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Revue | Revue de l'OFCE (Observations et diagnostics économiques) |
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Numéro | no 83, octobre 2002 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Peut-on recourir à la politique budgétaire ? Est-ce souhaitable ? - Robert M. Solow p. 7-24 Au cours des dernières années, plusieurs arguments ont été avancés pour remettre en cause le recours aux politiques budgétaires dans une optique de stabilisation conjoncturelle. Les modèles inspirés de la théorie du cycle réel, qui postulent que l'économie est toujours dans une situation d'équilibre global, concluent certes à l'inutilité de la politique budgétaire ; mais, bien que dominant le paysage de la macroéconomie théorique, ils ne sont guère fondés empiriquement. De même, l'hypothèse d'équivalence ricardienne, qui nie tout effet des choix de financement public sur l'épargne nationale ne semble pas pertinente en pratique. Les arguments en termes d'économie politique, qui mettent en doute les capacités des élus à décider promptement et efficacement des modifications budgétaires souhaitables, sont sans doute beaucoup plus recevables. Ils conduisent à penser que les stabilisateurs automatiques budgétaires sont préférables aux politiques discrétionnaires. Mais la puissance de ces stabilisateurs automatiques dépend de la structure des systèmes de prélèvements obligatoires et de dépenses publiques. Or ceux-ci ont été, notamment aux États-Unis, profondément modifiés depuis une vingtaine d'années, dans un sens qui a atténué la stabilisation automatique. Il apparaît souhaitable et possible d'en restaurer la puissance, par exemple en rendant les taux d'imposition et, éventuellement, certains transferts aux ménages variables en fonction de l'activité économique, selon des formules préétablies.In recent years, a case has been made against the use of fiscal policy for stabilization purposes. Real business cycle theory, which portrays the economy as being in global intertemporal equilibrium, concludes that fiscal policy is useless, while the Ricardian equivalence hypothesis concludes that it is neutral. Both arguments are however not empirically well founded. Nevertheless, political-economy considerations convincingly suggest that discretionary fiscal stabilization might well be inappropriate. However, automatic fiscal stabilizers are a valuable policy instruments and the trend observed in recent years, at least in the US and UK, of weakening them should be reversed. One may even think of reinforcing the automatic stabilizing effect of the tax system by making some tax rates vary automatically with economic activity.
Dossier : Perspectives 2002-2003
- L'été meurtrier. - Division économie internationale p. 27-115
- France : fin de l'échappée. Perspectives 2002-2003 pour l'économie française - Division économie française p. 117-174 Après trois années de forte croissance (3,6 % en moyenne de 1998 à 2000), la France a connu un premier ralentissement en 2001 (1,8 %) qui se prolongerait en 2002 (0,9 %). Pour 2003, l'économie française progressera de manière modérée, à des rythmes très proches de ceux anticipés dans la zone euro. La croissance pour l'année 2003 s'établirait à 1,8 % en moyenne annuelle. Elle resterait inférieure à la croissance potentielle, même en fin d'année. L'année 2003 verrait ainsi le retour à une croissance molle, conséquence directe de la purge sur les capacités de production, des incertitudes sur la politique monétaire, des contraintes sur la politique budgétaire et d'un environnement extérieur morose.Business investment has known a downturn in the beginning of 2001, because of a sharp correction of profit anticipations. Employment didn't adjust so that labour productivity slowed down. Wages kept growing at a rapid pace, so the price wedge and the financing capacity of firms have been reduced, which accentuated the investment revision. However, the dynamism of the household income has encouraged consumption. Growth would remain below its potential rate, because of adjustment of firms investment, sluggish household's demand (implied by the raise of unemployment raise and wage moderation), and a gloomy international climate. French growth would mainly be supported by the inflation slowdown. The public deficit has been revised from 1.4% to 2.6% of GDP in 2002. It would reach 2.9 % in 2003, with a slightly restrictive fiscal stance in 2003.
