Contenu du sommaire : Patrons. Représentation des intérêts et usages d'une représentation

Les entrepreneurs et la politique. L'exemple du bâtiment et des travaux publics. Dominique Barjot. [5-24], Plus que dans d'autres secteurs industriels, les entrepreneurs de bâtiment et de travaux publics (BTP) se trouvent en relation avec les responsables politiques et administratifs. Le lien avec ces derniers s'effectue notamment par l'entremise de puissantes organisations syndicales - plus d'ailleurs dans les travaux publics que dans le bâtiment. Leur rôle est d'autant plus important que les entrepreneurs ne manifestent, d'une façon générale, qu'un attrait limité pour la politique, en dépit d'exceptions notables : ainsi Louis Loucheur, Jean-Marie Louvel ou André Morice, devenus tous trois ministres. Si leur degré d'engagement politique est demeuré modeste, sauf peut-être durant les deux guerres mondiales, les entrepreneurs de BTP font cependant appel, de manière assez fréquente, à leurs relations politiques afin d'assurer la réussite de leurs affaires.

Les élections consulaires. Histoire politique et état des lieux. Dominique Andolfatto. [25-431. Les élections consulaires, celle des membres des tribunaux et des chambres de commerce, intéressent tous les trois ans plus d'un million et demi de chefs d'entreprise. Le système électoral est relativement complexe et le fruit d'une longue d'histoire qui emprunte ses séquences tant à celle de la démocratie et des suffrages politiques qu'aux débats relatifs à la représentation des intérêts socio-économiques. Ces derniers opposent cycliquement «gros» et «petits» patrons... même si, dans la pratique, les chambres de commerce n'apparaissent pas traversées par ce clivage social. Le talon d'Achille du système consulaire tient avant tout dans l'abstention massive des électeurs qui conduit à poser invariablement la question de sa représentativité effective.

Les patrons dans la statistique officielle française. Bernard Zarca. [44-65]. Dans cet article, il est principalement question de repérer l'émergence et les déplacements de frontières de la catégories des patrons dans la statistique officielle française mais, également de rechercher comment, après coup, ce collectif social a été différencié tout en se demandant pour quelles raisons il en a été ainsi. De ce fait, de 1951 à 1982, la différenciation des patrons, une fois introduite dans la statistique officielle française, a été principalement transformée en relevant la barre qui distinguait les «petits» des «gros», alors que de 1851 à 1896 le travail des statisticiens avait été de distinguer les patrons des salariés, ou en d'autres termes, les dirigeants des dirigés. Sur le long terme, le sens du mot patron dans la statistique officielle a changé et la catégories s'est retrécie.

Les patrons dans les grandes entreprises allemandes. Sociographie du pouvoir économique. Hervé Joly. [66-83]. Les patrons des grandes entreprises allemandes s'appuient sur une identité de «professionnels» certifiée par leur formation et leur expérience de l'entreprise, ils apparaissent comme une élite plus fonctionnelle que sociale. Des effets de position et de conjoncture déterminent largement leurs orientations stratégiques, leur relative vulnérabilité individuelle coïncide avec la permanence des organisations qu'ils dirigent.

Le «malaise enseignant». Réflexions sur la construction d'un problème journalistique. Louis Pinto. [102-112]. Comment expliquer le succès du thème d'un «malaise enseignant» généralisé et ce en dépit de la complexité et de la diversité des situations liées aux transformations du monde scolaire ? Construite par des journalistes, reprise et légitimée par des intellectuels défenseurs d'une culture éternelle, cette vision stylisée des enseignants impose comme la vérité d'un groupe son image fantasmée par ceux enclins à contester le monopole scolaire, qui tentent, dans un même élan, de s'imposer comme les seuls spécialistes habilités à analyser le mal social.

7/7 ou la célébration répétée d'une admiration mutuelle. Pierre Leroux. [113-124]. La journaliste Anne Sinclair anime depuis plusieurs années l'émission 7/7 où elle reçoit des invités du monde politique et du monde du spectacle pour commenter l'actualité. Une analyse mettant en rapport la nature des différents .types de capitaux détenus par la journaliste et les principes de leur utilisation, rendue possible par la formule de l'émission, met en lumière l'investissement nécessaire à la réussite de cette émission et permet de mieux comprendre la place occupée par cette journaliste dans l'espace professionnel. L'échange avec l'invité est en effet un exercice de célébration mutuelle dont les invités, mais surtout Anne Sinclair — invité permanente — tirent des bénéfices symboliques.