Contenu du sommaire : Les immigrés vieillissent aussi... sous la direction de Philippe Dewitte

sont les étrangers âgés en Ile-de-France ? Combien sont-ils ? Vivent-ils seuls ? Où se ? Comment sont-ils logés ? Desplanques dresse un inventaire statistique de leur situation.

Le séjour en France des Maghrébins, longtemps perçu par eux-mêmes et par les Français comme provisoire, se prolonge souvent au-delà de la vie active pour devenir même définitif. Les causes de cette évolution sont multiples : regroupement familial , évolution des mentalités... Les trajectoires qui ont mené ces travailleurs de l'émigration à la vieillesse sont très diverses. A présent , leurs vieux jours s'écoulent en famille, en foyer, seul ou en institution ; parfois paisiblement lorsqu'ils bénéficient de soutien et de solidarité, mais trop souvent amèrement lorsque les besoins matériels et surtout la solitude sont au rendez-vous.

Les Maghrébins âgés , placés en institution après soixante-cinq ans , cumulent plusieurs déracinements et un triple isolement. Expatriés en France , puis exilés en maison de retraite, ils sont privés du rôle primordial traditionnellement dévolu aux personnes âgées dans leur culture d'origine. Enfin , ils sont marginalisés au sein de l'institution , où on ne comprend pas leurs problèmes spécifiques et même parfois leur langue. Roselyne van Deth, assistante sociale à la Maison de retraite de Nanterre, analyse pour nous la situation sociale des Maghrébins à leur arrivée et compare les conditions de séjour à Nanterre des retraités français et maghrébins. Reste que vieillir en France, lorsqu'on est d'origine étrangère, recouvre bien des réalités et le placement en institution n'est qu'un des aspects de ce phénomène nouveau, que les pouvoirs publics vont devoir prendre à bras le corps dans les années qui viennent. Seuls 2,5 % des immigrés finissent leurs jours en maison de retraite ; le témoignage de Roselyne van Deth est donc à replacer dans le contexte général du vieillissement des populations étrangères.