Contenu du sommaire : Combien de sexes ?
Revue | Socio |
---|---|
Numéro | no 9, 2017 |
Titre du numéro | Combien de sexes ? |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Éditorial
- Éditorial - Michel Wieviorka p. 5-7
Dossier : Combien de sexes ?
- Défaire et refaire le sexe, le genre, la sexualité - Elaine Coburn p. 9-31 La matrice sexe/genre/sexualité structure les relations au quotidien, mais également les savoirs, y compris au sein de l'université. Bien que contestée, cette matrice incarne cependant le « sens commun » : l'idée qu'il n'y a que deux sexes, que seules l'hétérosexualité et éventuellement certaines formes d'homosexualité sont possibles, et que le genre est distinct du sexe mais, comme lui, stable depuis la naissance. Cette matrice disciplinaire et normalisatrice façonne nos droits et nos institutions formelles politiques, les médias et la culture populaire, nos vies quotidiennes et les luttes politiques. Mais elle est remise en cause par des sujets politiques nouveaux – les personnes intersexes, trans et queer. Ces sujets émergent de ce qu'étaient des catégories médicales diagnostiques pathologisantes. Leur existence en tant qu'intellectuels, activistes, et non comme anormaux, fous, criminels, a été douloureusement acquise. Désormais, ils nous offrent des analyses sociales vitales des expériences humaines quotidiennes, surdéterminées mais jamais réductibles aux normes binaires du sexe et du genre ; d'une manière inévitablement partielle, fragmentée, parfois contradictoire, ils nous aident à imaginer des relations sociales au-delà des pratiques et des normes, souvent étroites, du présent.The matrix sex/gender/sexuality structures everyday relations, but also knowledges, including at the university. Challenged, this matrix nonetheless reproduces “common sense”: the idea that there are two sexes, that only heterosexuality and some forms of homosexuality are possible, and that gender is distinct from sex but that both are stable from birth. This disciplining, normalizing matrix shapes our laws and our formal political institutions, the media and popular culture, our everyday lives and political struggles. But, it is contested by new political subjects—intersex, trans and queer persons. These subjects emergent from what were pathologizing medical diagnostic categories. Their existence as intellectuals, activists and no longer as abnormal, as crazy, as criminal, has been won with difficulty. Now, they offer us critical new social analyses of everyday human experiences, overdetermined, but never reducible to binary sex and gender norms. In an inevitably partial, fragmentary and often contradictory way, they help us to imagine social relations beyond the often narrow practices and norms of the present.
Entretien
- L'œuvre et l'apport de Bernard Saladin d'Anglure - Louis-Jacques Dorais p. 33-36
- Un pionnier du troisième sexe social - Laëtitia Atlani-Duault p. 37-74
- L'autre du sexe - Muriel Salle p. 75-89 Les évolutions de la modélisation de la différence des sexes, que Laqueur repère aux xviie et xviiie siècles, conduisent à une complète réévaluation des figures de l'hermaphrodite et de l'inverti au xixe siècle. Construits comme des anomalies plutôt que comme des maladies stricto sensu, l'hermaphrodisme et l'homosexualité participent de l'élaboration d'un dispositif de pensée médicale de la différence des sexes, constitués ontologiquement pour asseoir un ordre scientifique, social et politique.The ways scientists think the difference of the sexes evolve, as Laqueur showed it, in the 17th-18th centuries, which lead to a complete re-evaluation of the figures of the hermaphrodite and the homosexual in the 19th century. Built as anomalies rather than as diseases strictly speaking, the hermaphroditism and the homosexuality take part to the elaboration of a device of medical thought of the difference of the sexes, ontologicaly constituted to establish a scientific, social and political order.
