Contenu du sommaire : Vers une transformation structurelle en Afrique
Revue | Revue d'économie du développement |
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Numéro | volume 30, no 2, juin 2016 |
Titre du numéro | Vers une transformation structurelle en Afrique |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Introduction. Vers une transformation structurelle en Afrique - Olivier Cadot, Jaime de Melo p. 5-17
- Industrialisation et transformation structurelle : l'Afrique subsaharienne peut-elle se développer sans usines ? - Olivier Cadot, Jaime de Melo, Patrick Plane, Laurent Wagner, Martha Tesfaye Woldemichael p. 19-49 Avec une croissance soutenue, une vague d'investissements directs étrangers sans précédent et un net recul de la pauvreté, le bilan des quinze dernières années est largement positif pour l'Afrique sub-saharienne. Ce regain de croissance, qui s'est accompagné de réformes économiques importantes, de progrès démocratiques et d'une moindre incidence des conflits, demeure cependant fragile. La transformation structurelle, qui historiquement a pris la forme, dans la plupart des pays aujourd'hui développés, d'un transfert de ressources du secteur primaire au secteur secondaire, puis tertiaire, semble, en Afrique, avoir « contourné » le secteur secondaire. En effet, qu'il s'agisse d'emplois ou de valeur ajoutée, le secteur manufacturier ne s'est jamais réellement développé en Afrique subsaharienne. Dans la plupart des pays, la tendance, que la croissance récente ne semble pas avoir inversée, est plutôt à la désindustrialisation. Parmi les facteurs contributifs largement documentés dans la littérature et dans les données, on compte au premier chef les incertitudes de l'environnement des affaires en présence de gouvernance publique défaillante, une relative cherté de la main-d'œuvre par rapport à ses qualifications, le manque d'infrastructures énergétiques et de transport (lié souvent à des problèmes de gouvernance) et le dysfonctionnement des marchés du crédit. Malgré l'amélioration récente du climat des affaires, peu de pays d'Afrique subsaharienne offrent des conditions attractives aux investisseurs du secteur manufacturier par rapport aux localisations alternatives, en particulier en Asie du Sud-Est. L'Afrique subsaharienne peut-elle alors se développer par les services ? Jusqu'à présent, les expériences nationales de développement « sans usines » sont trop rares et idiosyncrasiques pour servir de modèle ; cependant, en présence de progrès technique dans les services et en l'absence d'alternatives manufacturières crédibles, la question reste ouverte.With its sustained growth, the unprecedented wave of foreign direct investment, and the sharp decline in poverty, Sub-Saharan Africa's track record over the past fifteen years has been largely positive. Yet, this rebound in growth, accompanied by democratic progress and a lower incidence of conflicts, remains fragile. Structural change—which in most of today's developed countries has come about through a transfer of resources from the primary to the secondary sector, then to the tertiary sector—appears to have bypassed the secondary sector. In fact, be it in terms of jobs or value added, manufacturing has never really flourished in Sub-Saharan Africa. Rather, the trend in most countries is towards de-industrialization and this does not seem to have been reversed by recent growth. The main contributing factors include business environment uncertainties associated with public governance failures, high labor costs relative to worker qualifications, inadequate energy and transport infrastructure and dysfunctional credit markets. Despite recent improvements in the business climate, few countries in Sub-Saharan Africa offer attractive conditions for manufacturing investment compared to alternative locations, especially those in South East Asia. Can Sub-Saharan Africa pursue its development through its services sector ? To date, cases of countries that have achieved development “without factories” are too scarce and idiosyncratic to serve as a model. However, given the technical progress in services and the lack of plausible alternatives in manufacturing, the question remains open.Codes JEL : F1, J2, L6, O11, O14, O47, O55.
