Contenu du sommaire : Les loisirs et la ville : espaces, institutions, pratiques
Revue | Histoire urbaine |
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Numéro | no 1, juin 2000 |
Titre du numéro | Les loisirs et la ville : espaces, institutions, pratiques |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Éditorial - p. 5-6
Dossier
- « Les charmes de l'égalité », éléments pour une urbanistique des loisirs publics à Paris de Louis XV à Louis-Philippe - Gilles-Antoine Langlois p. 7-24 L'histoire des loisirs pré-révolutionnaires trace une géographie originale de Paris, où le quartier périphérique des boulevards du nord connaît une faveur extraordinaire. En effet, dès le règne de Louis XV, la couronne des boulevards, lieux symboles des divertissements et des fêtes, incite à une nouvelle contiguïté des classes sociales, qui se remarque notamment dans les «vauxhalls ». Cette nouvelle urbanité s'exprime plus librement encore dans les jardins spectacles publics du nord de Paris, sous le Directoire. Au début du XIXe siècle, la première vague des «tivolis » parisiens est déjà en train de refluer. Un nouveau genre de jardin public va se développer à la Restauration, axé sur de nouvelles attractions, au premier rang desquelles les spectaculaires «montagnes russes». La naissance de ces parcs d'attractions, sans doute la première mode qui se soit étendue à toutes les couches de la société, aura fait évoluer les pratiques sociales des Parisiens; elle a aussi fortement contribué à engendrer l'urbanisation des quartiers nord de la capitale.« The charms of equality», elements in an urbanistic history of public leisure in Paris, from Louis XV to Louis-Philippe The history of the original geography of Pre-Revolution leisure activities in Paris was inscribed in the extraordinarily popular peripheral area of the «grands boulevards ». Beginning in the reign of Louis XV, the ring of boulevards, symbolic places of pleasure and festivities, let to a new comingling of the social classes, especially seen in vauxhalls. The expression of this new urbanity was even freer in the public gardens-events (« jardin-spectacles ») in the north of the city, during the Directory. But by the beginning of the XIXth century, the initial success of parisian «tivolis » was waning. Under the Restoration, a new type of public garden developed around new amusements, the spectacular early switchback taking pride of place. The birth of such gardens-events, possibly the first fashion to spread to all classes, had a profound impact on the social relationships of parisians; it was also a strong force in urbanizing the northern quarters of the capital.
- Les jardins urbains du Proche-Orient antique - Marie-Françoise Besnier p. 25-45 Cet article se propose de dégager les traits caractéristiques des jardins urbains du Proche-Orient antique. Bien que les jardins ne soient pas systématiquement intégrés au tissu urbain, ils apparaissent, dès les époques les plus reculées, comme une composante essentielle de l'urbanisme et contribuent à forger l'identité d'une ville. Quelques textes montrent que les jardins étaient ressentis comme des espaces privilégiés de loisir, pour les dieux comme pour les hommes. Cette présentation se place dans une perspective évolutive, afin de souligner les modifications du concept de jardin urbain à travers les âges, du Dynastique Archaïque III aux règnes des souverains néo-assyriens. À la fin de cette étude, on mettra l'accent sur les réalisations de Sennachérib autour de Ninive. En raison de l'abondance des sources, les jardins de la capitale assyrienne sont les jardins urbains les mieux connus de la période. Surtout, Sennachérib a apporté des innovations au concept, en les intégrant dans un vaste programme urbanistique.Urban Gardens of the Ancient Near East The object of this paper is to propose an outline of some distinctive features of the Ancient Near East's urban gardens. Although they were not always located inside the town, gardens seem to have been essential in the town planning, dating back to very old times, and they often characterized a city, even if the inhabitants were not always aware of this. According to some texts, gardens were often considered as favourite places of leisure. Gods as well as human beings enjoyed going there, either to have a walk or just a rest. Besides, as we intend to show the changes of the concept through the ages, we tackle this subject in a chronological order, from the Third Early Dynastic period to the Assyrian ones. We'll give more details about the gardens of Niniveh, the capital town of the Assyrian empire in the reign of Sennacherib, as they are the most well known urban gardens, thanks to an abundant documentation. Above all, Sennacherib largely contributed to alter and innovate the concept of the urban gardens by integrating them in a vast town planning scheme.
