Contenu du sommaire

La déconcentration des activités d'intermédiation dans les grandes régions métropolitaines est souvent associée au déclin des quartiers d'affaires traditionnels. L'article vise à évaluer dans le cas d'une région francilienne connue pour sa forme relativement monocentrique la réalité de tels processus de déconcentration et de mesurer leur impact sur la/les centralité(s) économique(s) intra-métropolitaine(s). À l'aide d'une méthodologie spatiale renouvelée et d'un outil d'analyse redéfinissant les nomenclatures utilisées jusqu'alors, une tentative d'explication par la division sectorielle et fonctionnelle du travail est proposée. Les conséquences sur le marché de l'emploi sont ensuite envisagées : la déconcentration entraîne dans le même temps le renforcement de l'unité régionale et la sous-fragmentation polarisée du marché du travail.

Un examen systématique des travaux académiques et études empiriques révèle que le système régional d'innovation est un concept dont la mise en œuvre et l'élaboration demeure discutable. La diversité d'interprétation et d'utilisation/adaptation du concept de système régional d'innovation par le biais de politiques de développement régional est révélatrice d'une certaine ambiguïté. En outre, la nature de sa relation au territoire reste sujette à débat. Cet article poursuit une réflexion théorique sur le concept de système régional d'innovation et développe une discussion critique sur les apports et limites de ce concept. La critique porte sur le cadre d'analyse et les aspects institutions de l'innovation régionale. Elle débouche sur la proposition selon laquelle la mise en évidence des dynamiques technologiques et industrielles permettrait de mieux comprendre les logiques des fonctionnements du système d'innovation.

Le secteur du multimédia a fortement contribué à la reconversion économique qui est survenue pendant les années 90 dans la région métropolitaine montréalaise. Cet article cherche à savoir s'il est possible de considérer le secteur du multimédia comme un milieu innovateur. Bien que considéré comme un secteur relativement jeune car quasi-inexistant il y a 10 ans, le secteur s'est doté rapidement de nombreuses institutions afin d'appuyer son développement, participant ainsi à la constitution d'un solide capital socio-territorial. L'analyse de l'interaction entre ces institutions, par le biais des échanges et de la formation de différentes formes de réseaux, permettra de voir s'il est possible de qualifier le secteur du multimédia de milieu innovateur.

L'activité manufacturière réalisée par une entreprise multinationale dans une région peut-elle facilement être transférée vers une autre région ? Afin d'étudier cette question, nous distinguons d'abord les facteurs qui influencent le potentiel de mobilité d'une telle activité manufacturière (le type de ressources territoriales employées par l'entreprise multinationale, la durabilité et la spécificité des actifs immobilisés utilisés par l'entreprise multinationale dans la région d'accueil, la possession par l'entre-prise multinationale d'établissements substitutifs dans d'autres régions,...). À l'aide de ce cadre théorique, nous analysons ensuite le potentiel de mobilité des deux principales activités de Sony Manufacturing UK (la filiale manufacturière de Sony au Pays de Galles) : l'assemblage de téléviseurs et la fabrication de tubes cathodiques. Nous constatons l'importance, à court terme, du « poids » des biens d'équipement utilisés dans la production. Celui-ci limite fortement le potentiel de mobilité de l'activité intensive en capital : la fabrication de tubes cathodiques. À long terme, ce sont essentiellement les ressources territoriales employées par l'entreprise multinationale qui peuvent contribuer à stabiliser ses activités dans la région d'accueil. Mais la filiale galloise de Sony fait principalement appel à des ressources territoriales génériques (ouvriers faiblement qualifiés rapidement formés, fournisseurs autochtones d'inputs matériels simples,...) — des ressources qui peuvent être trouvées dans de nombreuses autres régions. Ceci rend l'avenir des activités de Sony au Pays de Galles incertain.

La démarche normale de l'économiste consiste à partir de l'échange. On ne peut alors appréhender le territoire que si on prend en compte les failles du marché. On le conçoit uniquement comme un espace local dans lequel s'opèrent des externalités — des interactions qui ne passent pas par le marché et qui affectent cependant les utilités. Pour tout le reste, l'économiste doit s'en remettre à la science politique, en prenant le territoire comme un espace construit par des institutions politiques, à commencer par le national. Cet article se propose de dépasser ce dualisme, de penser le territoire de façon unitaire sans disjonction entre ces deux visions. Cela implique d'abandonner toute délimitation a priori, c'est-à-dire a-historique, d'un objet de la science économique. On définit le territoire moderne comme un espace de constitution d'un patrimoine de ressources publiques. Son fractionnement en un ordre politique et un ordre économique se construit sur cette base. Une partie seulement des activités se déroulant dans cet espace en se nourrissant de ce patrimoine se retrouvent dans ces ordres et il n'y a aucune nécessité que ces derniers soient conjointement présents à quelque niveau spatial que ce soit. Le concept de patrimoine permet d'articuler la proximité géographique et la proximité sociale qui est nécessaire à la coordination des acteurs. La proximité géographique est à l'origine du patrimoine territorial, tandis que la proximité sociale tient à l'accès des acteurs à ce patrimoine qui est commun.

Il s'agit d'analyser les divers sens du malentendu, plus précisément envisager le phénomène en tant qu'instrument de manipulation. Si l'échelle du malentendu est large, allant de la simple erreur d'interprétation jusqu'au détournement du sens, ce qui est le plus intriguant et le moins analysé concerne la déformation du sens. Ici, il s'agit de distinguer entre détournement conscient par l'auteur (premier cas) ou l'autre, quand l'auteur n'intervient pas directement dans le processus, mais subit la « déviation » de sa thèse par ses disciples (second cas). Les deux exemples choisis pour illustrer ces phénomènes sont les théories proposées par Amartya Sen et Erwin Goffman.