Contenu du sommaire : Gouvernance et stations de sports d'hiver

En revendiquant d'être les autorités organisatrices du développement touristique dans la loi pour la montagne de 1985, les parlementaires et les élus des communes supports de stations ont endossé de lourdes responsabilités dont ils n'avaient certainement pas perçu toutes les dimensions politiques, économiques et sociales. En effet, la question de la coordination des acteurs, posée dès la promulgation de la loi pour la montagne, est toujours une question brûlante. À partir de la notion de gouvernance, cet article propose de dresser les principaux problèmes du partenariat public-privé en station. L'accent est mis sur les modes de relations entre acteurs. L'objectif est de montrer combien ils sont complexes lorsque l'on observe les relations formelles et informelles : problèmes de légitimité politique pour les autorités locales, déficit d'expertise, marge de manœuvre étroite pour les offices de tourisme, relations asymétriques entre acteurs publics et privés, émergence de revendications pour participer aux débats locaux de la part de la société civile locale. Ces problèmes posent la question de l'existence d'un lieu de négociation sur la gestion des stations, un lieu de gouvernance pour que se constitue un acteur collectif qui participe au débat sur le pilotage de la destination.

L'activité dans les zones touristiques de montagne est menacée par la hausse généralisée du foncier et de l'immobilier (probablement exacerbée par le fait touristique lui-même) : la spéculation foncière est telle qu'elle va à l'encontre d'un développement touristique durable. De plus, celle-ci est plus rentable, à court terme, que l'activité touristique professionnelle en général. Or, les liens entre les acteurs de cette spéculation et le pouvoir local sont complexes, car ces acteurs sont bien représentés dans les conseils municipaux. Dans un tel contexte, la gouvernance (partenariat public/privé le plus large possible) est-elle un outil capable de faire vivre les destinations de manière durable sur les activités touristiques (hébergements, prestations...) et non plus sur la rente foncière ?

Interroger la gestion des risques en montagne, sous l'angle de la vulnérabilité des territoires touristiques, revient à analyser la gouvernabilité face aux risques : la capacité à trouver des solutions de traitement dans un contexte particulier. Ces territoires, aux prises avec des enjeux locaux multiples et parfois antagonistes, développent donc une diversité de modes de gouvernance des risques. La vulnérabilité comprise comme une conséquence du développement touristique doit être considérée dans ces formes diverses et accrues. La notion de gouvernance sera ici mobilisée comme un prisme d'analyse. Elle peut être alors un moyen de rendre compte de ces formes locales d'action publique émergentes dans le domaine des risques et de leur traitement.

Située sur le territoire de six communes, Crans-Montana-Aminona est une des plus grandes stations de Suisse. Si sa naissance date de la fin du XIXe siècle, elle a surtout connu un essor important avec l'avènement des sports d'hiver. Depuis quelques années la station est confrontée à une baisse de la fréquentation touristique alors que dans le même temps les promotions immobilières pour de la résidence secondaire se poursuivent à un rythme élevé. Existe-t-il aujourd'hui dans ce contexte un ou des acteurs capables de piloter le développement de la station ? Pour répondre à cette question, nous analysons quels sont les principaux acteurs impliqués dans le processus décisionnel et quels types de partenariat public-privé existent à Crans-Montana-Aminona. Nous arrivons à la conclusion qu'actuellement il n'y a pas de véritable « pilote » dans cette station. À l'avenir, l'enjeu fondamental consistera à formaliser un partenariat stratégique entre acteurs privés et publics afin d'assurer une « bonne » gouvernance du système touristique local.