- Le jeu dans les villes de l'Italie médiévale - Alessandra Rizzi p. 47-64 L'article examine les dispositions ambivalentes prises par les autorités citadines à l'égard des jeux dans l'Italie communale pendant les derniers siècles du Moyen Âge. Conformément aux positions morales et religieuses du temps, les gouvernements ont tenté de réprimer les jeux de hasard, tout en atténuant parfois les interdictions générales quand ils n'ont pas défini un cadre légal pour les activités ludiques. À partir du XIIIe siècle, les autorités ont promu un jeu militaire à l'origine, le palio, en tant que manifestation symbolique de la mémoire de la cité.Game in Medieval Italian Cities The paper considers ambivalent arrangements maked by civic authorities for games in communal Italy at the end of the Middle Ages. According to moral and religious background of the period, governments tried to repress gambling, but mitigated often general prohibition or defined a legal frame for games. By the XIIIth century, authorities promoted the palio, originally a military game, as symbolic display for the civic memory.
- Jouer dans les villes de province en France au XVIIIe siècle - René Favier p. 65-85 Si des travaux récents ont permis de faire le point sur la pratique du jeu à Paris sous l'Ancien Régime et plus particulièrement au XVIIIe siècle, notre connaissance reste beaucoupplus lacunaire sur lesvilles de province. Cet articletente un premier bilan à partir de quelques études, souvent seulement multigraphiées, disponibles. Tout atteste que l'engouement pour le jeu était largement aussi commun en province que dans la capitale du royaume. Celui-la prenait ses racines dans nombre de pratiques populaires anciennes relayées au XVIIIe siècle par la diffusion des modes parisiennes comme par la sédentarisation des troupes. Mais il convient de dépasser ce premier bilan pour analyser véritablement la diversité des pratiques en fonction des types de villes et l'attitude souvent contrastée des autorités locales face à une activité unanimement décriée par les moralistes.Gambling in provincial towns in France in the 18th century If recent works have allowed to take stock of the practise of gambling in Paris during the Ancient Regime and especially during the 18th century, our knowledge remains a lot more incomplete concerning provincial towns. This article attempts to make a first assessment of this issue from a few available studies which are often only typed. Everything shows that the infatuation for gambling was largely as common in the provinces as in the kingdom's capital city. Gambling took its roots in a number of old popular practises awakened in the 18th century by the spreading of Parisian fashions as well as by the settlement of troops. But we ought to go beyond this first assessment to truly analyse the diversity of these practises according to different types of towns and to the often diverse attitude of local authorities in the face of an activity unanimously disparaged by moralists.
- Les pratiques de divertissement à Laval au XVIIIe siècle - Frédérique Pitou p. 87-104 À partir de deux types de sources, les chroniques urbaines et les archives de justice, cet article propose un inventaire des pratiques de divertissement rencontrées à Laval au XVIIIe siècle, en considérant la diversité de leurs usages sociaux. Dans une ville moyenne où les spectacles sont rares, le temps libre est tout d'abord utilisé à se détendre (ne rien faire et regarder le spectacle de la rue, discuter entre voisins, se promener), puis à s'amuser, dans des soirées familiales ou amicales où les différents milieux ont le même type de distractions: on soupe, on joue du violon, on danse... Les cabarets attirent une clientèle populaire ou d'artisans alors que les sociétés d'amis, qui se multiplient à partir du milieu du siècle, affirmant l'utilité sociale de la conversation, de la lecture... mais aussi de l'exercice physique, et prônant un idéal de modération, tant dans les jeux que dans les échanges, sont à la base de la sociabilité bourgeoise. Au contraire des divertissements spontanés, les fêtes organisées peuvent avoir une vertu pédagogique ou civique: les autorités donnent dans certaines occasions (la politique internationale, des événements liés à la famille royale ou au seigneur) des fêtes spectacles. Quelles que soient les circonstances, pour les autorités de police le divertissement populaire présente toujours un risque; les excès traditionnels des jeunes gens en particulier, liés à la boisson et aux violences, mettent en danger l'ordre public, et on reproche souvent au peuple de sortir de la place qui lui est impartie.Practices of entertainment in Laval in 18th century From two types of sources, urban chronicles and records of justice, this article proposes an inventory of the practices of entertainment in Laval during the 18th century. Spare time is first used to relax (to make nothing and to look at the spectacle of the street, to discuss between neighbours and to walk), then to have fun with family or friends; the different classes have the same type of distractions: dinner, violin, dances... The cabarets attract popular customers or craftsmen while friend's clubs state social utility of conversation and reading... but also of physical exercise, and they preach an ideal of moderation, as well in the plays as in the talks. In opposition to spontaneous entertainment, the organised festivities may have civic purpose: in some opportunities, authorities arrange feasts (for example: events linked to royal family). For police authorities, the popular entertainment always presents a risk: traditional excesses of young people, drink and violence, threaten law and order.