- Intersexués : le troisième genre en question en France et au-delà - Corinne Fortier p. 91-106 Aucune société n'échappe à la classification binaire des identités sexuées qui consiste à classer les individus entre homme et femme, à l'exception de certaines sociétés qui reconnaissent l'existence d'un « troisième genre ». L'analyse de la situation des personnes intersexuées en France met au jour la domination sur le plan des valeurs sociales de cette bicatégorisation. La croyance en une identité sexuée unique et fixe est prégnante dans la société comme chez la plupart des psychologues, des psychiatres, des médecins, et des juges, les notions de « troisième genre » ou d'indétermination de l'identité sexuée restant largement incomprises. Toutes les évolutions sociales et légales dans ces domaines survenues dans d'autres pays que la France sont dues à la mobilisation de personnes intersexes et trans qui mettent en cause le binarisme des identités sexuées.All societies know the binary classification of gender which consists in classifying the individuals as man or woman, with the exception of certain societies which recognize the existence of a third gender. The predicament of intersex people raises the question of the domination of social values inherent in gender binaries. The belief in a unique and fixed gender identity is pervasive among most psychologists, psychiatrists, medical doctors, judges in France. French medical establishment interfere with bodily integrity and genitalia of intersex people while depriving them of their choice of gender identity. Many societies have problems conceptualizing the notion of indeterminacy or fluidity in gender identity. All the recent legal evolutions in this domain are due to collective mobilizations of intersexual and trans people, fighting to question the domination of gender bipolarization.
- « Garçons sous-virilisés » et « filles élevées en garçons » - Cynthia Kraus p. 107-142 Cet article se fonde sur une enquête ethnographique portant sur la prise en charge des variations du sexe dans des missions chirurgicales en Afrique de l'Ouest. Mon analyse se centre sur deux types de situation observables sur le terrain : des « garçons sous-virilisés » avec une variation du sexe très fréquente appelée hypospadias ; des « filles élevées en garçons », c'est-à-dire des enfants présentant des formes plus complexes d'intersexuation qui auraient été assignées au sexe féminin dans les pays du Nord, mais qui, en l'absence d'un diagnostic précoce, ont été élevées en garçons en Afrique de l'Ouest. L'analyse de la prise en charge chirurgicale et non chirurgicale de ces situations en contexte postcolonial et dans le paradigme occidental d'une médecine technique fondée sur les preuves permettra d'éclairer sous un nouveau jour des pratiques et interrogations cliniques qui se trouvent au cœur des débats actuels pour la reconnaissance des droits humains des personnes intersexuées : la question du bien-fondé des chirurgies génitales et les meilleurs critères d'assignation du sexe.This article draws on fieldwork I conducted on the case management of variations of sex development in surgical missions in West Africa. My analysis will focus on two kinds of situations encountered at the missions: “undervirilized boys” who present with a rather common variation of sex development called hypospadias; and “girls raised as boys,” i.e., children with more complex intersex conditions who would have been assigned to the female sex in the North, but were raised as boys in West Africa in the absence of an early diagnosis. The analysis of the surgical and nonsurgical management of these situations in a postcolonial context and within the Western paradigm of evidence-based medicine makes it possible to cast a new light on clinical practices and questions that are central to the current debates for the recognition of human rights for intersex people: the issue of performing or not “normalizing” genital surgeries, and the best criteria for sex assignment.
