Contenu du sommaire
Revue | géographie, économie, société |
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Numéro | Vol. 19, 2017/4 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Construction de la LGV SEA Tours-Bordeaux et politique de recrutement local : analyse de la coordination des acteurs publics et privés - Etienne Fouqueray, Élodie Manceau-Antoniazzi p. 433-458 Lancée en 2011, la construction de la Ligne à Grande Vitesse Sud Europe Atlantique (LGV SEA) entre Tours et Bordeaux a mobilisé près de 9 000 salariés au plus fort des travaux à l'été 2013. La mobilisation massive de ces ressources humaines a nécessité la mise en œuvre d'une politique d'emploi et de formation adaptée de la part du constructeur et des parties prenantes locales au projet. En particulier, le recrutement d'environ 2 000 salariés locaux par le constructeur a été permis par l'instauration de relations partenariales entre acteurs locaux et nationaux de l'emploi et de la formation. Après avoir souligné le manque d'évaluation des dispositifs « emploi-formation » accompagnant les grands chantiers d'infrastructure de transport, cet article interroge la construction du dispositif « emploi-formation » et apporte des premiers éléments d'évaluation du système de gouvernance local ayant permis le recrutement de ces personnels.The construction of the High Speed Line South Europe Atlantic (LGV SEA) between Tours and Bordeaux started in 2011 and required about 9000 employees at the peak in summer 2013. To reach this goal the construction company and local stakeholders had to develop an employment and training policy adapted to the project. In particular, the recruitment of about 2000 local employees by the construction company has been possible through a partnership between both local and national employment and training stakeholders. Because of the lack of assessment of “employment-training” policies accompanying major transport infrastructure projects, this paper aims to analyze the plan for “employment training” implemented on this project in order to assess the effectiveness of local governance system that allowed the recruitment of these employees.
- Les Systèmes Urbains Cognitifs et l'écueil du déterminisme technologique - Raphaël Besson p. 459-483 Les mutations récentes du capitalisme, où la connaissance tend à remplacer les ressources naturelles et le travail physique comme outils de croissance économique, transforment en profondeur les villes contemporaines. L'une des manifestations de ces mutations réside dans la multiplication de projets de « districts technologiques », de « clusters créatifs », de « clusters culturels », de « districts du design » ou encore de « cyber districts ».Ces projets se développent sur le modèle des « Systèmes Urbains Cognitifs » (SUC). Les SUC émergent au cœur des villes, et font suite à des politiques publiques fortes de revitalisation socioéconomique et urbaine, sur des sites de quelques centaines d'hectares. Ces projets cherchent à attirer les talents et les activités innovantes, tout en jouant un rôle actif dans les processus de production d'innovations. Une autre caractéristique des SUC est qu'ils sont bâtis sur un fort déterminisme technologique. Ils reposent sur l'illusion selon laquelle les innovations technologiques seraient aptes à stimuler par elles-mêmes le développement socio-économique, urbain et durable des villes.L'objet de notre article est de discuter de la portée et des limites de la perspective technologiste des SUC, à travers une analyse de quatre SUC : 22@Barcelona à Barcelone, les Distrito Tecnológico et Distrito de Diseño de Buenos Aires et le projet GIANT/Presqu'île à Grenoble.In the recent capitalism mutations, knowledge tends to replace natural resources and physical work as economic growth tools, and this deeply transforms modern cities. Progressively, contemporary cities fit their productive, spatial and organizational structures to new economy demands. One of the most evident sign of these mutations lies in the multiplication of projects such as “technological district”, “creative” or “cultural clusters”, “design districts” or “cyber districts”.These projects are all developed on a same model, the model of “Cognitive Urban Systems” (CUS). Those CUS emerge at the core of the cities as the consequence of strong public policies of socio-economic and urban revitalization, on areas of approximately 200 acres. The aim of the projects is to attract talents and innovative activities, paying an active role in the process of production of innovations. Another characteristic of the CUS is that they are built on the base of a strong technological determinism. The lay on the illusion that technological innovations would be able of stimulating by themselves the socioeconomic, urban and sustainable development of the cities.The object of this article is to discuss the impact and the limits of the CUS's technological perspective, through an analysis of four CUS: 22@Barcelona (Barcelona), Distrito Tecnológico and Distrito de Diseño (Buenos Aires) and the project GIANT/Presqu'île (Grenoble).
