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Maurice Kriegel revient, dans cet article, sur les deux idées de la nation qui ont cours aujourd'hui en Israël. Ce conflit oppose les tenants du néo-traditionalisme, pôle dominant de la coalition dirigée par Benyamin Nétanyahou, aux défenseurs de l'État de droit et de la citoyenneté, sur fond de sécularisation de la société israélienne. Cette opposition particulièrement nette a une influence sur les rapports qu'Israël entretient avec le monde extérieur, et plus précisément avec le monde arabe et les territoires occupés. Elle permet notamment d'expliquer la raison pour laquelle le processus de paix traverse actuellement une crise.

Robert Pelletreau, ancien diplomate et haut responsable de l'Administration américaine, note dans cet article qu'au-delà des divergences euro-américaines à propos du Proche-Orient, qui sont réelles mais qui tendent quelque peu à s'atténuer, l'Europe et les États-Unis ont des intérêts communs dans la région. Loin de privilégier une approche commune euro-américaine face aux défis régionaux, qu 'il considère comme irréaliste, il propose de développer les consultations, les complémentarités et la coopération transatlantiques dans le cadre de ces intérêts communs.

Cet article de Jesus Estanislao, président de l'institut de recherche de la Banque asiatique du développement, a fait l'objet d'une conférence sur l'Asie organisée à l'Ifri le 5 mai 1998 avec le concours de la BAD. Il explique la crise par la rigidité excessive des politiques économiques et monétaires menées par les pays asiatiques, tout particulièrement leur politique de change irréaliste, et par les faiblesses structurelles de systèmes financiers fondés sur des pratiques de copinage et de complaisance. Il préconise un renforcement de la coopération régionale en matière financière et monétaire, et un effort d'ouverture des marchés financiers qui soit davantage en phase avec les résultats déjà obtenus en matière de libéralisation des secteurs réels de l'économie.

À partir de l'été 1997, l'Asie est happée par une tourmente financière dont les effets sont encore loin d'être résorbés. Alors que la crise entre dans une nouvelle phase, François Godement nous fait part de sa réflexion sur les débats menés autour de cette crise, dont la rapidité de propagation a surpris la plupart des observateurs de la région. Il souligne par ailleurs la timidité de la réponse européenne aux attentes asiatiques et propose quelques solutions pour une présence plus constructive de la communauté internationale dans l'Asie en récession.

Martin Wolf donne, dans cet article, des réponses originales à trois questions fondamentales concernant la crise asiatique : qui est responsable de la crise ? Quels enseignements peut-on en tirer quant au rôle des mouvements de capitaux ? La réponse du FMI fut-elle appropriée ? Définissant sept « règles d'or » visant à éviter une nouvelle crise ou à rendre les économies plus résistantes aux phénomènes de panique, il conclut que la libéralisation financière doit s'accompagner d'un renforcement de la gouvernance de l'économie mondiale.

Françoise Nicolas s'interroge dans cet article sur la transformation du rôle du FMI, notamment à travers le prisme de la crise asiatique. Le Fonds se focalise désormais sur la prévention et la gestion des crises, en particulier dans les pays en développement et en transition. Tout en confirmant que le FMI est devenu une pièce maîtresse du système financier international, la crise asiatique tend à démontrer les limites, ou les dérives, de son action. Une redéfinition de son rôle et de son mandat semble nécessaire. Allons-nous vers un nouveau Bretton-Woods ?

Après la démission du président Suharto le 21 mai 1998, mettant fin à plus de trois décennies de règne, et son remplacement par le vice-président Bacharuddin Jusuf Habibie au terme d'une période de violence et de soubresauts politiques, il semble nécessaire de faire le point sur la mutation économique, sociale et culturelle que vit actuellement l'Indonésie. L'article d'Alain Dichant semble cependant démontrer que, même si les difficultés économiques et sociales du pays et les défis à relever sont immenses, il existe une forte volonté de réforme au sein de la population indonésienne, en particulier de la nouvelle classe moyenne, qui aspire à la mise en place d'une nouvelle politique considérée comme indispensable.

