Contenu du sommaire
Revue | Etudes anglaises |
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Numéro | Vol. 70, no 2, avril-juin 2017 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Preface: New Directions in the Study of English Travel Writing - Daniel Carey p. 131-137
- From Travel Guide to Self-Discovery in Andrew Boorde's The Fyrst Boke of the Introduction of Knowledge (1547) - Ladan Niayesh p. 138-146 Le guide de voyage est une catégorie littéraire aux contours flexibles, capable d'absorber une grande variété de styles et de genres. The Fyrst Boke of the Introduction of Knowledge (1547) d'Andrew Boorde illustre parfaitement cette fluidité et cette polyvalence. En apparence, le livre se présente comme un amusant précurseur de nos guides de voyage modernes et de leurs lexiques. Cependant, dans cette œuvre composée par un prêtre, médecin et informateur au service de Thomas Cromwell, ministre d'Henri VIII, le lecteur croise sans cesse l'une des principales préoccupations de la première décennie de la rupture avec Rome, à savoir la nécessité de négocier une identité anglaise et personnelle et une place pour soi au milieu de maintes turbulences religieuses et politiques, aussi bien en Angleterre qu'à l'étranger.The travel guide is a flexible literary category capable of absorbing a broad range of narrative styles and genres. Andrew Boorde's The Fyrst Boke of the Introduction of Knowledge (1547) is an eminent example of such fluidity and versatility. On the face of it, the book presents itself like an entertaining precursor to our modern travel guides and phrase books, written by a priest, physician and government informant at the service of Henry VIII's minister Thomas Cromwell. And yet, reflecting the uncertainty and the confusion of the first decade of England's break with Rome, the book repeatedly intersects with the period's key concern of negotiating a personal and an English identity, and a place for the self in the midst of many religious and political turbulences both at home and abroad.
- Thomas Roe and the Two Courts of Emperor Jahangir and King James - Rita Banerjee p. 147-166 En tant qu'ambassadeur de Jacques Ier à la cour de l'empereur Jahangir, Thomas Roe devait, dans sa correspondance à destination de l'Angleterre, prendre en compte deux ensembles de lecteurs : les administrateurs de l'East India Company, et un public royal et aristocratique choisi. La forme de sa correspondance varie en conséquence ; ses descriptions détaillées de la cour moghole, de ses pratiques, de ses lois et de son administration, ciblent le second groupe de lecteurs. Roe cherche à définir l'Inde moghole par une série d'attributs diamétralement opposés à ceux de l'Angleterre jacobéenne, et par extension de l'Europe. En un sens, son journal impliquait aussi un portrait de l'Angleterre pour ses lecteurs anglais. Si la plupart des critiques voient dans les dichotomies de Roe l'indice d'une perception typiquement occidentale et inadéquate à une véritable compréhension de l'Orient, le présent article suggère au contraire que les efforts de Roe pour définir l'Inde par opposition à l'Occident impliquent une oblitération délibérée de leurs similitudes sur bien des points. De plus, l'image du théâtre qu'il emploie régulièrement afin de critiquer l'irréalité de la cour moghole tend à saper son entreprise de différentiation, dans la mesure où elle possédait une résonance singulière dans le contexte anglais.When Thomas Roe went to the court of Emperor Jahangir as an ambassador of James I, he had two sets of readers to cater for in his correspondence back home––East India Company officials and a select aristocratic and royal audience. The form of the correspondence differed as a result, with his detailed description of the seventeenth-century Mughal court, and its practices, laws, and administration targeted towards the latter readers. Roe seeks to define Mughal India by a set of attributes which are diametrically opposed to those of Jacobean England and, by extension, Europe. In a sense, the journal also involved providing a portrayal of England for his English readers. While most critics argue that Roe's binaries suggest a characteristically western perception which fails to comprehend the Oriental, this article suggests that Roe's attempt to define India by opposition to the West involves, rather, a deliberate erasure of the similarities between the two in many respects. His refusal to acknowledge the points of connection indicates a desire to deflect onto the oriental “other” what he wished to disown in the “self.” Moreover, since the theatrical image that he recurrently employs to critique the unreality of the Mughal court especially resonated in the English context, it undermines the basis of his agenda of differentiation.
