Contenu du sommaire : Populations et environnement dans le monde aride - Populations and the Environment in Arid Countries

Cet article est une approche générale du thème population et environnement dans le monde aride. Les régions arides ne sont pas délimitées de façon précise. Elles couvrent approximativement 33 % de la superficie des terres émergées. L'aridité est une sérieuse contrainte environnementale mais dont l'intensité varie considérablement du domaine hyperaride au domaine semi-aride. En dépit des limitations, le monde aride a une population relativement importante. L'estimation globale pour 1994 est de 841 millions de personnes, ce qui représente 15 % de la population mondiale. La croissance est loin d'y avoir cessé. La dégradation de l'environnement dans les zones arides est indéniable mais il y a des désaccords sur l'extension de la désertification. Celle-ci a trois composantes: la dégradation du couvert végétal, la dégradation des sols et le déclin des ressources en eau. Les interrelations entre population et environnement sont très complexes. Elles réclament des études à diverses échelles.

Les responsables qui élaborent des politiques de population dans les régions arides agissent dans une grande incertitude. Non seulement, il est difficile d'obtenir des statistiques fiables sur des questions telles que la désertification et la croissance démographique, il est également difficile de modéliser les interactions complexes liant les situations démographiques et environnementales dans les zones arides. Une étude du cas de la Badia en Jordanie sert à illustrer la croissance démographique sans précédent à laquelle les responsables font face dans leurs stratégies pour développer un environnement dont la vulnérabilité s'accroît. De cette analyse et d'un examen des travaux de recherche sur les pays arides, trois approches différentes concernant les politiques relatives aux questions population/environnement sont examinées. Tandis que les stratégies de développement s'appuyant sur le savoir local des systèmes de gestion de l'environnement sont recommandées, il est aussi nécessaire de tenir compte des aspirations et motivations des populations locales au travers d'approches les faisant participer à l'aménagement et au développement. Les responsables politiques doivent aussi repérer de façon urgente les sous-groupes qui sont particulièrement vulnérables aux changements cycliques des conditions environnementales au sein des populations des pays arides.

Cette contribution présente les résultats d'une recherche pluridisciplinaire conduite par un collectif de recherche dans le Haut Tell tunisien. Prenant pour objet d'étude le système population rurale/ressources naturelles, les auteurs présentent tout d'abord la problématique générale des relations population-environnement en Tunisie; puis sont analysées les caractéristiques du milieu naturel et de la population rurale dans la région étudiée. Dans un second temps, ils décrivent une approche typologique originale, la typologie ménages-environnement qui permet de différencier les ménages ruraux en fonction de leur usage des ressources naturelles et de leur impact sur l'environnement. Les pratiques d'usage sont ensuite mises en relation avec les systèmes de production agro-pastoraux et les stratégies familiales dans lesquelles elles s'intègrent.

Les recherches menées dans les régions arides au cours de ces deux dernières décennies montrent que ce sont d'abord les interactions entre variables sociales et variables écologiques qui sont à l'origine des phénomènes de désertification. On a ainsi progressivement abandonné le simple déterminisme climatique pour considérer le processus de désertification comme un objet complexe. C'est cette idée qui est illustrée dans l'article en partant d'une étude de terrain menée dans la Tunisie aride. L'articulation des politiques foncières, des stratégies familiales et des systèmes d'exploitation agricole avec l'environnement physique est discutée.

La croissance démographique, la diffusion de modèles de croissance associés à de nouvelles techniques de production et la fin de l'autarcie culturelle et sociale ont ébranlé les équilibres traditionnels, en particulier dans les sociétés nomades récemment sédentarisées. Dans l'oasis d'El Faouar, en zone saharienne tunisienne, la dégradation des parcours et la raréfaction du couvert végétal ont bouleversé les traditions pastorales des populations locales qui se sont tournées vers l'agriculture irriguée sous l'impulsion de l'Etat. Ces transformations ne touchent pas les ménages de la même manière; des pratiques d'usage du milieu naturel persistent en effet qui aggravent le processus de désertification. L'idée développée dans l'article est que ces processus de transformation et leur impact sur l'environnement sont liés à la capacité des ménages à assurer leur reproduction aussi bien sociale que familiale sur des bases renouvelées. Cette capacité, variable selon le groupe social, peut prendre des caractères antagonistes: de la réponse traditionnelle et identitaire à la réponse entrepreneuriale.

Les sécheresses observées dans le Sahel au cours des deux dernières décennies ont donné naissance à une nouvelle forme d'adaptation à un environnement imprévisible : les populations assez importantes qui survivent à proximité des zones urbaines. L'étude de cas présentée dans l'article examine la composition et les stratégies de survie des réfugiés de la sécheresse autour de Douentza en 1988. Elle suggère que les agriculteurs ont tendu à utiliser la sécheresse comme un prétexte pour migrer vers les villes tandis que les ex-pasteurs utilisent leur savoir traditionnel et les ressources naturelles pour essayer de se tirer d'affaire en faisant travailler tous ceux qui le peuvent. Le statut social est un déterminant important dans les efforts faits par les ménages pour survivre. Les groupes qui avaient un haut statut social ont des difficultés pour s'accommoder de la pauvreté.

L'article analyse les rapports population-environnement dans un pays du Sahel partiellement touché par l'aridité. La situation est sérieuse en raison de la forte croissance démographique et du rapide processus de désertification. L'environnement a une influence marquée sur la population, particulièrement dans les régions du nord où les sols sont pauvres et les sécheresses fréquentes. Inversement, la population a une forte influence sur l'environnement; les surfaces cultivées s'accroissent, l'agriculture itinérante sur brûlis est destructrice, le bois est largement utilisé pour la construction de cases et de maisons; enfin, diverses activités et coutumes contribuent à la dégradation du couvert végétal. Depuis l'indépendance du pays, diverses politiques ont essayé de sauvegarder les ressources naturelles.