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Revue | Annales historiques de la Révolution française |
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Numéro | no 392, avril-juin 2018 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Articles
- Dénoncer au début de la Révolution. Le cas de Bordeaux, 1791 - 1793 - Timothy Tackett p. 3-29 Depuis le début de la Révolution, de nombreux journalistes et hommes politiques ont soutenu la pratique de la dénonciation devant « le tribunal de l'opinion publique » comme un acte salutaire et nécessaire afin de préserver les acquis de 1789 contre la menace contre-révolutionnaire. Mais si nous en savons beaucoup sur la théorie de la dénonciation, la réalité de l'étendue d'une telle activité avant l'an II nous est encore largement inconnue. Cet article est fondé sur l'analyse d'un dossier de plus de 200 lettres de dénonciation adressées à la Société des Amis de la Constitution de Bordeaux entre le printemps 1791 et le printemps 1793. Ces lettres offrent des éclairages nouveaux sur le développement et la nature du soupçon, de la peur et des conflits au sein de la population bordelaise à l'aube de la Terreur. On peut ainsi constater un climat de soupçon et de méfiance, engendrant une « communauté d'émotion », déjà visible avant Varennes et le début de la guerre, et qui aurait été un élément important, mais pas le seul, à l'origine de la « psychologie de la Terreur ».From the beginning of the Revolution, numerous journalists and political leaders supported the practice of denunciation before the “tribunal of public opinion” as a necessary and salutary act for preserving the achievements of 1789 from the threat of counterrevolution. But in fact, if historians know a good about the theory of denunciation, the reality and scope of such activities before the year II are poorly known. The present article is based on a dossier of more than 200 denunciatory letters addressed to the Society of the Friends of the Constitution in Bordeaux between the spring of 1791 and the spring of 1793. Such letters provide insight into the emergence and nature of suspicion, fear, and internal conflict among the Bordeaux population on the eve of the Terror. One can thus identify a veritable “climate of opinion” of suspicion and mistrust, already visible before the Flight to Varennes and the onset of the war, which may well have been one important element, though not the sole element, in the origins of a “psychology of the Terror.”(abstract fourni par l'auteur)
- L'animal des Idéologues, par-delà nature et culture (1794 - 1804) - Julien Vincent p. 31-58 Lorsqu'ils évoquent les animaux, les « Idéologues » semblent hésiter entre une conception de l'animal-sensible héritée de Condillac, et une théorie de l'animal-machine issue de Descartes. Afin de comprendre ce paradoxe, cet article tente d'éclairer leur position à partir de la notion de « naturalisme » telle que la définit l'anthropologue Philippe Descola. La première partie de l'article montre que Cabanis, Destutt de Tracy, Roederer et Jean-Baptiste Say s'efforcèrent de renouveler la conception de l'animal-machine à la lumière de la chimie de Lavoisier. Leur souci de mettre cette dernière au service d'une république de petits propriétaires les distingue de l'approche d'un Chaptal quand il est ministre de l'intérieur. La deuxième partie montre que les Idéologues approfondirent la théorie condillacienne de l'animal-sensible. Le projet d'« idéologie comparée » du naturaliste de Montpellier Draparnaud illustre leur souci d'une éthique animale.When the Ideologues referred to animals, they seemed to hesitate between a conception of the “l'animal-sensible”, associated to Condillac, and a theory of the “l'animal-machine” traceable to Descartes. To understand this paradox, this article aims to clarify the position of the Ideologues by the notion of “naturalism” such as it is defined by Philippe Descola. The first part of the article shows that Cabanis, Destutt de Tracy, Roederer et Jean-Baptiste Say sought to renew the conception of the “l'animal-machine” in light of the chemistry of Lavoisier. Their concern of putting the former in the service of a republic of small property owners distinguishes them from the approach of Chaptal, when he was minister of the Interior. The second part of the article demonstrates that the Ideologues deepened the Condillacien theory of “animal-sensible.” The project of “comparative ideology” of the naturalist Montpellier Draparnaud illustrates their concern about an animal ethics.
