Contenu du sommaire : La commémoration en pratique

Cet article vise à comprendre les usages en ligne des documents numérisés par les institutions patrimoniales. À partir d'une cartographie des relations entre les sites Web consacrés à la Grande Guerre, de l'étude d'un forum de discussion et de l'analyse de la dissémination en ligne d'un fonds photographique, l'article reconstitue le rôle majeur les réseaux « amateurs », peu connectés au monde institutionnel, dans la circulation des fonds patrimoniaux.

En nous fondant sur l'analyse d'un large corpus de tweets reliés à la Première Guerre mondiale d'une part, et des liens contenus dans ces tweets d'autre part, nous interrogeons la manière dont les activités des comptes Twitter marquent une appropriation du Centenaire. Nous formulons l'hypothèse que la base de données des « Morts pour la France » émerge en tant que « lieu de mémoire ».

Cet article s'intéresse aux effets des commémorations du centenaire de la Première Guerre mondiale au niveau psychosocial. À travers quatre études menées à partir d'expositions et de documentaires en Belgique, nous montrons que la participation à certaines activités commémoratives entraîne un déclin des activités pacifistes et une modification seulement superficielle des représentations du conflit. Nous suggérons que ces résultats paradoxaux sont dus à la présence de figures de victimes dans les commémorations et de dispositifs favorisant les émotions brutes.

À partir d'une enquête de terrain conduite auprès des visiteurs de six expositions consacrées à la Grande Guerre en France, l'article interroge les processus et mécanismes à l'œuvre dans le visionnage de l'histoire, notamment au regard des attentes civiques investies dans les commémorations. En prenant appui sur les pratiques et les discours des individus, ce texte questionne le rapport qui se noue à la commémoration au musée et propose finalement des pistes analytiques pour penser les appropriations sociales du passé.

En Russie, le centenaire de la Première Guerre mondiale a été organisé et financé par l'État. Pour la première fois depuis la fin de la guerre, la commémoration a été organisée à l'échelle nationale. Les pouvoirs publics ont tenté d'imposer une nouvelle interprétation ambivalente du rôle de la Russie dans la Première Guerre mondiale. La Russie est représentée à la fois comme une victime et comme un pays fort ayant une armée victorieuse. Le contexte contemporain du conflit ukrainien a contribué à accentuer des tendances déjà très présentes dans la politique culturelle russe : l'anti-occidentalisme et le « patriotisme ». Une étude sociologique a été menée en 2014 dans les musées pour comprendre dans quelle mesure le contexte commémoratif influence les activités de ces institutions et la perception des expositions par les visiteurs. La recherche a montré que la plupart des musées atténue le message idéologique de l'État en complexifiant la présentation de l'histoire de la guerre. Le rapport au passé et à la guerre chez les visiteurs est très influencé par les médias. En revanche, l'appréciation de chaque objet est toujours en lien avec leur expérience personnelle, leur histoire familiale et leurs lectures.

Cet article présente les résultats d'une enquête sociologique menée par deux professeurs d'histoire sur le rapport entretenu par les élèves du collège Éluard de Noyon (Oise) avec la commémoration de la Première Guerre mondiale, dans une région fortement touchée par les combats et les destructions. Les enseignants ont centré leur étude sur la cérémonie du 11 novembre 2015.

Comment une commémoration d'une ampleur telle que celle de la Première Guerre mondiale peut-elle modifier l'enseignement de ce conflit ? Pour répondre à cette question, il faut d‘abord se tourner vers la spécificité de l'histoire scolaire au regard de l'histoire académique puis interroger ce que nous connaissons aujourd'hui des textes et des pratiques pédagogiques. Cet article tente une première approche en pointant le caractère tantôt stimulant tantôt encombrant de la dialectique permanente, dans l'histoire scolaire, entre les enjeux de mémoire et les questions d'histoire.

L'association Générique qui œuvre pour la sauvegarde de l'histoire de l'immigration en France a développé un portail sur Internet consacré aux ressources documentaires conservées sur ce sujet (description, bibliothèque numérique). Une étude menée par des sociologues propose quelques pistes pour comprendre les modalités d'appropriation de cet outil par les différents types d'usagers : chercheurs, bibliothécaires, curieux.

En étudiant la place des formes versifiées dans le support très particulier des journaux de tranchées, cet article entend proposer quelques pistes pour comprendre la variété des fonctions de cette poésie de guerre, tiraillée entre comique et sérieux. Il revient aussi sur le problème sociologique des auteurs et du lectorat visé, où la domination bourgeoise semble avoir ménagé une place au populaire.