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Revue | Le Mouvement social |
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Numéro | no 201, octobre-décembre 2002 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Le républicanisme espagnol en question - Jacques Maurice p. 3-6
- La question de l'ordre public dans le républicanisme espagnol - p. 7-27 Le républicanisme fut, en Espagne, de 1830 à 1939, un facteur clé des dynamiques de politisation des milieux populaires et des classes moyennes. Dans l'opposition, la culture républicaine identifia, vaguement, ordre public et réforme morale, participation civique et transformation sociale. Les échecs de la Ire et de la IIe République (1873,1931-1939) s'expliquent aussi tout autant par le flou des propositions républicaines en matière d'ordre public que par la résistance des groupes et des institutions confrontés au réformisme démocratique et aux exigences populaires.Public order in Spanish republicanism. In Spain, from 1830 to 1939, republicanism became a determining factor in the dynamics of political engagement of the working class and the middle class. Outside of government, the republican culture identified public order with a vague mixture of moral reform, civic participation and social change. The failure of the 1st and the 2nd Spanish Republic (1873,1931-1939) was caused as much by the resistence of those groups and institutions which felt the consequences of democratic reformism, and the simultaneous popular impatience, as by the lack of precision of the republican ideas on public order.
- La légende noire du Service d'Information Militaire de la République dans la guerre civile espagnole, et l'idée de contrôle politique - François Godicheau p. 29-52 Le Servicio de Información Militar (S.I.M.) fut créé pendant l'été 1937 par l'État républicain en guerre contre les armées de Franco. De sa naissance jusqu'à nos jours, une légende noire l'a accompagné et l'assimile de façon abusive à un appendice des services secrets soviétiques en Espagne républicaine. Or il est avant tout un service de police militaire et de contre-espionnage, instrument et témoin de la réorganisation de l'Armée populaire à partir de 1937. Ce n'est qu'un an avant la fin du conflit qu'il absorbe les services de police qui intervenaient sur le terrain civil. Sa réputation de brutalité et d'arbitraire vient de son rôle important dans le contrôle de l'arrière, dans un camp républicain de plus en plus militarisé. Ses faiblesses (et ses abus) ressortent plus de celles, générales, de l'État républicain en guerre que d'un contrôle politique exercé par le Parti communiste d'Espagne. Les cas de torture et de répression systématique des opposants anarchistes et poumistes qui lui sont attribués relèvent de l'amalgame et de l'anachronisme. La légende noire du S.I.M., créée sur l'idée d'un contrôle politique exercé par le Parti communiste, est un exemple de la difficulté qu'il y a à saisir la complexité des rapports entre individus et organisations d'abord, et entre partis et appareil étatique ensuite.The dark legend of the Servicio de Información Militar in the Spanish civil war. The Servicio de Información Militar (S.I.M.) was created during the summer of 1937 by the Republican state, who was then fighting Franco's armies. Since its creation, it has been the subject of a « dark legend » assimilating it to an instrument of the Soviet secret services within Republican Spain. In fact, it is first of all a military police and counterespionage service which has been both an instrument and a witness of the reorganisation of the Popular Army from 1937. It was only one year before the end of the conflict that it took up the civil police services. Its reputation of brutality and arbitrariness emerges from its importance in the control of rearguard, in a more and more militarized Republican side. Its weaknesses and abuses belong more to these, more general, of the fighting Republican state than to any control from the Communist Party of Spain. Blaming it for cases of torture and systematic repression of anarchist and poumist opponents appears then as an anachronistic and confusing approach. The S.I.M.'s dark legend, based on the idea of a Communist Party's political control, is an illustration of the difficulty in understanding the complexity of the relations between, first, individuals and organisations, and, secondly, the parties and state apparatus.
- Lois ouvrières et réformisme social dans l'œuvre de Paul Pic (1862-1944) - Denis Bayon, Ludovic Frobert p. 53-80 Paul Pic (1862-1944) fut l'un des tout premiers professeurs des facultés de droit en France à se spécialiser dans et à enseigner le droit du travail. Son Traité élémentaire de législation industrielle, sous-titré Les lois ouvrières, commenta et analysa l'évolution du droit du travail entre 1893 et 1943. En 1893 et dans les années qui suivent, Paul Pic est le type même du « républicain du progrès », attentif à l'apparition d'un droit nouveau puisque social. Il se prononce nettement en faveur des conventions collectives et des assurances sociales. De 1919 à 1943, en revanche, ses analyses sont caractérisées par un infléchissement progressif et épousent de fait l'argumentation anticommuniste des organes radicaux. Finalement, si son dernier ouvrage publié en 1943 Le nouveau droit ouvrier français dans le cadre de la Charte du Travail est de nature plutôt descriptive, il n'en reconnaît pas moins implicitement certaines qualités (mais aussi certains défauts) à la Charte du Travail. L'article se propose d'analyser les forces et faiblesses du réformisme social de Paul Pic en insistant tout particulièrement sur le rôle ambivalent de l'enracinement solidariste de cette entreprise.Labour laws and social reformism in the works of Paul Pic (1862-1944). Paul Pic (1862-1944) was one of the first law professors in France concerned with the development of labour legislation. The six editions of his main book, Traité élémentaire de législation industrielle, proposed an analysis of the progress of this legislation between 1893 and 1943. During the major part of his career, Paul Pic was very favourable to social innovations like collective agreements and social insurance. But between 1919 and 1943 we can observe an evolution in his analysis which was strongly influenced by anti-communism. Finally, in his last work published in 1943 during the Vichy régime, he recognized some qualities but also somes defects in the new organisation and legislation of labour. This article proposes an analysis of the strength and weaknesses of Paul Pic's social reformism. It tries to underline the ambivalence of the solidarist source of his work.
- Notes de lecture - p. 81-113