Contenu du sommaire : Nouvelles recherches
Revue | Relations internationales |
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Numéro | no 122, avril-juin 2005 |
Titre du numéro | Nouvelles recherches |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Nouvelles recherches
- René Massigli (1888-1988), un Grand du Quai d'Orsay - Raphaële Ulrich-Pier p. 3 René Massigli (1888-1988), un Grand du Quai d'OrsayLa carrière de René Massigli dans la diplomatie française est d'une grande richesse. Universitaire à l'origine, entré au Quai d'Orsay en 1919, il en a atteint les plus hauts postes : directeur des Affaires politiques (1937-1938), commissaire du général de Gaulle aux Affaires étrangères (1943-1944), ambassadeur à Londres (1944-1955), secrétaire général du Ministère (1955-1956). Sa trajectoire passionnante est celle d'un grand commis de l'État, mais aussi d'un homme qui a su dire non à ses ministres lorsque sa conscience le lui imposait, et qui a subi de ce fait trois mises à l'écart. À partir de deux exemples datés de 1938 et 1939, l'on s'interroge sur la marge de manœuvre dont peut disposer un très haut fonctionnaire comme Massigli : expert inutile parce que non écouté, ou homme déterminé qui parvient à imposer une solution dans une question qui l'intéresse ?René Massigli (1888-1988), un Grand du Quai d'Orsay
René Massigli's career in French diplomacy displays great diversity. From University lecturer, he joined the Quai d'Orsay in 1919 and progressively occupied its highest positions : Head of the Political Affairs Department (1937-1938), General de Gaulle's Commissioner for Foreign Affairs (1943-1944), Ambassador to London (1944-1955) and Secretary-General of the Ministry (1955-1956). In his astonishing career, he featured as a great civil servant, but also as a man daring to say « no » to his ministers when told so by his conscience, and who was therefore shunted aside three times. Two episodes drawn from 1938 and 1939 illustrate the range of influence of a senior civil servant like Massigli : a useless expert because he is not listened to, or a determined man able to impose his views in a problem of particular interest to him ? - La fin de la présence française en Syrie : de la crise de mai 1945 au départ des dernières troupes étrangères - Anne Bruchez p. 17 La fin de la présence française en Syrie : de la crise de mai 1945 au départ des dernières troupes étrangères. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, les nationalistes arabes du Moyen-Orient profitent de l'affaiblissement des deux grandes puissances présentes dans la région, la France et la Grande-Bretagne, pour s'imposer politiquement. La Syrie passe, durant cette période, du statut de mandat international sous contrôle français à celui d'État indépendant reconnu par la naissante organisation des Nations Unies. Cette contribution s'intéresse à la dernière étape de cette accession à l'indépendance, qui s'ouvre en mai 1945 sur une grave crise franco-britannique et s'achève le 17 avril 1946 par le départ des dernières troupes étrangères du territoire syrien.La fin de la présence française en Syrie : de la crise de mai 1945 au départ des dernières troupes étrangères. During the Second World War, the Arab nationalists of the Middle East took advantage of the weakness of the two powers present in the region, France and Great Britain, to assert themselves in the political field. During this period, Syria, which was an international mandate under French control at the beginning of the war, achieved the status of an independent state recognized by the incipient United Nations Organisation. This article retraces the last step of this accession to independence, which began in May 1945 with an important Anglo-French crisis and ended on the 17th of April 1946 with the departure of the last foreign troops from the Syrian territory.
- La France et ses relations avec le Saint-Siège 1958-1969 - Sébastien Gué p. 33 La France et ses relations avec le Saint-Siège, 1958-1969Le retour au pouvoir du général de Gaulle en 1958 apporte un certain nombre d'innovations dans les relations entre la France et le Saint-Siège. Les échanges s'intensifient : rencontres régulières avec le Pape, nomination à la tête de l'ambassade de France près le Saint-Siège d'un proche du général, René Brouillet. De plus, de Gaulle porte un intérêt nouveau aux nominations d'évêques – sans remettre en cause la structure juridique héritée, des initiatives originales sont prises –, et aux élections pontificales. Mais avant tout, après avoir pris conscience de l'approche nouvelle du Saint-Siège concernant sa présence sur la scène internationale suite au Concile Vatican II, la France réoriente ses thèmes d'échange vers les grandes questions internationales comme la paix ou le développement.La France et ses relations avec le Saint-Siège, 1958-1969The return to power of General de Gaulle in 1958 brought about a certain number of innovations in relations between France and the Holy See. Exchanges between the two intensified : regular meetings with the Pope ; nomination at the head of the French Embassy to the Holy See of a close ally of the general, René Brouillet. In addition, de Gaulle expressed a new interest in the nomination of bishops – without questioning the legal structure inherited from original initiatives already taken –, and in pontifical elections. But, above all, after having become aware of the new approach of the Holy See concerning its presence on the international scene following the Vatican Council II, France shifted its interests towards big international questions such as peace and development.
