Contenu du sommaire : Politique chinoise dans les mers de Chine
Revue | Perspectives chinoises |
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Numéro | no 2016/3 |
Titre du numéro | Politique chinoise dans les mers de Chine |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- In memoriam : Joël Thoraval (1950-2016) - Sébastien Billioud p. 3-4
Dossier
- Éditorial - Sébastien Colin p. 5-12 Les multiples tensions qui ont cours dans les mers de Chine depuis la fin des années 2000, qu'elles se manifestent par l'inflexibilité des discours relatifs aux droits de souveraineté ou par des provocations et accrochages en mer, ont rendu nécessaire d'analyser de manière plus approfondie les politiques maritimes et étrangères des États impliqués. Ces analyses sont d'autant plus importantes que les rapports de force s'expriment depuis quelques années avec plus de vigueur, en mer de Chine du Sud comme en mer de Chine orientale. En témoignent les actions plus fermes prises par les États comme la construction par la Chine d'infrastructures civiles et militaires dans les îles Spratleys, la nationalisation des îles Senkaku/Diaoyu par le Japon en septembre 2012 ou encore la procédure d'arbitrage lancée par les Philippines en janvier 2013. Plus récemment, entre octobre 2015 et mai 2016, les États-Unis ont organisé trois opérations de liberté de navigation, rappelant qu'au-delà des litiges territoriaux entre pays voisins la situation géopolitique dans les mers de Chine est surtout le résultat de la rivalité stratégique sino-américaine. Sans viser l'exhaustivité, ce dossier se propose d'étudier quelques pans de la politique de la Chine en direction des mers de Chine. […] Les quatre articles qui structurent ce dossier viennent […] éclairer chacun à leur façon la politique chinoise des mersde Chine. Il y est question d'enjeux de sécurité, de stratégies d'acteurs, decoopération et de puissance navale.…
- La politique chinoise en mer de Chine orientale - Mathieu Duchâtel p. 13-22 Cet article est consacré à l'analyse de la stratégie chinoise dans l'établissement d'un mécanisme de gestion de crise avec le Japon en mer de Chine orientale, depuis le début des négociations en 2008 jusqu'à l'impasse à laquelle elles ont abouti en 2015. La position de la Chine a évolué durant cette période : à la réticence initiale ont succédé le refus de poursuivre le dialogue puis l'acceptation de sa reprise, reprise dont les conditions exprimaient des exigences tellement élevées en matière de gains relatifs de souveraineté que les négociations ont finalement échoué. Cet article soutient qu'en dépit de l'augmentation des risques d'incidents maritimes en Asie orientale, la socialisation de la Chine aux normes de construction de confiance dans le domaine de la sécurité progresse lentement, eu égard au fait que la communauté d'experts en stratégie de la RPC rejette traditionnellement ces normes. Il est possible d'en conclure que la Chine instrumentalise les négociations de gestion de crise et recherche des gains de politique extérieure liés à la souveraineté et à l'équilibre des puissances plutôt que comme un outil dédié exclusivement à construire la sécurité et la stabilité en cristallisant un statu quo préexistant.
- Les stratégies des acteurs maritimes chinois en mer de Chine du Sud - Shinji Yamaguchi p. 23-32 Cet article a pour ambition de présenter la coordination des différents acteurs maritimes chinois en mer de Chine du Sud. Depuis environ 2009, la Chine a intensifié ses revendications territoriales maritimes dans cet espace et a pris des mesures coercitives, au rang desquelles figurent le harcèlement des navires étrangers et l'usage d'outils administratifs dans le but d'étendre son contrôle effectif sur des îles contestées. Une question importante qui se pose est de savoir si la tactique chinoise repose sur un plan concerté ou bien si elle est la conséquence involontaire de la concurrence entre les divers acteurs concernés et de la défense de leurs intérêts particuliers. Cet article montre premièrement qu'il y a de plus en plus de coordination organisationnelle entre ces acteurs, deuxièmement que l'Armée populaire de libération (APL) a un rôle de premier plan dans la conduite des opérations, et enfin qu'il semble s'agir d'une tendance à long terme. L'article conclut que les aspirations à long terme convergent désormais au sein de plans plus concrets sous la présidence de Xi Jinping.
