Contenu du sommaire : Animaux dans la ville 1
Revue | Histoire urbaine |
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Numéro | no 44, décembre 2015 |
Titre du numéro | Animaux dans la ville 1 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Dossier
- Pour une ville vivante ? Les animaux dans la fabrique de la ville, histoire d'une requalification partagée - Jean Estebanez p. 5-20
- Des chevaux et des mousquetaires dans le Paris des XVIIe et XVIIIe siècles - Julien Wilmart p. 21-40 La thématique du cheval militaire en ville peut s'appréhender à partir de la seule troupe de cavalerie casernée dans Paris sous l'Ancien Régime, les deux compagnies de Mousquetaires de la Maison du roi. Dans le cadre de cette étude, ce corps nous permet ainsi de présenter tant l'utilisation du cheval que les différentes infrastructures urbaines qu'il fut nécessaire de construire et d'aménager pour lui. Il est possible d'envisager trois aspects afin de dégager la place et l'image du cheval militaire dans Paris aux XVIIe et XVIIIe siècles : les infrastructures liées à son logement, l'encadrement quotidien des chevaux au sein de leurs casernes parisiennes et l'utilisation extraordinaire des Mousquetaires à cheval en tant que représentants du roi. L'installation et le logement des chevaux des Mousquetaires apparaissaient en effet comme une source de réflexions à l'origine du développement du casernement des troupes de cavalerie.The theme of the military horse can be explored by studying the only cavalry troops barracking in Paris during the Ancien Régime, the two companies of Mousquetaires de la Maison militaire du roi (the King's Musketeers). In this paper, this corps allows us to introduce both the use of horses and the various urban facilities designed and built for horses. We can consider three aspects to understand the role of the military horse in Paris during the seventeenth and eighteenth centuries: stables and other facilities for housing horses, daily supervision of horses in the Paris barracks, and special employment of the Musketeers on horseback as the king's delegates. Indeed, the installation and accommodation of the Musketeers' horses can be considered an important step for the development of the cavalry troops quartering in barracks.
- La question de la ferrure des chevaux de travail : Paris au XVIIIe et XIXe siècles - Christophe Degueurce p. 41-60 Les revêtements artificiels des rues du Paris des XVIIIe et XIXe siècles, qu'ils soient faits de pavés de granit, de bois ou d'asphalte, ont posé le problème de l'adhérence du sabot des chevaux à ces matériaux glissants. C'est dans la seconde moitié du XVIIIe siècle que les maréchaux puis les vétérinaires s'emparèrent d'une question qui allait être au centre de leurs préoccupations durant tout le siècle suivant. Les Lafosse, hippiatres, puis Charlier, vétérinaire, allaient tenter d'imposer le recours à des ferrures incrustées dans le sabot et autorisant le contact direct de la corne avec le terrain. Si les polémiques furent terribles, cette solution connut un grand succès, et fut posée massivement sous les pieds des chevaux d'omnibus parisiens, jusqu'à ce que le développement des aciers et de la forge mécanique ne conduise à lui substituer une variante, une ferrure étroite qui accompagna ces chevaux de labeur jusqu'à la fin de cette cavalerie parisienne.Paving of the streets of Paris in the eighteenth and nineteenth centuries, whether using granite paving stones, wood or asphalt, caused a problem with horses' shoes not adhering to these slippery materials. In the second half of the eighteenth century, farriers then veterinarians took up this question that would be the focus of their attention for the following century. Lafosse father and son, horse-doctors, then Charlier, a veterinarian, would attempt to impose the use of horses-hoes embedded in the hoof, thus allowing direct contact of hoof and ground. While this solution sparked a fierce debate, it saw great success, and was used on the hooves of the horses of Paris omnibuses to a massive extent until the development of new kinds of steel and the mechanical forge led to a new variant: a narrow horseshoe. The latter was used on working horses until the end of horse-drawn omnibuses in Paris.
- Quand les « vaches » des villes de la Belle Époque n'étaient pas encore des « poulets » : Animaux et forces de l'ordre à la fin du XIXe siècle - Laurent López p. 61-79 Les villes françaises de la fin du XIXe siècle gardent une empreinte rurale encore fortement marquée, y compris à Paris, notamment par la présence d'animaux multiples et divers, peu ou prou domestiqués, qui les peuplent. La force publique, essentiellement représentée par les gendarmes et les policiers municipaux dans les villes, n'a pas seulement à assurer l'ordre urbain parmi les hommes mais aussi au sein des bêtes, vivantes ou mortes. Si, les loups n'entrent plus dans les villes de la Belle Époque, les animaux domestiques représentent une des formes des menaces urbaines. Mais, ceux-ci, plutôt que des perturbateurs de l'ordre urbain, peuvent également être au service du maintien de l'ordre, comme les chiens et les chevaux. La place de l'animal dans cette force de l'ordre renseigne sur les transformations professionnelles de l'Arme et reflète les évolutions de l'époque, alors que les quatre et surtout deux roues supplantent progressivement la force animale.In the late nineteenth century, French cities still showed a strong rural influence, even in Paris, notably with the presence of the many animals of different species, more or less domesticated, that inhabited cities. The forces of order – mainly gendarmes and city police forces – not only had to maintain order among the human population, but also among the animal population (living or dead). Although wolves no longer entered cities in the Belle Époque, domesticated animals represented one form of urban threat. However, these animals – rather than disrupting order in the city – could also be used to help maintain order, as in the case of dogs and horses. Animals' role in this force of order provides a lesson about the professional transformations of the Arm, and reflects changes in the period when four-wheeled and especially two-wheeled vehicles gradually replaced animals.
