Contenu du sommaire : Économie régionale et urbaine en Amérique latine : le rôle de l'informalité

L'objectif de ce numéro est d'analyser l'impact de la présence du secteur informel sur la structure urbaine des villes en Amérique latine ainsi que son influence sur deux facteurs clés pour le développement. Un des aspects observés les plus tangibles concerne répercussion de la présence du secteur informel sur le marché immobilier et dont l'une des conséquences directes en termes de structure urbaine est la concentration de la plupart des activités informelles dans les périphéries, son impact sur la structure urbaine où les périphéries concentrent la plupart des activités informelles. Les articles sélectionnés étudient les effets provoqués par l'informalité, en commençant par examiner la forme la plus adéquate pour la mesurer en mettent en évidence l'interaction entre marché formel et informel. Finalement, ils abordent un dernier aspect qui est l'influence de l'informalité locale sur la compétitivité internationale des activités productives en tant que source de développement économique.

Nous étudions la relation entre emploi informel et habitat informel en Amérique latine. Nous commençons par présenter des faits stylisés issus de l'étude de la région métropolitaine de São Paulo et de Bogotá. Puis, nous construisons un modèle de ville linéaire comportant un seul Central Business District (Cbd) où toutes les firmes officielles sont localisées. Contrairement à la main d'œuvre officielle, la main d'œuvre informelle ne contribue pas au système centralisé, peut exercer une partie de son activité à domicile et se rend moins souvent dans le Cbd. Du point de vue de l'habitat les promoteurs formels comme informels produisent du logement. Nous utilisons le modèle pour comprendre le mécanisme reliant emploi informel et habitat informel et pour bâtir des prédictions concernant les effets de l'offre en infrastructures publiques de transport et les effets des coûts de déplacement des usagers sur l'emploi informel.JEL : O14, O17, R12

L'inégalité a récemment a connu un regain d'intérêt dans la littérature et le débat politique suite à la grave crise économique de 2008 ; les recherches sur les causes et les conséquences des phénomènes d'inégalités se sont ainsi multipliées. Dans la littérature en économie urbaine, l'inégalité dans les zones métropolitaines a fait l'objet de recherches intensifiées. Notre compréhension de l'inégalité urbaine, en particulier dans les pays en développement, demeure toutefois limitée. Les taux d'urbanisation et d'inégalité élevés qui caractérisent les pays d'Amérique latine rendent d'autant plus urgent le besoin d'approfondir nos connaissances. Ce (bref) article propose une synthèse de la recherche sur l'inégalité économique urbaine dans les pays en développement, et plus particulièrement dans les métropoles latino-américaines. Une revue critique de la littérature s'attarde sur les données pertinentes et identifie les lacunes de la recherche, espérant ainsi encourager les travaux sur les problématiques urbaines dans la région.JEL classification : O1, O4, R1

Depuis le début du xxe siècle, et dans certains cas même avant, les grandes villes du monde connaissent un processus de décentralisation. Quoiqu'avec un certain décalage par rapport aux métropoles européennes et américaines, les capitales d'Amérique latine se décentralisent également, et la Zone Métropolitaine de la Vallée de Mexico (en abrégé Zmvm) n'échappe pas à ce processus. Cet article examine l'impact d'une relocalisation de la population et de l'emploi sur la longueur des déplacements domicile-travail entre 2000 et 2010. La décentralisation de la population et de l'emploi a permis d'améliorer l'accessibilité des actifs à l'emploi total dans la région. Si la distance des lieux de résidence à l'emploi total s'est effectivement raccourcie, on devrait pouvoir observer une réduction des distances des déplacements pendulaires. Contrairement aux résultats d'autres études qui se sont intéressées à la Zmvm, nous avons constaté que l'accessibilité des actifs aux emplois s'est accrue, ce qui a eu pour effet une diminution des distances domicile-travail.

Le marché du travail urbain en Amérique latine a longtemps été considéré par le biais de typologies de type formel/informel ou encore salariat/emploi indépendant. Au cours des dernières décennies, ces approches ont été largement critiquées et mises à mal par les vagues successives de dérégulation connues par les pays considérés. Dans ce contexte, le concept de qualité de l'emploi (Qde) constitue un instrument multidimensionnel susceptible de dépasser les représentations usuelles. Ce papier propose une méthodologie originale basée sur la statistique multidimensionnelle visant à construire un indice contextualisé de qualité de l'emploi. La pertinence d'un tel indicateur est validée par le fait qu'il transcende les catégories traditionnelles sur le marché du travail urbain de Bogota. Ainsi, plus de 25 % des emplois de piètre qualité sont des emplois formels et plus de 40 % de ceux-ci sont des emplois salariés. Enfin, la qualité de l'emploi apparaît également comme étant la résultante de différents facteurs sociaux.JEL : J21, J24, O17, O54

Cette étude vise à établir les déterminants des modèles de distribution spatiale de trois indicateurs sélectionnés du marché du travail au niveau urbain (le taux de non-emploi, le taux d'emploi informel, et les salaires réels). En étudiant le cas de Ciudad de Mexico, on identifie les caractéristiques au niveau de quartiers de la ville qui aident à interpréter les valeurs atteintes par les trois indicateurs antérieurement mentionnés. De la même façon, on est en mesure de préciser l'autocorrélation spatiale de ces trois indicateurs. Nous découvrons enfin les effets de retour de l'information (feedbacks) sur le taux de non-emploi pour les femmes, mais pas pour les hommes.

Cette étude analyse la relation entre les économies d'agglomération et la productivité dans le cas d'un pays en voie de développement en présence d'un secteur informel. En utilisant des données de Colombie, on examine si le secteur informel bénéficie des économies d'agglomération et, surtout, ses différences par rapport au secteur formel en termes de rentabilité des économies d'échelle. Les résultats démontrent que les économies d'agglomération ont un impact très important sur la productivité du secteur informel : les travailleurs du secteur informel dans les endroits les plus densément occupés gagnent environ 11 % de plus de ceux qui résident ailleurs. JEL classification : R12, J46, R23, J31

Cet article examine des aspects des entreprises multiproduits qui sont rarement étudiés dans la littérature empirique, en particulier les effets de l'asymétrie de la composition des flux d'exportation vers les produits les plus performants (produits de base) dans la création de nouveaux liens commerciaux. De plus, cet article examine les facteurs qui expliquent les différences dans le commerce des produits de base par rapport aux produits marginaux. Les résultats révèlent que si la distance du noyau augmente d'un écart-type, la probabilité de créer un nouveau lien produit-pays diminue de 3,5%. La taille de l'entreprise, la productivité et la distance par rapport à un marché influent sur la sélection du marché au niveau de l'entreprise.