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Revue Futuribles Mir@bel
Numéro no 429, mars-avril 2019
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  • En quête d'avenir - JOUVENEL Hugues (de) p. 3 accès libre
  • Villes, territoires et transition démocratique - ROLLAND Johanna p. 5 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    En 2017, dans la perspective des élections présidentielles françaises, la revue Futuribles a lancé une série d'articles visant à se pencher sur le manque de vision régulièrement dénoncé dans les commentaires de la vie politique1. L'élection présidentielle passée, et ayant débouché sur un renversement de l'échiquier politique traditionnel, on pouvait s'attendre à d'autres changements dans la pratique du pouvoir politique au plus haut sommet de l'État. Et certes, il y a eu des changements, mais au vu du vif mouvement de mécontentement qui a émergé fin novembre 2018, ils n'ont pas répondu aux attentes d'une partie des Français. De fait, sans entrer dans le cœur des débats qui agitent les « gilets jaunes » et ceux qui les défendent ou les pourfendent, il nous a semblé pertinent de reprendre cette série.C'est une élue locale, la maire de Nantes Johanna Rolland, qui donne ici son point de vue sur ce que signifie avoir une vision politique, et sur la façon dont cette vision peut et doit s'incarner à l'échelon local. Elle montre comment cela prend corps dans sa métropole et comment les citoyens sont associés aux transformations visant à répondre aux défis économiques, sociaux, écologiques du territoire. Nous sommes selon elle, dans les collectivités locales comme à l'échelle nationale, à l'aube d'une transition démocratique qui doit, à terme, permettre de répondre aux diverses autres transitions auxquelles nos sociétés sont aujourd'hui confrontées. S.D.
    In 2017, in the run-up to the French presidential elections, Futuribles launched a series of articles aimed at considering the lack of vision that is a recurrent theme in commentary on political life. With the presidential election now behind us, an election that produced a major recasting of the traditional political landscape, other changes were to be expected in the way political power is exercized at the highest levels of State. And there have admittedly been changes, but given the fierce outburst of discontent that emerged in late November 2018, these have not met the expectations of part of the French population. In fact, without going into the core issues that have roused the “yellow vests” and those who defend or condemn them, it seems appropriate, at this juncture, to resume this series. It is a local politician, Johanna Rolland, the mayor of Nantes, who gives her viewpoint here on what it means to have a political vision and the way that vision can and must be given concrete embodiment at the local level. She shows how this plays out in her metropolis and how citizens are involved in the change that is designed to meet the economic, social and ecological challenges of the area. In her view, both in our local authorities and at the national level, we are at the dawning of a democratic transition that must eventually enable us to respond to the various other transitions currently facing our societies.
  • Pour une sobriété numérique - FERREBOEUF Hugues p. 15 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Il est souvent affirmé que la transition numérique pourrait être favorable à la transition écologique, par exemple en permettant de substituer aux transports l'essor des télécommunications, ou en contribuant à optimiser les flux d'énergie, notamment de l'électricité. Mais rien ne permet aujourd'hui d'étayer une si heureuse conjecture. Au contraire, une étude du Shift Project que présente ici Hugues Ferreboeuf révèle que la consommation d'énergie entraînée par la production des équipements numériques et par leur usage croît dans des proportions très importantes, ainsi du reste que la consommation de métaux rares. Ainsi ces activités soi-disant vertueuses ont-elles un impact négatif sur le climat et les ressources naturelles. Cette tendance n'est pas inéluctable, mais son inflexion impliquerait des changements radicaux. H.J.
    It is often said that the digital transition could be conducive to ecological transition by making it possible, for example, to substitute telecommunications for transport or by helping to optimize energy flows – of electricity, in particular. There is, however, no evidence for such a happy conjecture. On the contrary, a study by the Shift Project, whose findings are presented here by Hugues Ferreboeuf, reveals that the energy consumption entailed in the production of digital equipment and its use is growing to a very substantial degree, as indeed is the consumption of scarce metals. Hence, these allegedly virtuous activities are having a negative impact on the climate and natural resources. This trend is not inevitable, but reversing it would require radical change.
