Contenu du sommaire : L'Italie et les guerres des autres
Revue | Guerres mondiales et conflits contemporains |
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Numéro | no 245, 2012/1 |
Titre du numéro | L'Italie et les guerres des autres |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Dossier : L'Italie et les guerres des autres
- Introduction - Bruna Bagnato p. 3-5
- L'Italie, la naissance de l'état d'Israël et le premier conflit israélo-arabe, 1948-1950 - Alberto Tonini p. 7-20 La position du Gouvernement italien à l'occasion de la naissance de l'État d'Israël et le conflit qui s'ensuivit fut inspirée par le besoin de ne pas se dissocier de la ligne tenue par les alliés de l'époque, à savoir les principaux pays de l'Europe occidentale et les États-Unis. Le Gouvernement de Rome a reconnu le nouvel État neuf mois après sa création, mais dans les années suivantes, il a essayé de maintenir des relations cordiales avec tous les pays du Moyen-Orient.The position of the Italian Government on the occasion of the birth of the State of Israel and the conflict that ensued was inspired by the need to sustain the line held by Italy's allies in that period, that is to say the principal countries of Western Europe and the United States. The Rome government recognized the new State nine months after its creation, but in the years that followed it tried to maintain cordial relations with all countries in the Near and Middle East.
- L'Italie et la crise de suez - Frederica Onelli p. 21-40 Durant la seconde moitié des années 1950, l'Italie a essayé de retrouver une position importante en Méditerranée et au Moyen-Orient en se libérant des limites imposées à sa diplomatie à la suite de sa défaite lors de la Seconde Guerre mondiale. La péninsule avait en effet traditionnellement assuré une fonction de pont entre l'Occident et le monde arabe. La crise de Suez fut un test important pour mesurer les forces et les faiblesses de l'activité diplomatique de la nouvelle République italienne. À cette occasion, Nasser s'est montré assez disposé à considérer Rome comme un canal utile de communication avec le bloc occidental, mais les divergences d'opinion parmi les acteurs politiques et diplomatiques italiens ont fini par compromettre le rôle de la diplomatie italienne.During the second half of the 1950s, Italy was trying to break the limits imposed by its defeat in the Second World War and to rebuild its foreign policy in the Mediterranean and Middle Eastern areas. This region was a traditional point of interest for Italian diplomacy: throughout past centuries the Peninsula had been considered an ideal bridge between Europe and the Arab countries. The 1956 Suez crisis was an important test to measure the power of Italian diplomacy. On this occasion Nasser was prone to consider Italy a useful intermediary in his contact with the Western Powers. The main actors in Italian foreign policy, however, had different opinions as to the level of independence the Italian Government could maintain vis-a-vis the Atlantic Powers. The lack of concerted action compromised the role of Italian diplomacy.
- L'Italie, la France et la guerre d'Algérie - Bruna Bagnato p. 41-60 L'Italie adhère hypocritement à la thèse française sur le caractère « intérieur » des « événements » d'Algérie puisqu'elle craint les effets d'une attitude différente. Ses craintes changent tout au long de la guerre. Jusqu'en mars 1957, l'Italie appuie la France en Algérie par crainte de saboter, autrement, le processus d'intégration européenne. Dans les mois suivants et jusqu'en mai 1958, l'on craint que l'« abandon » de la France pourrait y favoriser un tournant autoritaire ou « gauchiste » et une reconsidération de ses relations occidentales. Après le retour au pouvoir de De Gaulle, on considère que le Général ne peut opter pour une solution libérale pour l'Algérie que s'il obtient des satisfactions pour la France, en termes de prestige et de solidarité, sur les terrains européen et atlantique.The Italian Government gave its hypocritical support to the French thesis, that the Algerian War was a domestic matter, because it feared the effects of a different policy. Its fears increased throughout the war. Up until March 1957, Italy supported France in Algeria because it feared that otherwise it would sabotage the process of European integration. In the following months, and up until May 1958, Italy feared that France, if abandoned by its allies, could either turn to the left or evolve into an authoritarian regime, to the detriment of its Western relations. With the return of General de Gaulle, Italy considered that France could opt for a liberal solution for Algeria only if it obtained satisfaction, in terms of prestige and solidarity, on the European and Atlantic levels.
