Contenu du sommaire : Les mots de l'écologie
Revue | Mots. Les langages du politique |
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Numéro | no 119, mars 2019 |
Titre du numéro | Les mots de l'écologie |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Les mots de l'écologie, 25 ans après. Circulation des discours et des notions - Valérie Bonnet, Albane Geslin p. 9-14
- Écologie et environnement : des mots aux discours. Mises en perspective historiques et discursives - Béatrice Fracchiolla p. 15-31 À partir d'une interrogation sur les origines sémantiques et communes des mots écologie, éthologie et économie, nous abordons la construction et les évolutions discursives de l'écologie politique telle qu'elle est comprise dans les années 2000 par les Verts français et italiens. Au cœur de cette analyse de discours historique réalisée à partir d'entretiens avec des adhérents se trouvent la problématisation du local au global, de la nature au social, à travers les termes d'environnement et d'écologie, ainsi que la réalisation et l'évolution de ce que recouvrent ces termes pour les uns et les autres.
Starting from an inquiry into the semantic and common origins of the words ecology, ethology and economics, this article discusses the construction and discursive evolutions of political ecology as it was understood in the 2000s by the French and Italian Greens. A historical discourse analysis based on interviews with party members seeks to understand the problematization of local to global, of nature to social, through the terms environment and ecology, and the realization and evolution of what these terms refer to for the ones and the others. - Avenir et climat : représentations de l'avenir dans des blogs francophones portant sur le changement climatique - Kjersti Fløttum, Øyvind Gjerstad, Anje Müller Gjesdal p. 33-50 Cet article explore la manière dont l'avenir est perçu dans des blogs portant sur les changements climatiques, extraits du corpus NTAP (Networks of Text and People). L'analyse, principalement entreprise dans une perspective lexicale, se concentre sur les périodes 2009-2010 et 2013-2014. Les résultats montrent que les perspectives négatives et pessimistes dominent grandement sur les perspectives positives et optimistes.
This article investigates how the future is perceived in blogs related to climate change, extracted from the corpus NTAP (Networks of Text and People). The analysis, mainly undertaken in a lexical perspective, focuses on the periods 2009-2010 and 2013-2014. The results show that the negative and pessimistic perspectives are clearly more prevalent than the positive and optimistic ones. - La géothermie profonde « n'est pas mature » : parcours d'une formule-argument à l'Eurométropole de Strasbourg - Yeny Serrano, Christine Heimlich, Cyrille Bodin, Philippe Chavot, Anne Masseran, Jean Zoungrana p. 51-67 Les enquêtes publiques réalisées dans l'Eurométropole de Strasbourg au printemps 2015 au sujet de quatre projets de géothermie profonde ont cristallisé une vive controverse. Les opposants avançaient comme argument – entre autres – que la (technologie de la) géothermie profonde « n'est pas mature ». L'expression, empruntée au discours d'un scientifique, circule dans différents textes relatifs aux enquêtes publiques. Cet article analyse le parcours et les enjeux de l'expression qui devient une formule-argument.
The public inquiries carried out in the Eurometropolis of Strasbourg in the spring of 2015 on four deep geothermal energy projects have crystallised into a strong controversy. Opponents argued, among other things, that deep geothermal technology “is not mature”. This argument, borrowed from a scientist's lecture, had circulated in various texts related to the public inquiries. The present article analyses the uses, itineraries and the challenges linked to this argument, which thus becomes a formula-argument. - La controverse du « gaz de charbon » en France (2006-2018) : conflits de nomination et mise en question de la neutralité de l'expertise - Marieke Stein p. 69-85 Depuis plusieurs années se développe dans l'est et le nord de la France une controverse autour de forages exploratoires de « gaz de couche de charbon », également désigné comme « gaz de couche », « de houille », puis « de charbon », et même comme « grisou ». Ces désignations, évolutives et non stabilisées, sont au cœur d'une vive « controverse d'étiquetage » entre « pros » et « antis », qui parcourt aussi bien les discours des différentes parties prenantes de cette controverse que les textes de presse et les rapports institutionnels, techniques ou scientifiques sur le sujet. L'analyse de ce conflit de nomination évolutif montre qu'il vise, pour les acteurs respectifs, à imposer dans l'espace public une dénomination axiologiquement marquée de cet hydrocarbure afin de peser sur les représentations de son exploitation. Cet article décrit les fonctionnements et les enjeux argumentatifs, stratégiques et sociopolitiques de ces désignations, par une approche à la fois lexicologique et rhétorique qui permet de préciser les axiologies à l'œuvre derrière les choix de dénomination, jusque dans le discours d'expertise.
For several years, a controversy has developed in Eastern and Northern France over the exploratory drilling of “layer coal gas”, also referred to as “layer gas”, “coal gas” and even “firedamp”. The terms are evolving and non-stabilised and have been at the heart of a “labeling controversy” between their advocates and detractors. The controversy runs through the discourse of the protagonists, through press articles and institutional, technical and scientific reports. In analyzing a naming conflict that is still in the making, this article shows that its actors aim to impose terms that are fraught with value judgement in the public space, in order to weigh on the representation of that fossil fuel's exploitation. It describes the workings and the argumentative, strategic and sociopolitical stakes of the terms, thanks to a lexical and rhetorical examination that pinpoints the value systems underlying naming choices, even in expert discourse. - « Non au GA(z de)CHIS(te) ! » : étude diachronique des slogans de manifestations anti-gaz de schiste - Laurence Vignes p. 87-106 De nombreuses manifestations se sont déroulées en France entre 2011 et 2016 contre l'exploitation des gaz des schistes, autorisée par le gouvernement Sarkozy. À travers l'étude de deux corpus d'une centaine de slogans chacun, le présent article questionne ce discours manifestant. Que disent ces slogans des aspirations et valeurs de ce mouvement contestataire ? Qui dénoncent-ils et sous quelles formes ? Quels combats précédents convoquent-ils par la figure du détournement ? L'examen de ces corpus originaux permettra de répondre à ces interrogations et de mettre en lumière la créativité d'un tel discours manifestant.