- La France et la question de Jérusalem (3 avril 1949-7 juin 1967) - Olivier Danino p. 47 La France et la question de Jérusalem (3 avril 1949 - 7 juin 1967).La guerre qui embrase la Palestine en 1948 entraîne la division de Jérusalem entre Israéliens et Transjordaniens. Cette situation dure jusqu'à la guerre des Six Jours de 1967. Seul l'accord d'armistice signé entre les deux États en 1949 régit en droit le statut de la ville pendant toute cette période. Cherchant une solution définitive, l'ONU propose l'application des résolutions de l'Assemblée générale qui prônent l'internationalisation de Jérusalem. La France, qui possède des intérêts historiques et culturels dans la Ville sainte, soutiendra constamment par sa diplomatie cette position, qui s'essouffle au fil des années et ne connaît un renouveau qu'avec la réunification de la Ville sainte par Israël en 1967.La France et la question de Jérusalem, 3 avril 1949 - 7 juin 1967The 1948 War in Palestine lead to the division of Jerusalem between Israelis and Transjordanians until the 1967 Six Days War. During this period, the city's legal status was solely defined by the terms of the armistice signed between the two states in 1949. Willing to put an end to this situation, the UNO suggested that the General Assembly resolutions, extolling the internationalization of Jerusalem, be applied. France, which had historical and cultural interests in the Holy City, constantly focused its diplomacy on same goal. This French diplomatic position however declined progressively and was only adopted again on the reunification of the Holy City by Israel in 1967.
- "Aussi humainement que possible". Le CICR et les minorités allemandes de Pologne et de Tchécoslovaquie (1945-1950) - Anne-Laure Sans p. 63 « Aussi humainement que possible ». Les déplacements des minorités allemandes de Pologne et de Tchécoslovaquie au lendemain de la Seconde Guerre mondiale ont précipité le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) dans une situation inédite, non couverte par les Conventions de Genève, au moment même ou l'institution genevoise essuyait de virulentes critiques sur ses activités durant la guerre. Cette étude vise d'une part à dessiner le bilan de l'action du CICR en faveur des minorités allemandes, et d'autre part, à dégager les leçons que l'organisation a tirées de cette expérience par rapport à sa mission traditionnelle. Après une première phase de secours empirique, les délégués du CICR commencèrent à jouer un rôle essentiel pour faciliter le départ des Allemands, suivant les accords de Potsdam en août 1945 et la reconnaissance par les grandes puissances du principe des transferts de population. Ils apportaient à la fois une aide matérielle dans les camps, mais aussi luttaient pour que les évacuations aient lieu « de manière humaine et ordonnée » selon les termes employés à Potsdam, et fournissaient aussi une assistance administrative, en servant de relais entre les autorités locales, les puissances d'occupation et les Allemands. Cependant, le Comité entrait dans une délicate phase de réorganisation institutionnelle et devait se concentrer sur son mandat initial concernant la protection des prisonniers de guerre, et par conséquent abandonner certaines de ses activités, dont celle en faveur des minorités allemandes. Pris en tenaille entre les gouvernements de l'Est qui refusaient de cesser les expulsions, et les Occidentaux qui tentaient de repousser les transferts à des jours meilleurs devant les difficiles conditions d'accueil en Allemagne, le CICR tenta alors d'obtenir le règlement politique et global de la question. Ses efforts diplomatiques restèrent vains pendant de longs mois, jusqu'à ce que le jeune gouvernement allemand de la République fédérale d'Allemagne n'exprime sa volonté de faciliter le retour des minorités allemandes de l'Est européen. L'action menée par le CICR en faveur des minorités allemandes a sans aucun doute su combler un vide qu'aucune autre organisation ne remplissait ou n'était à même de remplir. Mais il est tout aussi certain que les délégués se sentaient très souvent pris au piège par des gouvernements qui se déchargeaient sur eux d'une question politiquement sensible. Leur position était extrêmement fragile, car ils étaient souvent perçus comme pro-allemands, alors que l'opinion publique internationale leur reprochait de ne pas en faire assez pour ces populations. Enfin, l'assistance aux civils allemands a forcé le Comité à s'interroger sur les limites de son mandat et à se concentrer sur ses activités en faveur des prisonniers de guerre.« Aussi humainement que possible ». The displacements of German minorities from Poland and Czechoslovakia drew the International Committee of the Red Cross (ICRC) into an unprecedented situation, in which Geneva Conventions could not be applied, and at a time when the Geneva-based organization had to cope with very strong criticisms of its activities during the war. This paper aims to evaluate the ICRC's activities for German minorities, as well as to identify the lessons learnt by the organization with regard to its traditional mandate. After a first phase of routine assistance, ICRC delegates began to play an essential role in facilitating the departure of German civilians, following the Potsdam Agreement in August 1945 and the acceptance of the displacement principle by the Great Powers. They delivered humanitarian aid in the camps, advocated evacuations organized « in an orderly and humane manner » as stipulated in the Potsdam Agreement, and facilitated administrative interactions between the local authorities, the occupying powers and the Germans. Meanwhile, the ICRC was experiencing a difficult rationalization exercise. The organization had to discontinue some its activities and revert to its initial mandate focused on the protection of war prisoners. In this context, the assistance to German minorities had to be abandoned. The field, ICRC tried to negotiate a global and political settlement of the issue, since it was caught between the refusal of governments of the East to stop the evacuation, and the attempt by Western countries to postpone the collective displacement until better economic conditions in Germany were observed. The ICRC's diplomatic efforts were unsuccessful for a long time, until the young government of the Federal Republic of Germany expressed its willingness to facilitate evacuation and welcome the German minorities of Eastern Europe on its territory. The ICRC's assistance to the German minorities indisputably filled a gap that no other organization was able to fill. But it is also without doubt that very often the delegates had the feeling that they were trapped by the governments, which had pushed a very sensitive political issue on to them. The delegates' work was very fragile as they were often seen as pro-German, though international public opinion accused them of not doing enough to help the population. Finally, the assistance to German civilians forced the ICRC to question and to redefine the limits of its mandate, and to focus on its primary activity : the protection of war prisoners.