- Les maires et le système administratif napoléonien : le cas des Hautes-Pyrénées - Shota Fujihara p. 59-85 Le 28 pluviôse an VIII (17 février 1800), le Consulat promulgue une nouvelle loi concernant l'administration locale de la France. En conséquence, chaque communauté rurale dispose à nouveau d'un maire. Selon la loi, les maires sont à la fois les représentants des communes et les agents de l'État. Ils jouent le rôle de charnière entre le pouvoir central et les communes. Néanmoins, les historiens n'ont pas jusqu'à présent pas apprécié à leur juste valeur les maires de cette époque. Qui sont-ils ? Comment ont-ils réagi face aux demandes de l'autorité supérieure ? Inversement, comment celle-ci a-t-elle fait face aux problèmes des maires ? Pour répondre à ces questions, nous traiterons le cas des Hautes-Pyrénées où prend racine la culture politique qui déroge à la logique de l'État-Nation, puis nous chercherons à déterminer qu'elle a été la relation politique construite entre le pouvoir central et les communes dans la phase de l'intégration nationale.On February 17, 1800, the Consulate promulgated a new law of local administration in France, the law of 28 pluviose an VIII. From then on, each rural community was again to have a mayor. According to this law, the mayors were at once representatives of their communes and agents of the State. They played a vital role between the central power and the communes. Yet historians have still not appreciated the actual value of the mayors of this period. Who were they ? How did they react to the demands of superior authorities ? Conversely, how did the superior authorities respond to the problems of the mayors ? To answer these questions, we will examine the case of the Hautes-Pyrénées where the political culture took hold according to the logic of the Nation State. We will try to determine the political relationship between the central power and the communes in the phase of national integration.
- Une guerre ad hominem ? Napoléon vu par la société russe (1801-1811) - Oleg Sokolov p. 87-105 Il est généralement admis que Napoléon était considéré comme un ennemi par la société russe au début du xixe siècle. Qui plus est, certains historiens expliquent la participation active de la Russie à la Troisième coalition par la prétendue haine que la société aristocratique russe aurait portée au Premier Consul et ensuite à l'Empereur. L'étude des sources antérieures à 1812 donne des résultats tout à fait différents. Il s'avère que l'opinion des élites russes sur Napoléon était très diversifiée durant cette période ; l'animosité était très loin d'être unanime, et entre 1801 et 1805, les opinions positives l'emportèrent largement. Napoléon Bonaparte était considéré par la partie cultivée de la société russe comme un homme de génie qui avait pu vaincre l'anarchie, rétablir l'ordre, tout en préservant les acquis de la Révolution. De fait, Alexandre Ier commença la guerre de 1805 non pas à cause, mais en dépit de l'opinion de la société russe.It is generally accepted that Napoleon was considered as an enemy by Russian society at the beginning of the nineteenth century. Moreover, some historians explain the active participation of Russia in the War of the Third Coalition by the reputed hatred that the Russian aristocracy had towards the First Consul, and later, the Emperor. However, a study of sources before 1812 yields entirely different results ; these show that the opinion of the Russian elites held of Napoleon was highly diversified during this period: animosity was far from unanimous, and in the period from 1801 to 1805, positive opinions predominated. Napoleon Bonaparte was regarded by the educated portion of Russian society as a man of genius who managed to defeat anarchy and reestablish order, while preserving the accomplishments of the Revolution. Thus Alexander 1 began the war of 1805 not because of the opinion of Russian society, but rather in spite of it.
- La caricature politique, médium méconnu de l'année 1819 ? - Christian Achet p. 107-139 Cette étude se fonde sur l'analyse de neuf caricatures politiques éditées en 1819. En les croisant avec la presse qui y fait explicitement allusion, il s'agit d'en décrypter le sens et de faire resurgir quelques-uns des grands débats qui cristallisent les luttes entre libéraux, ministériels et ultras. La caricature lithographique, très diverse dans sa production, est perçue par tous les acteurs comme un moyen d'influencer l'opinion publique. C'est une image imprimée qui participe de pratiques sociales, en partie collectives, et aussi de la culture orale. Dans le domaine de la caricature politique, 1819 est un laboratoire qui préfigure l'explosion de ce mode d'expression de 1830 à 1835.This study is based on an analysis of nine political caricatures published in 1819. By comparing these with the press to which they make explicit allusion, this article deciphers their meaning, underlining some of the major debates stemming from conflicts among liberals, ministers, and ultras. The lithographic caricature, highly diverse in its production, was perceived by all participants as a means of influencing public opinion. It was the printed image that participated in social practices, partly collective, but also of an oral culture. In the domain of political caricature, 1819 constitutes a laboratory that prefigured the explosion of this mode of expression between 1830 and 1835.
- Dénoncer au début de la Révolution. Le cas de Bordeaux, 1791 - 1793 - Timothy Tackett p. 3-29
Regards croisés
- Analyser « la Terreur » dans l'historiographie anglophone - Michel Biard, Hervé Leuwers, Marisa Linton, Peter McPhee, Timothy Tackett p. 141-165
Sources
- Un tableau religieux converti en déclaration des droits de l'Homme - Guillaume Gaillard p. 167-172
- Almanachs, cadastre, terriers clés du décodage des numéros sectionnaires d'immeubles à Paris, 1791 - 1805 - Dominique Waquet p. 173-183
Glane
- Ordonnance du 4 décembre 1794, prise par le prince-électeur de Bavière, Charles-Théodore - Yann Fauchois p. 185-187
Position de thèse
Comptes rendus
- Comptes rendus - p. 203-241