Contenu du sommaire : Les populations de l'Afrique subsaharienne

Alors que depuis plusieurs décennies, la plupart des pays d'Amérique latine et d'Asie ont réalisé leur transition démographique, en Afrique, les contrastes entre les cinq sous-régions restent marqués. Cet article propose un bilan de l'évolution des deux grandes variables (mortalité et fécondité) qui gouvernent principalement les dynamiques de population en Afrique et explore l'incidence du facteur urbain. L'analyse conduite au niveau des sous-régions africaines montre que contrairement à la théorie de la transition démographique, l'urbanisation n'induit pas nécessairement la baisse de la mortalité et celle de la fécondité et que d'autres facteurs doivent être pris en compte, par exemple l'offre de santé.

L'existence de no "man's lands" créés et entretenus par la violence endémique est une des caractéristiques du peuplement ouest-africain. Le cas étudié ici est celui de la région comprise entre les rivières Tapoa, Alibori et le fleuve Niger, mise en defens par l'autorité coloniale sous l'appellation de parc du «W» du Niger entre 1926 et 1954. La nécessité de connaître le statut de ces espaces pour une meilleure gestion de la périphérie du parc, nous a conduit à analyser certains aspects de la géopolitique de la boucle du Niger oriental et leurs effets sur l'occupation du sol (espaces songhaï, borgou, zerma et peul). La cartographie proposée illustre la relation entre violence, dépeuplement et rémanence de l'espace sauvage.

Le très fort accroissement démographique de l'Afrique orientale ne bouleverse fondamentalement pas la distribution des populations ni la répartition des densités. Cependant, cet accroissement pousse les sociétés paysannes à des ajustements spatiaux internes par la conquête de nouveaux terroirs, des ajustements spatiaux externes par la conquête de nouveaux finages et l'exode rural, des ajustements politico-fonciers et des ajustements négatifs par la violence. La fréquence des situations de crise souligne les blocages d'évolution de sociétés confinées dans des territoires trop étroits, des systèmes techniques trop rudimentaires et/ou des systèmes politico-fonciers trop inégalitaires. Cette analyse fournit une grille de lecture qui fonde une typologie régionale des régions en fonction de leurs aptitudes à assumer l'entassement en cours.

Dans le département de Kouka, entre 1952 et 1993, la densité de population est passée de 12 à 43,5 h/km2; le fort accroissement démographique est surtout dû à un important courant migratoire. La dynamique migratoire a été favorisée par un système foncier très souple permettant l'installation des étrangers. Aujourd'hui, l'augmentation de la pression foncière et la fin des disponibilités en terres entraînent des changements dans les règles foncières. Les occasions de tensions ou de conflits autour des modalités d'accès à la terre se multiplient alors que se renforce la suprématie numérique et économique des migrants qui représentent 73 % de la population.

Le Sénégal compte un peu plus de 8 millions d'habitants (estimation 1994) pour une superficie de 196 722 km2, soit une densité moyenne de 41,3 habitants au km2. Cette population est en croissance rapide depuis plusieurs décennies. Elle est passée de 2,8 millions d'habitants en 1960 à 5 millions en 1976 et à plus de 8 millions en 1994, soit un taux de croissance annuel moyen d'environ 2,7 %. C'est une population jeune, 47,2 % de jeunes de moins de 15 ans, du fait d'une fécondité élevée et stable, 6 enfants en moyenne par femme en 1992. En revanche la mortalité reste forte, 18 %o, notamment chez les plus jeunes. Les disparités sont grandes aussi bien en termes de densité que de croissance de population d'une région à l'autre. Elles le sont plus encore quand elles sont envisagées à l'échelle du département, de l'arrondissement ou de la communauté rurale. Elles illustrent le redéploiement de la population entre les différentes entités spatiales, conséquence de la mobilité de la force de travail. Les zones urbaines pèsent d'un poids de plus en plus important, contrairement aux régions rurales qui subissent de façon brutale les conséquences de la sécheresse des années 70-80. Cependant, les migrations internatio nales et l'importance de leur impact sur les économies locales doivent conduire à relativiser la signification des densités et de la croissance de la population dans certaines régions.

Les communautés indiennes représentent plus de 25 % de la population de la ville de Durban. Phoenix, grand township du nord de l'agglomération est le lieu de vie de plus de 200 000 Indiens, relogés il y a vingt ans par la politique urbaine d'apartheid. L'étude des paysages, des pratiques et des représentations urbaines des habitants de Phoenix permet d'analyser les mutations récentes de ces populations et leurs recompositions identitaires et citadines dans le contexte post-apartheid.

L'évolution métropolitaine de Bamako détermine d'importantes redistributions démographiques depuis les quartiers anciens. En se diffusant vers les périphéries plus récentes, le marché locatif oriente la mobilité des ménages dans l'agglomération. Il suscite ainsi de fines cohabitations résidentielles qui brouillent la lisibilité des contrastes urbains d'ensemble. Les pratiques urbaines se comprennent finalement à deux échelles : celle des principaux gradients de densité mais aussi celle des îlots de voisinage qui intriquent plus localement propriétaires et locataires, ménages élargis et foyers embryonnaires, populations ancrées et groupes mobiles.