Contenu du sommaire
Revue | Métropoles |
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Numéro | no 16, 2015 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Editorial - Fabrice Bardet, Stéphane Cadiou, Julie Pollard, Hélène Reigner
Articles
- La régulation de l'urbanisme commercial : élus locaux versus promoteurs ? - Camille Allé Cet article interroge la capacité d'action des élus locaux face aux promoteurs dans le domaine de l'urbanisme commercial. A partir d'une analyse qualitative de projets opérationnels et de l'élaboration de documents de planification concernant la Communauté urbaine de Strasbourg et la commune francilienne de Chambourcy, il montre que les intérêts des promoteurs sont loin de s'imposer de manière simple, systématique ou uniforme dans le gouvernement des villes.This article addresses local politicians' capacity to negotiate and regulate commercial urban planning in the face of developers. It uses a qualitative analysis of urban projects and planning documents from the urban intermunicipality of Strasbourg and the municipality of Chambourcy (Ile-de-France). This article shows that developers' interests are far from prevailing directly, systematically or uniformly in urban governance.
- De la territorialisation des controverses : métropolisation, déterritorialisation et (re)territorialisation à Beyrouth - Jihad Farah, Jacques Teller Cet article aborde les modalités de déterritorialisation et de reterritorialisation des villes vivant un processus de métropolisation. Dans ces villes, l'évolution des différents espaces de la ville est moins en rapport avec des logiques de centralité liant la ville à son arrière-pays. Elle plus affectée par la compétition entre différentes centralités inscrites dans des réseaux locaux et internationaux d'acteurs et de lieux, menant à la déterritorialisation de la ville. Cette évolution constitue un défi politique considérable, tant pour les citadins que pour les institutions en charge de la régulation urbaine. Les principales réponses à ce défi cherchent à ramener de la cohérence par des efforts de reterritorialisation de l'urbain. Cette reterritorialisation s'appuie sur des stratégies de gouvernance territoriale qui peuvent se déployer sur trois échelles différentes : métropolitaine, régionale ou locale. En se fondant sur l'exemple de Beyrouth, cet article souligne le fait que, bien que de natures très différentes, voire opposées, ces trois formes de gouvernance peuvent opérer simultanément dans un même contexte urbain. L'article avance aussi l'idée qu'une focalisation sur le développement des controverses en lien avec l'organisation et l'usage de l'espace urbain, notamment les grands projets urbains, peut servir de grille pour saisir l'articulation, la tension et le développement mutuel de ces gouvernances. Les controverses poussent les acteurs à se positionner les uns par rapport aux autres, construire ou redéfinir des réseaux d'action, porter des projets de transformation urbaine, soit autant de modalités de reterritorialisation de la ville.This article deals with modalities of deterritorialisation and reterritorialisation in cities undergoing metropolisation processes. In these cities, territorial evolution is becoming less related to logics of centrality linking the city and its hinterlands. It is more affected by competition logics between different centralities anchored in different local and international actors and place networks, leading to the “deterritorialisation” of the city. This evolution represents a considerable political challenge for urban citizens as well as for institutions in charge of urban regulation. The main answers to this challenge usually aim to bring back coherence through efforts of “reterritorialisation”. This reterritorialisation builds on territorial governance strategies that may deploy on three different scales : metropolitan, regional or local. Through the case of Beirut, this article stresses that, though of different or even opposing nature, these three forms of territorial governance may be simultaneously operating in the same urban context. The article also asserts that focusing on the development of controversies linked to the organization and use of urban space, and mainly to large urban projects, could serve as a framework for understanding the articulation, tension and mutual development of these governances. Controversies push actors to position themselves, build or redefine networks and engage in projects that would transform urban space, resulting in various modalities of reterritorialisation of the city.
- Mouvement étudiant du printemps 2012 au Québec : exploration du répertoire d'action mobilisé - Mathieu Labrie Au printemps 2012, la ville de Montréal et l'ensemble du Québec ont été balayés par la mobilisation massive des étudiants de niveau postsecondaire, et même secondaire, qui s'opposaient à la hausse des frais de scolarité annoncée par le gouvernement provincial libéral de Jean Charest. Ce qui est devenu la plus longue et importante grève étudiante de l'histoire du Québec s'est transformé en véritable « crise sociale » sans précédent. Cet article poursuit l'objectif général de caractériser le répertoire d'action collective mis en avant par ce mouvement en s'intéressant particulièrement à la relation entre ces actions collectives et le territoire urbain de la ville de Montréal. Sur le plan méthodologique, nous voulons participer au débat entourant l'utilisation de la presse écrite et de l'analyse événementielle en tant que stratégie de recherche.In spring 2012, the city of Montreal and all of Quebec province were swept by the massive mobilization of post-secondary students, in order to oppose the increase in tuition fees announced by the Liberal provincial government of Jean Charest. What has become the longest and largest student strike in Quebec history has turned into an unprecedented "social crisis". The general objective of this paper is to characterize the repertoire of collective action put forward by this movement with particular attention to the relationship between collective action and urban territory of the city of Montreal. On a methodological standpoint, we want to participate in the debate surrounding the use of print media and event analysis as a research strategy.
