Contenu du sommaire : Drogues & thérapies

Revue Psychotropes : Revue internationale des toxicomanies et des addictions Mir@bel
Numéro vol. 8, 2002/1
Titre du numéro Drogues & thérapies
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Editorial

  • Articles

    • La toxicomanie ou la quête impossible de l'objet - Christian Miel p. 7-21 accès libre avec résumé
      Résumé Cet article propose d'étudier la fonction de l'objet drogue dans la dynamique et l'économie psychique du toxicomane. Il sera d'abord question de comprendre les défaillances de l'objet interne liées à une introjection insuffisante, leurs rapports avec l'élaboration de l'aire transitionnelle qui n'a pu se constituer de façon satisfaisante chez le toxicomane. Nous ferons alors appel à la notion d'objet référent telle qu'elle apparaît dans les moments où émerge la crainte de l'effondrement face à une défaillance soudaine de l'organisation défensive. Cette notion d'objet référent nous apparaît pouvoir s'appliquer à la drogue, en tant qu'objet concret, dans son rapport avec le psychisme du toxicomane.
    • Intégration sociale et psychopathologie chez les usagers de drogues - Jean-François Briefer p. 23-41 accès libre avec résumé
      Ce travail traite du rôle de la psychopathologie et de l'intégra~tion sociale dans les conduites toxicomaniaques. Celles-ci ont été abordées sous deux angles théoriques mis en perspective: une approche psychiatri~que qui fait d'elles un trouble psychique et une approche socioanthropologique qui voit dans la toxicomanie une pratique sociocul~turelle déviante devenue problème social. L'intégration sociale est développée sur deux axes: d'une part le proces~sus intégration-exclusion sociale dans ses dimensions économique, rela~tionnelle et symbolique et d'autre part le système des appartenances au monde conventionnel et à la sous-culture drogue. L'étude quantitative et clinique de patients sous méthadone montre que l'instabilité professionnelle s'avère liée à la toxicomanie, alors que ce n'est pas le cas de l'isolement relationnel. La psychopathologie, plutôt indépen~dante de la toxicomanie, est par contre un facteur puissant de désinsertion professionnelle. Les raisons individuelles des prises de toxiques quant aux aspects d'automédication et d'appartenance sous-culturelle sont égale~ment développées.
    • Tensions sociales et usages de drogues : Une étude chez des jeunes incarcérés - Anne Guichard, France Lert, Alain Dru p. 43-63 accès libre avec résumé
      L'étude, de type qualitatif, s'attache à évaluer la pertinence d'une action spécifique des usages de substances psychoactives licites et illicites qui préviendrait l'intensification des usages et de leurs conséquen~ces chez les jeunes les plus défavorisés. Elle a été menée auprès de 33 jeunes incarcérés. Les usages intensifs tout comme l'activité délinquante se dessinent sur fond d'exclusion et remplissent des fonctions de régulation des tensions tant sociales que psychologiques. Les «nouvelles drogues » sont rejetées et perçues comme l'apanage des catégories plus favorisées. Quant aux drogues induisant des dépendances sévères, ils se déclarent invulnérables et tout-puissants dans la façon de gérer cette menace. L'usage nocif qui se normalise est situé dans le registre de l'autotraitement, et les alcoolisations extrêmes dans le registre de l'accident. Ils se perçoivent invulnérables et construisent des protections imaginaires. Les recours médicaux, psycho-logiques ou éducatifs suscitent une grande méfiance, les dispositifs leur renvoyant une image stigmatisante d'eux-mêmes. Ainsi c'est toute la stratégie de prise en charge de l'excès de consommation de substances psychoactives qui fait défaut, les dispositifs récents ne répondant pas aux problématiques de ces jeunes. Ces observations sont mises en perspective par rapport aux orientations de la nouvelle politique publique formulée dans le plan triennal de la MILDT en juin 1999.
    • L'ayawaska n'est pas un hallucinogène - Patrick Deshayes p. 65-78 accès libre avec résumé
      L'ayawaska est une décoction psychotrope originaire de l'Amazonie occidentale. Cet article veut montrer que qualifier cette bois~son d'hallucinogène n'est pas seulement réducteur mais occulte le sens profond de son usage: la provocation et la gestion de la frayeur. Les dispositifs qui utilisent l'ayawaska gèrent différemment cette frayeur et c'est en comparant ces différentes gestions que l'on comprend mieux les usages de cette décoction.
    • Ayahuasca : une synthèse interdisciplinaire - Frédérick Bois-Mariage p. 79-113 accès libre avec résumé
      Pratiquement inconnus dans les pays occidentaux il y a encore quelques décennies, l'ayahuasca et ses rituels y font aujourd?hui une entrée remarquable. Nous présentons une synthèse multi et interdisciplinaire de cette singulière préparation psychotrope, dont deux des alcaloïdes principaux sont na~turellement présents dans le corps humain. Les aspects pharmacochimiques (compositions, modes d?action) et biomé~dicaux (paramètres cardiovasculaires, EEG, risques aigus à moyen et long termes, utilité thérapeutique) ont particulièrement retenu notre attention. Une piste neuropharmacologique concernant le potentiel «antiaddictif» documenté de l'ayahuasca est indiquée. Des raisons, formulables en termes de limitation des risques, d?éviter une pathologisation et une prohibition ? souvent plus réflexes que réfléchies ? sont exposées. En conclusion est soulignée la nécessité d?orienter aussi la recherche sur les rapports entre les demandes explicites adressées à l'ayahuasca (théra~pies complémentaires et alternatives, épanouissement personnel; initia~tion et développement spirituels) et les réponses apportées par les rituels ayahuasca.
    • Une approche thérapeutique centrée sur les effets conditionnels des drogues - Bernard Le Foll, Sylvie Perachon, Jean-Charles Schwartz, Pierre Sokoloff p. 115-124 accès libre avec résumé
      Les propriétés hédoniques et renforçantes des drogues sont reliées à leur interaction avec les systèmes dopaminergiques cérébraux. Toutes les drogues entraînent une élévation de dopamine dans l'écorce du noyau accumbens, une région cérébrale qui coexprime les récepteurs D1 (RD1) et les récepteurs D3 (RD3) de la dopamine. Le récepteur D3 de la dopamine a été impliqué dans des phénomènes de sensibilisation compor~tementale et dans la dépendance aux drogues par des données pharmaco~logiques et d'études post-mortem et génétiques. Des agents sélectifs de ce récepteur pourraient présenter un intérêt thérapeutique en interagissant avec les propriétés renforçantes des drogues. Un agoniste partiel et spécifique du RD3, le BP 897, présente la propriété de réduire le compor~tement de recherche de drogue induit par la présentation de stimuli environnementaux préalablement associés à la prise de cocaïne sans posséder de propriétés renforçantes en lui-même. Comme ces stimuli environnementaux liés au contexte de la prise de drogue maintiennent le comportement de recherche de drogue chez l'animal et déclenchent un besoin irrépressible de prise de drogue et des rechutes chez l'homme, des agents comme le BP 897 représentent une classe thérapeutique nouvelle, dénuée du risque de maintenir une pharmacodépendance.