  • Les Français et le numérique. Les enseignements du “Baromètre du numérique 2018” du CREDOC - PORTNOFF André-Yves p. 33 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Depuis l'an 2000, le CREDOC réalise une enquête annuelle sur l'utilisation du numérique en France. Au vu de l'accélération du progrès en matière de technologies de l'information et de sa diffusion rapide, ce baromètre est un excellent moyen d'appréhender la façon dont la société s'approprie (ou non) les nouveaux outils et applications en la matière ; et de déceler ses attentes et ses craintes à l'égard de la diffusion du numérique. André-Yves Portnoff présente ici les principaux enseignements du Baromètre du numérique 2018, qui confirme la position de force du smartphone au cœur de la vie numérique des Français. Il décrypte leur utilisation d'Internet, la façon dont ils communiquent avec l'extérieur, la progression du recours aux réseaux sociaux, etc., soulignant au passage les incidences qui pourraient en découler du point de vue du lien social et de certaines activités économiques. Nous reviendrons sur le sujet dans un prochain numéro pour traiter cette fois de l'impact des écrans sur le fonctionnement de nos cerveaux. S.D.
    Since 2000, CREDOC (the French Research Centre for “the Study and Observation of Living Conditions”) has carried out an annual survey on the use of digital technology in France. Given how advances in IT have accelerated and the rapid spread of that technology, this study is an excellent way of grasping how society is (or is not) taking up the new tools and applications in this area – and of teasing out its expectations and fears with regard to the spread of digital. In this article, André-Yves Portnoff outlines the main lessons of the Baromètre du numérique 2018 [Barometer of the Digital 2018], which confirms the powerful position the smartphone now occupies at the heart of French people's digital lives. It throws light on their use of the Internet, the way they communicate with the outside world, the take-up of social networks etc., highlighting, along the way, the knock-on effects there might be in terms of the social bond and certain economic activities. We shall return to this subject in a future issue to consider how screens impact on the operation of our brains.
  • Agir ensemble pour le bien commun. Le témoignage de la fondation SNCF - ESHET Marianne p. 43 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Futuribles a lancé cet automne une série consacrée aux apports de l'entreprise à la fabrique du bien commun1. Parmi les articles proposés dans cette série, figurent divers témoignages d'acteurs d'organisations œuvrant au service de l'intérêt général. Après Initiative France et la fondation Schneider Electric, c'est au tour d'une grande entreprise publique, la SNCF, de présenter l'action de sa fondation.Marianne Eshet, déléguée générale de la fondation SNCF, montre ainsi comment celle-ci contribue en France à l'amélioration du bien commun, à travers deux axes majeurs : « vivre ensemble » et « faire ensemble ». Elle présente la façon dont ont émergé les stratégies collectives de la fondation, puis comment elles se sont incarnées de manière partenariale selon les besoins identifiés. Trois exemples illustrent cet engagement : l'« inter-associativité », qui permet à diverses associations de collaborer autour d'un projet commun (illustrée ici par le programme « Faire ensemble avec nos différences ») ; la co-construction de projets à l'échelle locale (à l'instar du projet culturel La Fabrique opéra) ; et la co-construction de projets à l'échelle nationale (à l'exemple du développement de l'Alliance pour l'éducation). Ces partenariats à géométrie variable montrent la pertinence et la réussite possible d'alliances et d'agencements plus informels, entre entreprises et acteurs publics comme privés, au service de l'intérêt général. S.D.
    This autumn, Futuribles launched a series on the contributions of business to the common good. Among the proposed articles are various accounts from actors in organizations working to promote the general interest. After Initiative France and the Schneider Electric foundation, it falls to a large-scale public company, the French railway network, to outline the activities of its SNCF Foundation. Marianne Eshet, General Secretary of the SNCF Foundation, shows, for example, how it contributes in France to improving the common good along two major lines of action : “Living together” and “Doing together”. She explains how the foundation's collective strategies have emerged and how they have been embodied in partnerships, according to the needs identified. Three examples illustrate this commitment : “inter-associativity”, which aims to bring together various NGOs around a common project, is illustrated here by the “Doing Together with our Differences” programme ; the co-construction of projects at the local level is exemplified by the Fabrique Opéra [Opera Factory] cultural project ; and the co-construction of projects on a national scale by the development of the Alliance for Education. These variable-geometry partnerships show the relevance and success potential of more informal alliances and arrangements between enterprises, on the one hand, and public and private actors, on the other, to further the general interest.