- La politique étrangère française face à la révolution hongroise de 1956 - Gustav Kecskés p. 87 La politique étrangère française face à la révolution hongroise de 1956Les sources étudiées dans les archives françaises et hongroises, ainsi qu'au secrétariat international de l'OTAN (Bruxelles), ont inspiré les conclusions suivantes : la diplomatie française avait des informations précises sur la révolution hongroise de 1956. Ses prises de positions et sa marge de manœuvre furent fortement influencées à long terme par le statu quo européen – dominé par les États-Unis et l'Union soviétique –, et la guerre d'Algérie. À court terme, c'est l'expédition de Suez qui exerça sur elle un effet considérable. Conformément à ces facteurs, la politique étrangère française réagit d'une manière très prudente aux événements de Hongrie. Tout en évitant même l'apparence d'une intervention directe, son activité se limita aux discours prononcés à l'ONU et à la participation aux programmes d'aide humanitaire en faveur des réfugiés hongrois et de la population restée en Hongrie. Les rapports franco-hongrois, qui avaient connu une période de progrès en relation avec la détente internationale, se dégradèrent jusqu'à leur minimum protocolaire à cause de la répression de la révolution par l'URSS en novembre 1956. Néanmoins des relations bilatérales quasi normales se rétablirent en automne 1958.La politique étrangère française face à la révolution hongroise de 1956On the basis of research in French and Hungarian archives and at NATO's International Staff (Brussels), we came to the following conclusions : French diplomacy had accurate information about the Hungarian Revolution of 1956. Its responses were largely dictated by both long-term factors – a European status quo dominated by the United States and the Soviet Union, and the Algerian War. In the short time, the Suez Crisis had a considerable effect. Driven by these considerations, the Quai d'Orsay reacted to the Hungarian events with extreme caution, seeking to avoid any hint of direct intervention. Its action thus was limited to speeches at the United Nations and to participation in the humanitarian programmes to aid Hungarian refugees as well as to relieve distress in Hungary. After progressively improving in the earlier period of détente, Franco-Hungarian diplomatic relations were reduced to a protocolary minimum after the suppression of the revolution by the USSR in November 1956. However, in autumn 1958, bilateral relations were essentially normalized.
- Les missions des marines militaires européennes depuis 1989 - Basil Germond p. 105 Les missions des marines militaires européennes depuis 1989La redéfinition du concept d'emploi des forces armées en Europe depuis 1989 induisit une réorientation des missions assignées aux forces navales. Notre étude montre que des constantes européennes apparaissent, indépendamment des particularités nationales : une dynamique ascendante des missions d'intervention, une stagnation des missions traditionnelles, ainsi qu'un développement des missions de service public. Cependant, cette évolution ne témoigne pas d'une rupture totale au niveau du type de missions, mais plutôt d'une large réactualisation et redistribution des priorités.Les missions des marines militaires européennes depuis 1989The redefinition of the strategic and operational concept of the armed forces in Europe since 1989 has induced a reorientation of the missions assigned to the naval forces. Our study shows that several European constants appear independently of national characteristics : an ascending dynamic of projection missions, a stagnation of traditional missions, as well as a development of public utility missions. However this evolution does not mean a total rupture of the type of mission, but rather a broad re-actualization and redistribution of priorities.
Notes de lecture
- La diplomatie comme expérience de l'Autre. Consuls français au Maghreb (1700-1840) de Christian Windler - J.C. Allain p. 123
- Mission : Italy. Gli anni di piombo raccontati dall'ambasciatore americano a Roma 1977-1981 de Richard Gardner - Irwin M. Wall p. 125
- Marketing Marianne. French Propaganda in America, 1900-1940 de Robert J. Young - Alain Dubosclard p. 130
- Les volontaires de la mort. L'arme du suicide de François Géré - J.C. Allain p. 133
- René Massigli (1888-1988), un Grand du Quai d'Orsay - Raphaële Ulrich-Pier p. 3