- Les sujets intersexes peuvent-ils (se) penser ? - Janik Bastien Charlebois p. 143-162 Les personnes intersexuées sont rendues invisibles par les mythes sociaux sur l'hermaphrodisme et le troisième sexe. Pourtant, certaines d'entre elles se politisent afin de faire cesser les interventions non consensuelles que la médecine pratique sur elles dans le but de conformer leur corps aux normes « mâle » et « femelle ». Saisis de cette critique, les médecins s'investissant dans la prise en charge intersexe l'invalident partant du postulat que ces personnes qui prennent la parole dans l'espace public sont rares. Pour comprendre cette faible présence des perspectives intersexes critiques, nous mobilisons les concepts de subjectivation politique de Lamoureux (2001) et de Gaulejac (2007), de même que celui d'injustice épistémique de Fricker (2007). À partir de données empiriques et de savoirs construits sur le terrain par l'auteure à titre de chercheure engagée intersexe, cet article relève les mécanismes institutionnels encadrant les possibilités de construction d'une position de sujet réflexif, puis les composantes requises au développement d'une position d'acteur sujet.Intersex persons are eclipsed by social myths on hermaphrodism and the third sex. However, some who have politicised themselves are demanding that non-consensual interventions practiced by medicine on them in order to conform their bodies to the male and female norms stop. Aware of this critique, medical professionals who invest themselves in intersex management invalidate it on the grounds that intersex people openly critiquing them are rare. In order to understand the limited numbers of politicised intersex people speaking publicly, I will mobilize the concepts of political subjectification laid out by Lamoureux (2001) and de Gaulejac (2007), as well as that of epistemic injustice, produced by Fricker (2007). From empirical data as well as experiential knowledge gathered through my involvement on the ground as an openly intersex researcher, I will lay out the institutional mechanisms framing the possibilities of seeing oneself as intersex, as well as the components required for the development of an actor-subject position.
- Góor-jigéen : la resignification négative d'une catégorie entre genre et sexualité (Sénégal) - Christophe Broqua p. 163-183 Dans de nombreux pays africains, il a existé et il existe encore parfois des figures institutionnalisées de la diversité de genre. C'est le cas, au Sénégal, du góor-jigéen, littéralement « homme-femme » en langue wolof. Évoquée dans certains récits d'observateurs dès le xixe siècle, cette figure a rarement été décrite ou analysée avec précision dans la littérature savante. Pendant longtemps, le góor-jigéen était un homme biologique présentant des attributs féminins et occupant préférentiellement certaines fonctions sociales. Son statut et sa place étaient reconnus au sein de la société sénégalaise. Progressivement, l'expression est devenue synonyme d'homosexuel masculin et elle est aujourd'hui le plus souvent utilisée comme une injure. Elle a donc connu une « resignification négative », traduisant la transformation d'une catégorie de genre en une catégorie d'orientation sexuelle. Cet article retrace l'histoire de la figure du góor-jigéen et analyse les conditions qui ont rendu possible la transformation de sa signification et de sa position sociales.In many African countries there were, and sometimes still are, institutionalised figures of gender diversity. Such is the case in Senegal of the Góor-jigéen, in Wolof, literally “man-woman”. Referred to as of the 19th century in some observers' accounts, this figure has rarely been described or analysed precisely in scientific literature. For a long time, the Góor-jigéen was a biological man with female attributes and was given preference in fulfilling certain social functions. Their status and place were recognised in Senegalese society. Gradually, the expression has become synonymous with male homosexuals and is today usually used as an insult. The term has therefore been subjected to a ‘negative resignification', conveying the transformation of a gender category into a sexual orientation category. This article retraces the history of the figure of the Góor-jigéen and analyses the conditions which enabled the transformation of its signification and social positions.
- Vers une multitude de sexes ? - Fabian Fajnwaks p. 185-200 Cet article s'intéresse au choix d'une nomination par un sujet à l'heure de se dire sexué, qu'il s'agisse d'un « troisième sexe » ou tout simplement de son hétéro- homo- ou transexualité. L'auteur rappelle que la psychanalyse d'orientation lacanienne ne fétichise pas l'anatomie ni la différence sexuelle. Il révise une série de préjugés qui cherchent à voir dans le discours analytique un vecteur de normalisation, fût-elle œdipienne.This article focuses on the choice of a nomination by a subject when it comes to describing their sex, whether it be a ‘third sex', or quite simply their hetero- homo- or transexuality. The author reminds us that Lacanian-oriented psychoanalysis does not make a fetish of either anatomy or sexual difference. The author reviews a series of prejudices, albeit oedipal, which endeavour to see in analytical discourse a vector of normalisation.
