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Revue | Revue d'études comparatives Est-Ouest |
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Numéro | vol. 41, no 2, juin 2010 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Avant propos - Assen Slim p. 5-9
- Le marché du travail dans les États baltes: De la flexibilité informelle à la flexibilité formelle - Céline Bayou p. 11-32 Depuis la restauration de leur indépendance en 1991, l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie ont fait le choix d'une transition rapide vers l'économie de marché, adoptant les outils économiques libéraux qui ont entraîné un désengagement certain de l'État. Logiquement, l'on pouvait prévoir que l'évolution du marché du travail dans ces pays se caractériserait par une grande flexibilité. Or, contre toute attente, la législation protectrice de l'emploi (LPE) y est solidement établie et rapproche les pays baltes des normes européennes, voire s'avère, sur certains points, plus protectrice que dans le reste de l'UE. Cette apparente sécurité de l'emploi est toutefois contrebalancée par un certain nombre de dérogations et de contournements qui octroient de facto aux employeurs une flexibilité informelle. Cette spécificité des marchés baltes du travail – sécurité et flexibilité – aurait sans doute pu permettre la mise en place du modèle de flexicurité mais, en aggravant les déséquilibres et les inégalités, la crise qui a éclaté en 2008 a offert aux dirigeants et employeurs baltes la possibilité de renforcer les tendances à la flexibilité, désormais assumée et légitimée par l'urgence de la situation.
Since independence was restored in 1991, Estonia, Latvia and Lithuania have made the choice for a rapid transition toward a market economy by adopting a policy based on free enterprise and the reduction of government interventions in the economy. We would logically predict that a high degree of flexibility characterizes changes in labor markets there. Contrary to expectations however, employment protection legislation (EPL) has been solidly established. It has brought these countries closer to European standards and, on some points, offers more protection than what is provided elsewhere in the EU. Counterbalancing this apparent employment security are exonerations and circumventions that grant de facto an informal flexibility to employers. This particularity of Baltic labor markets — security and flexibility — could have served to develop flexicurity. However the 2008 recession, with its negative impact on equilibria and equality, has provided Baltic leaders and employers with the possibility of reinforcing flexibility, a trend assumed and legitimated owing to the current emergency. - Les performances différenciées des marchés du travail en Europe centrale : une analyse en termes de path-dependency/path-shaping - Nathalie Rodet-Kroichvili p. 33-67 Dans les analyses comparatives, Pologne, Hongrie, République tchèque et Slovaquie sont souvent traitées en tant que groupe (groupe de Visegrád). Au-delà des similitudes que ces pays présentent, des différences peuvent être mises au jour : c'est le cas en particulier des performances de leur marché du travail. Cette étude se propose de rendre compte de cette diversité en examinant la thèse de l'influence des institutions du travail (et notamment de leur plus ou moins grande rigidité), puis celle des choix effectués en matière de flexicurité. Les deux thèses ne permettant d'expliquer qu'imparfaitement les performances dégradées des marchés du travail dans certains de ces pays et ce qui les différencie, nous proposons de développer une approche en termes de combinaison de processus dépendants du sentier et de stratégies volontaristes créant de nouvelles voies (path-dependency/ path-shaping).
In comparative studies, Poland, Hungary, Slovakia and the Czech Republic are often treated as a single group, the Visegrad Group. Despite some common features, differences exist between these countries, in particular with regard to labor market performance. To account for these differences, the influence of labor market institutions (in particular, their degree of rigidity) and the different choices made with regard to “flexicurity” are examined. These two explanations do not suffice to account for the poor labor market performance in some countries or for the differences observed between countries. For this reason, an approach combining path-dependency with path-shaping strategies is proposed. - Inégalités des revenus dans la transformation post-socialiste: Une approche institutionnelle des cas tchèque, hongrois et russe - Laila Porras p. 69-109 La transformation post-socialiste a eu des effets déterminants sur la répartition des revenus et l'évolution des inégalités dans tous les pays anciennement socialistes. L'explication de la dynamique observée réside entre autres dans les réformes appliquées dans le cadre des politiques de stabilisation, de libéralisation et de privatisation de l'économie. Cependant, l'existence de deux trajectoires différenciées au niveau régional, avec la réussite relative, en termes de croissance et d'évolution des inégalités, de l'Europe centrale et des pays baltes comparativement aux pays de la CEI, nous amène à réfléchir à l'impact des facteurs historiques et des conditions initiales, à l'influence des institutions présentes et passées et, enfin, au rôle déterminant de l'État. L'étude des déterminants de la trajectoire d'évolution des inégalités dans la transformation post-socialiste s'appuie sur trois pays : la République tchèque, la Hongrie et la Russie. Nous nous efforcerons d'analyser les spécificités des politiques et des institutions dans les domaines du travail et de la redistribution pour rendre compte de ces trois trajectoires de transformation.
