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Revue | Revue internationale de politique comparée |
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Numéro | vol. 23, no 2, 2016 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Pour une analyse comparée de la transnationalisation des solidarités. La Marche mondiale des femmes comme « objet » transnational complexe - Pascale Dufour p. 145-173 L'analyse de la transnationalisation dans la littérature sur l'action collective et les mouvements sociaux posent des défis théoriques et pratiques considérables. À partir du cas de l'objet transnational « Marche mondiale des femmes », nous proposons une réflexion plaidant pour l'analyse comparée de la transnationalisation des solidarités. Nous soutenons que cette stratégie de recherche permet de rendre compte à la fois de la complexité des relations locales-globales dans la production des solidarités transnationales, tout en permettant une analyse du « tout » transnational, supérieur à la somme de ses parties.In the literature on collective action and social movements, the analysis of transnationalization poses significant challenges, both theoretical and empirical. Building on the example of the World March of Women, a complex object of analysis, we propose a comparative analysis of the transnationalization of solidarities. We argue that this research strategy is necessary to take into account both the complex local-global relations in the building of transnational solidarities and the fact that the transnational object is also a whole, superior to the sum of its parts.
- Une diplomatie audiovisuelle à la carte. Ce que les pratiques de recrutement révèlent de la « politique audiovisuelle extérieure » française - Romain Lecler p. 175-197 Toute institution internationale qui s'appuie sur un réseau d'agents à l'étranger ne peut pas les contrôler au quotidien et doit leur laisser une large autonomie. Cela rend d'autant plus cruciale l'étape de leur recrutement. C'est ce qu'illustre ici le cas de la diplomatie audiovisuelle pour le ministère français des Affaires étrangères. C'est lors du recrutement des agents qui la mettent en œuvre que les grandes orientations sont en effet décidées. Dès qu'on rapporte certaines propriétés des attachés audiovisuels aux régions où ils ont été envoyés, on repère une claire division du travail de la diplomatie audiovisuelle française : des « routards de la coopération » sont en poste en Afrique ou au Maghreb et au Moyen-Orient, des « jeunes éclaireurs » peu expérimentés en Asie et en Europe de l'Est, et des « hôtesses du business » en Amérique du Nord et l'Europe de l'Ouest, où elles se spécialisent dans les festivals de cinéma et la diffusion non commerciale.This article focuses on French cultural diplomacy by analyzing one of its specialties: audiovisual diplomacy. It studies how its agents (the “audiovisual attachés”) are recruited, showing that the French audiovisual diplomacy's main orientations are mostly decided during this crucial administrative step. There is a sharp contrast between these strong recruiting mechanisms and the autonomy the attachés feel abroad. In fact, as soon as the attachés'personal qualities are matched with the regions where they are posted abroad, three groups are made visible, each with their own agenda: “Cooperation veterans” are sent to sub-Saharan and northern Africa or to the Middle-East, “young scouts” to Asia and eastern Europe, and “culture hostesses” to North America and western Europe (where they specialize in film festivals and non-profit broadcasting). Three heterogeneous stakes (cooperation, culture and business) are then combined within a unique audiovisual diplomacy. This is highly original and explains why such a diplomatic specialty has survived despite not having an equivalent in other countries' diplomacies. As it is eventually suggested in our concluding remarks, focusing on recruitment as we did would probably help greatly to account for policies of various institutions that rely on agents deployed across the world.