Note de recherche
- Au-delà du troisième sexe : expériences de genre, classifications et débordements - Arnaud Alessandrin p. 201-214 Cet article interroge le concept de « troisième sexe » (Saladin d'Anglure, 2004, 2006) à l'aune du contexte français d'expression et de prise en charge des questions transidentitaires. La tertiarisation du sexe répond-elle aux expériences sociales des personnes trans ? Dans cette perspective nous interrogerons la manière dont les diverses sciences (l'anthropologie évidemment, mais également la médecine et la psychanalyse) ont employé le terme de « troisième sexe » au sujet des personnes trans, afin de démontrer qu'il recouvre une polyphonie de sens fortement contradictoires (Murat, 2006), que l'actualité récente sur les questions de genre a notamment mise au jour. Toutefois, les identifications de genre trans ne parviennent jamais à se réduire à ce triptyque analytique (Alessandrin et Espineira, 2015 ; Giami, 2011). Ainsi, dans la dernière recherche d'Arnaud Alessandrin et Karine Espineira (2014) portant sur l'expérience de la transphobie, nous dénombrons trente-cinq identifications de genre différentes (Male to Female,Female to Male, Male to Unknown, etc.). C'est dire combien les catégories de genre tertiaires comme binaires trouvent leurs limites dans les expériences subjectives des personnes concernées (Fausto-Sterling, 2012). À ce titre, il paraît plus pertinent de ne plus saisir la question des transidentités par une nouvelle catégorie vouée au débordement (Alessandrin, 2012) mais, au contraire, de proposer une analyse en termes de « carrières de genre » dynamiques et à la concrétisation toujours incertaine. À travers de nombreux entretiens issus de ma thèse et de mes récentes recherches, dont celle menée avec Anita Meidani et intitulée « Cancers et transidentités : une nouvelle population à risques ? » (Financement CGSO, 2013-2014), je tenterai donc de démontrer qu'en se situant, dans le contexte français, du côté de l'expérience des individus (Dubet, 1995), le concept de « troisième sexe » ne permet pas de rendre compte des subjectivités qui se déploient à l'endroit du genre.This article aims to question the concept of “third sex” (Saladin d'Anglure, 2006) in the French context of expression and politic supports for trans people issues, by asking the following question: can tertiarized sex represent the social experiences of trans people? In this perspective we will understand how the various sciences (anthropology, but also medicine and psychoanalysis for exemple) have used the term third sex toward trans people, to demonstrate that it covers polyphony and highly contradictory meanings (Murat, 2006). However, gender identifications and trans people can never be reduce to this triptych of gender (Alessandrin and Espineira, 2015; Giami, 2011). The latest research in France shows, at the opposite, that all the transgender identities are multiple and various. Moreover, in the last research of Arnaud Alessandrin and Karine Espineira on the experience of transphobia in France, there were counted thirty-five different kinds of gender identification (MtF, FtM, trans, MtU, etc.). This shows how tertiary categories, such as binary, are limited to understand the subjective experiences of the trans people (Fausto-Sterling, 2012). That is why, it seems more appropriate to analyse the transgender experiences by a new category, in terms of “gender careers” (Alessandrin, 2011), in order to explain the dynamics realization of identity. Through interviews from my thesis and my recent research, I would try to show that, in the French context, and towards the individuals experiences (Dubet, 1995), the concept of third sex does not account for subjectivities that are deployed.
