Contenu du sommaire : Le jeu pathologique : quand jouer n'est plus jouer
Revue | Psychotropes : Revue internationale des toxicomanies et des addictions |
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Numéro | vol. 11, 2005/2 |
Titre du numéro | Le jeu pathologique : quand jouer n'est plus jouer |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Éditorial
- Il serait temps de prendre le jeu au sérieux... - Michel Hautefeuille, Marc Valleur p. 5-8
Dossier thématique
- Jeu pathologique et conduites ordaliques - Marc Valleur p. 9-30 L'auteur propose de considérer dans les conduites addictives deux versants apparemment opposés : la dépendance et la conduite ordalique. Cette perspective permet de situer le jeu pathologique dans une classification des addictions basée sur la relation subjective à la prise de risque. Elle conduit aussi à distinguer du classique jeu pathologique d'argent et de hasard les nouvelles formes de dépendance aux jeux en réseau sur Internet.
- Conversation sociologique avec un joueur - Jean-Yves Trépos p. 31-54 Cette conversation à visée interprétative conjointe, entre deux sociologues, s'appuie sur l'expérience de l'un d'entre eux, qui a joué à la roulette pendant plus de vingt ans et qui y a perdu des sommes considérables. L'entretien envisage certains aspects du jeu pathologique que l'un des deux interlocuteurs considère comme très importants : la « première fois », les compétences sociales de joueur (l'approvisionnement, la dissimulation et la feinte), les relations avec la famille et les amis, mais aussi avec les organismes de crédit, les difficultés de faire face à la dette (notamment la difficulté de faire reconnaître, par les commissions de surendettement et par les tribunaux, la dimension addictive du jeu). Il illustre aussi le va-et-vient, dans lequel se débat souvent le joueur, entre la mise à distance esthétique de la pratique pathologique du jeu et la douloureuse confrontation avec le réel.
- Que peut apporter la sociologie dans le débat sur le jeu compulsif ? - Jean-Pierre Martignoni-Hutin p. 55-86 L'intervention sociologique dans le débat contemporain sur le jeu « compulsif » – domaine qui semble réservé aux approches psychologiques – se situe sur quatre niveaux complémentaires. Le premier niveau concerne la déconstuction (historique, épistémologique...) de l'objet « jeu excessif ». Le deuxième niveau consiste à débattre scientifiquement sur le jeu « problématique », afin de dégager les hypothèses sur lesquelles les spécialistes issus de plusieurs disciplines (sociologues, anthropologues, historiens, psychologues, psychanalystes...) pourraient se retrouver. Dans cette optique nous dégagerons les caractéristiques de « l'hypothèse ordalique » (Valleur/Bucher) qui nous apparaît féconde. Le troisième niveau de l'intervention sociologique consisterait à problématiser et à réinterroger systématiquement les méthodes, instruments de mesures et contextes dans lesquels s'inscrit, depuis de nombreuses années déjà, le travail sur le jeu pathologique, notamment outre Atlantique. Le dernier niveau du travail sociologique en direction du jeu problématique permettra de définir les différents axes de recherches et d'enquêtes « pluridisciplinaires » qui pourraient faire avancer la connaissance sur « les rapports » que les joueurs entretiennent avec les jeux de hasard et d'argent. Parallèlement à ce travail de déconstruction et de reconstruction, le sociologue doit se faire l'historien de l'actualité récente du gambling (notamment en ce qui concerne les casinos) car elle participe de la construction du jeu problématique contemporain et de ses représentations.
- Jouer à se faire interdire - Christian Bucher p. 87-100 Jouer à quitte ou double. Ne pas pouvoir s'arrêter après avoir gagné. Rejouer et perdre. Encore. Jusqu'à perdre tous ses biens. Se perdre, aussi. En guise de « thérapie », jouer, toujours, mais alors jouer à se faire interdire ? De la bouche des joueurs compulsifs, revient de manière incantatoire au sortir d'une soirée au casino l'affirmation péremptoire d'une décision : « Demain, le mois prochain, je me fais interdire. » Une issue, la seule, serait ainsi de se faire volontairement exclure de ces « lieux de perdition ». Se faire « arrêter », pour ce qui concerne le toxicomane, par l'application de la loi pénale. « Se faire interdire », s'agissant du joueur pathologique, par le truchement d'une mesure administrative entamée à son initiative. Un dispositif un peu lent à se déployer, avec la promotion, à l'arraché, d'un tiers réflexif, interdicteur. Un tiers dans la réalité à défaut d'efficacité symbolique permettant de s'affranchir. Comme une ultime victoire dans la défaite ?
- Jeux et Internet : quelques enjeux psychologiques et sociaux - Sylvie Craipeau, Bertrand Seys p. 101-127 Cet article analyse les pratiques de jeu sur Internet selon un double point de vue, sociologique et psychologique. Nous présentons les dispositifs technico-organisationnels des jeux pour comprendre comment ils transforment les pratiques ludiques. Nous exposons les travaux menés sur l'addiction, laquelle est présentée, en particulier dans les médias, comme la principale dimension de ces jeux. Nous proposons une autre lecture de ce phénomène en étudiant comment les usages de ces jeux émergent, et le sens qu'on peut leur donner. Ces pratiques ludiques s'accompagnent d'une transformation des rapports à soi et à l'autre, d'un rapport au corps ambivalent. Ils participent enfin d'un processus de socialisation qui dépasse le seul cadre ludique et témoignent des transformations de notre société.
- Jeu pathologique et conduites ordaliques - Marc Valleur p. 9-30
Bibliographie thématique
- Bibliographie thématique - Clotilde Carrandié p. 129-134