- Négocier l'action publique dans un État sous régime d'aide : une analyse comparée des politiques de l'enseignement supérieur et du foncier en Tanzanie - Olivier Provini, Sina Schlimmer p. 199-223 Depuis le milieu des années 1970, la Tanzanie fait l'objet d'une attention toute particulière de la communauté internationale en captant la plus grande part d'aide au développement de l'Afrique subsaharienne. Cette donnée empirique a suscité l'intérêt de nombreux chercheurs et experts internationaux qui construisent la Tanzanie comme un « donor darling ». Pourtant, ces études omettent les impacts de cette économie politique singulière sur le processus de l'action publique. L'objectif de notre article est, à travers une étude sectorialisée et comparative originale, d'appréhender les conséquences de ces réseaux internationaux d'acteurs sur la fabrique des politiques publiques. En s'appuyant sur les processus de politiques publiques dans les secteurs de l'enseignement supérieur et du foncier, nous postulons que cette articulation doit s'effectuer par une approche socio-historique de l'État tanzanien. En partant des résultats de la littérature qui conclut généralement un contournement de l'État (privatisation des universités, accaparement des terres), nous démontrons que l'action publique, négociée et historicisée, participe à la formation de l'État.Since the 1970s, Tanzania has attracted particular attention from the international donor community. In fact, Tanzania has been the biggest recipient of development assistance in sub-Saharan Africa. Numerous authors and development experts have dealt with this empirical evidence and have shaped Tanzania as a donor darling. However, these research studies lack an analysis of the impact of this specific political economy on the policy process. Undertaking a comparative analysis of two policy fields (higher education and land policies), the aim of this paper is to grasp the effects of transnational stakeholder networks on policy-making. Our assumption is that the synergy between political economy and the policy-making process can only be analyzed through the theoretical lens of state-building. Authors argue that the state actors are generally bypassed in the process of creating higher education (privatization of public universities) and land (land grabbing) policies. However, our empirical results show that policies are negotiated by a variety of public and non-public stakeholders and shaped by its historical path. In the context of transnational policy-making, we thus observe a two-way relationship between politics and policies that will be discussed in this article.
- Migrations du travail et politiques publiques : vers une informalisation internationale du travail ? - Sid Ahmed Soussi p. 225-247 Cette étude comparative analyse le cas des politiques publiques canadiennes en matière de travail migrant temporaire au regard des principales tendances contemporaines caractérisant les migrations internationales du travail. Elle en examine les conséquences socioéconomiques sur la régulation de l'emploi et l'accès aux droits sociaux du travail à partir d'une analyse critique des politiques publiques canadiennes d'immigration et d'emploi. Cette étude se focalise d'abord, au niveau infranational, sur les incidences locales des principaux programmes canadiens de « travailleurs étrangers temporaires » et sur l'émergence d'une « zone grise » de l'emploi dans des espaces du travail qui, au Canada, ont toujours été étroitement encadrés par un modèle de relations du travail issu du New Deal clairement en rupture avec l'informalité grandissante affectant cette « zone grise ». Elle aborde ensuite, sur un niveau international, ces flux migratoires du travail dans la perspective de la division internationale du travail dont ces derniers s'imposent désormais comme une figure centrale et en souligne les conséquences en termes d'accès aux droits sociaux et de dérégulation du rapport salarial. La conclusion pose la question du rôle ambivalent de l'État dans la gestion de ces flux et de leurs incidences sur la formation de nouveaux espaces d'informalité du travail : une tendance internationale lourde.Using a critical analysis of Canadian public policies on immigration and employment, we carry out an international comparative study of the socioeconomic impacts of temporary migrant labour on employment regulation and access to labour social rights. On an infra-national level, this study focuses primarily on local impacts of the main temporary migrant worker programs in Canada, wich are examined and referred to as a “grey zone” of work actually in emergence in Canadian work environments. Those environments have always been marked by a labour relations model issued from the New Deal, clearly in rupture with the growing informality specific to this grey zone. We also analyze the impact of temporary labour migration as a key issue in the international division of labour, highlighting the consequences of erosion in the employment relationship and reduced access to social rights. The conclusion raises the issue of the state's ambivalence in managing migrant inflows and examines implications for the social relationship, given that the phenomenon at issue has heavy local consequences that are as worthy of study as its international scope.
Lecture croisée
Recensions
- Recensions - p. 261-269