- L'Italie et l'escalade de la guerre du Vietnam - Leopoldo Nuti p. 61-78 Le but de cet essai est de comprendre les réactions de l'Italie face à l'escalade de la guerre du Vietnam et de vérifier les effets de la guerre sur les relations entre Rome et Washington, ainsi que sur la politique étrangère de l'Italie et sur l'évolution de sa politique intérieure. Dans sa première partie, l'article vise à montrer comment la guerre du Vietnam devient, en Italie, un thème de politique intérieure, parallèlement au mécontentement croissant à l'égard de la formule de Centre-gauche. Dans la partie suivante, on montre que la préoccupation italienne vis-à-vis de la guerre est strictement liée à une série de questions de nature internationale que les décideurs politiques italiens ont eu à affronter dans la seconde moitié des années 1960. Toutes ces préoccupations, au niveau de politique intérieure et internationale, sont à l'origine des efforts italiens pour faciliter un règlement du conflit du Vietnam, du voyage à Hanoi du maire de Florence Giorgio La Pira à les tentatives Marigold et Killy – qui sont analysés dans la dernière partie de l'article.The purpose of this paper is to assess the Italian reactions to the escalation of the Vietnam War, as well as the impact of the war on US-Italian relations, on Italian foreign policy, and on the evolution of Italian domestic politics. The essay first looks at how the war in Vietnam became an issue in Italy's domestic politics, and describes the coincidence between the escalation and the growing internal discontent with the experiment of the Center-Left. In the following section, the essay shows how the Italian preoccupations about the war were interrelated to a number of other foreign policy concerns, which seriously troubled the Italian foreign policy-making elite in the second half of the 1960's. All these domestic and international anxieties spurred a series of Italian attempts to bring about a negotiated settlement of the conflict, from the botched trip to Hanoi of Florence Mayor Giorgio La Pira to the tangled webs of Marigold and Killy, which are explored in the last section of the paper.
- L'Italie et la crise congolaise au début des années 1960 - Maria Stella Rognoni p. 79-94 Le 30 juin 1960, le Congo obtint son indépendance. Les craintes de la veille, liées à une transition que beaucoup considéraient comme trop rapide, ne tardèrent pas à se révéler bien fondées. Cette contribution vise à analyser le rôle joué par l'Italie face à une crise qui attira, en un bref laps de temps, l'attention de tous les principaux acteurs du système international. En effet, le Congo du début des années 1960 n'était pas seulement un lieu de conflits entre des conceptions opposées d'indépendance ; il devint aussi très vite le banc d'essai pour tester la résistance des alliances historiques et explorer de nouveaux équilibres possibles. Les exigences en matière de politique intérieure, les ambitions internationales et les intérêts économiques marquèrent les limites d'une action que l'Italie chercha à accomplir de manière autonome et c'est en soutenant les initiatives des Nations unies qu'elle forgea le dynamisme tempéré qui allait devenir son trait distinctif.On 30 June 1960, the Congo gained independence. The fear that the transition was too rash soon proved to be sound. This article analyses the role played by Italy during a crisis that, within a short time, involved all the relevant political actors of the time. At the beginning of the Sixties, the Congo was not only a place where different conceptions of independence were at stake ; it very quickly became a testing ground for reviewing historical allegiances and searching for possible new dynamics. Domestic policy constraints, foreign ambitions and economic interests marked the limits of the action that Italy was able to accomplish by itself, and it was by supporting the initiatives of the United Nations that Italy forged the moderate dynamism that was to become its distinctive trait.