- Les acteurs urbains et les promesses des palmarès internationaux des villes. Lyon à la conquête du « Top 15 » européen - Fabrice Bardet, Aisling Healy Les palmarès de villes se sont largement développés au cours des dernières années sans que les usages de ces classements par les acteurs urbains n'aient encore véritablement fait l'objet d'une étude sociologique systématique. A l'heure où s'est imposée l'idée d'une compétition entre les villes, cette étude offre une occasion de s'intéresser aux différentes formes que peut prendre cette compétition. Ce texte présente et discute pour cela les usages par les acteurs de la métropole de Lyon de deux classements de villes consacrés aux politiques de création et de développement des entreprises, le second de ces deux classements ayant même été créé par des acteurs économiques de l'agglomération lyonnaise. C'est l'occasion de mettre en lumière à la fois le caractère construit socialement des formes de la compétition économique territoriale, mais également le rôle joué, dans le formatage de cette compétition, par une partie des élites urbaines qui réalisent leur carrière professionnelle à la jonction de la sphère publique et du monde de l'entreprise.Urban rankings has widely increased in recent years, however the ways in which these records are being mobilized by urban actors has not yet become a matter for comprehensive sociological research. At a time when city-competition is commonly presented as a major driving force for urban policies, this study represents a major opportunity to gain insight into the multiple forms this competition can take. This text thus presents and analyses the ways urban actors from Lyon's metropolis have referred to, or even implemented, two city-rankings focused on policies aimed at fostering business development. The second of these rankings was more precisely set up by economic actors from this metropolitan area. This offers us a chance to underline two key issues. Firstly, that forms of economic competition among cities are socially constructed and secondly, that certain members of the urban elite play a key-role in defining the core configuration of this competition ; most notably, those whose professional career tiptoes on the border between public and business spheres.
- La régulation de l'urbanisme commercial : élus locaux versus promoteurs ? - Camille Allé
Débats
- Sciences urbaines : interdisciplinarités passive, naïve, transitive, offensive - Gabriel Dupuy, Lucien Gilles Benguigui Le présent article examine les modalités d'interaction entre différentes disciplines et l'urbanisme, c'est-à-dire l'interdisciplinarité liée aux savoirs et pratiques de l'urbanisme. Les auteurs décrivent une première forme d'interdisciplinarité qu'ils appellent « passive ». Cette interdisciplinarité s'est imposée dans le contexte du fort développement urbain qui a suivi la deuxième guerre mondiale. Elle consiste en une collaboration de disciplines intervenant dans les projets d'urbanisme. Après avoir montré les limites de ce type d'interdisciplinarité, les auteurs considèrent d'autres formes appelées dans l'article « naïve » et « transitive ». Dans ces formes d'interdisciplinarité, des chercheurs non urbanistes proposent des approches issues des sciences « dures » telle la physique (fractales) ou l'informatique (simulation multi-agents ou systèmes complexes auto-entretenus). Ces derniers types d'interdisciplinarité (naïve et transitive) procurent à l'urbanisme de nouvelles approches mais sont peu appréciés par les urbanistes dans leur ensemble. Plus récemment, l'urbanisme est devenu la cible de chercheurs qui souhaiteraient qu'il devienne une science comme les autres. Cela conduirait à l'utilisation de méthodes dites « scientifiques » (élaboration théorique, vérification des hypothèses, analyses de résultats, choix d'un modèle). Il s'agit d'une forme particulière et nouvelle d'interdisciplinarité que les auteurs nomment « interdisciplinarité offensive ». En effet, ce type d'interdisciplinarité ne se soumet pas aux paradigmes urbanistiques habituels et tend, par l'introduction de nouvelles méthodes, à modifier la nature même de l'urbanisme. Les auteurs concluent en s'interrogeant sur l'avenir d'un urbanisme confronté à de nouvelles formes d'interdisciplinarité.The present article investigates several types of interaction between different disciplines and the urban planning i.e. the interdisciplinarity for the working knowledge of urban planning. The authors begin first by describing a kind of interdisciplinarity which they call "passive". This kind of interdisciplinarity was implemented in the context of the very important development of urban planning after the Second World War. It consists in a collaboration which associates different disciplines which participate in the urban projects. The authors show the limits of this kind of interdisciplinarity and consider other kinds which they call "naïve" and "transitive". In these cases of interdisciplinarity, scientists do not participate directly in the urban planning but propose several approaches deduced from the "hard sciences" such as physics (fractals) or computer sciences (multi-agents simulation, self-organized complex systems). Although these kinds of interdisciplinarity propose new approaches in urban planning, they are not very well appreciated by the majority of the urban planners. More recently urban planning has become the target of researchers who hope for urban planning to be scientific. This implies the use of "scientific methods" (theoretical elaboration, checking hypothesis reliability, critical analysis of the results and choice of a model) and this appears to be a new kind of interdisciplinarity called "offensive" by the authors. In fact this new kind does not follow the well know paradigms of the urban planning and tends toward the introduction of new methods so that the structures of urban planning itself may be modified. The authors conclude by asking about the future of urban planning facing new forms of interdisciplinarity.
- Sciences urbaines : interdisciplinarités passive, naïve, transitive, offensive - Gabriel Dupuy, Lucien Gilles Benguigui
Recensions
- Erving Goffman, 2013 (1963), Comment se conduire dans les lieux publics. Notes sur l'organisation sociale des rassemblements, - Lionel Francou
- Jean-Yves Authier, Alain Bourdin & Marie-Pierre Lefeuvre (dir.), 2014, La jeune sociologie urbaine francophone. Retour sur la tradition et exploration de nouveaux champs - Martin Claux
- André Donzel, 2014, Le nouvel esprit de Marseille - Cesare Mattina