  • Les entreprises à finalité sociétale en Europe. L'expérience de trois pays européens - DUTHEIL Philippe-Henri p. 55 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Futuribles a lancé cet automne une série consacrée aux apports de l'entreprise à la fabrique du bien commun1. Parmi les articles proposés dans cette série, figuraient notamment une présentation de la façon dont les entreprises françaises se sont impliquées, au fil du temps, dans des missions d'intérêt général, ainsi que divers témoignages d'acteurs d'organisations œuvrant en ce sens. Ce numéro prolonge cette série au travers d'un autre témoignage d'acteur (article de Marianne Eshet sur la fondation SNCF), et de cet article de Philippe-Henri Dutheil exposant le régime juridique qui encadre les entreprises à finalité sociale de trois voisins européens de la France.Lorsque ce numéro paraîtra, le Sénat français devrait s'être prononcé sur la loi PACTE (Plan d'action pour la croissance et la transformation des entreprises) qu'a votée l'Assemblée nationale cet automne, qui prévoit notamment de faciliter et encadrer le statut d'« entreprise à mission », apparu en 2015, qui permet aux entreprises d'inscrire dans leurs statuts leur engagement en faveur de l'intérêt général. Philippe-Henri Dutheil présente ici les options juridiques offertes aux entreprises, en Belgique, en Italie et au Luxembourg, pour les inciter et leur permettre de participer à la fabrique du bien commun. Ces trois pays ayant des régimes juridiques assez proches du droit français, ils peuvent servir de source d'inspiration au législateur français pour continuer sur cette voie. S.D.
    This autumn, Futuribles began a series on the contribution of enterprises to the promotion of the common good. Among the articles in that series was a presentation of the way French enterprises have been involved, over the years, in public interest missions – as well as various accounts by actors in organizations working in that general direction. That series is continued in this issue with another stakeholder testimony (a piece by Marianne Eshet on the SNCF Foundation) and with this article by Philippe-Henri Dutheil laying out the legal regime that applies to social enterprises in three of France's European neighbours. By the time this issue appears, the French Senate should have come to a decision on the PACTE law (Plan of Action for the Growth and Transformation of Enterprises), which was passed this autumn by the National Assembly and makes provision, among other things, for facilitating and regulating the new legal category of entreprise à mission (English : “benefit company” or “benefit corporation”), which first appeared in 2015 and allows enterprises to include their commitment to the general interest in their memorandum and articles of association. Here Philippe-Henri Dutheil outlines the legal options that enterprises have in Belgium, Italy and Luxemburg to encourage and enable them to play their part in promoting the common good. Since these three countries have legal systems quite similar to the French, they may serve as a source of inspiration to French lawmakers to continue down this same path.
  • La formation professionnelle en France. Encore une réforme ! Pour quelle ambition ? - SANTELMANN Paul p. 63 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
    Début 2019 est entrée en vigueur, en France, la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel, votée à la fin de l'été 2018. Entre autres mesures en matière d'emploi, cette loi réforme l'apprentissage et la formation professionnelle, avec pour objectifs de simplifier les dispositifs et d'inciter les actifs, quelle que soit leur situation, à se former et entretenir leurs compétences tout au long de la vie. Cette réforme de la formation professionnelle fait suite à plusieurs autres réformes dans ce domaine, mais qu'apporte-t-elle de plus et est-elle à la hauteur des besoins des actifs français ?Paul Santelmann, spécialiste des questions d'emploi et de qualification, propose ici un éclairage sur les évolutions du système français de formation continue, dont il estime qu'il ne répond pas aux besoins de formation des jeunes et des actifs les moins qualifiés. Il propose divers éléments de comparaison avec d'autres pays européens et souligne le caractère encore insuffisant des mesures adoptées fin 2018. Malgré certaines avancées, notamment en matière d'apprentissage et de responsabilisation des acteurs (entreprises, actifs…), cette réforme risque de ne pas suffire pour rééquilibrer le poids de la formation professionnelle par rapport à la formation initiale, et pour entretenir l'employabilité des actifs les moins qualifiés ou les plus éloignés de l'emploi. S.D.
    At the beginning of 2019 a law came into force in France on the freedom to choose one's occupational future. It was passed originally in the late summer of 2018. Among other employment-related measures, that law reforms apprenticeships and vocational training, the aim being to simplify the existing schemes and to encourage working people, whatever their situation, to train and maintain their skills throughout their lifetimes. This reform of vocational training follows several other reforms in this area, but what does it add, and does it meet the needs of French working people ?Paul Santelmann, a specialist in the field of employment and skills, offers insight here into the evolution of the French system of continuing training, taking the view that it doesn't meet the training needs of the least skilled workers and young people. He offers various points of comparison with other European countries and stresses the – still insufficient – nature of the measures adopted in late 2018. Despite some advances, particularly in terms of learning and the accountability of actors (enterprises, working people…), this reform is in danger of not going far enough to rebalance on-the-job training against initial training, and to maintain the employability of the least skilled workers and the most hard-to-place jobseekers.