- Le chemin des bœufs : L'approvisionnement en bœufs des villes romaines du nord de la Gaule durant l'Antiquité tardive, l'exemple du Vieil-Évreux (Eure) - Alice Bourgois, Sandrine Bertaudière, Laurent Guyard, Sébastien Lepetz p. 81-105 L'agglomération antique de Vieil-Évreux, dans l'Eure, a fait l'objet de nombreuses campagnes de fouilles programmées au cours de ces vingt dernières années. La reprise de l'étude archéozoologique en 2014 permet aujourd'hui de proposer un nouveau regard sur la place de l'animal dans cette ville des Aulerques Eburovices, et de relier entre eux les différents quartiers l'agglomération en suivant les déplacements des carcasses animales, en particulier celles des bovins. Le bœuf semble en effet être l'espèce dominante sur le site de Vieil-Évreux ; bien qu'il soit moins présent dans le castellum, on retrouve ses restes en abondance dans le macellum au IIIe siècle de notre ère. De nombreux questionnements découlent de cette répartition particulière : d'où viennent ces bœufs ? Sont-ils sélectionnés suite à une préférence alimentaire, rituelle ou d'une nécessité ? Qu'advient-il des carcasses des animaux abattus et comment sont-elles évacuées ou recyclées ?The old town of Le Vieil-Évreux, in the Eure department, has been subject to multiple excavation campaigns over the past 20 years. With the resumption of an archaeozoological study in 2014 now enables a new look at the place held by animals in this city of Aulerques Eburovices, and to connect various districts of the city by following the movements of animal carcasses, notably of cattle. Indeed, the bovine appears to have been the dominant species on the site of Le Vieil-Évreux. Although less present in the castellum, there are abundant cattle remains in the macellum, which dates to the third century BCE. This unique distribution prompts many questions: where did these cattle come from? Were they selected based on a dietary preference, a ritual requirement or out of necessity? What happened to the carcasses of slaughtered animals, and how were they removed or reused?
- « Le Grand massacre des chiens » : Mexico, fin XVIIIe siècle - Arnaud Exbalin p. 107-124 Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage dit le proverbe... et lorsqu'il n'y a pas d'épidémie de rage comme ce fut le cas à Mexico à la fin du XVIIIe siècle, de quoi les 35 000 chiens alors exécutés par les gardes nocturnes sont-ils accusés ? Qui sont les chiens éliminés ? Comment sont-ils abattus ? Quelles sont les réactions du voisinage ? Notre communication répondra à ces interrogations à partir d'une liasse inédite retrouvée aux archives municipales de Mexico et intitulée « Matanzas de perros ». La prévention contre les morsures d'animaux malades, une explication traditionnellement avancée par les historiens pour comprendre ces massacres canins, n'est pas dans le cas de Mexico à elle seule suffisante. Notre hypothèse est qu'il faut analyser les canicides à la lumière d'une rationalisation gouvernementale qui s'affirme clairement à la fin du XVIIIe siècle.If you want to drown your dog, say it has rabies, says an old proverb... But when there was no outbreak of rabies in Mexico City in the late eighteenth century, why were 35,000 dogs executed by the night guards? Which dogs were eliminated? How were they killed? How did people react? Our article will answer these questions using previously unpublished files discovered in the municipal archives of Mexico City, entitled ‘‘Matanzas de perros''. The prevention of bites from sick animals – a reason traditionally put forth by historians to explain these dog massacres – is insufficient in the case of Mexico City. Our hypothesis is that these canicides must be analysed in light of governmental rationalisation that clearly took hold in the late eighteenth century.