- Pays pauvres, pays bon marché ? Regard comparatif sur le coût de la main-d'œuvre dans le secteur industriel en Afrique - Alan Gelb, Christian Meyer, Vijaya Ramachandran p. 51-92 Cet article compare le coût de la main-d'œuvre et la productivité de plusieurs pays d'Afrique à ceux de pays de comparaison en s'appuyant sur des données de 25 pays passés au crible dans les enquêtes de la Banque mondiale menées auprès des entreprises. La conclusion est que le coût de la main-d'œuvre industrielle en Afrique est largement supérieur à ce que l'on pourrait attendre, compte tenu des niveaux de produit intérieur brut (PIB) par habitant sur le continent. Une partie est attribuable à un « effet d'enclave » : le coût de la main-d'œuvre et la productivité du travail sont nettement plus élevés en Afrique, à la lumière du PIB par habitant, que dans les pays de comparaison. De même la courbe du coût de la main-d'œuvre est plus abrupte ; pour les entreprises plus grandes et plus productives, le coût de la main-d'œuvre augmente davantage en Afrique qu'ailleurs. Pour autant, il subsiste un « effet Afrique » résiduel notable après que ces facteurs taille et productivité aient été pris en compte.L'article conclut qu'il est urgent de réduire les « coûts externes » en misant sur des investissements ciblés (électricité), et d'améliorer plus généralement le climat des affaires. Toutefois, à l'exception de quelques pays comme l'Éthiopie, rien ne dit que le niveau de faible revenu de l'Afrique se traduit automatiquement par un avantage comparatif dans le secteur des produits manufacturés à bas salaires. Il est donc probable que l'avantage comparatif réside surtout dans les secteurs étroitement liés à l'abondance et à la richesse des ressources naturelles des pays, qu'il s'agisse des industries d'approvisionnement ou des industries de transformation.This paper compares labor costs and productivity in selected African countries relative to comparators using data for 25 countries from the World Bank's Enterprise Surveys. It concludes that industrial labor costs are far higher in Africa than one might expect, given levels of Gross Domestic Product (GDP) per capita. Part of this is an “enclave effect”: both labor costs and labor productivity are far higher in Africa, relative to GDP per capita, than in comparator countries. Another part reflects a steeper labor cost curve; as firms are larger and more productive their labor costs increase more in Africa than elsewhere. But there is still a sizeable residual “Africa effect” after controlling for such factors.The authors conclude that there is an urgent need to reduce “external costs,” through focused investments (power) as well as a general improvement in the business climate. However, with the exception of a few countries like Ethiopia, it is not clear that Africa's low-income level automatically translates into a comparative advantage in low-wage basic manufactures. The authors argue that it is more likely to reside in sectors closely linked with the rich and varied natural resource endowments of the countries, whether supplying or processing industries.Codes JEL : D2, L6, O14.
- Taux de change évalués à parité de pouvoir d'achat : quels sont les facteurs déterminants ? - Alan Gelb, Anna Diofasi p. 93-141 Afin de mieux comprendre les grandes variations de niveaux de prix entre les pays, nous présentons ci-après une analyse transversale des niveaux de prix nationaux, au moyen des données relatives à la parité de pouvoir d'achat (PPA) de 168 économies recueillies lors du dernier cycle du Programme de comparaison internationale (PCI) de 2011. La PPA est utilisée à diverses fins, notamment dans la définition du seuil international de pauvreté et dans l'attribution des quotes-parts du FMI. Bien connu, l'effet Balassa-Samuelson n'est pas le seul facteur ayant une incidence sur la PPA, en particulier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Les facteurs structurels et politiques influencent la relation estimée. Les petits États insulaires s'avèrent relativement coûteux si l'on considère leur niveau de revenu, à l'image des pays à faible densité de population. Les pays bénéficiant de grands programmes de subventions – mesurés par les subventions aux carburants – affichent généralement des niveaux de prix plus bas que prévu sur la base du revenu. Il existe une corrélation entre des réglementations du travail plus ouvertes – mesurées par une part accrue des migrants dans la population active – et des niveaux de prix plus bas dans les pays à revenu supérieur. La thèse selon laquelle une mauvaise gouvernance se traduit à la fois par un faible revenu et des prix élevés reçoit un appui modeste. Flux d'aide et balance du compte courant déficitaire vont de pair avec des niveaux de prix plus élevés (dans une moindre