Contenu du sommaire : Revendiquer le droit à la ville dans la métropole américaine

Revue Revue française d'études américaines Mir@bel
Numéro no 148, 3ème trimestre 2016
Titre du numéro Revendiquer le droit à la ville dans la métropole américaine
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Introduction. Revendiquer le droit à la ville dans la métropole américaine - Laurence Gervais, Andrew Diamond p. 3-7 accès libre
  • Race, Space, and a Right to the City in New Haven: A Four-Century View - David Huyssen p. 8-30 accès libre avec résumé
    Cet article suggère qu'une alliance politique entre les syndicats et les résidents de la ville de New Haven (Connecticut), peut fournir un modèle utile pour une praxis Lefebvrienne organisationnelle concernant le droit à la ville et soutient qu'une telle modélisation exige d'abord une compréhension historique des origines spécifiques de cette alliance dans le développement économique et politique de New Haven. L'article présente ainsi une étude du développement de la ville au cours de son histoire, en rapportant l'organisation raciale de son espace urbain aux histoires nationales de la transformation et des conflits raciaux et capitalistes. Empruntant des concepts de la géographie urbaine critique de Neil Smith et de Mandi Jackson, il retrace l'antagonisme qui a émergé entre l'Université de Yale et des résidents de la ville au regard des politiques sur le travail et de la rénovation urbaine au xxe siècle. Enfin, à l'aide de la théorie politique critique de Nancy Fraser, il analyse l'opposition de l'alliance syndicats-communauté – définie par un programme d'organisation transraciale, interclasses, et inter-sexes – envers la poursuite par Yale d'un programme néolibéral de réaménagement urbain.
  • The Right to the Beach? Urban Renewal, Public Space Policing and the Definition of a Beach Public in Postwar Los Angeles, 1940s-1960s - Elsa Devienne p. 31-51 accès libre avec résumé
    Cet article montre d'abord comment, après la Seconde Guerre mondiale, une coalition informelle rassemblant des promoteurs immobiliers et l'élite politique locale utilise des stratégies de l'ordre de la planification urbaine et du contrôle policier afin de faire des plages de la ville de Los Angeles un terrain de jeux réservé à la classe moyenne blanche. La première partie de l'article décrit les efforts des urbanistes, des ingénieurs et de l'élite politique et économique afin de mener à bien une campagne de modernisation du littoral qui entraîne notamment la destruction de lieux de loisirs jugés délabrés. Vastes, propres, et dotées d'équipements neufs, ces plages « modernes » doivent attirer touristes, résidents aisés et investisseurs. Ensuite, l'article met en évidence la manière dont la modernisation urbaine sert de justification pour mener des campagnes de harcèlement policier à l'égard des « indésirables », en particulier les homosexuels, nombreux alors à fréquenter des établissements de bains et bars de la côte, et les athlètes de « Muscle Beach », lieu d'entraînement et de performances sportives. La notion de « droit à la ville », telle que développée par Don Mitchell, est utilisée afin de montrer que cette tentative de « sauver » les plages du déclin a pour principale conséquence de restreindre le « droit à la plage » aux seuls baigneurs blancs de la classe moyenne.
  • Urban Social Movements in the Age of Neoliberal Austerity: A Case Study of Philadelphia - Todd Wolfson, Peter N. Funke p. 52-66 accès libre avec résumé
    Cet article s'intéresse au rôle de la communication dans la construction d'une identité de classe contemporaine dans l'Amérique urbaine en explorant les dynamiques en jeu au sein d'un réseau d'organisations à Philadelphie. En particulier, les auteurs se penchent sur l'histoire et les pratiques du Media Mobilizing Project (MMP), une infrastructure communautaire de communication et de medias et un réseau d'organisations dans la région de Philadelphie. La vision et les objectifs de MMP sont issus de deux traditions convergentes du secteur associatif autour des questions de la pauvreté et de la communication : d'abord, la Poor People's Campaign (PPC)—organisée par Martin Luther King et le SCLC—dont l'objectif était de forger un mouvement des pauvres et des travailleurs visant à la création d'une déclaration des droits économiques ; ensuite, les avancées technologiques du mouvement Indymedia, né durant les mouvements de protestations contre le sommet de l'OMC en 1999 à Seattle. Pour les auteurs, cette intersection historique peut permettre d'identifier les différentes stratégies et relations au capitalisme, à l'État et à la technologie qui ont émergé des mouvements sociaux au xxe siècle. Pour eux, elle a aussi mené à ce qu'ils définissent comme une stratégie critique de lutte contre l'austérité urbaine à l'ère du néolibéralisme.