- L'Italie et la crise du Yom Kippour : de la guerre d'octobre à une nouvelle stratégie de coopération dans le Golfe (octobre 1973 - janvier 1974) - Matteo Petrini p. 95-113 L'éclatement de la guerre du Yom Kippour en octobre 1973 et la crise pétrolière suivante constituent des enjeux majeurs pour la diplomatie italienne des années 1970. Des craintes économiques liées à la dépendance énergétique, des rapports historiques avec le monde arabe et des considérations de politique interne poussent en effet le pays à adopter un point de vue partiellement en contraste avec ses alliés, et notamment avec les États-Unis. L'article a pour objectif de décrire l'attitude italienne face à la crise, de l'engagement communautaire aux initiatives unilatérales vers les pays arabes, en s'appuyant sur les documents des archives privées du ministre des Affaires étrangères Aldo Moro, un des acteurs-clés de la politique étrangère italienne pendant cette période.The outbreak of the Yom Kippur War and the oil crisis that followed were among the main challenges facing Italian diplomacy during the 1970s. Economic concerns related to energy dependence, historical relations with the Arab world, and domestic policy priorities all led the country to adopt a point of view that partly clashed with that of its allies, including the United States. The article outlines the Italian attitude to the crisis, from the activities in the European Community framework to the unilateral initiatives toward the Arab countries, by an analysis of documents from the private archives of Aldo Moro, the Italian Foreign Minister and Italy's key foreign-policy player during that period.
- Des intérêts difficilement conciliables : l'Italie, l'Europe et la crise des Falkland (avril-juin 1982) - Lorenzo Mechi, Andrea Chiampan p. 115-132 Lorsque éclate la guerre anglo-argentine des Falkland, au printemps 1982, le Gouvernement de Spadolini soutint l'embargo de la cee contre les importations provenant du pays sud-américain, coupable d'avoir déchainé la crise. Mais bientôt, à cause d'importants intérêts économiques et de la forte présence italienne en Argentine, la majorité des forces politiques de la péninsule impose au Gouvernement de s'en dissocier, en provoquant ainsi une fracture entre l'Italie et les autres pays européens. La fracture fut rapidement réparée grâce à la victoire britannique et à la bonne volonté de tous les pays impliqués, mais elle mit en lumière les difficultés du monde politique italien d'élaborer une politique étrangère cohérente sur des questions controversées et avec des intérêts difficilement conciliables.At the outbreak of the Falklands War between the United Kingdom and Argentina, in the spring of 1982, the government led by Giovanni Spadolini supported the eec embargo against the imports from the South American country that had provoked the crisis. Due to the strong economic interests and the important Italian presence in Argentina, however, the majority of Italy's political parties forced the government to abandon the embargo, resulting in a break with its European partners. The break was quickly repaired, thanks to the British victory and the goodwill of all the countries involved, but it highlighted the difficulties for the Italian political milieu in elaborating a coherent foreign policy on controversial questions involving interests that were hard to reconcile.
Varia
- Aspects nouveaux de la guerre d'Espagne : sept causes célèbres qui s'entremêlent - David Wingeate Pike p. 133-156 Chacune des sept causes célèbres en question a eu lieu dans les premiers mois de la guerre d'Espagne. Les sujets ont leurs similarités et leurs différences, les uns victimes des républicains, les autres, victimes des franquistes. Unamuno et Marañón, le plus grand philosophe et le plus grand médecin d'Espagne du xxe siècle, tous deux en pleine contradiction avec eux-mêmes. Le comte de Romanones, cofondateur de la République, qui se tint à l'écart de la guerre. José Antonio Primo De Rivera, fondateur de la Phalange, qui s'opposait pourtant à la cause franquiste. Francisco Largo Calvo, fils du Premier ministre Largo Caballero, otage qui survécut à la guerre. Le duc de la Vega, exécuté pour être duc. Et Niceto Alcalá Zamora, président de la République, père d'une famille politiquement et tragiquement divisée, qui allait mourir en Argentine, dans la misère.Each of these seven famous affairs took place in the first months of the Spanish Civil War. The subjects have their similarities and their differences, some falling victim to the Republicans, others to the Nationalists. Unamuno and Marañón, the greatest philosopher and the greatest physician that Spain produced in the 20th century, both in contradiction with themselves. The Count of Romanones, co-founder of the Republic, who kept apart from the war. José Antonio Primo de Rivera, founder of the Falange but an opponent of Franco's cause. Francisco Largo Calvo, son of Prime Minister Largo Caballero, taken hostage but surviving. And Niceto Alcalá Zamora, President of the Republic, father of a family politically and tragically divided, who was to die in Argentina and in poverty.
- Aspects nouveaux de la guerre d'Espagne : sept causes célèbres qui s'entremêlent - David Wingeate Pike p. 133-156