- Attraction des investissements et exigences de localisation des activités métropolitaines à Alger - Amel Djellata-Benabderrahmane, Ewa Berezowska-Azzag p. 485-512 Asseoir une offre territoriale attractive représente l'objectif principal des stratégies de développement métropolitain d'Alger. Une connaissance effective des exigences de localisation optimale des entreprises que l'on tente d'attirer devient donc indispensable. Sur la base d'une enquête qui a questionné un certain nombre d'activités métropolitaines implantées à Alger, l'article se propose d'apporter des réponses quant à l'image que se font les investisseurs d'Alger, de ses atouts et de ses lacunes, mais aussi de l'importance qu'ils accordent aux facteurs de localisation qui guident leurs choix d'implantation, à l'échelle de la ville et à l'intérieur de celle-ci. Les éléments de réponses obtenus permettraient au final d'aider à esquisser les principes de réorientation de la stratégie d'aménagement urbain à adopter pour conforter le statut métropolitain et attractif d'Alger.Sitting up an attractive territorial offer represents the main challenge of the Algiers 2030 metropolitan development strategies. Therefore, the knowledge of the optimal localization requirements in order to attract investment becomes essential. The paper aims to provide effective and real answers about the image the investors have of Algiers' strengths and weaknesses, based on a survey of a number of companies and metropolitan institutions located already in Algiers. The survey also testifies about the importance they attach to the different factors which guide their choice of localization, throughout the city and nearby. The obtained results should ultimately help to sketch up the new version of the urban development strategy, able to consolidate the metropolitan and attractive status of Algiers.
- Les métropoles, aux prises avec leurs réalités fiscales ? - Françoise Navarre p. 513-535 Les métropoles, nées avec la loi MAPTAM en 2014, sont censées jouer un rôle majeur sur le plan économique et social, au niveau national et international. La concrétisation de leurs ambitieux projets de territoire nécessite des moyens en conséquence. Pourtant, de ce point de vue, les communes et intercommunalités impliquées relèvent du régime ordinaire, en vigueur pour toutes les collectivités. Le succès escompté repose alors sur un double postulat : la dynamique du développement territorial sera suffisante pour garantir une progression soutenue des impôts locaux ; conjointement, les élus concernés feront usage de leur autonomie fiscale afin d'apporter les compléments requis.À l'observation, il apparaît que l'avantage des métropoles en termes de bases taxables ne les dispense pas, ou pas toutes, de faire d'ores et déjà peser un effort marqué sur leurs contribuables. Parallèlement, les décideurs locaux utilisent de façon modérée le levier fiscal, même lorsque la progression de la matière imposable n'est pas au rendez-vous.Le devenir de l'aménagement et du développement métropolitain serait-il alors entaché d'incertitudes, du fait de contraintes pesant sur les ressources locales ?Metropolitan institutions (set up under the law MAPTAM in 2014) are supposed to play a major role on the economic and social plan, at the national and international level. As a consequence, the realization of their ambitious projects of territory requires high financial resources. But in these new metropolitan institutions, communes and their associations fall under the ordinary fiscal regime. The success that is expected then relies on a double assumption. First the dynamic of territorial development will be sufficient to ensure that revenues from local taxes will grow steadily. And secondly local politicians will use their fiscal autonomy in order to provide additional resources.In fact by analyzing fiscal data, it appears that the advantages of the major cities with their tax bases do not already stop them to impose a heavier burden on their taxpayers. In addition local elected representatives use sparingly the tax lever, even where tax bases do not really increase.The future of spatial planning and of metropolitan development would then be uncertain, mainly because of constraints on local budgets.
- Finance de marché et fonds d'investissement durables : la coupure au territoire - Thierry Theurillat, Olivier Crevoisier, Victoriya Salomon p. 537-560 Cet article s'inscrit en géographie de la finance et montre, à l'aide de diverses études de cas, comment l'industrie financière, en s'appropriant le concept de développement durable de manière particulière, a construit sa propre approche de la « valeur financière durable » dans le cadre des fonds d'investissement socialement responsable (ISR). Il explique la manière dont l'industrie financière auto-valide son action en matière de finance « durable » par le recours à des organisations (agences de notation extra-financière et ONGs), des personnalités (experts, leaders d'opinion) ou des institutions (organisations internationales) qui, par leur réputation ou leur position, légitiment la « valeur durable ». Or, si ces acteurs parviennent à animer le débat médiatique, scientifique et politique, ils restent largement sous l'influence de l'industrie financière et ne remettent pas en cause l'essence même des produits financiers, la coupure au territoire. L'absence de territorialisation et de contextualisation territoriale empêchent toute approche forte de la durabilité, fondée sur les acteurs locaux et une opérationnalisation sur un territoire donné.As a part of the geography of finance, this article shows, on the basis of several case studies, how the financial industry, by appropriating the concept of sustainable development in a particular way, has built its own approach to “sustainable financial value” within the framework of socially responsible investment funds (SRI). It explains how the financial industry self-validates its action on “sustainable” finance through the use of organizations (extra-financial rating agencies and NGOs), personalities (experts, opinion leaders) or Institutions (international organizations) which, by their reputation or position, legitimize “sustainable value”. However, if these actors manage to animate the media, scientific and political debate, they remain largely under the influence of the financial industry and do not call into question the very essence of financial products, the disconnection with the territorial context. The absence of territorialization and territorial contextualization prevents any strong approach to sustainability, based on local actors and an operationalization in a given territory.
- Comptes Rendus - Guilhem Boulay p. 561-563