  • Les migrants irréguliers en ville : Quelle rationalité aux politiques de sanctuaire ? - Hilary Sanders p. 67-83 accès libre avec résumé en anglais
    This article examines the political rationalities of municipal sanctuary policies towards undocumented immigrants, which were first adopted in the 1980s in the midst of an influx of Central American asylum-seekers. The policies have become governmental tools serving to maintain trust and communication between municipal services and immigrant communities, contributing in particular to strategies of community policing. Drawing on fieldwork undertaken in 2010-2011, the article analyzes the texts of municipal ordinances in New York and Philadelphia, public discourse by the respective mayors, and interviews with stakeholders in order to identify the logics underlying support for sanctuary policies. The conditional and precarious nature of the protections offered by these policies is found to be linked to the way they construct undocumented immigrants as a deserving and strategic population of residents.
  • Right to the Artistic City: Performing Engagements Beyond Austerity in Post-Collapse Chicago - Jasmine Mahmoud p. 84-97 accès libre avec résumé
    En 2011, Tricia van Eck avait organisé le « Happiness Project », une série de spectacles et d'installations à Chicago par lesquels les artistes imaginaient comment les résidents et les décideurs pouvaient positionner les arts pour améliorer la qualité de vie. Cette année-là, les artistes avaient été laissés à l'écart des discussions concernant la mise en place d'un Plan Culturel de la ville de Chicago, première plate-forme d'arts nouveaux pour Rahm Emanuel, maire de Chicago nouvellement élu. Cet article examine l'articulation entre les projets artistiques et la politique à Chicago et souligne l'austérité de la politique culturelle de la ville, surtout après 2010. L'auteure décrit l'austérité à Chicago : la fermeture du Département des affaires culturelles de Chicago en 2010 et la création du Plan culturel de Chicago en 2012, envisageant les arts en lien avec la croissance économique et le tourisme plutôt que comme des moyens d'améliorer la qualité de vie. Elle conclut sur une note d'espoir en révélant que même si des projets artistiques comme le « Happiness Project » sont nés de l'austérité, ils réclamaient également un droit à la ville artistique, et ce en privilégiant le droit de s'engager autrement, au-delà des économies capitalistes et plutôt vers le dialogue et l'imagination.
  • All Contentious Politics is Local: Studying the Occupy Movement from Below, in Oakland and Atlanta - Guillaume Marche, Jean-Baptiste Velut p. 98-117 accès libre avec résumé
    Cet article s'appuie sur une étude comparative du mouvement Occupy dans deux villes, Oakland et Atlanta, à partir de notes de terrain, d'entretiens avec des militants, la presse locale et des ressources en ligne émanant de ces deux branches locales d'Occupy. Nous insistons sur la manière dont des dynamiques transnationales, nationales et locales se sont croisées pour produire des trajectoires de mobilisation différentes, mais parfois similaires à Oakland et Atlanta. Dans quelle mesure Occupy constitue-t-il dans chacune de ces localités un mouvement pour le droit à la ville ? En nous appuyant notamment sur le travail de Walter Nicholls (2008), nous croisons sociologie urbaine et théories des mouvements sociaux pour comprendre comment le lieu, l'échelle et l'espace affectent des trajectoires de mobilisation. Nous concevons Occupy comme un ensemble d'expériences locales dont les trajectoires respectives sont en partie façonnées par l'histoire et la culture, le lieu et l'espace au sein desquels ces mobilisations urbaines ont éclaté. Cet article contribue à un champ émergent d'études sur les politiques et cultures vernaculaires des branches locales d'Occupy, tout en reliant ces résultats empiriques à des conclusions théoriques plus larges.
  • Comptes rendus - p. 118-125 accès libre