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Revue | Sciences Sociales et Santé |
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Numéro | vol. 37, no 1, mars 2019 |
Texte intégral en ligne | Accessible sur l'internet |
- Enfants agités, familles bouleversées. Enjeux et usages familiaux du diagnostic de TDA/H - Aude Béliard, Jean-Sébastien Eideliman, Maïa Fansten, Sarra Mougel, Maëlle Planche, Sébastien Vaumoron p. 5-29 Notion aux contours flous et objet de vives controverses, l'agitation infantile est un cas exemplaire pour mettre en lumière les liens complexes entre qualification des troubles et organisation familiale. Au sein d'un paysage très morcelé, éclaté entre différents symptômes, approches professionnelles et modes de prise en charge, nous nous centrons ici sur l'expérience de familles adhérentes de l'association HyperSupers TDA/H France. Notre enquête, qui repose sur 37 entretiens conduits auprès de 27 familles différentes, nous conduit à relativiser fortement une interprétation en termes de médicalisation de l'échec scolaire. Si certains pans de l'existence de l'enfant sont médicalisés, des processus contradictoires sont également en jeu. La quête diagnostique est sous-tendue par d'autres logiques, liées autant aux enjeux scolaires qu'aux trajectoires sociales et aux configurations familiales. Le diagnostic de TDA/H apparaît ainsi comme une occasion pour les parents de reprendre la main dans plusieurs domaines. Par ailleurs, les différentes formes de « traitement » des troubles, de l'usage d'un médicament à la transformation des pratiques éducatives, invitent à distinguer médicalisation et pathologisation : la place prise par une lecture en termes de problèmes de santé n'est pas forcément corrélée à l'usage de pratiques associées au champ médical, comme la prise de médicaments. Au contraire, le médicament peut être pris dans une perspective de normalisation de la situation, tandis qu'un travail sur les pratiques éducatives peut s'accompagner d'une mise en exergue du caractère pathologique de la situation.Restless children, overwhelmed families. How families use an ADHD diagnosis
Child agitation, a notion with unclear boundaries and the subject of intense controversy, is an exemplary case for highlighting the complex links between classification of disorders and family organization. This paper focuses on the experience of families belonging to “Hyper-Supers TDAH France,” an association promoting the use of the ADHD diagnosis. Our survey, based on thirty-seven interviews conducted with twenty-seven different families, leads us to put into perspective an interpretation in terms of medicalization of school failure. While certain aspects of the child's life are medicalized, contradictory processes are also at stake. The diagnostic bid is underpinned by other reasons, related as much to school issues as to social trajectories and family configurations. The diagnosis of ADHD appears as an opportunity for parents to regain control in several areas. Moreover, the different forms of treatment of disorders, from the use of medication to the transformation of educational practices, invite us to distinguish between medicalization and pathologization. Indeed, considering that a problem is health-related does not necessarily mean that health practices, such as taking medication, are adopted. On the contrary, a drug can be used to normalize the situation, while work on new educational practices can be accompanied by an emphasis on the pathological nature of the situation. - Enfants agités ? TDA/H ? Écoutons les enfants et leurs familles : Commentaire - Jean-Michel Delile p. 31-42
- Raconter sa déraison. Émotions et crédibilité de la parole de représentantes d'usagers en santé mentale - Baptiste Godrie p. 43-67 Cet article traite des liens qui unissent les émotions et la mobilisation de militants qui participent à un comité d'organisation des services de santé mentale d'un établissement du réseau de la santé au centre-ville de Montréal. La perspective historique fait ressortir un déplacement des espaces dans lesquels se jouent les luttes des militants pour la défense des droits en santé mentale. Auparavant actifs hors des cadres institutionnels au sein d'associations d'usagers, ces derniers intègrent de plus en plus des espaces de participation façonnés par les pouvoirs publics. Ce déplacement s'accompagne d'un discrédit de certaines émotions comme la colère et l'indignation qui ont pourtant servi de levier de transformation des institutions publiques.Describing one's madness. Emotions and the credibility of user representatives in mental health servicesThis article discusses the links that connect the emotions and the mobilization of campaigners participating in an organization committee for mental health services in part of the healthcare network in downtown Montreal. The historical perspective points to a shift in the spaces in which campaigners for mental health rights fight. Previously active outside of the institutional frameworks at the heart of user associations, campaigners are increasingly becoming integrated into spaces of participation shaped by public authorities. This shift is accompanied by a discrediting of certain emotions such as anger and indignation, which have served as leverage for transforming public institutions.
- Implication des usagers en santé mentale : un défi permanent : Commentaire - Jean-Luc Roelandt p. 69-74
- Seulement s'ils veulent mourir. Les urgences générales face aux patients suicidaires - Philippe Le Moigne, Florian Pisu p. 75-98 En France, la majorité des tentatives de suicide connues est prise en charge par les urgences générales. Près d'un quart de ces patients font l'objet d'une ré-hospitalisation pour le même motif moins de quatre ans après leur première admission. Sachant que la récidive constitue l'un des éléments les plus prédictifs d'un suicide à venir, l'article tente de comprendre pourquoi les urgences ne parviennent pas à mieux endiguer ce risque. Fondée sur l'observation ethnographique de trois services, cette recherche met en lumière une série de facteurs tant internes qu'externes aux urgences. Elle montre en particulier comment les priorités d'intervention des services, les conditions d'échanges avec les patients et la caractérisation de la crise suicidaire par les personnels soignants contribuent à façonner une prise en charge qui n'est congruente qu'en partie avec les préconisations médicales.Only if they want to die. French emergency departments and suicidal patients
In France, the majority of known suicide attempts are handled by general emergency departments. Almost a quarter of these patients are re-hospitalized for the same reason less than four years after their first admission. Given that a history of previous attempts is one of the most predictive elements of a future suicide, this article attempts to understand why general emergency departments cannot better contain this risk. Based on the ethnographic observation of three services, this study highlights a series of factors both internal and external to emergency departments. In particular, it shows how services' priorities for intervention, the conditions of exchanges with patients, and emergency departments' categorization of the suicidal crisis contribute to a treatment that greatly differs from medical recommendations. - Les pratiques psychiatriques et psychologiques auprès des suicidants en service d'urgence : entre paradoxalité, conflictualité et innovation : Commentaire - François Danet p. 99-107
- Notes de lecture - p. 108-113