The transition has had definite effects on income inequality and distribution in all former socialist countries.The observed trends are partly explained by the reforms implemented in the policy framework of stabilization, liberalization and privatization of the economy. There are, however, two different paths on a regional level: the relative success, in terms of growth and the handling of inequality, of the central European and Baltic states contrasts with the less favorable situation in countries belonging to the Commonwealth of Independent States (CIS). This suggests taking into account factors related to history, initial conditions, institutions (past and present) and the government's role. This study analyzes the determinants of trends related to inequality in the Czech Republic, Hungary and Russia. Their differences are explained by the policies and institutions related to the labor market and income redistribution. - Les formes de la pauvreté en Europe de l'Est : évolution et causes de 1989 à nos jours - Assen Slim p. 111-140 Les transformations post-socialistes ont fait évoluer les formes de la pauvreté en Europe de l'Est. Après avoir défini la notion de pauvreté et en avoir examiné les instruments de mesure, cette étude propose une appréhension statistique des formes qu'elle peut prendre. Tandis que la pauvreté monétaire (absolue et relative) tend à décroitre dans la plupart des pays de la zone depuis 1998-1999, les formes non monétaires semblent persister. Les principales causes de ces évolutions sont présentées et discutées pour quatre groupes de pays : les PECO-8 ayant adhéré à l'UE en 2004, les Balkans (y compris la Bulgarie et la Roumanie), les États de la CEI à revenu intermédiaire (y compris la Russie) et les États de la CEI à bas revenu.
The post-socialist transformation has changed forms of poverty in eastern Europe. After defining poverty and examining the instruments used to measure it, a statistical description is proposed of its forms. Although monetary poverty (in absolute and relative terms) has decreased in most countries in this zone since 1998-1999, non-monetary forms of poverty persist. The major causes of these trends are presented and discussed for four groups of countries: the eight CEECs that joined the EU in 2004, the Balkans (including Bulgaria and Romania), and the countries belonging to the CIS (on the one hand, those with middle-level incomes, including Russia, and, on the other hand, those with low incomes). - Transferts publics et réduction de la pauvreté dans un contexte de croissance économique soutenue: L'exemple de la Russie - Matthieu Clément p. 141-170 Cet article a pour objectif d'identifier la contribution du système de protection sociale à l'amélioration des conditions de vie en Russie durant la période de croissance économique soutenue des années 2000. Il s'agit plus précisément d'évaluer le degré de progressivité des transferts publics et leur impact sur la pauvreté monétaire à l'aide des données sur le revenu des ménages issues des enquêtes Russia Longitudinal Monitoring Survey de 2000 et 2004. Les résultas de l'analyse montrent que le système de transferts publics russe n'a pas permis d'amplifier les effets positifs de la croissance sur le bien-être des ménages les plus pauvres. Ces performances limitées sont essentiellement imputables à un ciblage défaillant qui exclut certains ménages pauvres de la protection sociale.
This article seeks to identify how the Russian welfare system has helped improve living conditions since 2000 in a context of sustained economic growth. Data on household income from the Russia Longitudinal Monitoring Survey of 2000 and 2004 are used to evaluate the progressiveness of public transfers and their impact on monetary poverty. According to these findings, the Russian system of public transfers did not multiply the positive impact that economic growth has had on the well-being of the poorest households. This limited performance is to be set down mainly to deficient targeting, whereby welfare coverage has not been extended to certain poor households. - Permanences et réformes dans le secteur du logement en Lettonie depuis 1991 - Eric Le Bourhis p. 171-194 En Lettonie, la transition dans le secteur du logement est animée par le désengagement progressif de l'État depuis le milieu des années 1990. La mise en oeuvre des politiques réformatrices du logement a rencontré des obstacles qui freinent aujourd'hui la rénovation du parc et a donné naissance à un système du logement bien particulier, se distinguant à maints égards de celui des pays voisins. L'auteur propose ici, en se fondant sur l'expérience de sept municipalités et du ministère de l'Économie, une étude du système letton du logement en transition. Celle-ci comprend une analyse de l'évolution des politiques menées et de leurs échecs, notamment un bilan de la privatisation, et une présentation de la conception du logement social ainsi que du système de gestion et d'entretien de l'habitat.
In Latvia, the transition has gradually led to the state's withdrawal from the housing sector since the mid-1990s. Housing reforms have encountered obstacles that are retarding the renewal of the stock of housing. A very particular system has thus emerged that, in many respects, stands apart from what exists in neighboring lands. This study of the transition in the Latvian housing sector is based on experiences in seven municipalities and the Ministry of the Economy. It analyzes modifications in the policies conducted and their failures, and assesses privatization. A conception of public housing is presented along with the system for managing housing and keeping it in repair. - Xavier Greffe et Mathilde Maurel, Économie globale, Paris : Dalloz, 2009, XIII-1025 pages. - Jérôme Lallement p. 195-201
- Marlène Laruelle et Sébastien Peyrouse, L'Asie centrale à l'aune de la mondialisation. Une approche géoéconomique, Paris, Armand Colin, 2010, 234 p. - Julien Thorez p. 201-203
- Mitchell A. Orenstein, Stephen Bloom, Nicole Lindstrom (dir.), Transnational Actors in Central and East European Transitions, Pittsburgh, University of Pittsburgh Press, 2008, 260 p. - Dorota Dakowska p. 203-207
- Aurore Chaigneau, Le droit de propriété en mutation, essai à la lumière du droit russe, coll. « À droit ouvert », Dalloz, 2008, XII-683 p. / Diane Skoda, La propriété dans le Code civil de la Fédération de Russie, un système entre deux traditions, coll. « Nouvelle bibliothèque de thèses », Dalloz, 2007, 756 p. - Marie-Aimée Latournerie p. 207-209