- Du tripot au Wauxhall : jeux et loisirs dans le port de Bordeaux au temps des Lumières - Michel Figeac p. 105-121 Les villes portuaires étaient un lieu privilégié pour les loisirs au XVIIIe siècle. Dans une cité en plein essor comme Bordeaux, l'appétit de jouissance transformait la gestion des distractions en un enjeu pour les pouvoirs comme pour les entrepreneurs de loisirs. Parallèlement à la multiplication des tripots, cabarets et autres maisons de jeux, on découvre une multitude de grands projets. L'heure était aux jardins, au Wauxhall, véritable parc de loisirs au XVIIIe siècle. Les élites qui souhaitaient policer la ville des Lumières, avaient en partie gagné.Games and leisures in 18th century Bordeaux Leisures were a prominent feature of the social life in 18th century seaports. Bordeaux was a thriving city, rife with the quest for pleasure, and the purveyance and control of recreational activities was of the highest importance for local authorities and leisure entrepreneurs alike. If cabarets and betting and drinking places could be found in abundance, there was also a wealth of grandiose projects: these were the days of public gardens or Wauxhalls – the true leisure parks of the 18th century. The policing of the Enlightened city, sought after by the local elites for so long, had been achieved, even if only partially.
- Les pratiques du thermalisme dans les villes de l'Italie romaine - Marie Guérin-Beauvois p. 123-144 Les pratiques du thermalisme dans les villes de l'Italie romaine aux deux premiers siècles de notre ère sont multiples: médicales au sein de la cure, il s'agit de « prendre les eaux»; distrayantes après l'usage des eaux minérales mais sur prescription médicale aussi, elles sont alors plus sportives et se situent à la marge du remède et du loisir; studieuses enfin, après la cure, pour occuper le temps qui n'est pas dévolu aux soins du corps. Les édifices thermaux curatifs, différents des thermes ordinaires, s'adaptent à ces pratiques et répondent à une fréquentation nombreuse. Car le thermalisme est un phénomène collectif qui recrée une société particulière dans ce monde clos centré sur le salut du corps et le repos de l'esprit : la « station thermale». Son statut administratif, sa fréquentation variée en font un lieu de villégiature unique, véritable centre de loisir.Thermal practices in the Roman cities in Italy Thermal practices in the Roman cities of the beginning Roman Empire are made on different ways : medecine in using mineral waters of thermal springs; sport activities on the doctor's prescription, on the fringe of medical treatment and leisure; study after using waters, in order to spare the time which is not occupied by the body-cures. Thermal baths are different from the ordinary baths, they fit their structures to these practices and also to welcoming a large public. Because ‘‘thermalism'' presupposes the community, it creates a special society in a small world that lives for body health and mind rest : the spa. The spa is an exceptionnal resort place, with a special administrative status and many different people who go in : it is a real leisure center.
- Des piscines et des villes : genèse et développement d'un équipement de loisir - Antoine Le Bas p. 145-162 L'invention de la piscine comme équipement urbain résulte, d'abord, d'une clarification d'une pratique de loisir – la baignade – dont le XIXe siècle développe la double dimension hygiénique (bain et douche) et sportive (natation). C'est le milieu éducatif qui, dès les années 1870-1880 crée les premiers bassins de natation excavés et découverts. Durant la décennie suivante, l'expansion du commerce des loisirs multiplie les bassins chauffés et couverts qu'une implantation urbaine assure d'une clientèle régulière et d'un chauffage économique d'origine industrielle. Au lendemain de l'armistice, la reconnaissance du sport moderne favorise l'évolution du type architectural (avec cuves de béton et circuit hygiénique). La piscine apparaît alors, parfois, comme l'élément d'organisation spatiale d'ensembles urbains, fruits du mariage fécond d'un hygiénisme édilitaire et d'architectures urbaines. Au-delà des variations formelles qu'autorise ce nouveau matériau, l'esthétique des piscines des années trente bénéficie des progrès des produits céramiques qui imposent leur effet décoratif et leur utilité (en matière d'hygiène et d'étanchéité). Tout un ensemble décoratif (céramique, vitrail, métaux chromés) contribue à exprimer, à travers l'architecture des piscines, un art de vivre moderne emprunt d'urbanité sportive.Swimming pools and cities A new urban facility, the public swimming bath, appeared when a leisure activity – bathing – became codified. In the nineteenth century it took on its dual function, providing hygiene (baths and showers) and an opportunity for sport (swimming). As early as the 1870s and 1880s educationalists created the first hollowed-out open-air swimming pools. During the following decade the expansion of the leisure business multiplied the number of heated indoor pools, which benefited from regular customers and economical industrial heating thanks to urbanization. After World War One modern sport occupied an acknowledged position, thus encouraging an evolution in the specific design of swimming baths (with concrete pools and hygienic routes for bathers). The swimming baths sometimes appeared as an element of spatial organisation of buildings in the city; the result of a fruitful accord between town councillors' concerns with hygienics and the needs of urban architecture. In addition to the stylistic variations which this new material made possible, the design of swimming baths in the 1930s benefited from innovations in ceramic products. The latter became a prime aesthetic feature due to their decorative impact and their pratical value (hygienic and waterproof). All the elements of decoration (ceramics, stained glass and chromium) combined to express a modern art of living graced by the courtesies of sport, through the architectural design of the public swimming baths.