- Délimitation maritime et coopération sino-vietnamienne dans le golfe du Tonkin (1994-2016) - Benoît de Tréglodé p. 33-41 Depuis le rapprochement sino-vietnamien en 1991, Pékin et Hanoi ont toujours essayé de compartimenter leurs différends territoriaux. Le regain de tensions en mer de Chine du Sud depuis 2011 n'a ainsi que partiellement affecté leur partenariat bilatéral, les deux pays continuant à respecter les accords du golfe du Tonkin signés en décembre 2000, lesquels établissent dans les eaux du golfe leur première frontière maritime ainsi que des coopérations en matière de pêche, d'exploration des hydrocarbures et de sécurité maritime. Cet article se propose de tirer un premier bilan des 16 premières années de coopérations sino-vietnamiennes dans le golfe du Tonkin avant d'explorer l'ouverture que pourrait représenter les négociations actuelles entre les deux États dans l'embouchure du golfe, au large de l'archipel des Paracels.
- Au-delà des mers de Chine - Alexandre Sheldon-Duplaix p. 43-53 En mai 2015, le Bureau de l'information du Conseil des Affaires d'État publie un nouveau livre blanc sur la stratégie militaire chinoise affirmant que « les intérêts étrangers [sont devenus] une question pressante ». En conséquence, la Chine déploie ses efforts pour devenir une « puissance maritime », principalement dans la région indo-pacifique pour dissuader une intervention américaine à Taiwan et protéger ses activités commerciales dans l'océan Indien. La Chine acquiert un porte-avions de taille moyenne dix fois moins puissant que les super porte-avions américains et apprend son emploi aussi rapidement que la Russie, plus expérimentée et moins riche, durant les années 1990. Source de fierté pour ses citoyens, le programme de porte-avions chinois fait le jeu du Parti communiste en démontrant sa légitimité et sa réussite. Pour autant, la Chine ne cherche pas à remettre en cause la supériorité maritime des États-Unis au-delà de son espace immédiat. Affichant l'objectif de se doter à terme de quatre ou cinq porte-avions, la Chine restera une marine régionale à capacité d'action mondiale dépassant l'Inde, le Royaume-Uni et la France dans cette catégorie.
- Éditorial - Sébastien Colin p. 5-12
Article
- L'entrepreneuriat social dans le secteur non lucratif en Chine - Xiaomin Yu p. 55-64 Ces dernières années, les organisations issues de la société civile se sont de plus en plus tournées vers des approches innovantes et entrepreneuriales pour être plus à même de remplir leurs missions sociales. Comment peut-on distinguer les organisations à but non lucratif qui s'engagent dans des activités entrepreneuriales, des organisations à but non lucratif traditionnelles ? L'émergence de l'entrepreneuriat social dans le secteur non lucratif chinois créera-t-il de nouvelles opportunités pour les organisations sociales locales dont le développement est depuis longtemps freiné par des obstacles financiers et institutionnels ? Cet article tente d'apporter des réponses à ces questions en s'appuyant sur le cas d'une initiative typique d'entrepreneuriat social lancée dans le cadre de l'effort de reconstruction mené après le tremblement de terre de Wenchuan en 2008. Les résultats de notre enquête montrent qu'à bien des égards les entreprises sociales à but non lucratif participent à la reconstruction post-catastrophe d'une manière plus innovante que les organisations traditionnelles. Néanmoins, elles devront encore surmonter bien des défis organisationnels et contextuels avant de devenir un véritable remède aux difficultés qui enrayent le développement des organisations sociales locales en Chine.
- L'entrepreneuriat social dans le secteur non lucratif en Chine - Xiaomin Yu p. 55-64
Actualités
- L'essor du « localisme » à Hong Kong - Ying-ho Kwong p. 65-71
Comptes-rendus de lecture
- Guobin Yang (éd.), China's Contested Internet - Séverine Arsène p. 72-73
- Bill Hayton, The South China Sea: The Struggle for Power in Asia - Sébastien Colin p. 73-75
- Arianne Gaetano, Out to Work: Migration, Gender and the Changing Lives of Rural Women in Contemporary China - Eric Florence p. 75-77
- Chün-fang Yü, Passing the Light: The Incense Light Community and Buddhist Nuns in Contemporary Taiwan - Amandine Péronnet p. 77-78
- Katherine A. Mason, Infectious Change: Reinventing Chinese Public Health After an Epidemic - Justine Rochot p. 78-79