Contenu du sommaire : La ville face aux discriminations
Revue | Les cahiers de la LCD |
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Numéro | no 1, juillet 2016 |
Titre du numéro | La ville face aux discriminations |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Les villes face aux discriminations - Arnaud Alessandrin, Naïma Charaï, Johanna Dagorn p. 9-16
- L'expérience urbaine des discriminations - Arnaud Alessandrin, Johanna Dagorn p. 17-33 Cet article se propose de revenir sur un dispositif de recherche action mené à Bordeaux et visant à mesurer l'expérience des discriminations. Ces résultats nous permettront, après avoir exposé la méthodologie de recherche, de discuter point par point les grandes thématiques qui s'esquissent dans l'appréhension des discriminations (le logement, l'espace public, le rapport à la police…). Nous relèverons également les trois principaux critères de discriminations qui apparaissent dans cette enquête : les racismes, les sexismes et les homophobies. De ce point de vue, l'enquête dont nous discutons emprunte une lecture subjective des expériences de la discrimination et rend ces dernières particulièrement prismatiques.
- Le droit à la flânerie : Genre et Ville - Pascale Lapalud, Chris Blache, Lucie Roussel-Richard p. 34-57 Au XIXe siècle apparaît la figure masculine du flâneur. À cette même époque l'environnement urbain et politique se transforme : des codes sexués très normatifs binaires et hiérarchisés se mettent en place, l'organisation et l'aménagement des villes se mettent au service d'un ordre bourgeois viril et les femmes disparaissent de l'espace public. Si quelques-unes d'entre elles, comme George Sand, useront de tactiques de contournement – travestissement vestimentaire ou littéraire – afin de déjouer les normes et conserver une forme de liberté, la grande majorité d'entre elles ne pourront évoluer que dans un cadre contraint. Il est frappant de noter que plus d'un siècle plus tard, les mêmes codes normatifs et restrictifs sont encore à l'œuvre pour cantonner les unEs2 et les autres dans des rôles sociaux stéréotypés, qui contribuent à rendre l'espace public plus hostile à quiconque n'appartient pas au modèle normatif masculin dominant. En réponse à cette ville construite sur un mode guerrier, nous opposons un environnement urbain plus agile et sensible, prônons la subtilité, la complexité. Autant de préalables indispensables pour recouvrer la liberté de flâner.
- Usages et mésusages des catégories territoriales : les risques d'un retournement idéologique des causalités - Milena Doytcheva p. 58-74 À partir d'une analyse socio-historique, l'article propose d'interroger de manière critique l'institutionnalisation des processus de catégorisation territoriale, au prisme de la lutte contre les discriminations et des politiques de la ville en particulier. Il identifie plusieurs « âges » ou formes d'usage institutionnel des catégories territoriales, allant dans le sens d'une logique de plus en plus normative, puis finalement prescriptive et ascriptive. Il souligne pour conclure les risques induits par de tels effets de « solidification » comme étant ceux d'une inversion idéologique des causalités qui fait du racisme et des discriminations l'apanage privilégié de certaines aires urbaines en particulier.
- L'accessibilité de 1975 à nos jours : vers une ville accessible à tous ? - Frédéric Reichhart, Zineb Rachedi-Nasri p. 75-90 Depuis les années 1970, en France, un vaste cadre réglementaire soutient la mise en accessibilité de la société et notamment de la ville. À partir d'une analyse socio-historique basée sur des documents institutionnels (textes législatifs et réglementaires, rapports, guides) publiés de 1975 à 2015, cet article propose d'interroger l'évolution des processus discriminatoires à l'égard de l'accès de la ville aux personnes en situation de handicap. Il analyse la manière dont les politiques publiques d'accessibilité prennent en compte les publics en situation de handicap afin de construire une « ville accessible à tous » (VAT).
Entretien
- Seule la lutte contre les discriminations peut rétablir l'égalité en droit de tous les individus sur tous les territoires - Frédéric Callens, Arnaud Alessandrin, Johanna Dagorn p. 91-100
Varia
- Lutter contre les discriminations ou promouvoir la diversité ? - Grégory Giraudo Baujeu p. 101-123 Cet article propose d'opérer un retour critique sur une politique de non-discrimination d'une entreprise de travail temporaire, notamment quant à sa participation à un projet européen de « lutte contre les discriminations raciales ». À travers un plan d'actions dont l'axe principal se construit sur une sensibilisation et une formation des salariés permanents des agences d'intérim à la lutte contre les discriminations, nous verrons que le projet apparaît comme disjoint de mesures de promotion de la diversité menées par l'entreprise en faveur des femmes, des jeunes, des seniors et des travailleurs en situation de handicap. En opérant une distinction nette entre la lutte contre les discriminations et la promotion de la diversité, mais également entre des actions menées en externe (relations commerciales avec les entreprises-clientes) et en interne (recrutement de ses salariés intérimaires et permanents), la politique de l'entreprise apparaît comme trouble et floue, et tend à produire certains effets contre-productifs, voire paradoxaux quant à la réalité des processus discriminatoires.
- Lutter contre les discriminations ou promouvoir la diversité ? - Grégory Giraudo Baujeu p. 101-123
Recensions
- Cortéséro R. (dir.) (2012), La banlieue change – inégalités, justice sociale et action publique dans les quartiers populaires, Éditions Le Bord de l'eau, coll. Clair et Net. - Christophe Blanchard p. 124-128
- Alessandrin A. et Raibaud Y. (dir.) (2013), Géographie des homophobies, Armand Colin, Collection Recherches. - Antoine Le Blanc p. 129-132
- Gallaro P.-D. et Mouchtouris A. (dir.) (2012), Jeunesse et discrimination, Presses Universitaires de Perpignan, collection Études. - Hugo Dupont p. 133-137