- Au-delà du troisième sexe : expériences de genre, classifications et débordements - Arnaud Alessandrin p. 201-214
Chantiers
- Le droit des personnes intersexuées - Benjamin Moron-Puech p. 215-237 Quelles règles doivent être mises en place pour que soient respectés en France les droits des personnes intersexuées, en particulier le droit au respect de la vie privée énoncé à l'article 8 de la Convention de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales ? C'est à cette question que le présent article essaie de répondre, en montrant que le respect de ce droit implique tout d'abord la reconnaissance du caractère non binaire du sexe et de l'identité de genre. Compte tenu des contraintes politiques et juridiques actuelles, il est probable que cette reconnaissance sera le fait d'une coutume jurisprudentielle, par laquelle les juges français entendront se conformer à l'article 8 précité, tel qu'interprété par la Cour européenne des droits de l'homme. Ensuite, le droit des personnes intersexuées au respect de leur vie privée impose de limiter les cas dans lesquels ces personnes se trouvent contraintes de révéler leur sexe ou leur identité de genre. Cela implique de rendre la mention du sexe ou de l'identité de genre facultative sur les titres d'identité, mais non nécessairement à l'état civil.Which rules should be established in France to support the rights of intersex persons, especially the right to privacy expressed in article 8 of the Convention for the Protection of Human Rights and Fundamental Freedoms? This is the question this article seeks to answer, by showing that for many intersex persons respecting this right requires the adoption of a non binary conception of sex. Considering current political and legal constraints such an outcome will likely be the consequence of French jurisprudential custom, based on the above mentioned article 8, as interpreted by the European Court of Human rights. Second, the right to privacy of intersex persons implies a limit to the demand for persons to reveal their gender identity.
- Le droit des personnes intersexuées - Benjamin Moron-Puech p. 215-237
- Défaire et refaire le sexe, le genre, la sexualité - Elaine Coburn p. 9-31
Entretien
- Le dernier entretien de Françoise Héritier - Karine Tinat p. 238-255 Dans cet entretien, Françoise Héritier revient sur sa trajectoire personnelle et professionnelle, et plus précisément, sur les événements et situations sociales qui l'ont amenée à réfléchir et à travailler sur les rapports inégaux entre hommes et femmes. Sur un ton presque intime, elle nous introduit dans ses relations familiales et évoque quelques souvenirs partagés avec Claude Lévi-Strauss, comme le moment de son élection au Collège de France. À travers cet échange, on entend la sagesse et la douce voix de cette femme, aux idées claires et au parcours exceptionnel.In this interview, Françoise Héritier returns to her personal and professional trajectory, and more exactly, to the events and the social situations which brought her to think and work on the uneven reports between men and women. On an almost intimate tone, she interferes us in her family relations and evokes some memories shared with Claude Lévi-Strauss, as the moment of his election to the Collège de France. Through this exchange, we hear the wisdom and the soft voice of this woman, who had clear ideas and an exceptional route.
- Le dernier entretien de Françoise Héritier - Karine Tinat p. 238-255
Varia
- How Racial Violence Is Provoked and Channeled - Kathleen M. Blee, Matthew DeMichele, Pete Simi, Mehr Latif p. 257-276 Cet article cherche à expliquer la violence extraordinaire du suprémacisme blanc moderne organisé aux États-Unis. Il aborde en premier lieu l'aspect conceptuel en distinguant les idéologies raciales et la violence associée aux mouvements racistes modernes du racisme et de la violence raciale exprimés au quotidien dans des sociétés fortement racialisées et racialement inégalitaires. Nous nous déplaçons ensuite vers un point de vue empirique en utilisant nos entretiens avec un large ensemble d'anciens activistes racistes pour explorer comment la violence est causée par – et peut aussi causer – les tortueuses idéologies racistes du suprémacisme blanc moderne.This paper seeks to explain the extraordinary violence of modern-day organized white supremacism in the United States. We begin on a conceptual level by distinguishing the racial ideologies and violence associated with modern racist movements from the racism and racial violence expressed in daily life in highly racialized and racially unequal societies. We then move to an empirical level by using our interviews with a broad set of former racist activists to explore how violence is caused by—and also can cause—the vicious racist ideologies of modern white supremacism.
- How Racial Violence Is Provoked and Channeled - Kathleen M. Blee, Matthew DeMichele, Pete Simi, Mehr Latif p. 257-276