- « Les charmes de l'égalité », éléments pour une urbanistique des loisirs publics à Paris de Louis XV à Louis-Philippe - Gilles-Antoine Langlois p. 7-24
Quartier libre
- Temps des loisirs, espaces de la ville - Alain Corbin p. 163-168
- Ildefonso Cerdá. : Connaissance et reconnaissance d'un urbaniste - Laurent Coudroy de Lille p. 169-185
Étude
- De la naissance à la mort d'une ville : Philippes en Macédoine (IVe siècle av. J.-C.-VIIe siècle ap. J.-C.) - Michel Sève p. 187-204 Fondée en 357-356 avant J.-C., Philippes est surtout connue par l'archéologie. Les partis adoptés alors ont défini sa forme pour toute son existence: tracé du rempart, emplacement de la forteresse sur l'acropole et du théâtre, rapport avec la route royale qui la traversait, organisation de la trame urbaine. Le meilleur moment dans sa vie est celui de la colonie romaine, fondée en 42 av. J.-C. pour installer sur place des soldats licenciés, mais sa parure monumentale n'est connue que pour le règne de Marc-Aurèle. L'époque paléochrétienne y voit une floraison d'églises. Un séisme lui porte un coup fatal vers 620 ap. J.-C. : incapable de se relever de ses ruines, Philippes devient un village où l'occupation humaine se poursuit pendant quelques siècles; mais au XVIe siècle, l'endroit est déjà désert. Ville paléochrétienne en état d'abandon, Philippes est un exemple des problèmes de l'archéologie urbaine.From the birth of a city to its death: Philippi in Macedonia (4th c. B.C.-A.
D. 7th c.) Founded in 357-356 B.C., Philippi is known mainly through archeology. The decisions made at the time defined its shape for the whole of its existence: layout of the city walls, location of the fortress on the acropolis or of the theatre, relation to the royal road running across it, organization of the urban network. It knew its best moments at the time of the Roman colony, founded in 42 B.C. for the settlement of discharged soldiers, but its monumental embellishments are known for the reign of Marcus Aurelius only. A (great) number of churches were built there during the early Christian period. The city was fatally affected by an earthquake towards A.D. 620 : unable to rise from its ruins, Philippi became a village where human occupation went on for several centuries; but in the 16 th c., the place was already deserted. An early Christian city in a derelict state, Philippi offers an example of the problems met by urban archeology.
- De la naissance à la mort d'une ville : Philippes en Macédoine (IVe siècle av. J.-C.-VIIe siècle ap. J.-C.) - Michel Sève p. 187-204
Lectures
- A. Hermary, A. Hesnard, H. Tréziny (dir.), Marseille grecque, la cité phocéenne (600-49 av. J.-C.). Paris, Collection Hauts Lieux de l'histoire, 1999. A. Hesnard, M. Moliner, F. Conche, M. Bouiron, Catalogue de l'exposition Parcours de Ville. Marseille : 10 ans d'archéologie, 2600 ans d'histoire, Musée de la Vieille Charité, novembre 1999-janvier 2000. - Xavier Lafon p. 205-207
- Miguel Rodriguez Llopis, Isabel Garcia Diaz, Iglesia y sociedad feudal. El cabildo de la catedral de Murcia en la baja Edad Media, Universidad de Murcia, 1994, 182 p. - Denis Menjot p. 207-209
- Maria Isabel del Val Valdivieso (coord.), El agua en las ciudades castellanas durante la Edad Media. Fuentes para su estudio, Universidad de Valladolid, Estudios de Historia Medieval, 1998,284 p. - Denis Menjot p. 209-211
- Rosemary Sweet, The English Town, 1680-1840. Governement, Society and Culture, New York, Longman, 1999,287 p. - François-Joseph Ruggiu p. 211-213
- Jorge P. Santiago, La musique et la ville. Sociabilité et identités urbaines à Campos, Brésil, Paris, L'Harmattan, Musique et champs social, 1999,286 p. - Jean-Pierre Blay p. 213-215
- « Le XXe siècle : de la ville à l'urbain. Chronique urbanistique et architecturale de 1900 à 1999 », Urbanisme, no 309, nov. déc. 1999. - Laurent Coudroy de Lille p. 215-216