- Débat sur les perspectives - - p. 219-228
- Un indicateur de croissance à court terme de la zone euro. - Françoise Charpin p. 229 à 242 Cette étude montre comment exploiter une information conjoncturelle mensuelle pour prévoir la croissance trimestrielle du PIB en volume de la zone euro à un horizon de deux trimestres à l'aide d'équations économétriques. La démarche proposée comporte deux étapes. D'une part, on estime une équation donnant le taux de croissance trimestriel du PIB en fonction de séries coïncidentes et avancées. D'autre part, on estime des équations permettant de prévoir les séries coïncidentes et les séries avancées dont l'avance est inférieure à 6 mois. On peut alors en déduire la croissance du PIB pour le trimestre en cours et le trimestre suivant. On vérifie que le fonctionnement de cet outil sur les trois dernières années aurait été convenable.The paper shows how to exploit monthly data rapidly available to forecast the growth of real GDP two quarters ahead using econometric equations. The procedure consists of two steps. First, we estimate an equation giving the quarterly GDP growth according to coincident and leading series. Second, we estimate monthly equations permitting to forecast the coincident and the leading series which lead is less than six months. It allows us to deduce the GDP growth for the current and next quarters. We verify that the instrument would have produced acceptable forecasts over the last three years.
- Le contre-choc de la "nouvelle économie" - Une étude de cas sur cinq pays de l'OCDE. - Hélène Baudchon p. 243-289 Peu d'analyses ont été menées sur les suites du retournement du secteur des technologies de l'information et de la communication (TIC). Cet article vise à animer ce débat. Il se focalise sur cinq pays de l'OCDE : les États-Unis, l'Irlande, la Finlande, les Pays-Bas pour leur rôle de leaders dans le domaine des TIC, et la France comme référence nationale. Pour une meilleure compréhension du comportement de chacun de ces pays depuis l'éclatement de la bulle Internet, un certain nombre d'indicateurs statistiques sont mobilisés afin de mettre en évidence l'importance du secteur des TIC dans ces économies. Chaque pays affiche une spécialisation particulière. En Finlande, le secteur producteur de TIC a une importance disproportionnée par rapport aux autres secteurs. L'économie irlandaise est particulièrement exposée aux fluctuations des échanges commerciaux du fait de son taux d'ouverture très élevé, lui-même lié à la part importante des TIC dans l'économie irlandaise. Les Pays-Bas profitent d'une forte contribution à la croissance du secteur des services utilisateurs de TIC et moins fluctuants conjoncturellement. La France se caractérise par une spécialisation intermédiaire et un secteur des TIC moins orienté vers les marchés extérieurs. Cette approche descriptive est complétée par l'analyse des contributions à la croissance. Durant la seconde moitié des années 1990, la contribution des TIC à la croissance est comprise, selon les pays, entre 0,4 et 0,9 point de pourcentage. Les États-Unis ne sont pas les seuls à avoir bénéficié des effets positifs sur la croissance des investissements en TIC, ni à avoir bénéficié d'une accélération de ces effets. Mais bien qu'une accélération de la croissance du PIB puisse être considérée comme un premier signe d'une diffusion réussie des TIC, seule une accélération des gains de productivité horaire du travail entraîne un taux de croissance potentiel plus élevé. C'est le constat de base de la nouvelle économie. Au contraire des États-Unis, et dans une moindre mesure de la France, il n'y a pas eu d'accélération des gains de productivité du travail entre le début et la fin des années 1990 ni en Finlande, ni aux Pays-Bas. En fait, la décélération des gains de productivité dans ces pays est due à l'inefficacité des secteurs autres que le secteur des TIC, inefficacité qui a plus que compensé les gains de productivité engendrés par le secteur des TIC. Au contraire, en France, la contribution positive du secteur des TIC à l'accélération des gains de productivité du travail n'a été que très partiellement compensée par la contribution négative des autres secteurs. Il s'agit de comprendre dans quelle mesure ces caractéristiques de spécialisation et de contribution peuvent expliquer la plus ou moins grande résistance de chaque économie au retournement du secteur des TIC. Cette analyse encore préliminaire est centrée sur l'économie américaine du fait de la plus grande disponibilité de données pertinentes et de son rôle directeur dans le retournement. L'impression générale est que le ralentissement américain est resté jusqu'à présent modéré, grâce à la combinaison de deux éléments : la résistance des gains de productivité et le dynamisme persistant des dépenses des ménages, compensant une partie de la chute de l'investissement productif. La Finlande, la France, l'Irlande et les Pays-Bas ont été, à première vue, au moins autant affectés que les États-Unis en termes d'infléchissement de la croissance entre 2000 et 2001. Pour autant, la nouvelle économie n'est pas dépassée.Few things have been said about the aftermath of the « new economy » bust. This paper aims to add to the debate. It focuses on five OECD countries : the United States, Ireland, Finland, the Netherlands because they are leading ICT countries, and France as a national reference. For a better understanding of how each country has been performing since the Internet bubble burst, we first describe the importance of the ICT sector in these countries through a set of variables underlining the role of ICT in each economy. We then describe the timing and the nature of the downturn, insisting more on the United States because of its leading role. The ICT sector has been strongly hit and is still restructuring. But its growth potential is also still high.
