Contenu du sommaire : Clivages nationaux, transferts locaux au centre de l'Europe
Revue | Revue d'études comparatives Est-Ouest |
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Numéro | vol. 44, no 4, décembre 2013 |
Titre du numéro | Clivages nationaux, transferts locaux au centre de l'Europe |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Repenser les relations entre transferts et apprentissages en Europe centrale : Les théories de l'européanisation à l'épreuve du changement des politiques de développement local en Bulgarie (1990-2013) - Thierry Delpeuch, Margarita Vassileva p. 5-52 Les différentes initiatives internationales visant à influencer les politiques d'aménagement du territoire menées en Bulgarie, depuis la sortie du communisme jusqu'à nos jours, ont eu pour fin d'amener les acteurs nationaux à adopter une certaine conception, endogène et partenariale, du développement local. L'analyse sociologique des effets de ces entreprises de transfert sur les pratiques d'action publique au niveau local constitue notre point d'entrée pour revisiter la théorie des relations entre transferts et apprentissages telle qu'elle a été élaborée par les études sur l'européanisation. À partir de l'examen de cas localisés, l'article amorce la construction d'une autre conceptualisation des rapports transferts-apprentissages. Celle-ci appréhende l'apprentissage comme l'effet émergent et cumulatif d'une conjonction de processus sociaux qui, non seulement font intervenir diverses formes de transferts tant hiérarchiques que volontaires, mais comportent également des dynamiques endogènes telles que les coopérations public-privé, l'action de diffusion interne engagée par des acteurs nationaux déjà gagnés à la cause du modèle (organisations représentatives, professionnels) ou encore le jeu politique dans l'arène municipale démocratisée.
Various international efforts to influence the local planning and development policies conducted in Bulgaria since the end of Communism till today have had the objective of bringing local parties to adopt an endogenous, partnership-based conception of local development. A sociological analysis of the impact of these transfer programs on practices at the local level serves as the starting point for reviewing the theory of the relations between transfers and learning processes advanced in studies on “europeanization”. Local case studies lay the grounds for an alternative conceptualization that sees learning as an emerging, cumulative effect of a combination of social processes. The latter involve not only various forms of transfer, both hierarchical and voluntary, but also endogenous forces such as private-public forms of cooperation, the diffusion owing to the domestic impact of actions undertaken by local players (representative and professional organizations) who have been won over to the model's cause, or even the interplay of forces in a democratized municipal politics. - Revised Boundaries and Re-Frontierization Border Twin Towns In Central Europe - Jarosław Jańczak p. 53-92 L'article a pour objet la dynamique des transformations dans les zones frontalières centre-européennes, après la chute du communisme. Notre micro-perspective est appliquées à trois frontières en Europe centrale (Germano-polonaise, slovaco-hongroise et roumano-bulgare) et cinq couples de villes dont nous analysons les inter-actions. Nous observons que la frontiérisation de l'après-guerre a été suivie de tentatives de refrontiérisation après 1989, à la faveur de processus à la fois top-down et bottom-up qui répondaient à des initiatives centrales ou locales. La plupart des objectifs de coopération transfrontalière ayant été atteints, la refrontiérisation s'est ralentie voire arrêtée.
The aim of this article is to investigate the dynamics of border changes in Central Europe after the collapse of communism. It analyzes the interactions of border twin towns. This micro-perspective is applied to three borders in Central Europe (German – Polish, Slovak – Hungarian and Romanian – Bulgarian), and five town pairs. The main observation is that post-war boundarization was followed by re-frontierization attempts after 1989, initiated in both top-down and bottom-up processes, due to the central and local impulses. As many of the desired cross-border goals have already been achieved, the re-frontierization tendency slowed down or even stopped. - Komárno: A Flagship of Symbolic Politics at the Slovak-Hungarian Border - Muriel Blaive, Libora Oates-Indruchová p. 93-121 Depuis le traité de Trianon, Komarno est, dans la politique symbolique slovaque et hongroise, beaucoup plus qu'une simple ville à la frontière de l'ancien État dirigeant. Elle représente l'ensemble de la communauté hongroise en Slovaquie. Les auteures se fondent sur l'histoire orale tirée d'interviews qu'elles analysent en lien avec les politiques locales ou centrales des gouvernements slovaques et hongrois. Elles étudient plus précisément la perception qu'ont les Hongrois et les Slovaques de Komarno d'eux-mêmes et de leur environnement bi-ethnique. La cohabitation quotidienne au niveau local et l'instrumentalisation de la question nationale par Bratislava et Budapest sont mises en regard. Il apparaît alors que l'évolution de la communauté bi-ethnique est entravée par la politisation de la question nationale, entendue comme une part de l'héritage post-communiste, comme si la frontière physique, dont les contours ont disparu après la chute du rideau de fer, devait être remplacée par une frontière symbolique linguistique et nationale.
Ever since the 1920 Trianon Treaty that dismantled the former Hungarian empire, Komárno's significance in Slovak and Hungarian symbolic politics has exceeded that of a town merely at the border with the former ruler-nation. Instead, it has represented the entire Hungarian community in Slovakia. On the basis of oral history interviews analyzed against the background of local and state-level politics in Slovakia and in Hungary, this article considers the way Komárno Hungarians and Slovaks perceive themselves in their bi-ethnic environment. It contrasts the local, everyday cohabitation with the instrumentalization of the national question in Budapest and Bratislava. It shows how the continued dynamic development of the bi-ethnic community is undermined by the politicization of the national question, which in itself is seen as a part of the post-communist legacy: as if the fading contours of the physical border after the fall of the Iron Curtain had to be replaced by a symbolic border of language and nationality. - L'argument anti-communiste dans les discours politiques et ecclésiaux en Pologne après 1989 : L'exemple des débats sur les rapports Église/État - Sébastien Urbanski p. 123-151 Après 1989 en Pologne, les représentants de la gauche ex-communiste sont la cible d'attaques politiques visant leur passé communiste. Ces attaques, formulées notamment par les conservateurs et les hiérarques catholiques, permettent d'entretenir un clivage opposant les « post-dissidents » aux « post-communistes ». Dans ce contexte, certains principes démocratiques sont fragilisés. L'article se concentre sur le principe de laïcité, qui fut l'objet de vives discussions notamment durant l'élaboration de la Constitution (1993-1997) et au sein de la « Commission commune du gouvernement et de l'épiscopat », dont une partie des archives a été récemment publiée. Tandis que la laïcité était assimilée au communisme, les évêques souhaitaient parfois contourner les procédures démocratiques et exprimaient une bienveillance pour certains aspects de la période d'avant-1989.
The drafting of the Polish Constitution from 1993 to 1997 spurred attacks against the Communist past of the majority coalition in Parliament. In this context, the secular ideas advanced in most drafts of the constitution were in a weak position, since the very principle of laicization was sometimes seen as a Communist principle. In parallel, the bishops who had used anti-Communist arguments seemed to show an indulgence for aspects of the pre-1989 period, as can be seen in the recently published proceedings of the joint government-episcopacy commission. Revue des livres
- Emmanuelle Armandon, La Crimée entre Russie et Ukraine. Un conflit qui n'a pas eu lieu - Gérard Wild p. 153-157
- Svetlana Alexievitch, La fin de l'homme rouge ou le temps du désenchantement - Elena Morenkova p. 157-167
- François Daucé, Une paradoxale oppression. Le pouvoir et les associations en Russie - Martine Barthélemy p. 168-170
- N° 4 2013 : Varia: Clivages nationaux, transferts locaux au centre de l'Europe - p. 171-174