Contenu du sommaire : Revue de l'OFCE n°85
Revue | Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques) |
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Numéro | no 85, avril 2003 |
Titre du numéro | Revue de l'OFCE n°85 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
Dossier : perspectives pour 2003-2004
- La traversée du désert. - Division économie internationale p. 11-92
- Fiches thématiques et fiches pays - p. 93-110
- Fiches pays - p. 111-156
- France : les illusions perdues. - Division économie française. p. 157-198
- Débat sur les perspectives économiques. - p. 199-208
Débat sur l'évaluation des politiques économiques
Les réorganisations industrielles en cours accompagnant la mise en œuvre des nouvelles technologies, souvent marquées par des formes diverses de dé-intégration des entreprises, ont parfois accrédité l'idée d'une montée en puissance des relations de marché et, simultanément, au niveau global, d'une efficacité et d'une stabilité accrues des économies de marché. Une appréciation historique atteste de l'existence de nouveaux développements de la division du travail dont l'une des caractéristiques principales est, sans doute, le développement conjoint de la modularité des opérations productives et des réseaux d'entreprises. Ce développement est allé de pair avec le choix, plus ou moins contraint, d'un management par la valeur des actions. Cette forme de management a ses vertus. Elle lève les obstacles liés au poids des engagements passés et privilégie un calcul économique fondé sur le futur. Elle peut constituer un moteur de croissance. Elle ne doit, cependant, pas faire croire à la pertinence d'un démantèlement généralisé des activités productives au bénéfice de pures relations de marché et du pouvoir sans partage des actionnaires. Ni faire imaginer la fin des fluctuations. L'entreprise reste une base de ressources et de connaissances qu'elle construit à travers le réseau des relations internes et externes qu'elle tisse. La nécessité de maîtriser des corps de savoirs multiples, souvent plus larges que les domaines de production proprement dits, renforce la nécessité de coordonner entre eux les agents économiques, à travers des relations nombreuses qui relèvent certes des marchés mais aussi des organisations, au premier rang desquelles des réseaux incorporant des formes de relations hiérarchiques. En fait, ces modes de coordination, complexes et multipolaires, traduisent des mécanismes, toujours spécifiques, d'intermédiation, pouvant impliquer des formes de dé-intégration, dont l'objectif est de rendre décomposable le système économique et, ainsi, d'amortir les effets de l'incertitude inhérente à l'innovation. Dans ce contexte, une place trop exclusive faite aux pures relations de marché ferait et fait courir aux industries concernées le risque d'investissements mal coordonnés et inadaptés aux vraies conditions de la demande, et, par suite, d'une volatilité inappropriée des prix des biens ou services et des actifs financiers. Des stratégies efficaces d'innovation et de réorganisation industrielle requièrent, au contraire, un mixage de relations de marchés et de relations organisationnelles. Mais ce mixage, loin de pouvoir être désigné comme un système optimal, évolue au cours du temps, certes à mesure que de nouveaux enjeux technologiques se précisent, mais plus fondamentalement parce que toute innovation est porteuse de ruptures avec les relations et les structures existantes, crée des déséquilibres et des difficultés de coordination, appelle la mise en place et la stabilisation forcément temporaire de nouvelles relations et structures. Dans cette perspective, il est tout aussi inadapté de plaider pour de purs mécanismes de marché ou, à l'opposé, en faveur de règles de gouvernance essentiellement hiérarchiques. L'innovation est un phénomène distribué. Elle empêche définitivement que la propriété et le contrôle puissent réellement coïncider. La question n'est plus alors réductible à une allocation des droits de propriété. Elle est de savoir si un ensemble de relations organisationnelles et de marché est apte ou non à constituer une condition nécessaire de la viabilité des processus d'innovation.
Various forms of de-integration coupled with a management focusing on the shareholder value have characterized the recent evolution of industrial structures. This movement is presented as a mechanism that would result in more efficiency and stability for the market economies. However, firms and networks remained an essential locus of creation of knowledge, being able to matching their own system of coordination and control to the technological opportunities. On the other hand, market flexibility may have failed to maintain stability at the industry level and to really promote innovation. This points at innovation as a systemic and distributed phenomenon, even from the single firm's viewpoint. Thus, the required rules of governance cannot be but a blend of market and organizational forces that evolves over time with the objective of keeping viable innovation processes.
Cet article dresse un bilan de la première année du gouvernement de centre droit en Italie, en évaluant les résultats des réformes entreprises et en les comparant avec ceux de l'action de la précédente coalition de centre gauche. Le programme électoral se proposait de renouer avec la croissance en appelant à un deuxième « miracle économique », grâce à des mesures de relance keynésienne et à des politiques de soutien de l'offre fondées sur des incitations fiscales. Le cadre macroéconomique ayant servi de base au programme électoral est devenu rapidement obsolète face à la dégradation de la conjoncture, et les moyens nécessaires à la mise en œuvre des politiques structurelles annoncées n'ont pas été dégagés. Les annonces d'incitations, de réformes et d'amnisties devaient améliorer les anticipations et amplifier les effets positifs des politiques économiques, mais, faute de messages crédibles et d'un horizon défini pour les réformes, le cercle vertueux attendu n'a pas pu s'amorcer. Le rebond de l'investissement productif privé ne s'est pas matérialisé et le programme d'investissement public n'a pas vu le jour : la détérioration des comptes publics a obligé le gouvernement à remettre en cause la baisse de la fiscalité d'entreprise et à abandonner ses priorités en matière d'infrastructures. La crainte d'un dérapage des comptes publics et l'absence de financement de la réforme de l'impôt sur le revenu ont engendré une prudence dans les comportements de consommation : l'amnistie fiscale, qui devait financer cette réforme, a davantage alimenté l'évasion que la consommation, et la réforme de l'impôt sur le revenu, bénéficiant aux ménages les plus riches, favorisera probablement l'épargne. En ce qui concerne les réformes structurelles, la poursuite de la réforme de la fiscalité est mise en danger par le manque de ressources et le gouvernement a délaissé la réforme de l'assistance sociale faute de priorités bien définies. La conflictualité accrue avec les syndicats et l'appui de plus en plus tempéré du patronat ont réduit le rôle moteur de la concertation dans les réformes du marché du travail et des retraites.
The first and a half year of term of the new right-wing government in Italy translated neither into the « second economic miracle », announced during the campaign, nor into the reforming momentum impressed by the previous left-wing coalition. The policy-mix counting on keynesian revival of domestic demand and on supply-side policies, failed to improve the sluggish economic situation. The announcements of tax amnesties and incentives, aimed at feeding a virtuous circle which would amplify the effects of economic policy, proved ineffective. Their lack of credibility and their inability to dissipate uncertainty favoured saving rather than investment and consumption. No progress in structural reforms was made. Further tax reform is now constrained by a restrictive fiscal stance, while a more comprehensive reform of welfare is no more among government priorities. Growing conflict with labour unions hindered labour market and pension reform.
Chronique de la mondialisation
- Aide au développement. Sommes-nous plus ou moins solidaires ? - Guillaume Daudin et Bruno Ventelou p. 297-310