- Brésil : l'héritage de Fernando Henrique Cardoso. - Alain Sand-Zantman et Jérôme Trotignon p. 291-324 Les deux mandats consécutifs du Président Fernando Henrique Cardoso (1995-2002) se sont soldés par un bilan économique contrasté. Le premier défi — éradiquer une inflation à quatre chiffres — a été relevé avec succès. Le Plan real est parvenu à supprimer le système d'indexation généralisé sans provoquer les traumatismes caractéristiques des chocs « hétérodoxes » (gel des prix, des salaires et du taux de change) ou « orthodoxes » (politiques budgétaire et monétaire fortement récessives) des tentatives précédentes. Toutefois, la crédibilité de la politique menée a eu un prix : le maintien de taux d'intérêt élevés et la valorisation réelle du real vis-à-vis du dollar. L'accélération des entrées de capitaux a permis un temps d'en compenser les effets défavorables sur la balance courante. Mais la crise asiatique, et plus encore la crise russe, ont révélé l'irréalisme de la parité real/dollar et provoqué une crise du financement extérieur. Malgré le soutien financier de la communauté internationale, elle a débouché sur l'adoption, sous la contrainte des marchés, d'un régime de change flottant et sur une forte dévalorisation de la monnaie.La crise fut brève, et la reprise vigoureuse, accréditant chez nombre d'observateurs l'idée d'une origine spéculative. Mais la multiplication des chocs externes (détérioration de la conjoncture internationale, crise argentine...) et les incertitudes politiques internes à l'approche des élections nationales et régionales d'octobre 2002 confirment la faible confiance des marchés à l'égard du Brésil. Nombre d'indicateurs d'équilibres interne (en premier lieu ceux relatifs aux finances publiques) et externe (niveau et structure de la dette, charges d'intérêt) sont au rouge. La dette publique interne (soit 4/5 de la dette publique totale) inquiète par sa maturité très courte et l'évolution défavorable de sa composition. La crise de change en cours fait augmenter la partie dollarisée de la dette et risque de précipiter sa restructuration.En s'appuyant en partie sur la grille de lecture qu'offre la littérature récente relative aux crises de paiement, cet article tente d'évaluer l'héritage que laisse F. H. Cardoso à ses successeurs. La première partie rappelle les épisodes saillants qui caractérisent la gestion du Président sortant ; elle propose en particulier une analyse et une interprétation de deux des principales crises de paiement qui affectent le pays, celle de 1998-1999 et celle en vigueur depuis juin 2002. Elle souligne la responsabilité de la mauvaise gouvernance, en tout premier lieu de la gestion inconsistante du secteur public, dans la faible crédibilité dont pâtit le Brésil sur les marchés internationaux. C'est donc à une réflexion approfondie sur les sources du déséquilibre budgétaire qu'est consacrée la seconde partie.En définitive, cet article incrimine les défaillances de la gestion macroéconomique de l'équipe au pouvoir. Dans de nombreuses zones émergentes, la nervosité des créanciers tient beaucoup au dysfonctionnement des marchés financiers, dysfonctionnement attribué par nombre d'observateurs au processus de mondialisation contemporain. Mais les crises qui affectent sporadiquement l'économie brésilienne nous semblent sanctionner avant tout une mauvaise gestion du secteur public et une inconsistance de la politique macroéconomique. En bref, elles relèvent plus des modèles de crises dits « de première génération » (au sens de Krugman), que des récents modèles à équilibres multiples qui attribuent aux anticipations autoréalisatrices des spéculateurs internationaux la responsabilité du passage à un équilibre d'attaque.Based on the theoretical literature on currency crisis, this paper analyses the heritage of F.H.
