Contenu du sommaire : Amitiés politiques

Revue Parlement[s]. Hors-série Mir@bel
Numéro Hors-série no 11, 2016/3
Titre du numéro Amitiés politiques
Texte intégral en ligne Accessible sur l'internet
  • Introduction - Arnaud Suspène p. 9-19 accès libre
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    • Le contraire de la philia. Le tyran et l'Érôs - Claudia de Oliveira Gomes p. 21-32 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      La réflexion sur la tyrannie grecque ne se limite pas au simple jeu politique. Opposé radical de la cité harmonieuse, le tyran fédère autour de sa représentation toutes les notions non civiques : l'étude d'Hérodote, qui associe régulièrement tyrannie et érôs, permet de se repencher sur la configuration singulière des termes érôs, philia, echthra dans leur rapport à la cité.
      Thinking about Greek tyranny goes further than politics alone. In contrast to the harmonious city, the tyrant appears as the focus of all ideas directly opposed to the polis. Among them, the concept of eros, which is regularly associated with tyranny in Herodotus' Histories. How then, are we to understand the meaning of eros, as well as philia and exhthra, in the context of the Greek tyranny and the Greek polis?
    • De l'amitié républicaine à l'amitié du Prince : une approche politique de l'amicitia romaine (fin de la République-Haut Empire) - Arnaud Suspène p. 33-56 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Les Anciens ont accordé beaucoup de soin à définir l'amitié. À Rome, cette réflexion est souvent à mettre en relation avec des moments de crise politique majeure : crise des Gracques, Guerres civiles, avènement de l'Empire. Les aspects politiques inhérents à l'amitié romaine s'expliquent par l'analyse philosophique, par le faible développement des institutions publiques et privées, par les usages aristocratiques. L'Empire confirme également l'importance politique de l'amitié, en la redéfinissant : le Prince en est désormais l'acteur principal.
      The Ancients devoted a lot of effort to the definition of Friendship. In Rome, theories on Friendship were often related to political crises : The Gracchi reforms, the Civil Wars, the founding of the Empire. The political aspects that are central to Roman Friendship can be explained in many way : philosophical views, the lack of strong public and private infrastructure, aristocratic uses. Under the early Empire, Friendship keeps its political strength, but undergoes a major change : the Prince is now the main partner.
    • Amitié et politique au Haut Moyen Âge - Régine Le Jan p. 57-84 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Dans les sociétés du haut Moyen Âge, l'amitié porte en elle une charge politique très forte. Déclinée sous la forme de la charité et de la fidélité, elle devient à partir du ixe siècle, un principe organisateur de l'ordre politico-religieux. Inscrite dans des pactes, elle crée un lien qui transcende la hiérarchie, et des obligations qui dépassent les seuls contractants. À l'époque féodale, la multiplication des pactes traduit l'instabilité des positions, dans un contexte de compétition agressive, tandis que le langage codé de l'amour public exprime l'affectivité du politique. Dans ce jeu où priment les relations « charnelles », l'amitié politique traduit aussi les modifications de la frontière du genre.
      In Early Middle Ages societies, Friendship is politically very important. From the 9th century on, Friendship, under the guise of Charity or Loyalty, becomes instrumental in shaping the political and religious order. Based on pacts and covenants, Friendship favours personal links without regard for social hierarchy and entails duties that are not limited to those making the pacts. At the height of feudalism, these pacts multiply as social positions are constantly threatened by fierce competition; at the same time, the sophisticated rhetoric of public Love shows the affective aspect of politics. In this game, where “relations charnelles” prevail, political Friendship reveals as well the new boundaries of Gender.
    • Essai sur un oxymore normatif : l'amitié politique à la fin du Moyen Âge - Bénédicte Sère p. 85-97 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'introduction en Europe des œuvres d'Aristote concernant l'amitié, à partir de la fin du XIIe siècle, renouvelle un corpus dominé jusque-là par Cicéron. En raison des exigences de vertu liées à la théorie aristotélicienne, l'application de l'amitié au politique se révèle alors problématique. L'amitié recèle aussi pour le bon gouvernant des pièges spécifiques dont il faut se garder. En politique aussi, l'ami est donc chose rare et doit le rester. Ces considérations théoriques cependant contrastent avec la réalité des alliances contractuelles de tous ordres que l'on voit se généraliser à la fin du Moyen Âge et qui sont elles aussi marquées par l'amitié et son vocabulaire.
