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Si l'on s'en tient à ce qu'écrivent les manuels et la presse professionnelle, diffuser de l'information aux salariés est une bonne pratique, de nature à améliorer les performances de l'entreprise concernée. Ce point de vue semble généralement accepté, sans qu'une vérification empirique apparaisse nécessaire à ceux qui l'expriment.Si, en revanche, nous observons les pratiques de trois grandes entreprises sidérurgiques sur la période 1945-1982, nous constatons que la diffusion de cette information pose un dilemme aux managers. Nos observations montrent en effet que dans l'immense majorité des cas, ces derniers agissent comme si cette information aux salariés était superflue, voire nuisible à l'efficacité de leur action. Il arrive néanmoins que dans quelques rares cas, ils diffusent de l'information aux salariés, mais de façon opportuniste.Pour élucider ce paradoxe apparent et lui donner une réponse théorique, nous avons utilisé le concept de doxa tel que Bourdieu le présente et l'utilise, c'est-à-dire une affirmation communément admise sans discussion ni examen. Selon cet auteur, chaque champ (ici celui des relations industrielles) possède sa doxa (ses idées reçues) et cette dernière a deux fonctions : d'une part elle permet de maintenir la possibilité d'une communication continue entre le management et les salariés ou leurs représentants ; et c'est pourquoi il est dans l'intérêt des uns et des autres d'y croire, au moins officiellement. D'autre part elle permet une forme de domination managériale, et c'est pourquoi les managers et la presse professionnelle continuent de la promouvoir.

Nous nous intéressons dans cette recherche à l'histoire de l'« expectation gap » en France. Concevoir l'« expectation gap » comme un objet de discours nous amène à nous interroger sur le processus qui a conduit à l'émergence de la notion dans le discours de la profession d'audit en France. La méthode d'investigation repose sur 163 articles publiés entre 1966 et 2007 dans 5 revues comptables professionnelles et sur 9 entretiens réalisés auprès de commissaires aux comptes. L'« expectation gap » est analysé dans notre recherche comme l'un des éléments du travail de démarcation mis en œuvre par les commissaires aux comptes pour préserver leur autonomie professionnelle.

Cet article s'inscrit dans la littérature sur l'usage du business plan et l'analyse en contexte décisionnel d'investissement dans des fonds sociaux. Les recherches antérieures considèrent le business plan soit comme un outil d'aide à la décision d'investissement permettant de prendre rationnellement ce choix sur la base de critères financiers et économiques prédéfinis, soit comme un outil de gestion symbolique, véhiculant une logique financière. Dans les fonds sociaux et solidaires, notre étude analyse un autre rôle institutionnel du business plan, celui de médiateur des tensions entre logiques institutionnelles. L'usage du business plan est étudié dans deux fonds de capital-risque solidaire, grâce à des observations non participantes des comités d'investissement et des entretiens avec leurs membres. Le premier cas montre que l'instrument est un médiateur des tensions en compartimentant les logiques institutionnelles. Le deuxième cas souligne que le business plan permet une intégration de ces logiques. Ces résultats soulignent l'importance de contextualiser l'usage du business plan dans les fonds sociaux et mettent en avant les apports de ce rôle de médiateur.

Cet article présente les résultats d'une étude de cas dans les grands cabinets d'audit du Big Four. Il vise à comprendre comment, selon que l'auditeur perçoit le contrôle des performances individuelles comme plus ou moins juste, ce mode de contrôle peut être lié à l'apparition de risques psychosociaux. Cette étude ne cherche pas pour autant à promouvoir un discours alarmiste. Au moyen d'une démarche qualitative, elle se concentre sur les cas où les évaluations individuelles peuvent être sources de risques psychosociaux, selon le sentiment de justice qu'elles suscitent. Cet article contribue à la littérature en montrant que la dégradation du sentiment de justice de l'évaluation peut être source d'insécurité et de précarité subjective chez l'auditeur. Il suggère en ce sens que le sentiment de justice peut être instrumentalisé par les grands cabinets au service de leur régulation. Enfin, il contribue aux recherches consacrées à la profession, en explorant la manière dont le sentiment de justice participe à la construction identitaire de l'auditeur