Cardoso's two mandates. Hyper-inflation has been defeated. But recent Asian and Russian crisis have brought about the collapse of the currency peg and a huge depreciation. After a fast recovery, the international slowdown and the uncertainties involved by the next elections (4th quarter 2002) have triggered a new speculative attack. The first section investigates the causes of Brazil weak credibility on international capital market. Highlighting the very sources of fiscal imbalances, the second section emphasises the need from deepening public sector reforms. Following these arguments, this paper concludes that conventional models of currency crises — focusing inconsistencies in macroeconomic policy — give a better explanation of Brazilian vulnerability than recent models based on self-fulfilling mechanisms, multiple equilibria, or credibility factors. - La flexibilité des prix relatifs et la mobilité du travail en Union monétaire - Une comparaison Europe/Etats-Unis. - Jacques Mazier, Joël Oudinet p. 325-388 Avec la mise en place de l'euro, les mécanismes d'ajustement au sein de l'Union européenne sont modifiés en profondeur du fait de la disparition du taux de change comme variable d'ajustement. Ceux qui subsistent sont, à titre principal, la flexibilité des salaires et des prix relatifs, la mobilité des facteurs, particulièrement du travail, les politiques budgétaire et monétaire. Ces modes d'ajustement intra-européens constituent un enjeu dont l'importance dépend du caractère asymétrique ou non des chocs et des évolutions structurelles affectant le fonctionnement de l'UE. Le présent article s'intéresse aux mécanismes d'ajustement par le marché du travail à travers deux approches complémentaires. La flexibilité des coûts et des prix relatifs est d'abord analysée à l'aide d'une maquette macroéconomique estimée pour les 14 pays européens. Cette maquette est utilisée pour étudier les conséquences de chocs d'offre ou de demande asymétriques affectant un pays et pour comparer les capacités de réaction des différents pays européens. Ces simulations montrent que la flexibilité des salaires et de l'emploi, et plus généralement la flexibilité des prix relatifs, ne permet qu'un rééquilibrage incomplet et très lent (au-delà de dix ans). Face à un choc négatif sur la demande interne, l'emploi et la production ne retrouvent pas leur niveau initial ou le retrouvent très lentement, et le taux de chômage demeure plus élevé. Le recours à l'instrument budgétaire serait plus approprié. Face à un choc inflationniste et à une perte de compétitivité, la hausse du chômage qui en résulte ne permet qu'un ajustement progressif et incomplet. Les disparités de réaction entre pays face à un choc de même ampleur apparaissent, enfin, non négligeables entre grands et petits pays, notamment en raison des inégalités dans le degré d'ouverture, qui donnent plus de poids aux effets de la compétitivité-prix dans les petits pays, mais aussi entre pays de même taille, du fait des différences structurelles existantes. Ces divergences sont source d'asymétries qui compliquent la conduite de la politique économique dans l'UE, particulièrement en ce qui concerne la politique monétaire commune. La mobilité de la main-d'œuvre est ensuite étudiée avec une modélisation des mouvements migratoires articulée avec un bloc prix-salaires-emploi proche du précédent modèle, appliquée au cas des États-Unis découpés en quatre grandes régions d'une taille voisine de celle des grands pays européens. Les simulations confirment que, comme dans le cas européen, la flexibilité des coûts et des prix relatifs n'autorise que des ajustements limités face à des chocs de demande ou d'offre affectant une région. La mobilité de la main-d'œuvre joue bien un rôle de rééquilibrage, mais celui-ci est d'une ampleur très réduite. Les mouvements migratoires répondent essentiellement à des évolutions structurelles, même aux États-Unis. Des enseignements peuvent en être tirés pour le fonctionnement de l'Union monétaire européenne face à des évolutions asymétriques. La recherche d'une plus grande flexibilité du marché du travail aurait une traduction macroéconomique incertaine et n'aurait qu'une efficacité limitée pour accroître l'ampleur du rééquilibrage par le jeu des prix relatifs. L'espoir également entretenu qu'une plus grande mobilité intra-européenne de la main-d'œuvre pourrait constituer une réponse au moins partielle s'avérerait tout aussi vain.Adjustment mechanisms through the labour market are studied following two approaches. First, relative prices flexibility is analysed with a macro-economic model estimated for 14 European countries. Model simulations are used to study the consequences of asymmetric shocks; wages and employment flexibility only allows an uncompleted and very slow (beyond ten years) re-equilibrium. The labour mobility is then studied with a modelling of a migration-prices-wages-employment model, applied to the American economy divided into four regions. The simulations confirm that the prices relative flexibility allows only limited adjustments facing demand or supply shocks concerning a specific region. The labour mobility plays indeed a re-equilibrium role, but it remains very reduced.
Cahier de graphiques
- Les pays européens - p. 395-441
- Les régions développées - p. 443-467