Contenu du sommaire : Retour sur Terre
Revue | Ecologie & politique |
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Numéro | no 57, 2018 |
Titre du numéro | Retour sur Terre |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Éloge de la ZAD et de son monde - Jean-Paul Deléage p. 5-10
Dossier – Retour sur Terre
- Revenir sur Terre - Jacques Luzi, Mathias Lefèvre p. 11-24
- Planter des arbres à l'Anthropocène : Une théorie du complot - Paul Kingsnorth, Mathias Lefèvre p. 25-38
- Retour à la terre : entre promesses et contradictions - Estelle Deléage p. 39-49 En France et plus globalement dans les sociétés industrielles, nous assistons aujourd'hui à un « retour à la terre ». Alors qu'à ses débuts, ce mouvement était lié à la tradition politique héritée de 1968 et de la contre-culture, il est aujourd'hui le fruit d'une constellation d'initiatives en milieu rural ainsi qu'en milieu urbain. Ces initiatives révèlent la diversité et la complexité des alternatives qui portent ce projet de retour à la terre. Par ailleurs, ces dernières sont pour partie instrumentalisées par le capitalisme industriel qui, par conséquent, rend difficile cette tentative de reconstruction d'un lien concret et symbolique avec le vivant.Today, in France and, more globally, in the industrial societies, we witness a “return to the land.” While at its beginning, this movement was linked to the political tradition inherited from 1968 and counterculture, it is now the fruit of a scattering of initiatives in the rural environment as well as in the urban environment. These initiatives reveal the diversity and complexity of the alternatives that bear this project of return to the land. In addition, these alternatives are in part instrumentalized by the industrial capitalism that consequently render this effort to reconstruct a concrete and symbolic link to the living difficult.
- Retour aux pays : Pour une cosmopolitique contre-industrielle - Rémi de Villeneuve p. 51-71 La menace que la globalisation industrielle fait peser à l'encontre de la vie sur Terre nous amène à revaloriser l'enracinement culturel de l'humain, seul à même de préserver et d'entretenir toute sa richesse et sa diversité. Avant l'apparition des frontières qui séparent à présent les États-nations et servent de remparts au développement capitaliste et technoscientifique du nouveau monde industriel, cet ancrage n'était autre que ce que l'on désignait couramment derrière le mot « pays ». Que reste-t-il des « pays » aujourd'hui ? Est-il souhaitable ou même possible d'y « revenir » d'une façon ou d'une autre ? Telles sont les principales questions abordées ici.The industrial globalization represents a threat to life on Earth. This leads us to rehabilitate the cultural deep-rootedness of the human, which is the sole way to preserve and maintain all the richness and diversity of this life. Before the appearance of the borders that separate the nation-states and serve as ramparts to the capitalist and technoscientific development of the new industrial world, this deep-rootedness was nothing else than what we commonly meant by “land” (“pays”). What is left of “lands” today? Is it desirable or even possible to “go back” to them in one way or another? These are the questions addressed here.
- Dionysos, la Terre et la démocratie : Dithyrambe du féminin - Julie Cuzak p. 73-90 Cet article se propose de montrer la valeur heuristique de l'hypothèse selon laquelle, bien qu'ayant été une innovation féminine, la révolution néolithique serait ensuite devenue, avec l'invention de la charrue, une activité masculine. Cette hypothèse permet de distinguer deux types d'agriculture, en fonction du caractère actif ou passif attribué à la terre ; elle offre une perspective d'interprétation de Dionysos et autorise un essai de comparatisme des rapports entre le « cercle de la vie » et le « cercle démocratique » dans l'Iroquoisie et la Grèce anciennes ; enfin, elle peut mettre en perspective historique l'éthique du care et l'opposer à la logique de la puissance qui anime les sociétés agro-industrielles.This article proposes to show the heuristic value of the hypothesis according to which the Neolithic revolution, although having been a feminine innovation, would have then become, with the invention of the plow, a masculine activity. This hypothesis enables to distinguish two types of agriculture, depending on the active or passive nature attributed to the earth; it offers a perspective of interpretation of Dionysos and allows to compare the relations between the “circle of life” and the “democratic circle” in the ancient Iroquois Confederacy and Greece ; finally, it can put in historical perspective the care ethics and oppose it to the logic of power that drives the agro-industrial societies.
- Arpenter la terre - Christine Desfeuillet p. 91-98
- Les pâturages de l'espérance : Communs, commun et communautés - Jacques Luzi, Patricia Le Maitre p. 99-115 Bien que célébrée, l'idée de « commun(s) » est souvent dissociée du lien entre « commun(s) » et communautés, comme de l'incompatibilité de ce lien avec la dynamique d'enclosure du capitalisme industriel, impliquant la déréliction des rapports sociaux et la destruction de la Terre. À l'encontre de cette tendance, cet article insiste sur ces deux éléments et propose une analyse de la communauté mettant en opposition la logique abstraite et dominatrice partagée par le capitalisme industriel, la technoscience et l'État bureaucratique, et la logique immanente et concrète que pourrait initier un réseau communautaire, tant pour renouer le lien social que pour développer de nouvelles formes de savoirs et des rapports plus respectueux à la Terre.Although being celebrated, the idea of “common(s)” is often separated from the link between “common(s)” and communities, as well as from the incompatibility of this link with the dynamics of enclosure of the industrial capitalism, involving the dereliction of social relationships and the destruction of the Earth. Against this tendency, this article insists on these two elements and proposes an analysis of the community putting in opposition the abstract and dominating logic shared by industrial capitalism, technoscience and the bureaucratic state, and the immanent and concrete logic that a community network could initiate, so as to revive the social link as well as to develop new forms of knowledge and more respectful relations to the Earth.
