Contenu du sommaire : Comptes rendus

Revue Etudes rurales Mir@bel
Numéro no 199, 2017/1
Titre du numéro Comptes rendus
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Introduction - Édouard Lynch p. 9-14 accès libre
  • Le film ethnographique comme archives : L'œuvre de Jean-Dominique Lajoux - Gilles Laferté p. 15-32 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article analyse le recours à l'image animée comme pratique de recherche en interrogeant l'itinéraire social et professionnel de Jean-Dominique Lajoux, cinéaste au musée des Arts et Traditions populaires, l'une des figures marquantes du cinéma ethnographique des années 1970-1980. En repositionnant la division du travail scientifique et le modèle de l'ethnographie dans cette institution, il s'agit de comprendre, par un retour sur les objets filmés, sur les dispositifs mis en place, ce cinéma dont l'objectif a été la production d'archives filmées des sociétés paysannes en voie de disparition. La production de ces images est alors d'autant plus intéressante qu'elle se positionne à contre-pied de la pratique documentaire ethnographique contemporaine produisant de ce fait une esthétique singulière et épurée.
    This article analyses the use of moving images as a research approach by examining the social life and career of Jean-Dominique Lajoux, a filmmaker at the Musée des Arts et Traditions populaires (Museum of Popular Arts and Traditions) and a monumental figure in French ethnographic film in the 1970s and 1980s. By repositioning the division of scientific work and the model of ethnography in this institution, we examine the objects filmed and the approaches taken to interpret this type of film whose goal was to create filmed archives of farming societies that were in the process of disappearing. The production of such images is particularly interesting given that the approach was counter to contemporary documentary and ethnographic practices, and thus produced a unique and refined aesthetic.
  • La caméra, auxiliaire de l'historien : Archives et récits d'une conseillère agricole - Sylvain Brunier p. 33-52 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    La pratique du cinéma documentaire constitue une opportunité pour l'historien de réfléchir et d'enrichir l'ensemble des opérations qui définissent son métier : la critique documentaire, la construction explicative, et la représentation du passé. Le fait de se confronter aux pratiques du cinéma documentaire permet de découvrir et de constituer de nouvelles sources, de mieux comprendre les situations observées et de mettre en regard différents modes d'écriture. Pour développer et articuler ces trois dimensions, je reviens sur mon expérience de réalisation d'un film documentaire, intitulé Le nom des fleurs, au cours de mes années de doctorat d'histoire. La rencontre d'une conseillère agricole qui a animé plusieurs groupes de vulgarisation féminine durant près de trois décennies m'a donné l'opportunité de réfléchir à la réalisation d'un film documentaire sur son parcours professionnel. Le film cherche ainsi à articuler la singularité de l'itinéraire de la conseillère agricole et l'histoire des femmes dans le monde agricole.
    Documentary filmmaking offers an opportunity for historians to reflect and contribute to all the operations that define their profession: documentary critique, explanatory construction and representation of the past. Examining the practices of documentary filmmaking make it possible to discover and compile new sources, to better understand the situations observed, and to compare different types of writing. To develop and connect these three aspects, I review my experience making a documentary film entitled Le nom des fleurs (“The name of flowers”) during my years as a doctoral candidate in history. Meeting an agricultural agent who spent nearly three decades leading numerous female extension groups gave me an opportunity to reflect on the production of a documentary film on her professional life. The film seeks to place the unique career of one agricultural agent in the context of the history of women in agriculture.
  • Filmer le travail agricole à l'heure des circuits courts - Béatrice Maurines p. 53-70 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    L'article porte sur le développement des circuits courts alimentaires en France et sur les acteurs porteurs de ce changement de politique agricole en s'appuyant sur la réalisation d'un film de recherche Circuits courts alimentaires : gouverner et innover dans les territoires. Si le documentaire de recherche pose son regard sur une diversité de personnes œuvrant dans les circuits courts et leurs manières de les gouverner sur différents territoires, l'article interroge les connaissances acquises par le processus filmique. Il montre à partir d'un dispositif cinématographique les transformations du travail agricole non exclusivement centré sur l'exploitation mais en suivant le processus de « production-transformation-circulation » des produits. Ce processus met au jour l'ensemble des acteurs qui interviennent dans les étapes de ce triptyque et la posture particulière du chercheur travaillant avec différentes communautés d'action, transformant ainsi son savoir et ses manières d'aborder la réalité.