- Quelques éclairages sur l'histoire des relations entre hommes et animaux de zoo, : issus du jardin zoologique de Londres (1828-vers 2000) - Violette Pouillard p. 125-138 Dans la mouvance des dernières évolutions historiographiques dans le champ de l'histoire des animaux, cet article vise à introduire davantage de symétrie dans l'attention prêtée aux hommes et aux bêtes. Prenant pour exemple le cas du jardin zoologique de Londres, fondé en 1828, qui fait longtemps figure de modèle, il s'attache à mettre en évidence les évolutions qui marquent l'approvisionnement de l'institution en animaux ainsi que les infrastructures au sein desquelles vivent les bêtes, spécialement les primates. Il montre que, si la perception des difficultés de la vie captive par les hommes forme une permanence de l'histoire du zoo, les réponses apportées à celles-ci varient au cours du temps, de l'indifférence à la quête croissante d'améliorations. Malgré ces dernières, les recherches contredisent toute lecture finaliste, en mettant en évidence plusieurs permanences jalonnant l'histoire de l'institution.Building on the latest historiographic trends in the history of animals, this article aims to introduce greater symmetry when focusing on humans and animals. Using the London Zoological Garden (founded 1828) as an example that was long considered an important model for zoos, our article endeavours to highlight changes in how the zoo was supplied with animals, as well as the facilities in which animals lived, especially primates. It shows that although the history of the zoo has constantly been affected by human perceptions of the hardships of living in captivity, the answers to these hardships have varied over time, ranging from indifference to a growing search for improvements. Despite these improvements, our research contradicts a progressive reading, as it highlights several constants throughout the history of the institution.
- La mort animale rituelle en ville : Une approche comparée de la « fête du sacrifice » à Istanbul, Khartoum et Paris - Alice Franck, Jean Gardin, Olivier Givre p. 139-168 En examinant de manière comparative le déroulement et les enjeux du sacrifice musulman dans trois contextes métropolitains différents, cet article interroge la place de la mort animale rituelle dans l'espace urbain, à partir d'exemples ethnographiques issus d'enquêtes de terrain réalisées lors de la « fête du sacrifice » en 2014. Les exemples d'Istanbul, Khartoum et Paris traduisent des perceptions, des pratiques et des gestions à la fois distinctes et comparables d'un événement rituel simultanément associé à la tradition religieuse et confronté à de profondes transformations au sein de sociétés urbanisées et globalisées. Qu'il relève d'une forme de normalité rituelle (Khartoum), d'une pratique jugée « déplacée » (Paris) ou encore d'une pratique à la fois domestiquée et controversée (Istanbul), le sacrifice en ville s'avère tout à la fois un enjeu spatial et social, économique et politique. Il offre un observatoire privilégié des représentations plurielles et croisées de la place de l'animal (et de sa mort) dans les espaces urbains.By using a comparative approach to examine the process and stakes of Muslim sacrifice in three different metropolitan contexts, this paper investigates the place held by animal ritual death in an urban area, based on ethnographic examples drawn from field studies during the ‘‘Feast of the Sacrifice'' in 2014. The examples of Istanbul, Khartoum and Paris reflect perceptions, practices and management types that are both distinct and similar, with regard to a ritual event that is simultaneously associated with religious tradition and faced with profound transformations within urbanised, globalised societies. Whether this ritual sacrifice in cities is considered a kind of ritual normalcy (Khartoum), a practice deemed ‘‘out of place'' (Paris), or even a practice that is both domesticated and controversial (Istanbul), its stakes are spatial and social, economic and political. It offers a special vantage point for observing plural, crossed representations of the place held by the animal (and by its death) in urban spaces.
Note critique
- La cour en ville, avenir de l'histoire urbaine ? - Boris Bove p. 169-175
Lectures
- Cyril Courrier, La Plèbe de Rome et sa culture (fin du IIe siècle av. J.-C. – fin du Ier siècle ap. J.-C.), Rome, École française de Rome, BEFAR 353, 2014, 1031 p., 12 ill., 25 tableaux - Noëlle Géroudet p. 176-190
- Marc Boone, Martha Howell (eds) The Power of Space in Late Medieval and Early Modern Europe. The cities of Italy, Northern France and the Low Countries, Studies in European Urban History no 30, Turnhout Brepols, 2013 - Cléo Rager p. 178-180
- Philippe Guignet (sous la direction de), avec le concours de Philippe Martin, Transmettre les valeurs morales. Des réformes religieuses du XVIe siècle aux années 1960, France et Belgique, Paris, Riveneuve éditions, 2013, 375 p. Col. Actes académiques. - Régis Bertrand p. 180-182
- Marie-Agnès Dequidt, Horlogers des Lumières. Temps et société à Paris au XVIIIe siècle, CTHS, Paris, 2014, 336 p. - Nadège Sougy p. 182-184
- Vanessa Caru, Des toits sur la grève. Le logement des travailleurs et la question sociale à Bombay (1850-1950), Paris, Armand Colin/Recherches, 2013, préf. de Jacques Pouchepadass, 412 p. - Jean Lorcin p. 184-186
- Leona Rittner, W. Scott Haine et Jeffrey H. Jackson, The Thinking Space : The Café as a Cultural institution in Paris, Italy and Vienna, Ashgate, 2013 - Peter Clark p. 186-187
- Yoann Morvan, Sinan Logie, Istanbul 2023, Paris, Editions B2, Collection Territoires, 2014 - Duygu Tasalp p. 187-190