Between 2011 and 2016, several demonstrations were set up against shale gas mining in France after it was authorized by the Sarkozy government. With two corpuses of about a hundred slogans each, the present article examines that demonstration discourse. What do the slogans tell of the aspirations and values of the protest movement? Who is being denounced and how? What previous fights do they refer to and repurpose? The study of two original corpuses will provide an answer to those questions while showing the inventiveness of that demonstration discourse. - La topique romantique dans les discours de l'écologie politique - Guillaume Carbou p. 107-125 Dans cet article, notre objectif est de montrer que ce que nous appellerons romantisme est un des moteurs idéologiques de l'écologie. Le terme romantisme doit être pris ici non dans une acception simplement littéraire ou artistique, mais dans le sens politique : le romantisme est une protestation culturelle contre la modernité industrielle et capitaliste fondée sur le rejet des différents processus d'aliénation qu'elle produit. Nous proposons de définir cinq grands axes topiques de cette forme idéologique, puis nous montrons leur présence dans deux corpus : d'une part chez six auteurs considérés comme des penseurs inspirateurs de l'écologie politique (Bernard Charbonneau, André Gorz, Ivan Illich, Henry David Thoreau, Arne Naess et Murray Bookchin) et d'autre part dans un corpus de réactions contestataires d'internautes à des articles de presse en ligne traitant de grands projets d'aménagement du territoire. Nous entendons ainsi montrer comment le romantisme, déjà présent de manière assez canonique dans le corpus philosophique de l'écologie se retrouve également, de manière plus diffuse, dans les contestations environnementalistes profanes.
This paper shows that what is called romanticism is an ideological engine that fuels contemporary ecology. Romanticism in this sense does not simply apply to arts but to a wide political movement: romanticism is a cultural reaction against industrial and capitalist modernity and is based on the critique of the various alienation processes this modernity generates. The present paper defines the five core axes of this critique and then highlights their presence in two separate corpuses. The first corpus consists of six texts from six authors widely seen as inspirationnal for political ecology (Bernard Charbonneau, André Gorz, Ivan Illich, Henry David Thoreau, Arne Naess and Murray Bookchin). The second corpus is composed of critical comments from internet users on online press articles dealing with regional development projects. These two different corpuses shed light on the fact that romantic ideology fuels the scholarly literature on political ecology as well as the more profane environmental protests. Varia
- Droite extrême vs extrême droite : échiquier politique et position de l'adjectif - Évelyne Saunier p. 129-149 Face à l'expression extrême(-)droite, employée de longue date, on observe une augmentation récente des emplois de l'expression droite extrême. Celle-ci paraît fonctionner tantôt comme synonyme, tantôt comme dénomination à valeur atténuative, tantôt comme expression désignant une partie distincte de l'échiquier politique. Nous rendons compte de ces mécanismes discursifs en analysant les propriétés linguistiques de ces deux expressions (position de l'adjectif et propriétés d'extrême).
Contrasting with the expression extrême(-)droite, which has been employed for a long-time, the recent increase of occurrences of droite extrême seems to work sometimes as euphemism, sometimes as designating a particular part of the French political spectrum on the Right. The operations at work in these two expressions are described, taking into account the semantic value of the pre-position vs post-position of the adjective in French and the semantic properties of extrême. - Sur quelques marques de subjectivité dans le journalisme d'information politique de 1945 à 2015 au Québec - Louise Chaput p. 151-168 Partant du constat que le journalisme d'information politique a subi des transformations et qu'il affiche un discours plus empreint de subjectivité, cette recherche empirique porte sur l'analyse et l'évolution du recours à quatre variables linguistiques : les points de suspension, les tirets, les parenthèses et les guillemets de distanciation. Ces ponctèmes traduisent à la fois un engagement du journaliste en tant qu'énonciateur et un rapprochement de celui-ci avec son lecteur.
Based on findings which indicate that political information journalism has undergone transformations which evidence a more subjective discourse, this empirical research focuses on the analysis and evolution of the use of four linguistic variables: ellipsis, dashes, parentheses, and distancing quotation marks. These punctuation marks reflect both the presence of the journalist as the enunciator and a proximity to his/her reader.
- Droite extrême vs extrême droite : échiquier politique et position de l'adjectif - Évelyne Saunier p. 129-149
Comptes rendus de lecture
- Ruth Amossy éd., La réparation d'image dans le discours de campagne : perspectives discursives et argumentatives : Langage & Société, no 164, 2018, 216 p. - Christian Le Bart p. 169-172
- Chantal Jaquet et Gérard Bras éd., La fabrique des transclasses : Paris, PUF, 2018, 279 p. - Jacques Guilhaumou p. 172-176