    This article addresses the development of local food channels in France and the actors driving this change in agricultural policy based on the making of the research film Circuits courts alimentaires: gouverner et innover dans les territoires (“Local Food Channels: governing and innovating in territories”). While the research documentary focuses on an array of people involved in local food channels and how they govern such channels in different territories, the article examines the knowledge gained through the filming process. It uses a cinematographic approach to showcase the changes that have occurred in agricultural work not only focused on farming, but also by following the entire “production-transformation-distribution” process. This process points up the full set of actors involved in the different stages of the triptych and the unique stance of researchers working on different action communities, thus transforming their knowledge and ways of addressing the present.
  • Gros plan sur les mutations agricoles : Les apports du film anthropologique - Nadine Michau p. 71-90 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article interroge les principales interactions entre un film documentaire et son milieu d'enquête : ici, l'évolution des pratiques agricoles (grandes cultures) en région Centre-Val de Loire. Profession en pleine mutation, confrontée à de nouvelles injonctions et techniques, l'agriculteur aujourd'hui tente d'adhérer au modèle qui lui convient, ajusté aux multiples paramètres de sa situation individuelle. L'article revient sur ces mutations mais cherche surtout à interroger la dimension heuristique de l'image, utilisée ici comme moyen privilégié de faire apparaître la complexité des enjeux. L'usage systématique de l'entretien filmé mais aussi le tournage en situation, dans les champs ou les réunions de travail, non seulement enregistrent ces fragilités mais dans certains cas les formalisent et en permettent une visibilité que l'enquête sociologique classique ne saurait atteindre. La réception de Quel chemin on emprunte ? par les instances concernées permet, en outre, de s'interroger sur le caractère créateur et finalement agissant du film anthropologique. En effet, il a engendré des réactions et des découvertes dans le milieu dont il témoigne.
    This article examines the main interactions between a documentary film and its area of study: here, the evolution of agricultural practices (largescale farming) in France's Centre-Val de Loire region. In a profession that is changing radically and must contend with new demands and techniques, today's farmers need to find the model that best suits them and aligns with the multiple parameters of their personal situation. The article discusses these changes but strives above all to examine the heuristic dimension of filmed images, used here as a special means to highlight the complexity of the issues at hand. The systematic use of filmed interviews, as well as in-situ filming – in fields or at work meetings –not only records these weaknesses, but also in some cases formalizes them and offers a visibility that classic sociological research cannot. The way the film "Quel chemin on emprunte?" (“Which path to take?”) was received by concerned parties offers insight into the creative and ultimately active nature of anthropological film. The film indeed spurred reactions and discoveries in the sector it portrays.
  • Filmer l'utopie ? : Retour sur Allers-retours à la terre - Éric Wittersheim p. 91-110 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Cet article revient sur la réalisation, il y a vingt ans, d'un documentaire consacré à plusieurs familles de néo-ruraux installées dans la Creuse. Allers-Retours à la terre est un film qui traite de la transmission, à travers les trajectoires sociales des enfants de ces néo-ruraux qui accédaient alors à l'âge adulte. Vingt ans après, l'évolution du regard sur le legs idéologique des utopies inspirées par Mai-68, ainsi que l'évolution de mon propre regard de chercheur, m'invitent à réexaminer ce film et l'enquête qui l'a nourri, guidé par les propositions stimulantes du concept de « revisite ethno graphique ».
    This article addresses the production of a documentary film twenty years ago that focused on several families in the Creuse department who had embraced counterurbanization. Back and Forth to the Land is a film about intergenerational transmission. It follows the social life of children born to people who had moved from the city to the countryside as they enter adulthood. Twenty years later, changes in the way we view the ideological legacy of the utopias inspired by May 1968, as well as the evolution of my own perspective as a researcher, encouraged me to re-examine this film and the investigation behind it, driven by the stimulating possibilities found in the concept of an “ethnographic revisit”.