- Edward Terry and the Calvinist Geography of India - Richard Raiswell p. 167-186 Cet article analyse l'approche calviniste de l'Inde sous-jacente au livre d'Edward Terry A Voyage to East-India (1655). Il montre que le calvinisme a fourni à Terry un ensemble d'hypothèses qui ont contribué à transformer les données brutes de son expérience de l'Inde en connaissance géographique, culturellement utile, accessible à ses lecteurs non-voyageurs. Pour Calvin, la création est l'expression du Créateur, précisément ordonnée et appropriée de manière singulière à la cognition humaine ; en tant que telle, c'est une déclaration rhétorique finement élaborée, constituée de tropes et de figures destinés à être lus et glosés. Terry s'appuie sur cette conception du monde pour construire un portrait de l'Inde conçue comme partie intégrante d'un raisonnement divin a contrariis qui traverse la création, une figure lue face à l'Angleterre pour amplifier, en bonne rhétorique, ses vertus et ses vices.This article examines the distinctly Calvinist understanding of India underlying Edward Terry's 1655 Voyage to East-India. It argues that Calvinism provided Terry with a set of assumptions that helped translate the raw data of his own experiences in India into culturally useful geographical knowledge accessible to his non-travelling readers. For Calvin, creation is an expression of the creator, one that is precisely ordered and uniquely accommodated to human cognition; as such, it is a finely crafted rhetorical statement, full of tropes and figures intended to be read and glossed. Terry builds upon this conception of the world to construct a portrait of India that construes it as part of a divinely authored argument a contrariis writ large across the breadth of creation, a figure juxtaposed against England in order to amplify—according to good rhetorical practice—its respective virtues and vices.
- Edward Terry's A Voyage to East-India (1655): A Chaplain's Narrative of the Mughal World - Daniel Carey p. 187-208 La présentation détaillée de l'Inde que donna le chapelain anglican Edward Terry dans la version révisée et étoffée de son Voyage to East-India publiée en 1655, a souvent été mal perçue par la critique. La tendance de l'auteur à se perdre en commentaires religieux de nature digressive a pu rebuter certains lecteurs, et les détourner des informations historiques pourtant utiles sur le pays et la cour de l'empereur Moghol Jahangir (1569-1627). Cet article démontre que, loin de barrer l'accès au récit, ces passages interpolés constituent un élément formel caractéristique de celui-ci. C'est en effet dans ces récits insérés que se dessine la vision morale de l'auteur. La signification à la fois spirituelle et morale du voyage jaillit du commentaire, notamment des moments de glose où l'auteur donne sens à ses observations et à ses expériences. Le texte est en outre très élaboré sur le plan littéraire, en raison non seulement de la sensibilité religieuse de l'auteur, mais aussi de l'art qu'il déploie dans ses portraits de personnages – des analyses très vivantes des Européens vivant alors en Inde, dans des conditions assez précaires. Cet article tente de mettre en valeur ces aspects jusque-là négligés du texte de Terry, en s'attachant à la question des genres littéraires et des finalités religieuses du texte.The Anglican chaplain Edward Terry's extended account of India, published in revised and expanded form in 1655 as A Voyage to East-India, has often been misunderstood by his critics. His tendency to engage in digressive homilies has presented an obstacle for some readers, preventing access to otherwise useful historical information on the country and the Mughal court of Jahangir (1569-1627). I argue that, far from posing a barrier to his narrative, these interpolations constitute a crucial feature of his design of the work. Inset stories allow scope for his moral vision to emerge. The moral and spiritual meaning of travel is then drawn out through commentary, above all in the form of glosses that define the meaning of his observations and experience. This is also a work of considerable literary sophistication, distinguished not only by the author's religious sensibility but also by his fashioning of character portraits—vibrant studies of marginal European figures in India living in strained circumstances. This essay attempts to recover aspects of Terry's text that have been overlooked previously, both generically and in terms of his religious purpose.
