Vie Perdues (A.P.V.P.) est rendu difficile lorsqu'il existe des variations importantes de la mortalité inter-régionale. La surmortalité implique alors des années supplémentaires de vie perdue. Les taux d'A.P.V.P. sont donc fortement liés aux taux de l'Indice Comparatif de Mortalité. Ce travail propose le calcul d'un Indice Comparatif de Mortalité Prématurée corrigé du niveau de la mortalité ; cet indice n'est plus lié aux taux de mortalité. La cartographie de l'exemple français fait apparaître des nuances significatives.

Les types de mortalité infantile dans l'Ontario de l'après-guerre : le rôle des facteurs liés à l'environnement. L'article traite des variations spatiales de la mortalité infantile dans la province de l'Ontario, au Canada, de 1945 à 1984. L'auteur pense que les inégalités sont liées aux différences qui existent entre les environnements socio-économiques. Les grandes lignes d'une étude ultérieure sont tracées.

eu des taux de mortalité infantile moins élevés que les Etats-Unis. Alors que ces taux tendent généralement à baisser dans la plupart des pays développés, ceux des Etats- Unis restent élevés. Certains chercheurs ont séparé deux groupes au sein de la population : les Noirs et les Blancs, afin de démontrer le degré de ressemblance entre les taux de mortalité infantile chez les Blancs et les taux européens. La Caroline du Nord présente des taux de mortalité infantile au-dessus de la moyenne, aussi bien chez les populations blanches que noires, pour une grande partie des années 80. La régionalisation de la mortalité infantile (enfants âgés de moins d'un an) en Caroline du Nord révèle quatre répartitions distinctes quand on utilise les données des comtés sur deux périodes moyennes, de 1976 à 1980 et de 1983 à 1987. Généralement, une courbe en forme de « U » avec une mortalité infantile élevée dans les villes, des taux plus bas dans les petites villes décentralisées et les banlieues, suivis par des taux plus élevés encore une fois dans des régions à la fois pauvres, noires et rurales, explique le mieux les aspects régionaux de ce problème social en Caroline du Nord.

Cet article traite des disparités géographiques de la mortalité après 65 ans et de leur évolution entre 1962 et 1982. Chez les hommes, par exemple, les trois années d'espérance de vie à 65 ans qui, en 1982, séparaient les premiers départements des derniers équivalent aux gains réalisés depuis la deuxième guerre mondiale. En outre, quel que soit le sexe, la variabilité des situations départementales diminue à mesure que l'on s'élève dans l'échelle des âges, à mesure donc que les causes endogènes prennent le pas sur les causes exogènes. Durant les vingt années étudiées, on a assisté à une tendance à l'homogénéisation des espérances de vie aux grands âges. Par contre, quel que soit le groupe d'âges, il y a eu progression des disparités de quotients de mortalité. Ce résultat, a priori paradoxal, s'explique par la rectangularisation de la courbe de survie : les décès se déplacent de plus en plus vers les grands âges, zones de plus faible dispersion, ce mouvement l'emportant (pour les femmes du moins) sur la progression de la dispersion des risques de décès à chaque âge.

Présentée en guise d'introduction à la séance de travail sur la surmortalité masculine dans le monde, cette étude s'est donc appuyée sur des articles récents traitant différents aspects de la question. Deux thèmes furent priviligés : celui de l'échelle géographique de la recherche et la formulation de nouvelles problématiques.

pour l'essentiel liées à certains facteurs particulièrement nuisibles au sexe masculin, et l'écart d'espérance de vie entre sexes est grand là où l'espérance de vie masculine est moins élevée. Mais de l'autre, l'aggravation avec le temps de la surmortalité masculine dépend davantage d'un ensemble de facteurs particulièrement favorables au sexe féminin et l'écart entre sexes se creuse à mesure que progresse l'espérance de vie des femmes.

L'Europe de l'Est possède des caractéristiques spécifiques de mortalité. Cependant, ceci n'implique pas une homogénéité spatiale ou spatio-temporelle des formes de la mortalité. Ainsi, en leur temps, la Hongrie et la Pologne ont enregistré les plus hauts niveaux de mortalité différentielle selon le sexe de toute l'Europe, et la Tchécoslovaquie suivait non loin derrière. Au même moment, l'Albanie, la Yougoslavie, la Bulgarie et la Roumanie connaissaient les niveaux les plus bas. La communication propose quelques explications d'ordre général des formes originales de mortalité de l'Europe de l'Est : bas niveau économique et socio-culturel, sous développement des structures médicales, traumatisme de vivre dans des sociétés marxistes, effets de la dégradation de l'environnement...