  • L'Azegado : les raisons d'un engagement : Entretien avec Guy Chapouillié par Edouard Lynch - Édouard Lynch p. 111-128 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
    Depuis le début des années 1970, Guy Chapouillié filme le monde rural et ses transformations, au plus près de ses acteurs. Dans cet entretien, il revient sur la genèse et la réalisation de son dernier long-métrage, L'Azegado, qui interroge le rapport au travail et à la terre d'un couple d'éleveurs dans l'Aubrac. On découvre le corpus de représentations du cinéaste, ses influences artistiques, notamment Jean-François Millet, et la sensibilité qu'il mobilise dans sa propre écriture. On suit pas à pas la recherche du détail, de la lumière, du geste, du dialogue dont la prise fera sens. G. Chapouillié dévoile ses façons de faire, de procéder et le regard qu'il pose avec son équipe sur la condition paysanne. Cet entretien éclaire aussi sur les particularités de l'écriture cinématographique, depuis les premières scènes jusqu'au montage, où l'intuition et les liens aux hommes et aux lieux s'avèrent déterminants.
    Guy Chapouillié has filmed the rural world and its transformation since the early 1970s, right alongside its actors. In this interview, he discusses the genesis and making of his most recent full-length film, L'Azegado, which examines the relationship that a cattle farming couple in the Aubrac region have with their work and the land. We discover the filmmaker's corpus of representations, his artistic influences – notably Jean-François Millet – and the sensitivity that he puts into his own writing. We closely follow the search for the perfect detail, lighting, movement and dialogue in each shot. G. Chapouillié reveals his approach, how he works and the portrayal of farming life found in his work and that of his team. This interview also sheds light on the specificities of writing for film, from the first scenes to the final editing, where intuition and connections to people and places are important elements.
  • Formaliser ou sécuriser les droits locaux sur la terre ? : Leçons de l'expérience dans la vallée du Sénégal - Patrick d'Aquino, Seydou Camara, Sidy mohamed Seck p. 129-148 avec résumé avec résumé en anglais
    La notion de droits fonciers recouvre des réalités bien différentes selon l'interlocuteur et le contexte, en particulier dans les situations au Sud marquées par une appréhension du foncier bien différente des conceptions occidentales. Cet article montre qu'il ne peut y avoir de traduction objective de ces droits et que, selon la facette (anthropologique, économique et environnementale) que l'on privilégie, la nature des droits qui seront reconnus diffèrera. La démonstration s'appuie sur les mécanismes de formalisation de droits mis en œuvre dans la partie sénégalaise de la vallée du Sénégal durant les deux dernières décennies. Elle y argumente que l'option pour la reconnaissance des formes locales de régulation (cf. la facette anthropologique) plutôt que des droits conduit à envisager de nouvelles formes de gouvernance des ressources naturelles qui ne soit pas basée sur une relation personnalisée d'appropriation, mais plutôt sur une responsabilisation accrue de la société sur la préservation à long terme de son environnement.


    ‪The notion of land rights means very different things depending on who is speaking and the context, particularly in situations in the Global South where the under standing of land can be very different than in the West. This article shows that an objective translation of these rights is not possible and that, depending on the chosen angle of approach (anthropological, economic or environmental), the nature of such rights is recognized differently. The example presented is based on the tools implemented to formalize land rights over the last two decades in the Senegalese part of the Senegal Valley. It argues that opting to recognize local forms of regulation (i.e., an anthropological approach) rather than rights leads to envisaging new types of governance for natural resources that are not based on a personalized relationship of appropriation but rather on raising awareness within society regarding the long-term protection of the environment.‪

  • Fabienne Wateau, On ne badine pas avec le progrès. Barrage et village déplacé au Portugal. - Anne Both p. 151-152 accès libre
  • Gérard Faÿ, Collectivités, territoires, et mal-développement dans les campagnes marocaines - Béatrice Lecestre-Rollier p. 153-156 accès libre
  • Éric de Mari et Dominique Taurisson-Mouret (dir.), L'empire de la propriété. L'impact environnemental de la norme en milieu contraint III. Exemples de droit colonial et analogies contemporaines - Marie-Claude Maurel p. 157-159 accès libre
  • Philip Roche, Ilse Geijzendorffer, Harold Levrel et Virginie Maris, Valeurs de la bio-diversité et services écosystémiques. Perspectives interdisciplinaires - Rémy Petitimbert p. 160-163 accès libre
  • Agnès Roche, Des vies des pauvres, Les classes populaires dans le monde rural - Bruno Villalba p. 165-166 accès libre