  • Futurs d'antan

    • Jacques Ellul, penseur du système technicien - CÉRÉZUELLE Daniel p. 77 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Alors que le progrès technique a connu, au cours des dernières décennies, une accélération incroyable, en particulier dans le domaine de l'information, avec des conséquences déterminantes pour les sociétés contemporaines, beaucoup d'observateurs s'interrogent régulièrement sur les risques et avantages inhérents à ces avancées techniques. Et bien évidemment, rien n'est définitivement blanc ou noir dans le progrès technique ; mais si l'on souhaite regarder les choses d'un peu plus haut, relire les analyses du penseur français Jacques Ellul sur la technique et la mise en place de ce qu'il appelle un « système technicien » paraît indispensable.Dès les années 1950, Jacques Ellul pressent l'importance que prend la technique dans le fonctionnement et l'organisation (y compris politique) de nos sociétés, et les risques d'aliénation qui en découlent. Sans condamner le progrès technique, mais cherchant toujours à permettre à l'homme de rester libre dans ses choix, Jacques Ellul nous donne à travers son œuvre — comme le montre Daniel Cérézuelle dans ce futur d'antan qui lui est consacré — de nombreux éléments permettant de comprendre la technique et de l'appréhender avec le recul nécessaire. Des éléments que l'on retrouve chez les pionniers de l'écologie politique et qui conservent une grande actualité (notamment dans les réflexions relatives aux transitions aujourd'hui nécessaires à la préservation de notre civilisation). Il était important que Futuribles s'en fasse l'écho. S.D.
      Whereas, in recent decades, technical progress has accelerated beyond belief, particularly in the field of information, with crucial consequences for contemporary societies, many observers regularly ponder the risks and advantages inherent in these technical advances. It is very clear that nothing is entirely black and white in technical progress, but if we wish to see these matters in a more general perspective, re-reading the French thinker Jacques Ellul's analyses of technology and the establishment of what he calls a “technological system” seems essential. As early as the 1950s, Ellul sensed the importance that technics was assuming in the operation and organization (including political organization) of our societies and the risks of alienation this entailed. Without condemning technical progress, though seeking always to enable human beings to remain free in their choices, the work of Jacques Ellul provides us with many elements for understanding technics and for grasping its meaning with the necessary perspective, as Daniel Cérézuelle shows us in this “Future of Yesteryear” column. Elements that we find again among the pioneers of political ecology and which are still very salient today (particularly in the thinking on transition that is required today if our civilization is to be preserved). It was important for Futuribles to provide a fresh platform for this work.
  • Tribune européenne

    • L'Union européenne et les droits fondamentaux - DREVET Jean-François p. 89 accès réservé avec résumé avec résumé en anglais
      Alors qu'au début des années 1990, dans le contexte de l'effondrement des dictatures communistes, revenait l'hypothèse d'une fin de l'Histoire1 et du triomphe de la démocratie et des droits de l'homme, la décennie écoulée a largement tempéré cet optimisme. Un vent de repli identitaire, de populisme, de rejet des migrants souffle sur l'Occident, aux États-Unis comme en Europe. Et si les droits et libertés fondamentales demeurent au cœur de ces deux continents emblématiques des valeurs démocratiques, il est intéressant de constater qu'en Europe, par exemple, la défense de ces valeurs doit parfois dépasser le stade déclaratoire pour conserver une certaine efficacité.Jean-François Drevet y insiste dans cette tribune, montrant comment l'Union européenne appréhende la question des droits de l'homme à l'égard de ses propres membres, des candidats à l'intégration européenne et des pays associés à sa politique de voisinage. Comme il le souligne, bien que disposant d'instruments adaptés dans leur principe pour faire respecter les droits et libertés humaines, dans la pratique l'Union européenne fait preuve d'accommodements qui pourraient compromettre sa crédibilité en la matière. S.D.
      Whereas in the early 1990s, in the context of the collapse of the Communist dictatorships, the hypothesis of an end of history (Francis Fukuyama) and of the triumph of democracy and human rights staged something of a comeback, the past decade has tempered that optimism to a considerable extent. A wind of identitarian sentiment, populism and hostility to migrants is blowing through the West, both in Europe and the USA. And if fundamental rights and freedoms remain emblematic of democratic values where those two continents are concerned, it is interesting to note that in Europe, for example, the defence of these values sometimes has to go beyond the realms of mere assertion to retain a degree of effectiveness. Jean-François Drevet stresses this point in this column, showing how the European Union sees the question of human rights with regard to its own members, to candidates for European integration and to the countries associated with its neighbourhood policy. As he stresses, though the EU has available to it instruments theoretically well-adapted to achieving respect for human rights and freedoms, in practice it can be seen to be making trade-offs that might compromise its credibility in this area.