Contenu du sommaire : Sports de montagne et territoire dans les Alpes

L'étude des stations touristiques de nature constitue un objet d'étude remarquable pour mieux comprendre la manière dont le territoire participe à la production d'un système culturel localisé (SCL). En effet, si la fonction économique de ces organisations commerciales consiste à produire de la richesse pour les entrepreneurs proposant de multiples services aux touristes présents sur les sites, il semble réducteur de ne concevoir une destination touristique que comme une simple agrégation d'acteurs. L'existence d'un ancrage territorial que l'on peut qualifier localement permet de penser la présence d'un processus culturel qui participe grande- ment à la constitution de ressources utiles au bon fonctionnement de cet ensemble. La démarche consiste à montrer la manière dont se construit ce système culturel localisé et comment il prend forme à partir de l'exemple de plusieurs sites touristiques et sportifs des Alpes françaises. L'étude des formes de développement mises en place par les prestataires et de la culture sportive des touristes permet de mieux saisir et de comprendre la déclinaison pratique de ces ressources culturelles sur un site de pratique.

Cet article contribue à l'étude du comportement du consommateur dans le cadre du tourisme de montagne en hiver. S'appuyant sur des données complètes et étendues, il présente l'exemple du marché suisse pour donner une vue d'ensemble à la fois descriptive et quantitative d'un marché mature, et il en tire des conclusions sur les développements à venir. La combinaison des résultats de cette étude et de ceux de précédentes recherches dans ce domaine révèlent que la pratique d'activités sportives multiples diminue, tandis que la diversité de l'ensemble des activités augmente. Toutefois, alors que les vacances d'hiver impliquent un nombre d'activités sportives important et donc un marché fragmenté, une excursion d'une journée à la montagne s'axe quant à elle fortement sur un petit nombre d'activités. Contrairement à ce qui est avancé sur le plan international, la notion d'une demande en termes de sports d'hiver qui serait répartie internationalement peut être rejetée ici, principalement parce que le marché observé se trouve à proximité de zones montagneuses. Par conséquent, les stations de sports d'hiver doivent maximiser les possibilités qu'offrent leur infrastructure et leurs services lorsqu'elles ont pour cible le marché des vacances, mais elles doivent se concentrer sur les activités de montagne clefs si elles cherchent en particulier à attirer le marché du tourisme à la journée. Pour attirer de nouveaux clients et les fidéliser, l'article recommande une coopération entre les stations accueillant les touristes pour les vacances et celles les accueillant pour une journée, plutôt qu'une coopération entre les premières uniquement.

en station de montagne, des stratégies d'instrumentalisation de la sécurité viennent complexifier l'analyse des débats relatifs aux risques et à leur bonne gestion. Certaines propositions d'optimisation de la sécurité semblent en effet essentiellement tournées vers la défense d'intérêts particuliers et/ou corporatistes. Elles s'accompagnent alors de déformations plus ou moins grossières de la situation car il s'agit avant tout d'infléchir ou de justifier les décisions. De telles situations, illustrées à partir d'études de cas, constituent des analyseurs d'autant plus pertinents que la finalité des arguments mobilisés s'avère déconnectée de la recherche d'impact préventif.

Cet article, dans une approche socio-culturelle d'un microchamp sportif, tente d'analyser la structuration sociale des pratiques de haute montagne à l'aide de l'identification de différents idéaux-types de pratiquants. Pour ce faire, à partir d'un raisonnement basé sur l'espace, une enquête lourde a été développée sur un an, à un moment charnière de l'évolution des pratiques étudiées, dans l'espace du Mont-Blanc et des Aiguilles Rouges, massifs à l'exceptionnelle diversité de pratiques et de pratiquants. A partir de l'échantillon prélevé (n = 1 607), huit groupes de pratiquants ont été identifiés. On a constaté une grande diversité de recrutement social et une opposition entre professionnels et amateurs. Malgré le poids des pratiques de nature, les grandes oppositions du système social des sports sont retrouvées, ainsi que les oppositions classiques entre classes et fractions de classe, avec une prépondérance des intellectuels. Ce travail apporte quelques éléments à l'amélioration de la compréhension du champ des pratiques de haute montagne et de certaines de ses évolutions, en soulignant principalement l'influence actuelle et future de l'escalade « libre ».

Aujourd'hui, un certain nombre d'activités sportives sont qualifiées de « fun » ou de « californiennes ». En opposition au sport dit « classique », leurs adeptes valorisent le jeu, le plaisir d'être ensemble, l'humour et les émotions partagées. Ces dénominations caractérisent leur éloignement des aspects « sérieux » des sports de compétition tout en les qualifiant de futiles, légères, marginales, voire socialement immatures. Ce travail, fondé sur l'ethnographie d'une petite communauté de grimpeurs qui s'est approprié une falaise dans le sud de la France, montre que loin d'être futile cette activité est le théâtre d'enjeux sociaux qui dépassent largement la pratique sportive. En effet, si d'un côté la convivialité, le partage et la dimension ludique de l'escalade unissent entre eux certains grimpeurs dans une communauté d'appartenance, d'un autre côté des usages de la violence symbolique et un processus de normalisation des comportements aboutissent à l'exclusion des « autres » (ceux qui ne « jouent pas le jeu du local ») . Ces phénomènes sont interrogés ici car ils montrent comment, à l'intérieur de l'espace des sports, s'actualisent les tensions entre des individus (libres et égaux) et une communauté d'appartenance. En cela, ils interrogent les formes du « vivre ensemble » contemporain.