      The Introduction into Europe of Aristotle's books on Friendship, starting at the end of the 12th century, challenged Cicero's overwhelming influence on theories of Friendship. As Friendship was grounded on virtue according to Aristotle, it seemed ill-suited to politics. The good ruler had as well reason to be wary of Friendship, for it could be deceitful and dangerous. In politics too, a real friend was and should stay a rare blessing. But facts don't really match the theory: at the end of the Middle Ages many kinds of alliances were devised, and all of them drew heavily on Friendship and on its vocabulary.
    • « Aimez toujours bien le maître… » Amitié et politique en France à l'époque moderne - Maurice Daumas p. 99-112 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'amitié est devenue une relation exclusivement privée à partir du XVIIIe siècle, au moment où Montaigne et La Boétie sont élevés au rang de modèle. Auparavant, elle possédait aussi une dimension groupale, selon le modèle classique de la philia. Les liens d'homme à homme étaient le fondement du gouvernement et de l'administration du pays : la pratique des favoris et le système des clientèles connurent leur apogée au milieu du XVIIe siècle. À la cour, l'amitié s'organisait en réseaux et elle a toujours été le meilleur moyen de faire carrière. On n'a donc jamais cessé de dénoncer les faux amis ou « amis de cour ».
      Friendship turned into a purely private relationship in the 18th century, when Montaigne and La Boétie became models. Before that, friendship also possessed a collective dimension, according to the classical model of philia. The one-to-one relationship was the foundation of government and administration: the practice of favorites and the system of clienteles reached their apex in the mid-17th century. At the court, friendship was organized into networks and it has always been the best way to make a career. So, « amis de cour » (that is to say « false friends ») have always been denounced.
    • Maurice Barrès professeur d'« amitiés françaises » - Denis Pernot p. 113-125 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      L'affaire Dreyfus marque un tournant dans le long itinéraire politique de Maurice Barrès. Au cours des premières années du siècle, Barrès fait en sorte d'éveiller des « amitiés françaises » tant dans ses écrits littéraires que dans ses interventions politiques. Les très nombreux articles qu'il publie pendant la guerre tendent également à promouvoir des « amitiés françaises » – une nouvelle conscience française, pacifiée et amicale. Son idéal de l'amitié conduit par ailleurs Barrès à mener des combats politiques inattendus et à exprimer l'idée qu'il se fait du statut et des devoirs de l'écrivain.
      The Dreyfus affair is a turning point in Maurice Barrès'long political voyage. At the beginning of the century, Barrès tries to encourage « French friendships » through different literary and political works. The numerous articles he wrote during WWI are also an attempt to promote « French friendships » — a new, deeply rooted and appeased French consciousness. Barrès'ideal of friendship leads him to some unexpected political concerns and gives him a way to express his idea about the status and the duties of the writer.
    • L'amitié en politique, de la Résistance à l'Algérie - Jérôme Bocquet p. 127-151 accès libre avec résumé avec résumé en anglais
      Moins directement présente dans le champ du politique qu'au cours des périodes précédentes, l'amitié se saisit plutôt, à la période contemporaine, au moyen d'exemples concrets que d'analyses de portée générale. En abordant en parallèle le parcours politique et les amitiés personnelles de quelques acteurs importants de la Résistance française et de la guerre d'Algérie, cet article expose le rôle complexe de l'amitié dans la construction et le fonctionnement d'un réseau politique, les conflits déchirants entre devoirs d'amitié et engagement, la portée et les limites des moyens d'action, d'influence et de recours que l'amitié offre en situation de crise politique, sa capacité, enfin, à susciter des choix politiques.
      Apparently less important than in previous times as far as politics are concerned, modern Friendship is to be studied rather through case studies than from a theoretical point of view. Bringing together the political choices and personal friendships of some major players in the History of the French Résistance and of the War in Algeria, this paper sheds light on the way Friendship can help build and animate political networks; the conflicting relationship between duties to friends and political commitments; the scope of what Friendship can and cannot do when a major political crisis occurs and on its ability to influence political stands.
  • Sources

  • Lectures