Variations
- Nos limites ne sont pas les leurs : De la nécessité d'une approche critique de la notion de limite - Miguel Benasayag, Léo Coutellec p. 117-132 Cette contribution vise à convaincre de la nécessité d'une approche critique de la notion de limite. Nous montrons que celle-ci peut se comprendre selon trois conceptions – la limite comme seuil, la limite comme borne et enfin la limite comme frontière – et qu'il est nécessaire de les maintenir en tension. L'appel désormais récurrent au respect des limites se confond avec un rappel à l'ordre lorsque la conception de la limite comme borne domine les autres. Selon nous, retrouver le sens des limites ne peut être l'alibi d'un retour à un ordre autoritaire, cela nous engage plutôt à une composition éthique et politique entre les trois conceptions de la limite ; et ainsi à comprendre que la limite n'est pas simplement ce qui borne ou empêche mais aussi ce qui rend possible, c'est une condition de possibilité de la puissance d'agir. Les seuils se négocient, les bornes s'imposent, les frontières s'inventent, tel est le territoire sur lequel nous pensons possible de construire une pensée émancipatrice des limites.This contribution aims to convince to the need for a critical approach to the notion of limit. We show that it can be understood according to three conceptions—the limit as a threshold (“seuil”), the limit as a bound (“borne”) and the limit as a border (“frontière”)—and that it is necessary to keep them in tension. The call now recurrent to the respect of the limits is becoming confused with a call to order when the conception of the limit as a bound dominates the others. In our view, finding the sense of limits can not be the excuse for a return to an authoritarian order, it rather engages us in an ethical and political composition between the three conceptions of the limit; and thus invites us to understand that the limit is not simply that which restricts or prevents but also that which makes possible, it is a condition of possibility of the power to act. The thresholds are negotiated, the bounds are imposed, the frontiers are invented: this is the territory on which we think it possible to build an emancipatory thought of the limits.
- En quête de l'écosocialisme : Autour du livre de Françoise Gollain, André Gorz, une philosophie de l'émancipation - Fabrice Flipo p. 133-150
- Nos limites ne sont pas les leurs : De la nécessité d'une approche critique de la notion de limite - Miguel Benasayag, Léo Coutellec p. 117-132
Sources et fondements
- Procès en réhabilitation de l'idée de nature. Ébauche : I. Pour en finir avec Gaïa - Michel Barrillon p. 151-180 Que désigne en définitive le mot « nature » ? L'histoire montre qu'il est né sous le signe du mystère, et n'en est jamais sorti sinon pour renvoyer à une réalité protéiforme, « contradictoire ». Le concept est si équivoque et se prête si bien aux dérives idéologiques que certains auteurs préfèrent le condamner purement et simplement, quitte à le remplacer par la figure mythologique non moins nébuleuse de Gaïa. À l'opposé, d'autres étendent son champ de pertinence à la totalité de l'existant, humanité comprise, et renoncent ainsi à l'idée de « séparation ontologique » : la nature cesserait d'être le « grand Autre ». Pour être antagoniques, ces deux positions extrêmes ont pour trait commun de rompre avec la conception moderne opposant nature et culture. Plutôt que de choisir l'une de ces deux options, la voie suggérée ici consiste à reprendre la thèse ancienne de la dualité de la nature – natura naturans et nature naturée – afin de « dépasser » ces différentes contradictions. Cette thèse sera exposée dans la seconde partie de l'article (E&P n° 58, 2019).What does the word “nature” ultimately refer to? History shows that it was born under the sign of mystery and that it never got out of it, but to refer to a protean and “contradictory” reality. The concept is so equivocal and gives way so well to ideological drifts that some authors prefer to purely and simply condemn it, at the risk of replacing it by the not less nebulous mythological figure of Gaïa. On the other end, others extend its field of relevance to all that exists, including humanity, and thus renounce to the idea of “ontological separation:” nature would cease to be the “Great Other.” Although antagonistic, these two extreme positions have in common to break with the modern conception opposing nature and culture. Instead of choosing one of these two options, the way suggested here consists in taking up the old thesis of the duality of nature—natura naturans and natured nature—in order to “go beyond” these different contradictions. This thesis will be expounded in the second part of the article (E&P n° 58, 2019).
- Procès en réhabilitation de l'idée de nature. Ébauche : I. Pour en finir avec Gaïa - Michel Barrillon p. 151-180
Notes de lecture
- Notes de lecture - p. 181-196