Les négociations pour la conclusion d'un Accord multilatéral sur l'investissement (AMI) ont été lancées en mai 1995 dans le cadre de l'OCDE. Elles ont, comme on le sait, conduit à des débats passionnés et à de vives polémiques tant sur la légitimité et le contenu de l'accord et certaines de ses implications sectorielles (culture notamment) que sur le cadre approprié pour de telles négociations (OCDE ou OMC). Leur échéance initiale, mai 1997, a été prorogée d'un an en raison de la complexité de la négociation. A la réunion du Conseil des ministres de l'OCDE, les 28-29 avril 1998, les ministres n'ont pu parvenir à un accord. Ils ont décidé d'ouvrir une période « d'évaluation » et de « consultations » tout en donnant instruction aux négociateurs de « poursuivre leurs travaux en vue de conclure l'AMI en temps utile et de rechercher une large participation à l'accord ». Dans cet article, Donald Johnston, secrétaire général de l'OCDE, présente les arguments en faveur de l'AMI et répond aux diverses questions soulevées dans le débat public.

Jean-Louis Dufour décortique la dernière crise survenue entre l'Irak et les Etats-Unis et qui a été résolue par l'accord Saddam Hussein-Kofi Annan conclu en février 1998 en se fondant sur un modèle théorique des crises internationales, même si celle-ci s'est caractérisée par un certain nombre d'éléments exceptionnels. Au total, l'Irak et ses dirigeants, objets, selon lui, d'une condescendance injustifiée de la part des Occidentaux, semblent bien être les véritables vainqueurs de cette crise. Elle pose en outre une question fondamentale, notamment au regard de la politique américaine actuelle : les sanctions économiques et les embargos décrétés à l'encontre de pays dotés d'un régime autoritaire sont-ils vraiment efficaces ?

L'ancienne République fédérée de Macédoine acquiert son indépendance de manière pacifique vis-à-vis de la Yougoslavie le 17 septembre 1991. La reconnaissance internationale du nouvel Etat est cependant entravée par l'action de la Grèce qui, craignant son caractère expansionniste, bloque en 1992 le processus de reconnaissance par la Communauté européenne et lui impose, en février 1994, un embargo commercial. Le 8 avril 1993, le nouvel Etat devient membre de l'ONU sous l'appellation provisoire d'Ancienne République yougoslave de Macédoine (ARYM ou FYROM en anglais), tandis que les principaux pays occidentaux établissent des relations diplomatiques avec Skopje fin 1993-début 1994. Le 13 septembre 1995, la Grèce et l'ARYM signent finalement un accord intérimaire qui ouvre la voie à la normalisation de leurs relations sans toutefois régler tous leurs contentieux (la question du nom reste, en particulier, en suspens). Sophia Clément s'attache à décrypter cette situation conflictuelle au moment où les événements du Kosovo ramènent les Balkans sur le devant de la scène.

Bernard Adrien, dans cet article, regrette l'absence de véritable volontarisme européen en matière d'union politique, notamment au regard des progrès accomplis dans le domaine économique et monétaire. Il identifie un certain nombre d'obstacles sur la voie de cette union et tente d'y apporter des solutions concrètes, qui, toutes, vont dans le sens d'un renforcement de l'affirmation de l'Europe en matière de politique extérieure et de sécurité, et d'une redéfinition des liens avec les Etats-Unis dans le cadre de l'OTAN. Selon lui, seul un affermissement de l'Europe peut favoriser une amélioration des relations transatlantiques.

La question agraire, celles de la propriété collective de la terre, du "Mir", du terrorisme et du nihilisme sont identifiées comme autant d'obstacles à la stabilité politique et donc financière de la Russie de 1881.