Contenu du sommaire : L'armée d'Afrique
Revue | Guerres mondiales et conflits contemporains |
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Numéro | no 259, 2015/3 |
Titre du numéro | L'armée d'Afrique |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- In memoriam - Jean-Louis Crémieux-Brilhac - Chantal Metzger p. 3-4
Dossier : L'armée d'Afrique
- Introduction - Michel Bodin p. 5-8
- L'impôt du sang des volontaires étrangers de la légion étrangère dans la Grande Guerre - André-Paul Comor p. 9-20 Pour la première fois depuis la Révolution française des étrangers établis en France se portent spontanément et massivement volontaires pour la défense du droit et de la liberté. Ce, avant même la déclaration de la guerre. Hérauts de cette croisade, les représentants de l'élite intellectuelle et artistique européenne et américaine établie dans la capitale sont suivis par la foule des étrangers de condition modeste qui veulent montrer leur reconnaissance au pays qui les a accueillis. Incorporés dans des régiments de marche de la Légion étrangère créés pour la circonstance, par leur conduite au feu, ces engagés volontaires pour la durée de la guerre de 1914 contribuent ainsi à légitimer et à pérenniser cette composante de l'armée d'Afrique.
For the first time since the French Revolution, foreigners who had settled in France volunteered massively and spontaneously to defend the cause of law and freedom, even before war had been declared. European and American intellectuals, as well as the artistic elite, were in the vanguard of this crusade and were followed by a multitude of foreigners from modest backgrounds who wanted to show their gratitude to the country that had welcomed them. These soldiers, who enlisted for the duration of the war, joined march battalions of the Foreign Legion, and their bravery in action contributed greatly to turning this unit into a regular and permanent component of the Army of Africa. - Retrouver son rang et gagner sa place. Le rôle de la victoire du Belvédère dans l'armée française renaissante - Ivan Cadeau p. 21-38 À partir de 1943, l'armée française réorganisée sur le modèle américain doit prouver aux alliés qu'elle constitue toujours une puissance militaire. Les combats victorieux de la 3e DIA sur le Colle Belvédère permettent d'en faire la démonstration en même temps qu'ils donnent du crédit au général de Gaulle dans ses discussions avec les Anglo-saxons. Victoire militaire, victoire politique, le succès du Belvédère puis, plus tard, ceux remportés en Italie, doivent également contribuer à resserrer les liens entre la France et les populations d'Afrique du Nord. Dans ce dernier domaine, l'égalité et l'unité promises aux tirailleurs cèdent la place, à après la guerre à la frustration et aux désillusions.
Starting in 1943, the French Army, reorganized on the lines of the American model, had to prove to its allies that it was still a military power. The victories of the 3rd Algerian Infantry Division at Monte Belvedere proved it, while it also gave additional weight to General de Gaulle in his negotiations with his British and American counterparts. Victory at Monte Belvedere and in later engagements in Italy were both a military and political success, for they helped to strengthen ties between France and its North African populations. These ties began with promises to the tirailleurs of equality and unity. After the war, however, such ideals gave way to frustration and disillusionment. - L'armée de l'Empire ou l'armée de la Nation ? Front et arrières pendant la seconde campagne de France (1944-1945) - Claire Miot p. 39-56 La Première Armée française du général de Lattre de Tassigny, qui débarque en Provence à partir du 15 août 1944 est composée dans une large majorité de soldats originaires de l'Empire colonial, qu'ils soient Européens ou considérés comme « indigènes ». Si de nombreux combattants issus de la Résistance sont, à mesure de la libération de la métropole, intégrés à l'armée, c'est encore l'Empire qui fournit le gros des forces françaises qui doivent supporter la violence du champ de bataille à l'hiver 1944-1945, car le gouvernement provisoire de la République française n'a pas les moyens de mettre en œuvre un mobilisation générale des métropolitains et doit veiller à la reconstruction d'un pays exsangue. La sortie de guerre de la France et de son Empire, en 1944-1945 s'est opérée selon des temporalités disjointes. Cet article propose ainsi d'analyser les causes et les manifestations de la crise multiforme entre le front et les fronts métropolitain et impérial qui en résultent.
The French First Army, which landed in Southern France from August 15, 1944, was made up mostly of troops from the French Empire, whether European or native. Even if more and more fighters in the Resistance joined the regular army, it was still the Empire that provided the majority of the French troops who fought in the battles of the hard winter of 1944-1945. Indeed, the French Provisional Government that had to implement the reconstruction of a devastated country lacked the means to introduce a general mobilization. The reemergence of France and its Empire in 1944-1945 took place in disjointed ways. This article seeks to analyze the causes and manifestations of the crisis in all its varied forms. - Les Marocains dans la guerre d'Indochine (1947-1954) - Michel Bodin p. 57-76 De 1947 à 1954, le corps expéditionnaire français en Indochine n'a pas les effectifs suffisants pour l'accomplissement de ses missions. Les autorités françaises doivent faire appel à de nombreux soldats des colonies, parmi eux environ 60 000 Marocains recrutés facilement. Ils acquièrent une réputation de combattants solides et loyaux. En dépit de la guerre, ils sont contents de leur vie en Indochine et ne posent aucun problème jusqu'en 1950. Après, l'arrivée de plus jeunes soldats, les revers français, les propagandes et la détérioration de la situation au Maroc troublent parfois ces hommes. Mais cela ne crée pas de graves problèmes ni dans les unités ni à leur retour au Maroc.