L'article, qui part de données sur l'espérance de vie à la naissance en Hongrie, analyse la stabilité spatiale d'une surmortalité masculine plus importante dans les villages que dans les villes ou à Budapest (en 1987, la population hongroise masculine vivait, dans les villages, 9,909 années de moins que la même population féminine, 7,55 années de moins dans les villes ou 7,06 années de moins à Budapest). 1. Jusqu'à quel point une mortalité masculine élevée peut-elle, à elle seule, expliquer la surmortalité masculine dans les zones urbaines et rurales (ou encore: Le modèle géographique de la mortalité masculine est-il différent du modèle géographique de la surmortalité masculine?). 2. Comment la surmortalité masculine des grandes villes est-elle influencée par leur localisation régionale? 3. Existe-t-il une taille optimale de groupe du point de vue de l'implantation géographique qui traiterait la surmortalité masculine et féminine à la fois séparément puis conjointement?

La croissance de la surmortalité masculine est devenue un des problèmes démographiques majeurs de la Pologne. Elle est particulièrement marquée dans plusieurs régions, dont la Basse Silésie. Les différences d'évolution de la mortalité selon le sexe, notamment en ce qui concerne les cancers, semblent indiquer que la détérioration de l'environnement, dans le contexte particulier d'activités économiques de la Basse Silésie, joue un rôle non négligeable dans cette évolution.

Les inégalités sociales de la mortalité ont une dimension régionale encore mal cernée. L'auteur propose d'approfondir la recherche en ce domaine à partir de l'exemple de la mortalité d'origine alcoolique. Cette mortalité s'organise de façon plus tranchée que la mortalité générale selon un gradient nord/sud qui affecte chaque catégorie sociale. Ces inégalités traduisent les décalages socio-culturels des régions par rapport au modèle national.

En France, au niveau national, la baisse de la consommation d'alcool, effective depuis la fin des années cinquante, a été suivie d'une baisse de la mortalité due aux causes médicales directement liées à l'alcool. Au niveau départemental, on observe également une réduction quasi générale de cette mortalité entre 1962 et 1982. Toutefois, la géographie de la mortalité liée à l'alcool, sans être totalement bouleversée, s'est trouvée remaniée. On retrouve toujours un croissant nord à forte mortalité qui s'oppose au Sud à faible mortalité mais, tandis que la Normandie ou l'Alsace quittaient les régions défavorisées, le Nord de la France et le Massif Central voyaient leur situation relative empirer. La mortalité par cancer de l'œsophage n'a pas encore amorcé une baisse véritable. Sa répartition géographique, très éloignée du profil des autres causes liées à l'alcool en 1962, s'en est fortement rapprochée en 1982.

La répartition géographique des décès par Sida en France a été étudiée en se basant sur l'analyse des statistiques nationales de décès de 1983 à 1989. La répartition des décès apparaît très inégale avec deux régions extrêmement touchées (Ile-de-France et région paca) et, au sein même de ces régions, deux départements particulièrement atteints : Paris et les Alpes-Maritimes. Dans ces deux départements, qui représentaient 35 % du total des décès par Sida en 1988, un décès sur quatre était dû au Sida chez les hommes entre 25 et 44 ans. La progression des décès selon les régions n'a pas été uniforme entre 1983 et 1989. Les caractéristiques socio-économiques des décédés varient selon les zones.

que, et non suivant des divisions administratives établies (c'est le cas des provinces ou des U.S.L.), a permis de mettre en évidence des différences dans l'incidence de cette pathologie suivant les caractéristiques socio-économiques des sous-territoires examinés.

La mortalité par accidents de la route est un thème encore peu étudié, pour différentes raisons, en géographie de la santé! Une des raisons concerne la couverture et la fiabilité des données. Depuis 1980, la qualité des données de la Régie de l'Assurance Automobile du Québec a favorisé la multiplication des études, à différentes échelles, sur les lieux et les facteurs d'accidents. Dans cette étude les variations des taux de mortalité par municipalités régionales de comtés (MRC) mettent en évidence les profils démographiques des personnes décédées et des lieux à risque. Cependant, les informations disponibles ne permettent pas encore de calculer des taux avec des dominateurs qui reflètent l'usage de la route. L'analyse logit utilisée dans la seconde partie de cette étude est un outil mathématique intéressant pour dégager les facteurs qui sont liés aux lieux à risque. Les résultats mettent en valeur la différenciation urbaine et rurale.

Le suicide des personnes âgées varie fortement selon le sexe, mais aussi selon les régions. Il caractérise la France septentrionale et plus particulièrement la Bretagne. Les facteurs explicatifs sont assez difficiles à interpréter aussi bien en ce qui concerne les situations locales que la mauvaise position de la France en matière de mortalité par suicide au plan européen.

Le suicide est devenu la seconde cause de décès en France pour les 15-35 ans. Les différences géographiques sont cependant considérables selon le sexe et l'âge. A partir de l'exemple de la région Centre, l'auteur démontre l'importance du milieu socio-géographique comme facteur déterminant du suicide.