Contenu du sommaire : Patrimoine
Revue | géographie, économie, société |
---|---|
Numéro | Vol. 6, 2004/3 |
Titre du numéro | Patrimoine |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Éditorial : (Re)penser la catégorie économique de patrimoine ? - Christian Barrère, Denis Barthélemy, Martino Nieddu, Franck-Dominique Vivien p. 237-242
- Le dualisme des ordres de la modernité - Christian Barrère p. 243-263 En opposition aux analyses qui définissent la société contemporaine comme une société marchande ou capitaliste, éventuellement altérée par la présence d'éléments hétérogènes, l'article la définit comme forme particulière d'articulation entre deux ordres principaux caractéristiques de la modernité, l'ordre marchand et l'ordre républicain. Il caractérise chacun de ces ordres et décrit leurs caractères pluridimensionnel, incomplet et imparfait. Il précise en quoi l'hypothèse du dualisme permet de penser l'incomplétude du marché, comme celle du capital, et d'analyser les formes non-marchandes en n'en faisant pas une simple extension des logiques du marché et/ou du capital ou une béquille à leur service.Standard analysis and marxist analysis define present society as a market or a capitalist society. Thenon market elements are exceptions, or means for the working of market regulations. Opposite to them, our point of view consider modern societies as dualistic societies. They articulate different logics and principles. They combine two heterogeneous orders, the market order and the republican order. The paper characterizes these orders and their combination.
- Les Frontières de l'ordre concurrentiel et du marché : les Biens Publics Mondiaux et les patrimoines communs - Philippe Hugon p. 265-290 La question des biens publics mondiaux (BPM) et des patrimoines communs a récemment émergé suite au retrait relatif de l'espace public face à la montée du marché et des pouvoirs privés, au « débordement » des États et à la rivalité croissante entre des patrimoines communs posant la question de la gestion patrimoniale à l'échelle planétaire que ce soit la protection de la couche d'ozone ou de la diversité culturelle. Plusieurs argumentaires théoriques peuvent être mobilisés, qui spécifient des biens et les patrimoines collectifs, communs, premiers ou publics, mondiaux ou internationaux. Les premiers, du champ de l'économie, mobilisent les jeux des intérêts et ne remettent pas en cause l'architecture des relations internationales alors que les seconds, du champ de l'économie politique transnationale, concernent des conflits de valeurs et des finalités et donc des décisions politiques qui permettent de délimiter les frontières de l'ordre concurrentiel et celui des patrimoines.The issue of International or Global Public Goods (IPG) and Common or shared heritage was recently brought to the fore following the relative decline of the public sphere and the rise of the market forces and the private sphere. “Overwhelmed” States and the growing rivalry between common or shared heritage raise the question of a world-wide management of shared heritage such as the protection of the ozone layer or cultural diversity. Several theoretical arguments can be made, that distinguish shared goods and shared heritage, private or public, global or international. The first are part of the economy and the interests vested in them do not challenge the actual international relations. The latter concern cross-border political economy and raise the question of heritage and conflicts of values and end-use. These are political decisions that define the edges of both competition and world heritage.
- À propos de deux questions concernant le concept de patrimoine : de quels éléments se compose un patrimoine et quels en sont les titulaires possibles ? - Bernard Billaudot p. 291-301 Les diverses contributions rendent manifeste qu'on ne peut comprendre ce qu'est un patrimoine à partir des concepts de biens publics et/ou d'externalités tels qu'ils sont pensés dans l'approche normale de l'économie traitant du non marchand en négatif, c'est-à-dire à partir du marché. Deux questions demeurent notamment sans réponse précise : quels sont les éléments dont se compose un patrimoine et quels en sont les titulaires possibles ? On y parvient en partant du concept d'activité. Sans développer l'analyse et en laissant de côté le patrimoine naturel, on montre qu'un patrimoine social se compose de ressources libres (ressources — externalités et produits libres) et que le territoire et l'organisation sont les deux types de structure sociale détentrices d'un patrimoine social.
Varying contributions show evidence that it is not possible to understand what a patrimony is from the concepts of public goods and/or externalities as they are thought in the ordinary approach of economy when treating about non-marketable by contrast, that is to say from the market. Two questions remain notably without any precise answer : witch elements make a patrimony and who are the potential owners (titularies) ? It is possible to answer when starting from the concept of activity. Without deep analysis and excluding natural patrimony, we show that a social patrimony is made of free resources (resources-externalities and free products) and that the territory and the organisation are the two types of social structure owning a social patrimony. - De la pluralité des ordres – Les problèmes d'environnement et de développement durable à la lumière de la théorie de la justification - Olivier Godard p. 303-330 La plupart des démarches scientifiques visent l'élucidation d'un ordre unique pour rendre compte de leur objet d'étude. Cette stratégie est productive, mais conduit les chercheurs à demeurer aveugles aux phénomènes de composition de plusieurs ordres, lorsque cette composition se réalise, non de façon accessoire, mais de façon centrale. Une autre posture peut être choisie qui prend la pluralité des ordres comme donnée de base de la réalité à étudier. La pluralité visée ici est celle qui a émergé de la théorie de la justification. L'hypothèse de pluralité des ordres de justification est appliquée au champ de la protection de l'environnement et du développement durable pour examiner plusieurs questions. Quel est le statut de la notion de patrimoine naturel ? Que devient l'évaluation économique dans le contexte des conflits d'environnement ? Le développement durable constitue-t-il un nouvel ordre de justification ? Que serait une répartition internationale équitable de droits d'émission de gaz à effet de serre ? L'examen de ces questions montre la valeur de l'hypothèse de pluralité des ordres pour appréhender des problèmes clés.Most scientific approaches aim at elucidating a unique order to obtain a scientific image of their object. This strategy revealed efficient in most cases but led researchers to ignore phenomena resulting from the composition of several orders, each time this composition is not an accessory feature of reality but a core one. Another strategy is then to be chosen, which takes the plurality of orders as a basic feature of the reality to grasp. The type of plurality considered in the paper is the one resulting from the justification theory and its application to environmental and sustainable development issues. Several questions are tackled. What is the status of the concept of natural patrimony ? What is the destiny of economic assessment in the context of environmental conflicts ? Shall we consider sustainable development as a new legitimate social order of justification ? What does a fair and equitable distribution of greenhouse gas emission rights look like ? An examination of these questions demonstrates how much the assumption of plural social orders may give deep insights on key issues.
- Externalités ou production de patrimoines ? – Les enseignements de travaux récents sur l'agriculture et l'environnement - Denis Barthélemy, Martino Nieddu, Franck-Dominique Vivien p. 331-352 Il existe dans la littérature économique une façon de prendre en compte des relations et des logiques non marchandes par le biais de concepts tels que celui d'externalité ou par l'extension de la catégorie de capital. À partir de travaux récents sur l'agriculture et l'environnement, nous souhaitons montrer qu'il peut exister une autre méthode. Celle-ci consiste à reconnaître le patrimoine comme irréductible à du capital. La reconnaissance en tant que patrimoine vise à organiser les relations économiques de telle façon que le groupe social concerné organise sa perpétuation dans l'espace et dans le temps.Most of the time, economists take into account non market relationships rationality by the way of externality concept or extensions of capital category ; As a result of recent researches in the field of agriculture and environment, we are suggesting to take an other way. It consists of acknowledging heritage as an economic concept irreductible to capital concept. Heritage economics, a non market economy interfering with market economics, gives to social groups the ability to organize their perpetuation over time and space.
- Comptes rendus - p. 353-357
- Ouvrages reçus - p. 359-360