mesure pour le second élément), ce qui n'est pas le cas des IDE et des envois de fonds. Nous observons également une forte corrélation entre inégalités et niveaux de prix élevés, ce qui corrobore l'idée selon laquelle le PCI pourrait surpondérer les biens comparables à l'échelle mondiale.Nos résultats confirment la tendance selon laquelle les pays africains sont plus coûteux que les pays à revenu similaire dans d'autres régions du monde. Si nous ne parvenons pas à expliquer pleinement ce phénomène, nous y apportons plusieurs clarifications et nous nous penchons également sur le thème de la faible productivité agricole. Pour terminer, nous confirmons la relation entre des niveaux faibles de prix en PPA et une plus grande compétitivité des produits manufacturés, en particulier dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.In an effort to provide a better understanding of the large variation in price levels between countries, we report on a cross-country analysis of national price levels, using Purchasing Power Parity (PPP) data on 168 economies from the most recent 2011 round of the International Comparison Program (ICP). PPPs are used for many purposes, including to set international poverty lines and allocate IMF quotas. The well-known Balassa-Samuelson income effect is not the only factor affecting PPPs, particularly for low- and middle income countries. Structural and policy factors make a difference. Small island states are relatively costly for their income level as are sparsely populated countries. Countries with large subsidy programs – as measured by fuel subsidies – tend to have lower price levels than predicted on the basis of income. More open labor policies – as measured by a higher share of migrants in the labor force – are associated with lower price levels in higher-income countries. The proposition that very poor governance is associated with both low income and high prices receives some modest support. Aid inflows and a negative current account balance are correlated with higher price levels (the latter less strongly) but FDI and remittances are not. We also observe a strong association between inequality and higher price levels, which provides some support for proposition that the ICP may over-weight globally comparable goods.Our results confirm the tendency for African countries to be more expensive than countries with similar incomes in other parts of the world. We fail to fully explain this phenomenon but offer a number of explanations that together could account for it, including low agricultural productivity. Finally, we confirm the relationship between low PPP price levels and greater competitiveness in manufactures, especially for low and middle-income countries.Codes JEL : E31, O47, R32.
- Les services peuvent-ils devenir un escalator de croissance pour les pays à faible revenu ? - Ejaz Ghani, Stephen D. O'Connell p. 143-173 Plusieurs rapports de haut niveau s'inquiètent de la désindustrialisation prématurée dont semblent souffrir les pays à faible revenu, particulièrement en Afrique. Les derniers venus sur la voie du développement ont-ils manqué le bateau ? Leur croissance se fait-elle en l'absence de toute transformation structurelle ? Pas vraiment. Malgré la stagnation de leur secteur manufacturier, ces pays bénéficient de la Troisième révolution industrielle qui leur a permis de rattraper leur retard plus rapidement. Avec l'amplification mondiale de la production et de la commercialisation de services, fruit des progrès technologiques et de la mondialisation, les pays à faible revenu ont la possibilité de se développer plus rapidement grâce à l'amélioration de leur avantage comparatif. Cet avantage comparatif peut aussi bien concerner les services que le secteur manufacturier. Les escalators de croissance auxquels font face les lions africains pourraient simplement s'avérer différents de ceux qu'ont utilisés les tigres asiatiques.Several high-level reports have raised the concern that low-income countries, especially in Africa, are experiencing premature de-industrialization. Have the latecomers to development missed the boat? Are they growing without any structural transformation? Not really. Although their manufacturing sector is not growing, they are benefitting from the Third Industrial Revolution which has enabled them to catch up faster. As services produced and traded across the world expand with advances in technology and globalization, the possibilities for low-income countries to grow faster based on their comparative advantage increases. That comparative advantage can just as easily be in services as in manufacturing. Growth escalators faced by the Lions in Africa may turn out to be different than that experienced by the East Asian Tigers.Codes JEL : 014, 024, 040, 047, 055, 024.