- “Cleane cutte of[f]:” Circumcision and Identity in Early Modern English Barbary Captivity Narratives - Marion Ann Keady p. 209-221 L'expérience chrétienne de la captivité dans les États barbaresques d'Afrique du Nord constituait l'un des cas les plus radicaux de rencontre culturelle pendant la première modernité. Comme l'a fait observer Nabil Matar, « c'était la seule rencontre avec un peuple non-européen qui non seulement réduisait [des chrétiens] en esclavage, mais encore les détournait de leur histoire et de leur religion » (Matar 1996, 194-95). On pouvait « se faire Turc » –– selon l'expression consacrée pour désigner la conversion à l'islam –– pour diverses raisons, dont la captivité est la plus saillante. Des critiques comme Matar, Robert Davis, Daniel Viktus ou Linda Colley, entre autres, ont raconté cette histoire dans des perspectives historiques et littéraires variées, offrant à cette fin de nouveaux aperçus en termes de conflits religieux, d'identité nationale, et de représentations théâtrales. Le présent article envisage les manières dont l'évocation de la captivité et de la conversion se concentre sur la violation physique du corps chrétien, en particulier sur la peur et les soupçons engendrés par la menace de la circoncision chez les captifs masculins.The phenomenon of Christian captivity in the Barbary states of North Africa constituted one of the most challenging instances of cultural encounter in the early modern period. As Nabil Matar has remarked, “it was the only encounter with non-European people who not only enslaved [Christians] but tempted them away from their history and religion” (Matar 1996, 194-95). “Turning Turk”––the common phrase for conversion to Islam––came about for a number of reasons, captivity being prominent among them. Critics such as Matar, Robert Davis, Daniel Vitkus, Linda Colley, among others, have told this story from a variety of historical and literary perspectives, offering insight into religious conflict, national identity, and stage representations in order to tell the story. In this essay, I consider the ways in which discussion of captivity and conversion focused on physical violation of the Christian body. Specifically, I look at the fear and suspicion aroused by the threat of Islamic circumcision of male captives.
- Travel Writing and Ideas of Race in Highland Scotland: James Macpherson's Ossian Poems (1760-65) and Samuel Johnson's Journey to the Western Islands of Scotland (1775) - Timothy McInerney p. 222-237 Cet article compare deux textes de James Macpherson et de Samuel Johnson. Les récits de voyage dans les Highlands d'Écosse, notamment Journey to the Western Islands of Scotland (1775) de Samuel Johnson, sont considérés comme une réponse à la tradition ossianique, issue d'une série de poèmes de James Macpherson publiée à partir de 1760. L'article met en exergue l'influence des traditions de l'élitisme héréditaire dans l'idée d'un sang pur écossais. Il se poursuit en interrogeant les multiples images des Écossais gaéliques comme « race » distincte en Grande-Bretagne.Comparing the work of James Macpherson and Samuel Johnson, this article considers how travel writing on Highland Scotland responded to notions of the Gaelic Scots as a distinct “race” on the island of Britain. In particular it examines the role of clan chiefdom in the construction of Highland race, and how the patterns of hereditary elitism influenced notions of genealogical otherness at that time. The article first considers how clan society was approached in the field of human variety theory, before going on to examine James Macpherson's “Ossianic” vision of Highland society, and its relationship with Samuel Johnson's famous travel account, A Journey to the Western Islands of Scotland (1775).
- Wheels Coming Off the Empire: Transport, Flight and Gender in Victorian Accounts of the 1857-58 Indian Uprising - Muireann O'Cinneide p. 238-248 Cet article porte sur les représentations du conflit et de la fuite dans les récits de voyageuses victoriennes, pendant la Rébellion indienne de 1857-58. L'ébranlement soudain d'un ordre impérial apparemment stable met à nu la réalité des modes de transport dans l'Inde britannique. Des officiers de l'armée britannique contemplent, impuissants, des roues brisées, des chevaux récalcitrants et des domestiques enfuis, tandis que les femmes doivent négocier les routes de l'Inde, dont la réalité physique est altérée par les mouvements révolutionnaires. En analysant la représentation des transports coloniaux au travers du mélange de genres comme le récit de voyage, le récit de réfugiés et le récit de conflits, je montre que tous ces échecs et solutions de fortune, conséquences de la crise de l'Empire, deviennent, pour les voyageuses britanniques, le moyen de conceptualiser un échec plus profond : la fin de l'illusion du contrôle de l'espace, du temps, et du savoir.This article centres on representations of flight and conflict in Victorian female travellers' narratives of the Indian Uprising of 1857-58. The abrupt disruption of seemingly secure imperial order exposes the pragmatic realities of transport in British India. British army officers waver helplessly in the face of broken carriage wheels, recalcitrant horses and vanished servants, while their wives need to navigate the roads of an India whose revolutionary political upheaval has transformed the experiential reality of its terrain. Examining the representation of colonial transport through the blended genres of travel writing, refugee memoir and conflict narrative, I argue that the failures and makeshift arrangements produced by imperial crisis become a means through which British women travellers sought to conceptualise a more fundamental breakdown—the shattered illusion of spatial, temporal and ultimately epistemological control.