From 1947 to 1954, the French expeditionary forces in Indochina were never sufficient to carry out their mission. The French authorities were obliged to call up a large number of soldiers from the colonies, among them approximately 60 000 Moroccans who were easily recruited. They gained a reputation as loyal and disciplined fighters. In spite of the war, they were satisfied with their lives and posed no problems until 1950. Then, the arrival of younger soldiers, the French reverses in Indochina, together with propaganda and the deteriorating situation in Morocco, in various cases altered their viewpoints. This did not, however, raise any serious problems, either in their units or on their return to Morocco. - La force locale après les accords d'Évian (mars-juillet 1962) - Soraya Laribi p. 77-92 Composée d'environ 90 % de Musulmans, la « force algérienne » appelée tantôt « force de l'ordre locale » ou « force locale » comprend également des recrues européennes dont des appelés. Sous la houlette de l'Exécutif provisoire, elle est censée représenter l'embryon de la future armée algérienne. Toutefois, dans le contexte de la fin de la guerre d'Algérie, elle peine à s'imposer et ses membres sont victimes d'une « crise d'identité. » Ils ne peuvent pas correctement accomplir leur mission principale : garantir l'ordre. Désertion des « Marsiens » qui rejoignent l'Armée de Libération nationale, Européens qui ont l'impression « d'être livrés à l'ennemi » : la force locale est un échec.
The Algerian Force—alternately known as “local law enforcement” and “local force”—was composed of about 90 per cent Muslims and the rest European recruits, some of whom were conscripts. The force was under the leadership of the Provisional Executive and was supposed to represent the embryo of the future Algerian Army. However, at the end of the Algerian War the local force was struggling to gain recognition, and this led to an internal “identity crisis”. The members of this local force could no longer maintain proper order, which was their main mission. The so-called “Marsiens” joigned the National Liberation Army. The Europeans were under the impression that they were being “handed over to the enemy.” This series of events led to the failure of the local force.
Varia
- La construction de la ligne Maginot alpine et son emploi en 1940 : un système défensif novateur et efficace - Philippe Garraud p. 93-114 La politique de fortification des frontières s'inscrit dans le contexte stratégique transitoire des années 1925-1930 qui conduit à l'adoption d'une posture défensive. L'organisation discontinue précise des fortifications est ensuite strictement conditionnée par la géographie et la topographie alpine, et les ouvrages souterrains ont un caractère novateur. Enfin, la brève épreuve des combats permet de mettre en évidence l'efficacité du système défensif constitué autour des fortifications qui, dans les Alpes, a pleinement rempli son rôle.
The policy of building fortifications was part of the transitory strategic context of the 1925-1930s which led to a defence psychology. The organisation of the fortifications, both precise and discontinued, depended on Alpine geography and topography, and the underground military constructions were innovative. In the end, the brevity of the conflict proved to what extent the defensive system was effective. - Le réduit des Carpates : la Roumanie entre stratégie de défense asymétrique et intégration au pacte de Varsovie - Pierre Bouillon p. 115-128 La Roumanie bénéficia durant la Guerre froide d'une image particulière parmi les démocraties populaires. Elle semblait en effet autonome par rapport à l'URSS. Cependant, elle maintint bel et bien des liens militaires avec le pacte de Varsovie, même si elle tâcha de les limiter. À l'inverse, elle fut aussi la seule dans le bloc de l'Est à adopter une doctrine militaire différente de celle de l'URSS, ainsi qu'à mettre en place des forces adaptées à une guerre asymétrique, à savoir les Gardes patriotiques et les troupes de montagne. Ces unités avaient un rôle militaire, à savoir dissuader Moscou d'envahir la Roumanie, mais aussi politique : convaincre l'Ouest du discours nationaliste employé par le régime, instrumentaliser le patriotisme de la population et, enfin, contrôler celle-ci.
Romania benefitted during the Cold War from a distinctive image compared to the other people's democracies. Indeed, it looked independent from the USSR. However, military relations were never entirely broken between Romania and the Warsaw Pact, although that country tried to circumscribe them as much as was possible. On the other hand, it was the only one in the Eastern Bloc to adopt a military doctrine different from the Soviet one, and to set up military forces able to wage an asymmetric warfare: the Patriotic Guards and Mountain Troops. Those forces had a role to play at both the military and political levels: they had to dissuade the USSR from invading Romania, to convince Western Powers of the nationalist rhetoric used by the communist leadership, to exploit the Romanian patriotism and, last but not least, to keep control of the population.
- La construction de la ligne Maginot alpine et son emploi en 1940 : un système défensif novateur et efficace - Philippe Garraud p. 93-114
Témoignage
- Une adolescente en résistance1 - Jacqueline Bloch-Roinac p. 129-146
Comptes rendus
- Compte rendu - p. 147-150